Étiquette : Pagel
La taverne de l’espoir par M. Pagel
Fiche de La taverne de l’espoir
Titre : La taverne de l’espoir
Auteur : Michel Pagel
Date de parution : 1984
Editeur : Fleuve noir
Première page de La taverne de l’espoir
« Le soleil n’était levé que depuis quelques heures et déjà la chaleur de juillet commençait de se répandre, comme un voile de fumée descendant lentement sur la terre. Sa douceur moite envahissait tout, se mêlait à un léger souffle d’air pour animer fébrilement les champs de maïs, s’insinuait par les portes et les fenêtres ouvertes, repoussait la fraîcheur des bâtiments de pierre, aux murs épais. Elle imprégnait la campagne tout entière, dévorant impitoyablement les dernières gouttes de rosée qu’avait laissées la nuit.
Allongée sur son lit, les yeux fermés, Gallys ne dormait pas. Et pourtant elle rêvait : plongée au cœur d’un de ces songes éveillés dont elle était coutumière, elle se laissait aller, vagabondant au gré de ses espoirs et de son imagination. »
Extrait de : M. Pagel. « La taverne de l’espoir. »
La sirène de l’espace par M. Pagel
Fiche de La sirène de l’espace
Titre : La sirène de l’espace
Auteur : Michel Pagel
Date de parution : 1999
Editeur : Multivers éditions
Première page de La sirène de l’espace
« Quand Francis Briand fut déposé sur la Lune, le 19 janvier 2312, il n’avait encore jamais entendu le chant des sirènes.
Il revenait de cinq années de guerre dans les environs de Jupiter. Là-bas, sur son vaisseau, la seule sirène dont on se préoccupait était celle qui sonnait l’alerte.
Il quitta le transporteur en compagnie de ses camarades démobilisés pour monter dans la navette reliant l’astroport à Moon City. Contrairement à beaucoup – ceux que des parents attendaient avec fierté, ceux qui croyaient encore, peut-être avec raison, au prestige de l’uniforme –, il s’était déjà habillé en civil. Ses hardes kaki et leur incurable absence de galons, il les avait assez vues.
La première fois qu’il était venu ici, peu de temps après son incorporation, afin d’y embarquer sur le croiseur qu’il n’avait ensuite quasiment plus quitté, il avait été choqué par ces interminables paysages de poussière qu’aucun souffle de vent n’animait. »
Extrait de : M. Pagel. « La sirène de l’espace. »
L’équilibre des paradoxes par M. Pagel
Fiche de L’équilibre des paradoxes
Titre : L’équilibre des paradoxes
Auteur : Michel Pagel
Date de parution : 1999
Editeur : Denoël
Première page de L’équilibre des paradoxes
« ARTICLE PARU DANS L’AURORE DU 5 DÉCEMBRE 1902
Qui est « L’Étranger » ?
Oui, qui est-il, ce mystérieux individu qui, depuis quelques semaines, cambriole les riches bourgeois de la capitale et ridiculise notre police ? Nul n’a oublié son spectaculaire premier forfait, lorsqu’il déroba en octobre dernier les bijoux de la baronne de Saint-Arnoul – et jusqu’à ceux qu’elle portait sur sa personne – durant le bal qu’elle donnait en son hôtel particulier de l’avenue Foch. On se souvient des trois cartes de visite qu’elle retrouva comme autant de railleries à son endroit : la première dans son coffre-fort, la seconde dans son sac à main, et la troisième, comble de l’audace et de l’inconvenance, au sein même de son décolleté. Trois cartes qui ne portaient que ce simple nom : « L’Étranger ». Depuis, pas une semaine ne s’est écoulée sans que l’étrange personnage fasse à nouveau parler de lui : pierreries, titres, or, bank-notes, tout lui est bon. »
Extrait de : M. Pagel. « L’équilibre des paradoxes. »
Demain matin, au chant du tueur ! par M. Pagel
Fiche de Demain matin, au chant du tueur !
Titre : Demain matin, au chant du tueur !
Auteur : Michel Pagel
Date de parution : 1984
Editeur : Fleuve noir
Première page de Demain matin, au chant du tueur !
