Étiquette : Rosny aîné
La tentatrice par J.-H. Rosny aîné
Fiche de La tentatrice
Titre : La tentatrice
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1897
Editeur : BeQ
Première page de La tentatrice
« Je suis naturellement honnête homme. Il est vrai que j’y ai peu de mérite, si l’on me compare à ces gens héroïques tout le temps occupés à vaincre leurs tentations, et dont les désirs s’exaspèrent d’autant plus qu’ils sont illégitimes. Un objet n’excite pas mon envie parce qu’il m’est défendu ; – et tout au contraire, j’éprouve plutôt un dégoût pour ce que je sais ne pouvoir obtenir sans abus de confiance ou sans équivoque. Cette disposition m’a permis de goûter franchement les joies qui viennent s’offrir chaque jour aux hommes, et qu’ils se refusent le plus souvent, parce que les joies illicites leur ferment le chemin.
Pourquoi faut-il, avec cette garantie de bonheur, qu’il m’arrive justement une épreuve où ma propre volonté n’a été pour rien, pourquoi faut-il que je souffre d’une volonté étrangère, à laquelle je ne puis céder sans recourir au mensonge et à l’hypocrisie ou à l’ingratitude ? Encore me serait-il facile d’échapper en me sacrifiant, – mais je ne puis le faire qu’en rendant malheureuse celle qui me domine, en chagrinant mon bienfaiteur et en ôtant la sécurité à ma pauvre mère. »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « La tentatrice. »
La mort de la Terre par J.-H. Rosny aîné
Fiche de La mort de la Terre
Titre : La mort de la Terre
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1912
Editeur : Plon
Sommaire de La mort de la Terre
- La mort de la Terre
- Contes
- Le hanneton
- La mère
- La petite aventure
- Mon ennemi
- En Angleterre
- Le dormeur
- Dans le néant
- La bataille
- Le condamné à mort
- Histoires de bêtes
- Un soir
- L’alligator
- L’oncle Antoine
- Au fond des bois
- Le sauveteur
- Le clou
- La plus belle mort
- Le mage rustique
- Le vieux biffin
- La boucherie des lions
- Les pommes de terre sous la cendre
- Le dormeur
- Le quinquet
- La bonne blague
- La jeune saltimbanque
- L’avare
- La fille du menuisier
- La marchande de fleurs
- Après le naufrage
- Le sauvetage de Népomucène
- Le lion et le taureau
- Des ailes !
Première page de La mort de la Terre
« L’affreux vent du Nord s’était tu. Sa voix mauvaise, depuis quinze jours, remplissait l’oasis de crainte et de tristesse. Il avait fallu dresser les brise-ouragan et les serres de silice élastique. Enfin, l’oasis commençait à tiédir.
Targ, le veilleur du Grand Planétaire, ressentit une de ces joies subites qui illuminèrent la vie des hommes, aux temps divins de l’Eau. Que les plantes étaient belles encore ! Elles reportaient Targ à l’amont des âges, alors que des océans couvraient les trois quarts du monde, que l’homme croissait parmi des sources, des rivières, des fleuves, des lacs, des marécages. Quelle fraîcheur animait les générations innombrables des végétaux et des bêtes ! La vie pullulait jusqu’au plus profond des mers. Il y avait des prairies et des sylves d’algues comme des forêts d’arbres et des savanes d’herbes. Un avenir immense s’ouvrait devant les créatures ; l’homme pressentait à peine les lointains descendants qui trembleraient en attendant la fin du monde. Imagina-t-il jamais que l’agonie durerait plus de cent millénaires ? »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « La Mort de la Terre. »
La jeune vampire par J.-H. Rosny aîné
Fiche de La jeune vampire
Titre : La jeune vampire
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1911
Editeur : BeQ
Sommaire de La jeune vampire
- La jeune vampire
- La silencieuse
Première page de La jeune vampire
« – Il y a quelque chose de vrai dans toutes les croyances persistantes des hommes, fit Jacques Le Marquand… j’entends les croyances qui ont rapport à des faits précis et souvent répétés.
– Alors, la sorcellerie…
– Dans son ensemble, je la nie, parce qu’elle énonce trop de faits imprécis et aussi parce qu’elle varie immodérément. Mais la science actuelle use de mainte pratique propre aux sorciers et aux sorcières : par suite, il est ridicule de nier que la sorcellerie ait reposé, du moins partiellement, sur une base expérimentale… Je n’insiste point… parce que j’ai mal étudié la matière. Mais que diriez-vous si je vous affirmais l’existence d’un phénomène comme le vampirisme ?
