Étiquette : Saunier

 

La forêt de cristal par J. G. Ballard

Fiche de La forêt de cristal

Titre : La forêt de cristal
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1966
Traduction : C; Saunier
Editeur : Denoël

Première page de La forêt de cristal

« Quand le Dr Sanders vit pour la première fois s’ouvrir devant lui l’estuaire du Matarre, ce qui l’impressionna le plus fut l’eau sombre du fleuve. Après bien des retards, le petit vapeur approchait enfin de la ligne des jetées, mais bien qu’il fût déjà 10 heures, la surface de l’eau était encore grise et lourde, teinte des sombres nuances de la végétation croulant sur les rives.

Quand parfois le ciel se couvrait l’eau était presque noire, telle une teinture putrescente. Les entrepôts et les petits hôtels épars constituant Port Matarre, par contraste, brillaient d’un éclat spectral de l’autre côté des sombres houles, comme s’ils eussent été éclairés moins par la lumière solaire que par quelque lanterne à l’intérieur, ainsi que les pavillons d’une nécropole abandonnée bâtie sur une série d’estacades à l’orée de la jungle. »

Extrait de : J. G. Ballard. « La forêt de cristal. »

Un cantique pour Leibowitz par W. M. Miller

Fiche de Un cantique pour Leibowitz

Titre : Un cantique pour Leibowitz (Tome 1 sur 2 – Leibowitz)
Auteur : W. M. Miller
Date de parution : 1961
Traduction : C. Saunier
Editeur : Denoël

Première page de Un cantique pour Leibowitz

« Frère Francis Gérard de l’Utah n’aurait peut-être jamais découvert les documents sacrés sans le pèlerin qui apparut, les reins ceints de toile à sac, pendant le jeûne du Carême que le novice observait au milieu du désert.

Frère Francis n’avait encore jamais vu de pèlerin ceint de toile à sac mais il fut certain que celui-là était bien l’article bona fide dès qu’il fut remis de la peur paralysante causée par l’apparition à l’horizon d’un petit iota noir gigotant dans une tremblante brume de chaleur. Sans jambes, avec une tête minuscule, le iota se matérialisa hors des reflets miroitants sur la route défoncée. »

Extrait de : Walter M. Miller. « Un cantique pour Leibowitz. »

Les derniers hommes à Londres par O. Stapledon

Fiche de Les derniers hommes à Londres

Titre : Les derniers hommes à Londres
Auteur : O. Stapledon
Date de parution : 1932
Traduction : C. Saunier
Editeur : Denoël

Première page de Les derniers hommes à Londres

« Le monde des Derniers Hommes

I. VACANCES SUR NEPTUNE

Quand je suis dans votre monde, à votre époque, je me remémore souvent un certain lieu solitaire de mon propre monde, dans le temps que j’appelle le présent. C’est un petit coin où la terre s’avance dans la mer en un désordre de rochers éclatés, telle une horde de monstres entrant en foule dans l’eau. Des forces souterraines agissant là ont autrefois tordu la croûte de la planète, soulevée en une montagne, mais elle fut immédiatement déchiquetée, fracassée par la gravité, cet implacable djinn de tous les vastes mondes. Il n’en reste rien à présent que ces rochers. Nous n’avons pas de montagnes sur Neptune, et nos océans sont sans vagues. La solide atmosphère tient si serré son manteau humide que les plus violents ouragans même ne peuvent faire naître plus qu’une ride. Un réseau de petits fjords, aux parois et aux fonds brodés d’une vie variée, s’éparpille parmi les rochers. »

Extrait de : O. Stapledon. « Les derniers hommes à Londres. »

Les derniers et les premiers par O. Stapledon

Fiche de Les derniers et les premiers

Titre : Les derniers et les premiers
Auteur : O. Stapledon
Date de parution : 1930
Traduction : C. Saunier
Editeur : Denoël