« Robert Lacordet extirpa en maugréant son grand corps dégingandé du sac de couchage. Pendant la nuit, l’eau était encore montée et avait atteint le niveau du quai : le duvet n’ayant pas le bon goût d’être
étanche, Lacordet baignait littéralement dans une mare de flotte nauséabonde. Il jura grossièrement : la station devenait franchement invivable. Terminus de la ligne de métro en provenance d’Auteuil, la gare d’Austerlitz avait été désaffectée aussitôt après le tremblement de terre qui avait secoué la capitale une cinquantaine d’années auparavant – pour cause d’éboulements trop importants sur les voies. Les trains de banlieue avaient été ré-aiguillés sur Jussieu où on avait bricolé une gare en prolongeant les lignes existantes. Seules restaient à Austerlitz les « grandes lignes ». Mais le quai d’où partaient les grands voyageurs était trop loin du métro – non par la distance mais par la masse de béton les séparant – pour gêner les troglodytes… »
Extrait de : M. Pagel. « Demain matin, au chant du tueur !. »
Cinéterre par M. Pagel
Fiche de Cinéterre
Titre : Cinéterre
Auteur : Michel Pagel
Date de parution : 1998
Editeur : Multivers éditions
Première page de Cinéterre
« Bon, d’accord, il allait l’avoir, son bac. Et cette année, encore, juste histoire de leur prouver qu’il en était capable.
Yann fourra les mains dans les poches de son jean. La tête basse, il se mit à remonter d’un pas rapide un boulevard Saint-Michel noir de monde. On était samedi après-midi, le premier jour des vacances de Pâques, il faisait beau, et les Parisiens, en ressortant des armoires leurs tenues printanières, paraissaient avoir retrouvé le goût de vivre au moins pour une journée.
Ils avaient bien de la chance, songea Yann. Lui, alors que toute sa bande de copains était partie le matin même vers les Pyrénées, se voyait contraint de demeurer à Paris pour réviser.
Réviser, étudier, travailler… Parfois, il lui semblait que ses parents n’avaient que ces mots-là à la bouche. »
Extrait de : M. Pagel. « Cinéterre. »
Casino perdu par M. Pagel
Fiche de Casino perdu
Titre : Casino perdu
Auteur : Michel Pagel
Date de parution : 1998
Editeur : Fleuve noir
Première page de Casino perdu
« Au commencement était l’Achronie…
Nous le savons, malgré les recherches incessantes effectuées depuis l’Arrivée par des générations de scientifiques, aucune théorie satisfaisante n’a été formulée pour expliquer ce phénomène qui frappait les quatre planètes aujourd’hui habitées de notre système solaire. L’Achronie : l’absence totale de temps à l’échelle d’un monde – de quatre mondes –, et ce jusqu’aux limites de son atmosphère puisque l’espace, tout comme le soleil et les trois géantes gazeuses de la périphérie, vivaient au même rythme que le reste de l’univers connu.
Imaginez ce spectacle, à la fois grandiose et terrifiant : un air dépourvu de mouvement, où s’inscrivaient des arbres que rien ne venait faire bruire ni même osciller ; des animaux figés comme par l’œil de l’holimag, certains en plein bond, suspendus entre ciel et terre ; une planète qui ne tournait pas et qui, pourtant, ne tombait pas vers le soleil car, par définition, elle n’en avait pas le temps… Imaginez cela : ni la vie ni la mort, toutes choses à la fois identiques et changées, ni passé ni futur – tout juste le présent, en un instant éternel. »
Extrait de : M. Pagel. « Casino perdu. »
Les mages du Nil par M. Pagel
Fiche de Les mages du Nil
Titre : Les mages du Nil (Tome 2 sur 2 – Les immortels)
Auteur : Michel Pagel
Date de parution : 2006
Editeur : Le pré aux clercs
Première page de Les mages du Nil
« — Le soleil n’est pas un dieu, affirma Alad en achevant de charger son âne. Ni Utu, comme nous disions à Sumer, ni Rê, comme on dit ici. Il n’est que le soleil. Une force de la nature.
Pirig leva les yeux vers le disque rougeoyant qui, sur le point de se coucher, criblait encore le désert de ses javelots d’or fondu. Il les en détourna aussitôt, ébloui.
— Une telle puissance… marmonna-t-il, peu convaincu.
