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Fin du monde par Pierre Pelot

Fiche de Fin du monde

Titre : Fin du monde
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1999
Editeur : Science Fiction Magazine

Première page de Fin du monde

« IL AVAIT ACCEPTÉ LA SIGNATURE parce qu’il avait accepté la télé, mais surtout pour une autre raison, la meilleure : parce que c’était une occasion de voir Dytch. Deux heures et demie de train, avec un changement à Épinal. Il avait bu un café pourri au buffet en attendant sa correspondance et en notant qu’il n’avait pas mis les pieds dans ce lieu depuis quatre siècles, ou plus. Non seulement ça ne ressemblait pas au souvenir qu’il en avait, mais il n’en avait, en vérité, pas de souvenir, ou plus exactement il se rappelait un autre buffet de gare, quelque part, allez savoir où… Quelle importance ? Aucune, évidemment, mais ça lui avait occupé la tête jusqu’à l’annonce de l’entrée en gare du train pour là-bas. Les trains vont toujours là-bas. Il n’avait jamais aimé prendre des trains, précisément parce qu’ils allaient là-bas et que là-bas ce n’était pas chez lui. Une vie ne suffit pas pour s’habituer à chez soi. »

Extrait de : P. Pelot. « Fin du monde. »

Elle qui ne sait pas dire je par Pierre Pelot

Fiche de Elle qui ne sait pas dire je

Titre : Elle qui ne sait pas dire je
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1987
Editeur : Editions Héloïse d’Ormesson

Première page de Elle qui ne sait pas dire je

« IL DONNAIT QUELQUES COUPS de lame courbe dans le taillis, puis se servait de l’outil pour ratisser et tirer dans le fossé, à ses pieds, branches et fougères coupées ; après quoi il soupirait brièvement, toujours pareil, et s’arrêtait, se redressait lentement, essoufflé comme s’il venait de fournir un effort surhumain. Alors, il posait la main gauche sur sa hanche, pouce au-dessus de la ceinture de cuir noir, sa main droite fermée sur le manche lisse du croissant débroussailleur, il appuyait maintenant sur l’outil cette énorme fatigue qui paraissait l’habiter et restait ainsi un moment à se demander s’il allait être capable ou non de poursuivre son travail. C’était sa manière. Trois ou quatre coups de lame pour sabrer, le mouvement transformé en ample ratissage, puis la pause, un regard bref au fil de la lame pour vérifier si un caillou sournois n’y avait pas d’aventure planté une dent. »

Extrait de : P. Pelot. « Elle qui ne sait pas dire je. »

Dylan Stark – l’intégrale par Pierre Pelot

Fiche de Dylan Stark – l’intégrale

Titre : Dylan Stark – l’intégrale
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution :
Editeur : Bragelonne

Sommaire de Dylan Stark – l’intégrale

  • Quatre hommes pour l’enfer
  • Le vent de la colère
  • La couleur de Dieu
  • La horde aux abois
  • Les loups dans la ville
  • Les loups sur la piste
  • Les irréductibles
  • Le hibou sur la porte
  • La marche des bannis
  • Deux hommes sont venus
  • 7h20 pour Opelousas
  • La peau du nègre
  • L’homme-qui-marche
  • Quand gronde la rivière
  • Plus loin que les docks
  • Un jour, un ouragan…
  • Le tombeau de Satan
  • L’homme des monts déchirés

Du plomb dans la neige par Pierre Pelot

Fiche de Du plomb dans la neige

Titre : Du plomb dans la neige
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 2016
Editeur : Bragelonne

Première page de Du plomb dans la neige

« — Ça t’a jamais fait ça ? demanda Mocky sur un ton qu’il voulait détaché.

Mais ça ne prenait pas : il y avait l’œil, et cette façon de tordre la bouche en coin, et cette décontraction, en somme, qui n’était pas dans l’attitude habituelle de Mocky.

Louis enclencha la troisième. Il avait un profil dur de bandit calabrais, comme on en voit dans les films. Le profil et la face. D’ailleurs, il était calabrais naturalisé, vacciné et tout le tremblement, mais pour ce qui est de l’origine, il ne pouvait pas nier.

Qu’est-ce que ça m’a jamais fait ? demanda-t-il dans un souffle, les paroles glissant tout autour du cigare à embout plastifié qu’il serrait entre les dents.

— Un truc, comme ça, dans le ventre. »

Extrait de : P. Pelot. « Du plomb dans la neige. »

Delirium circus par Pierre Pelot

Fiche de Delirium circus

Titre : Delirium circus
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1977
Editeur : J’ai lu

Première page de Delirium circus

« S. 236. Int.
Tout allait bien pour Zorro Nap.
Une bonne intégration. Il le savait même s’il n’en avait pas réellement conscience.
Tout va bien, Zorro Nap… La poudrière…
Une vague somnolence s’était emparée de lui, à un moment donné, alors qu’il s’était affalé dans le siège de cuir défoncé, les jambes croisées jetées sur le plateau du bureau. Il avait écouté, un certain temps, les bruits divers qui s’entrecroisaient au-dehors, et les émanations sonores de ce réseau vibrant avaient contribué à son endormissement. Coupure noire, tranchée dans le fil du temps. Réveil.
Zorro Nap se redressa sur le siège ; il décroisa les jambes et posa ses pieds au sol. Sa bouche était pâteuse, il avait les reins douloureux. Tout cela très normal. La fatigue. »

Extrait de : P. Pelot. « Delirium circus. »

Danger, ne lisez pas ! par Pierre Pelot

Fiche de Danger, ne lisez pas !

Titre : Danger, ne lisez pas !
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1975
Editeur : Bragelonne

Première page de Danger, ne lisez pas !

« Je ne l’avais jamais consulté ce docteur.