Première page de Les derniers et les premiers

« L’Europe balkanisée

I. LA GUERRE EUROPÉENNE ET SES SUITES.

Observez à présent votre propre époque de l’histoire telle qu’elle apparaît aux Derniers Hommes.
Longtemps avant que l’esprit humain se fût éveillé à la connaissance claire du monde et de lui-même, il remua dans son sommeil, ouvrit des yeux troublés, et se rendormit. Un de ces moments d’expérience précoce embrasse la lutte des Premiers Hommes pour passer de la sauvagerie à la civilisation. Vous êtes, dans ce moment, à l’instant où l’espèce est à son zénith. C’est à peine si l’on voit progresser cette première culture au-delà de votre époque, et de votre temps déjà la vie mentale de l’humanité montre des signes de déclin. »

Extrait de : O. Stapledon. « Les derniers et les premiers. »

Les enfants de nos enfants par C. D. Simak

Fiche de Les enfants de nos enfants

Titre : Les enfants de nos enfants
Auteur : C. D. Simak
Date de parution : 1974
Traduction : C. Saunier
Editeur : Denoël

Première page de Les enfants de nos enfants

« Bentley Price, photographe de l’agence de Presse du Globe, venait de poser un steak sur le gril et en surveillait la cuisson, installé dans une chaise longue, une boîte de bière à la main, quand sous un chêne, s’ouvrit une porte, d’où sortirent des gens.
Plus rien n’étonnait Price depuis bien des années. De cruelles expériences lui avaient appris qu’il fallait s’attendre à l’exceptionnel et ne pas s’en émouvoir. Il photographiait l’extraordinaire, le bizarre, le violent, puis tournait les talons et repartait, parfois précipitamment, car avec des agences concurrentes comme l’A.P. ou l’U.P.I., un photographe de presse ambitieux ne pouvait se permettre de perdre son temps ; et si les directeurs des services photographiques n’étaient certes pas des individus redoutables, la sagesse demandait souvent qu’on évitât de les mettre de mauvaise humeur. »

Extrait de : C. D. Simak. « Les enfants de nos enfants. »

Le pèlerinage enchanté par C. D. Simak

Fiche de Le pèlerinage enchanté

Titre : Le pèlerinage enchanté
Auteur : C. D. Simak
Date de parution : 1975
Traduction : C. Saunier
Editeur : Denoël

Première page de Le pèlerinage enchanté

« Le lutin, domicilié sous les chevrons du toit, épiait le moine qui, de sa cachette, épiait lui-même le jeune clerc. Le lutin haïssait le moine, ayant de bonnes raisons pour cela. Le moine ne haïssait personne et n’aimait personne, étant fanatique et ambitieux. Le clerc volait ce qui semblait être un manuscrit qu’il avait trouvé caché dans la reliure d’un livre.
Il était tard. Le silence régnait dans la bibliothèque. Quelque part, une souris grattait furtivement un mur. La bougie posée sur le bureau devant lequel se tenait penché le jeune clerc, coulait, donnait une faible lumière.
Le clerc prit le manuscrit et le glissa sous sa chemise. Puis il referma le livre et le remit sur le rayon. Il éteignit la bougie avec le pouce et l’index. Un pâle clair de lune brillant à travers les hautes fenêtres qui atteignaient presque les grosses poutres du plafond éclaira l’intérieur de la bibliothèque de sa lumière spectrale. »

Extrait de : C. D. Simak. « Le Pélerinage Enchanté. »

La planète de Shakespeare par C. D. Simak

Fiche de La planète de Shakespeare

Titre : La planète de Shakespeare
Auteur : C. D. Simak
Date de parution : 1976
Traduction : C. Saunier
Editeur : Denoël

Première page de La planète de Shakespeare

« Ils étaient trois bien que parfois ils ne formassent plus qu’un. Quand cela arrivait, moins souvent qu’ils ne l’auraient dû, l’Un n’avait pas conscience qu’il y en eût jamais eu trois, car il devenait une étrange union de leurs personnalités, une fusion. La transformation était plus qu’une simple addition de trois êtres. Mettant tout en commun, on eût dit qu’il leur était ajouté une nouvelle dimension, faisant plus grande que le tout la somme des trois. Et cette union de trois cerveaux, de trois personnalités n’approchait du but recherché qu’au moment seulement où les trois ne formaient qu’un, l’Un inconscient des trois.
Ils étaient le Navire et le Navire était eux. Pour devenir le Navire, ou pour le tenter, ils avaient sacrifié leur corps, et peut-être une grande part de leur humanité. Et sacrifié peut-être aussi leur âme même, bien que personne n’eût pu se mettre d’accord là-dessus, surtout pas eux-mêmes. Notons que ce désaccord n’avait rien à voir avec le fait qu’ils crussent ou non avoir une âme. »

