Étiquette : Simmons
Le chant de Kali par D. Simmons
Fiche de Le chant de Kali
Titre : Le chant de Kali
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1985
Traduction : B. Emerich
Editeur : Gallimard
Première page de Le chant de Kali
« — Bobby, n’y va pas, me disait mon ami. Ça n’en vaut pas la peine.
C’était en juin 1977. J’étais venu du New Hampshire à New York en vue de fignoler avec le rédacteur en chef de Harper’s pour qui je travaillais les détails de mon voyage à Calcutta. Ensuite je décidai d’aller rendre visite à mon ami, Abe Bronstein. Après plusieurs heures passées dans les hauteurs des bureaux de Harper’s surplombant Madison Avenue, le petit building de quartier qui abritait notre modeste revue littéraire avait l’air bien pitoyable.
Abe était dans son bureau tout encombré. Il était seul et préparait la publication du numéro d’automne de Voices. Malgré les fenêtres ouvertes, il régnait dans la pièce une odeur rance : celle du cigare éteint que mâchonnait Abe.
— Bobby, ne va pas à Calcutta, me répéta-t-il. Laisses-en un autre y aller à ta place. »
Extrait de : D. Simmons. « Le chant de Kali. »
L’homme nu par D. Simmons
Fiche de L’homme nu
Titre : L’homme nu
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1992
Traduction : M. Lebailly
Editeur : Albin Michel
Première page de L’homme nu
« Bremen quitta l’hôpital et sa femme mourante pour rouler vers l’est, vers la mer. Les routes étaient encombrées de Philadelphiens fuyant leur ville en ce week-end pascal exceptionnellement chaud, aussi dut-il se concentrer sur sa conduite, ne gardant qu’un contact fort ténu avec l’esprit de sa femme.
Gail dormait. Ses rêves induits par les médicaments étaient incohérents. Elle cherchait sa mère dans une suite interminable de pièces remplies de meubles victoriens. Les images oniriques se glissaient entre les ombres vespérales de la réalité pendant que Bremen traversait les Pine Barrens. Gail émergea du sommeil juste au moment où il quittait la route touristique et, durant ces quelques secondes où elle ne souffrait pas encore, Bremen put voir avec elle la lumière du soleil éclairant la couverture bleue, au pied de son lit ; puis il partagea également son bref vertige confusionnel lorsqu’elle crut – durant une seconde seulement – se réveiller à la ferme. »
Extrait de : D. Simmons. « L’Homme nu. »
L’échiquier du mal 2 par D. Simmons
Fiche de L’échiquier du mal 2
Titre : L’échiquier du mal 2
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1989
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Gallimard
Première page de L’échiquier du mal 2
« Le Centre mondial de diffusion de la Bible, vingt-trois bâtiments d’un blanc étincelant dispersés sur un terrain de plus de soixante hectares, se trouvait à huit kilomètres au sud de Dothan. Le centre du complexe était le palais de l’Adoration, une monstruosité de verre et de granit, un amphithéâtre climatisé et somptueusement moquetté capable d’accueillir six mille fidèles dans le confort le plus total. Les huit cents mètres en courbe du boulevard de la Foi étaient pavés de briques dorées, argentées et blanches représentant respectivement des dons de cinq mille, mille et cinq cents dollars. Les visiteurs qui survolaient le boulevard de la Foi, peut-être à bord d’un des trois jets privés du Centre, pensaient souvent à un large sourire blanc orné de plusieurs dents en or et d’une rangée de plombages en argent. Le sourire devenait chaque année plus large et plus doré. »
Extrait de : D. Simmons. « L’échiquier du mal – Tome 2. »
L’échiquier du mal 1 par D. Simmons
Fiche de L’échiquier du mal 1
Titre : L’échiquier du mal 1
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1989
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Gallimard
Première page de L’échiquier du mal 1
« Saul Laski gisait parmi les morts en sursis dans un camp d’extermination et pensait à la vie. Saul frissonnait dans le noir et le froid, s’efforçant de se rappeler les détails d’un matin de printemps la lumière dorée qui caresse les branches des saules ployant au-dessus du ruisseau, le champ de pâquerettes blanches derrière les bâtiments en pierre de la ferme de son oncle.