Et si j’étais arrivé le premier, ce jour-là, dans la petite salle d’attente de son cabinet, cela n’avait littéralement rien à voir avec mon état de santé. Je n’étais pas malade. Je ne souffrais d’aucun malaise nécessitant le concours d’un docteur.

Certes, je fumais beaucoup plus depuis quelques mois, et j’étais parfois sujet à des crises d’irritabilité inexplicables… Mais c’est le lot de chacun, surtout en cette année 1999, où tout va de mal en pis. Et cela, je le répète, n’a rien à voir avec ma présence en ce lieu.

D’abord, je ne connaissais pas ce toubib, nouvellement installé. J’avais depuis toujours l’habitude de confier mes crampes d’estomac au savoir d’un antique médecin de famille, et je ne vois pas quelle idée bizarre aurait pu me pousser au changement. »

Extrait de : P. Pelot. « Danger, ne lisez pas !. »

Cimetière aux étoiles par Pierre Pelot

Fiche de Cimetière aux étoiles

Titre : Cimetière aux étoiles
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1999
Editeur : Castelmore

Première page de Cimetière aux étoiles

« Des milliards d’étoiles scintillaient sous la voûte du ciel immense, exactement comme dans le livre sur L’Univers et ses mystères, de tante Edith.

Il n’y avait pas un nuage. C’était une nuit d’été sans lune, pourtant claire.

— Il a peur, il a peur, chantonnait Béguinette, à voix basse et entre ses dents.

Si un renard avait pu sourire, se disait Junior Pierrot, il ne s’y serait pas pris différemment. Il était rudement satisfait de n’être pas l’objet des sarcasmes de la fille, pour une fois. Tant pis pour Kiki, et chacun son tour.

— C’est même pas vrai que j’ai peur, protesta lamentablement Kiki, d’une voix qui se voulait vaillante.

Une voix qui avait baissé de trois tons au moins entre les premiers mots de la phrase et les derniers, à peine plus gaillards qu’un murmure étranglé. »

Extrait de : P. Pelot. « Cimetière aux étoiles. »

Ce soir, les souris sont bleues par Pierre Pelot

Fiche de Ce soir, les souris sont bleues

Titre : Ce soir, les souris sont bleues
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1999
Editeur : Bragelonne

Première page de Ce soir, les souris sont bleues

« Le silence était retombé.

Même les mouches semblaient ne plus avoir la force ni l’envie de voler ; elles bourdonnaient confusément aux fenêtres, suivant le tour des carreaux.

C’était un peu après que l’ombre eut glissé de ce côté-ci du bâtiment. Elian descendit de chez lui au-dessus du garage – et sortit. L’esquisse d’un pas, suspendu une seconde, traduisit sa perplexité en lisière de la chaleur vibrante. Seuls des fous ou des gens en vacances pouvaient à l’évidence se remuer à plaisir dans les pesanteurs de cette fournaise.

Les paupières d’Elian, plissées et lourdes, encadrant le gris du regard méfiant, papillotèrent et se fermèrent à demi. Il écouta. La grimace appuyée avança comme un bec sous la moustache raide et compacte. »

Extrait de : P. Pelot. « Ce soir, les souris sont bleues. »

Canyon street par Pierre Pelot

Fiche de Canyon street

Titre : Canyon street
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1978
Editeur : Denoël

Première page de Canyon street

« — Javeline ! appela une voix masculine.

Instantanément, La Chienne qui s’était approchée de la porte condamnée s’immobilisa et cessa de grogner. Elle lança à Javeline un coup d’œil rassuré, battant l’air de sa queue. Javeline hésita pendant quelques secondes, le fusil braqué sur la porte et la tête bourdonnante d’interrogations qui s’entrechoquaient. Elle avait, comme La Chienne, reconnu le timbre de la voix.

— Javeline ! appela de nouveau l’homme dans le couloir. C’est moi, Raznak ! Est-ce que tu es là ?

Une grimace contrariée tordit les traits de la jeune femme. Après la stupéfaction, c’était la colère qui maintenant bouillonnait dans ses yeux pâles. Raznak le Fou ! Que venait-il faire ici ? Elle lui avait depuis toujours – après une première et unique visite – recommandé de ne plus jamais venir dans le quartier, de ne jamais chercher à la contacter chez elle, dans cet appartement. Pour sa sécurité à elle, et celle du Fou également. Jusqu’alors, il avait suivi ses conseils… »

Extrait de : P. Pelot. « Canyon street. »

C’est ainsi que les hommes vivent par Pierre Pelot

Fiche de C’est ainsi que les hommes vivent

Titre : C’est ainsi que les hommes vivent
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 2003
Editeur : Denoël

Première page de C’est ainsi que les hommes vivent

« Flamboyante de lumière dans l’incandescence de l’été finissant, la baigneuse ne l’avait pas abandonné. Elle au moins ne s’était pas engloutie avec les autres dans l’étroitesse de la faille insondable.

Une image dont il était incapable de dire si elle était le véritable souvenir d’un réel moment ou au contraire la manifestation de quelque fantasme obsédant, une hallucination de sa mémoire amputée. Un fragment de songe détaché de ses entraves nocturnes.

À son réveil, désormais, le dernier de ses rêves stagnait au fond de ses yeux un moment avant de se dissoudre au vent qui rampe, comme une marque peu profonde inscrite dans le sable. Longtemps ses rêves n’avaient laissé la moindre trace sur l’autre bord des yeux ouverts, au point de lui faire douter même qu’il en fît.

L’image lui revenait sans peine, sans effort, à la moindre sollicitation. Sans même qu’il l’appelle ni lui ouvre la porte. »

Extrait de : P. Pelot. « C’est ainsi que les hommes vivent. »