— Demande aux Égyptiens ce qu’ils pensent de celle du Nil, rétorqua le mage. La plus grande puissance du monde, c’est le monde lui-même. N’as-tu encore rien appris ? Alors que tu as vu mille fois de quelle manière j’en tire mes pouvoirs… »
Extrait de : M. Pagel. « Les mages du Nil – Les immortels. »
Les mages de Sumer par M. Pagel
Fiche de Les mages de Sumer
Titre : Les mages de Sumer (Tome 1 sur 2 – Les immortels)
Auteur : Michel Pagel
Date de parution : 2006
Editeur : Le pré aux clercs
Première page de Les mages de Sumer
« La jeune chèvre sauvage aux pattes entravées poussa un bêlement strident quand la lame de bronze lui trancha la gorge d’un mouvement net et précis. Le sang gicla par saccades sur le rocher plat surélevé faisant office d’autel, moucheta d’écarlate le pagne et les sandales d’Eneresh – qui ne s’en soucia pas : les bras levés, les yeux fixés sur l’étoile d’Inanna, comme chaque soir première apparue au firmament, le prêtre chantait une prière en forme d’invocation fervente, et sa voix grave, rauque, ne cesserait de retentir qu’à l’ultime soubresaut du petit animal.
Deux pas en arrière, pour marquer son rang inférieur au sein du clergé et son état de cadet, Alad-gisheren se tenait dans la même position que lui et mêlait au sien un timbre plus haut perché, presque féminin. Ainsi les deux frères avaient-ils coutume d’invoquer conjointement la déesse lors de leurs cérémonies privées, hors du temple. »
Extrait de : M. Pagel. « Les mages de Sumer – Les immortels. »
Soleil pourpre, soleil noir par M. Pagel
Fiche de Soleil pourpre, soleil noir
Titre : Soleil pourpre, soleil noir (Tome 4 sur 4 – Les flammes de la nuit)
Auteur : Michel Pagel
Date de parution : 1987
Editeur : Fleuve noir
Première page de Soleil pourpre, soleil noir
« Les neiges recouvraient Fuinör. Dans la contrée des semailles, de flocon en flocon, de gelée en gelée, le sol s’était vêtu d’une couche de glace interdisant tout travail de la terre. Serrés autour d’une cheminée où se consumaient quelques maigres tisons, les serfs attendaient au sein de leur chaumière le début de la saison des fleurs. Pour eux, cette période de cent jours où rien ne poussait était la pire. Leurs maigres réserves de grain, ce qu’avaient bien voulu leur laisser les nobles, permettaient à peine de cuire un pain par jour. Et les haillons qu’animait aux beaux jours un vent chaud ne semblaient aujourd’hui adhérer à leur corps que pour mieux les serrer dans un étau glacé. Bien sûr, pendant la saison des neiges ils ne s’épuisaient pas au travail. Mais il se trouvait parfois un chevalier pour venir le leur reprocher et, fort de ce prétexte, distribuer horions et coups d’épée. »
Extrait de : M. Pagel. « Soleil Pourpre, Soleil Noir – Les flammes de la nuit. »
Les cavaliers dorés par M. Pagel
Fiche de Les cavaliers dorés
Titre : Les cavaliers dorés (Tome 3 sur 4 – Les flammes de la nuit)
Auteur : Michel Pagel
Date de parution : 1987
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les cavaliers dorés
« Le soleil violet brillait au-dessus du miroir, illuminant tout le pays de Fuinör – immense île circulaire, perdue au sein d’un océan sans limites aux eaux vermillon. C’était la saison des fleurs. Une multitude de bourgeons naissaient, gonflaient, explosaient pour libérer les feuilles rosées qui ne tarderaient pas à adopter le pourpre de leurs aînées, le pourpre de la grande forêt. Dans la contrée des semailles, les serfs s’activaient, creusant un sol à peine dégelé pour y planter les semences des prochaines récoltes. Déjà des chevaliers envoyés du château du roi étaient venus s’assurer qu’ils ne restaient pas inactifs. Lorsque l’ardeur du travail ne leur avait pas semblé suffisante, ils avaient distribué gaillardement horions et coups du plat de l’épée ; certains serfs prétendaient même avoir été frappés sans raison, pour le plaisir, mais nul ne les écoutait. Avec des discours comme ceux-là on finissait sur la roue. Après tout les nobles avaient droit de vie ou de mort sur le bas-peuple. Bien heureux ceux qui les offensaient et ne récoltaient que quelques bosses. »
Extrait de : M. Pagel. « Les Cavaliers Dorés – Les flammes de la nuit. »