– La science ne le nie pas, s’écria Charmel avec goguenardise. Elle le transpose seulement de l’homme à une espèce de chauve-souris…
Jacques Le Marquand haussa les épaules et continua : »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « La jeune vampire. »
La guerre du feu par J.-H. Rosny aîné
Fiche de La guerre du feu
Titre : La guerre du feu
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1909
Editeur : Gallimard
Première page de La guerre du feu
« Les Oulhamr fuyaient dans la nuit épouvantable. Fous de souffrance et de fatigue, tout leur semblait vain devant la calamité suprême : le Feu était mort. Ils l’élevaient dans trois cages, depuis l’origine de la horde ; quatre femmes et deux guerriers le nourrissaient nuit et jour.
Dans les temps les plus noirs, il recevait la substance qui le fait vivre ; à l’abri de la pluie, des tempêtes, de l’inondation, il avait franchi les fleuves et les marécages, sans cesser de bleuir au matin et de s’ensanglanter le soir. Sa face puissante éloignait le lion noir et le lion jaune, l’ours des cavernes et l’ours gris, le mammouth, le tigre et le léopard ; ses dents rouges protégeaient l’homme contre le vaste monde. Toute joie habitait près de lui. Il tirait des viandes une odeur savoureuse, durcissait la pointe des épieux, faisait éclater la pierre dure ; les membres lui soutiraient une »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « La Guerre Du Feu. »
La guerre des règnes par J.-H. Rosny aîné
Fiche de La guerre des règnes
Titre : La guerre des règnes
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 2012
Editeur : Bragelonne
Sommaire de La guerre des règnes
- La guerre du feu
- Les xipéhuz
- Le trésor dans la neige
- Le voyage
- Nymphée
- Les profondeurs de Kyamo
- La contrée prodigieuse des cavernes
- La jeune vampire
- Un autre monde
- Le cataclysme
- La force mystérieuse
- Les navigateurs de l’infini
- Les astronautes
- La mort de la terre
Première page de La guerre du feu
« LA MORT DU FEU
Les Oulhamr fuyaient dans la nuit épouvantable. Fous de souffrance et de fatigue, tout leur semblait vain devant la calamité suprême : le Feu était mort. Ils l’élevaient dans trois cages, depuis l’origine de la horde ; quatre femmes et deux guerriers le nourrissaient nuit et jour.
Dans les temps les plus noirs, il recevait la substance qui le fait vivre ; à l’abri de la pluie, des tempêtes, de l’inondation, il avait franchi les fleuves et les marécages, sans cesser de bleuir au matin et de s’ensanglanter le soir. Sa face puissante éloignait le lion noir et le lion jaune, l’ours des cavernes et l’ours gris, le mammouth, le tigre et le léopard ; ses dents rouges protégeaient l’homme contre le vaste monde. Toute joie habitait près de lui. Il tirait des viandes une odeur savoureuse, durcissait la pointe des épieux, faisait éclater la pierre dure ; les membres lui soutiraient une douceur pleine de force ; il rassurait la horde dans les forêts tremblantes, sur la savane interminable, au fond des cavernes. »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « La Guerre des règnes – L’Intégrale. »
La force mystérieuse par J.-H. Rosny aîné
Fiche de La force mystérieuse
Titre : La force mystérieuse
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1913
Editeur : Bibebook
Première page de La force mystérieuse
« La maladie de la lumière
L’image de Georges Meyral semblait traversée de zones brumeuses qui tantôt se rétractaient et tantôt s’élargissaient – faiblement ; elle apparaissait moins lumineuse qu’elle n’aurait dû l’être :
— C’est inadmissible ! grommela le jeune homme.
Les deux lampes électriques, après examen, se révélèrent normales, et le miroir fut essuyé. Le phénomène persistait. Il persista encore quand Meyral eut remplacé successivement les lampes :
— Il est arrivé quelque chose au miroir, à l’électricité ou à moi-même.
Une glace à main révéla des singularités identiques : par suite, le miroir était sans reproche. Pour mettre sa propre vision hors de cause, Georges appela sa bonne à tout faire. Cette créature hagarde, à la face rôtie et aux yeux de »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « La force mystérieuse. »
La femme disparue par J.-H. Rosny aîné
Fiche de La femme disparue
Titre : La femme disparue
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1926
Editeur : La nouvelle revue critique
Première page de La femme disparue
« – Vous passerez par la route des Loups, dit au cocher, Mme Francisca de Escalante, lorsque le coupé arriva au plus haut de la forêt.