Extrait de : C. D. Simak. « la planète de Shakespeare. »

Seigneur de lumière par R. Zelazny

Fiche de Seigneur de lumière

Titre : Seigneur de lumière
Auteur : R. Zelazny
Date de parution : 1967
Traduction : C. Saunier
Editeur : Denoël

Première page de Seigneur de lumière

« Ses disciples l’appelaient Mahasamatman et disaient qu’il était un dieu. Il préférait cependant supprimer Maha-et-atman de son nom et se faire appeler Sam. Il ne prétendit jamais être un dieu, mais n’affirma jamais le contraire. Les circonstances étant ce qu’elles étaient, admettre l’un ou l’autre n’eût été d’aucun profit, à la différence du silence.
Il était donc entouré de mystère.
C’était en la saison des pluies…
La grande saison humide était bien avancée…
Ce fut en ces jours de pluie que s’élevèrent leurs prières, mais non pas en égrenant les nœuds de la corde, ou en faisant tourner les moulins. Elles s’élevèrent de la grande machine à prières, dans le monastère de Ratri, déesse de la Nuit.
Les prières à haute fréquence étaient dirigées vers les cieux, traversaient l’atmosphère, atteignaient le nuage doré, appelé le Pont des Dieux, qui entoure le monde, apparaît la nuit comme un arc-en-ciel de bronze ; le soleil rouge y devient orange à midi. »

Extrait de : R. Zelazny. « Seigneur de lumière. »

L’herbe à vivre par J. Wyndham

Fiche de L’herbe à vivre

Titre : L’herbe à vivre
Auteur : J. Wyndham
Date de parution : 1960
Traduction : C. Saunier
Editeur : Denoël

Première page de L’herbe à vivre

« Le dernier adieu fut très beau.
Les choristes vêtues de blanc, des filets d’or étincelant sur leurs cheveux, chantèrent avec la mélodieuse tristesse d’anges abandonnés.
Quand elles s’arrêtèrent, un silence absolu régna dans la chapelle où l’on s’entassait, le parfum de milliers de fleurs s’épandit en lentes vagues dans l’air lourd.
Le cercueil émergeait d’une pyramide de couronnes. Aux quatre coins, figées comme des statues, se tenaient des gardes vêtues de classiques tuniques de soie pourpre, des filets d’or sur leurs têtes inclinées ; un grand cordon d’or barrait leur poitrine, et leurs mains tenaient des palmes dorées.
L’évêque traversa sans bruit la chapelle, monta les quatre marches basses conduisant à la chaire. Il posa soigneusement son livre sur la planchette en face de lui, se recueillit un instant, puis leva les yeux. »

Extrait de : J. Wyndham. « L’Herbe à vivre. »

Barbe-Grise par B. W. Aldiss

Fiche de Barbe-Grise

Titre : Barbe-Grise
Auteur : B. W. Aldiss
Date de parution : 1964
Traduction : C. Saunier
Editeur : Denoël

Première page de Barbe-Grise

« LE FLEUVE : SPARCOT
 
La bête se glissait à travers les tiges brisées des joncs. Elle n’était pas seule. La femelle suivait et les cinq petits, impatients de prendre part à la chasse.
Les hermines avaient traversé le fleuve. Elles étaient sorties de l’eau froide pour grimper sur la berge au milieu des roseaux, corps collés au sol, cous tendus, les petits imitant leur père. Le mâle observait avec une faim impersonnelle les lapins s’ébattant à quelques pas de là en quête de nourriture.
Autrefois, ç’avait été des terres à blé. La mauvaise herbe avait profité d’une longue période d’abandon. Elle avait poussé, régné, étouffé les céréales. Puis le feu avait ravagé le pays, brûlé les chardons et les plantes géantes. Les lapins, parce qu’ils préfèrent l’herbe courte, étaient arrivés pour grignoter les nouvelles pousses vertes perçant au milieu des cendres. Les pousses épargnées sur les champs éclaircis avaient eu tout l’espace pour se  »

Extrait de : B. W. Aldiss. « Barbe-Grise. »