C’est un site convulsé. Les futaies alternent avec des granits, des porphyres et des grès rouges ; les rocs ont d’étranges figures et des chênes six fois séculaires jaillissent sur des corniches indestructibles ; des labyrinthes tournoient parmi les blocs et les arbres. Ce fut jadis une formidable retraite de bêtes sauvages, un nid de parias, d’outlaws, de bandits, de sorciers et de sorcières. Les loups y dévoraient la chair vivante des voyageurs, on y célébra la messe noire ; les chauffeurs y rôtirent les pieds et y concassèrent les os de leurs victimes.
Francisca aimait ce lieu redoutable. Peut-être y retrouvait-elle l’âme des fauves sierras où avaient vécu ses ancêtres. Cet après-midi, dans la grande solitude, elle y examinait ses chances et ses malchances. »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « La Femme disparue. »
L’étonnant voyage de Hareton Ironcastle par J.-H. Rosny aîné
Fiche de L’étonnant voyage de Hareton Ironcastle
Titre : L’étonnant voyage de Hareton Ironcastle
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1922
Editeur : BeQ
Première page de L’étonnant voyage de Hareton Ironcastle
« Rebecca Storm attendait les Esprits. Elle tenait, d’une main légère, un porte-crayon d’or, la pointe sur un bloc de papier glauque. Les Esprits ne venaient point.
– Je suis un mauvais médium, soupira-t-elle. Rebecca Storm avait le visage biblique du dromadaire et presque son poil sablonneux. Ses yeux étaient visionnaires, mais sa bouche, armée de dents d’hyène, qui eussent broyé des os à moelle, annonçait un contrepoids réaliste.
– Ou bien, suis-je indigne ? Ai-je démérité de l’Au-Delà !
Cette crainte la ravagea, puis entendant sonner l’heure, elle marcha vers la salle à manger.
Un homme de haute stature, symbole parfait du type inventé par Gobineau, se tenait devant la cheminée. »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « L’étonnant voyage de Hareton Ironcastle. »
L’énigme de Givreuse par J.-H. Rosny aîné
Fiche de L’énigme de Givreuse
Titre : L’énigme de Givreuse
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1916
Editeur : La revue de Paris
Première page de L’énigme de Givreuse
« Dans la première semaine de septembre 1914, vers le soir, quatre brancardiers traversaient la lande du Loup Rouge. Le crépuscule venait formidable et terrifique. L’enfer était dans le ciel et sur la terre. Une fournaise de soufre et de sang s’ouvrait dans la nuée ; la foudre des hommes, grondant au delà des collines, ébranlait les arbres dans leurs racines et les rocs dans leurs profondeurs.
Les brancardiers revenaient de l’ambulance et retournaient vers la tuerie ; l’un d’eux murmura en s’essuyant le front :
— On les tient…
— Nous avons encore avancé, — répliqua son compagnon.
Il y avait de l’horreur sur la lande. Le sang formait des mares ou se coagulait parmi les herbes. Des cadavres s’allongeaient paisibles et sinistres… »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « L’Énigme de Givreuse. »
Daniel Valgraive par J.-H. Rosny aîné
Fiche de Daniel Valgraive
Titre : Daniel Valgraive
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1890
Editeur : Alphonse Lemerre
Première page de Daniel Valgraive
« Daniel Valgraive soupira d’impatience, compta mentalement : « un, deux, trois, quatre…, » pendant que Cheyne disait une anecdote à une douzaine d’auditeurs. Il avait du succès, en verve, la voix nuancée, le geste impressif. Daniel, en chaque mot, en chaque trait, reconnaissait le plagiat, l’imitation du causeur Saumaise :
— Quel cuir ont-ils pour épiderme ?
À voir sourire et rire les autres, il pâlissait comme d’une insulte, les mains froides, le cœur chaud, avec un tremblement du genou. Il continuait la numération : « quinze, seize, dix-sept…, » se reprochant avec force une si puérile colère :
— Cheyne imite sans savoir… Il faudrait se féliciter qu’il ait absorbé Saumaise…, que le causeur ait laissé sa trace par delà la mort… Comment autrement se transmettraient et se garderaient certaines traditions charmantes ? »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « Daniel Valgraive. »