Le baraquement était plongé dans un silence que venaient seulement troubler les quintes de toux rauque et les mouvements furtifs des Musselmänner, les morts-vivants, qui cherchaient vainement un peu de chaleur dans la paille froide. Un vieillard fut secoué par une toux spasmodique signalant la fin d’une longue lutte désespérée. Il serait mort à l’aube. Ou s’il survivait à la nuit, il n’aurait pas la force d’aller dans la neige répondre à l’appel du matin, ce qui signifiait qu’il serait mort avant midi. »
Extrait de : D. Simmons. « L’échiquier du mal – Tome 1. »
L’amour, la mort par D. Simmons
Fiche de L’amour, la mort
Titre : L’amour, la mort
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1993
Traduction : M. Lebailly
Editeur : Albin Michel
Sommaire de L’amour, la mort
- Le lit de l’entropie à minuit
- Mourir à Bangkok
- Coucher avec des femmes dentues
- Flash-back
- Le grand amant
Première page de Le lit de l’entropie à minuit
« Nous sortions tout juste de Denver et nous nous dirigions vers l’ouest à l’heure de pointe d’un vendredi soir, nous étions arrivés en haut de la première grande montée et Caroline venait de me demander à quoi servait la voie de détresse des camions lorsque j’aperçus le semi-remorque en difficulté, dans la file en sens inverse, au pied de la côte. Sur le moment, je pensai qu’il avait simplement roulé trop vite sur les six kilomètres de pente à cinq pour cent, mais le lendemain matin, à Breckenridge, je vis les photos de l’accident en première page du Denver Post et du Rocky Mountain News ; le camionneur avait survécu, mais les trois passagères de la Toyota Camry qu’il avait percutée et envoyée par-dessus le séparateur en béton étaient mortes. »
Extrait de : D. Simmons. « L’Amour, la Mort. »
L’abominable par D. Simmons
Fiche de L’abominable
Titre : L’abominable
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2013
Traduction : C. Arnaud
Editeur : Robert Laffont
Première page de L’abominable
« Nous sommes tous les trois en train de déjeuner au sommet du Cervin, quand nous apprenons la disparition de Mallory et d’Irvine dans l’Everest.
C’est une journée splendide de la fin du mois de juin 1924, et l’information se trouve dans les pages d’un journal anglais vieux de trois jours avec lequel une employée de la petite auberge du Breuil, en Italie, a emballé nos sandwichs de bon pain frais au rosbif et raifort. Sans le savoir, j’ai porté cette nouvelle encore immatérielle – mais qui va bientôt nous peser lourdement – jusqu’en haut du Cervin dans mon sac à dos, à côté d’une outre de vin, de deux bouteilles d’eau, de trois oranges, de trente mètres de corde d’escalade et d’un gros salami. »
Extrait de : D. Simmons. « L’Abominable. »
Flashback par D. Simmons
Fiche de Flashback
Titre : Flashback
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2011
Traduction : P. Dusoulier
Editeur : Robert Laffont
Première page de Flashback
« — Vous vous demandez probablement pourquoi je vous ai prié de venir ici aujourd’hui, Mr Bottom, dit Hiroshi Nakamura.
— Non, répondit Nick. Je sais pourquoi vous m’avez fait venir ici.
Nakamura eut l’air surpris.
— Vous le savez ?
— Ouais, fit Nick en pensant : Et puis merde… Au point où tu en es… Nakamura veut engager un détective. Montre-lui que tu en es un. Vous voulez que je trouve la ou les personnes qui ont tué votre fils Keigo.
Nakamura cligna des yeux sans rien dire. C’était comme si le fait d’entendre prononcer le nom de son fils l’avait figé sur place.
Le vieux milliardaire jeta un coup d’œil vers son chef de la sécurité, un homme trapu mais puissamment bâti qui se tenait accoudé à un tansu près d’un shōji ouvert par lequel on apercevait le jardin intérieur. Si Sato avait réagi à l’interrogation muette de son employeur par un geste ou une expression quelconque, Nick n’avait rien remarqué. »
Extrait de : D. Simmons. « Flashback. »
Drood par D. Simmons
Fiche de Drood
Titre : Drood
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2009
Traduction : O. Demange
Editeur : Robert Laffont
Première page de Drood
« Je m’appelle Wilkie Collins et puisque j’ai l’intention de repousser la publication de ce document d’au moins un siècle et quart après le jour de mon trépas, je suppose que mon nom ne te dit rien. Certains me présentent comme un joueur et ils ont raison. Je te parie donc, Cher Lecteur, que tu n’as lu aucun de mes livres, aucune de mes pièces de théâtre et que tu n’en as même pas entendu parler. Après tout, peut-être ne parlez-vous plus anglais, Britanniques et Américains de quelque cent vingt-cinq ans dans le futur. Peut-être vous habillez-vous comme des Hottentots, vivez-vous dans des grottes éclairées au gaz, voyagez-vous en ballon et communiquez-vous par transmission de pensée, sans vous embarrasser du moindre langage parlé ou écrit.
Néanmoins, je suis prêt à parier ma fortune, pour ce qu’elle vaut, et tous les droits d’auteur à venir de mes pièces et de mes romans, pour ce qu’ils vaudront, que vous vous souvenez du nom, des livres, des pièces et des personnages imaginaires de mon ami et ancien collaborateur, un certain Charles Dickens.»
Extrait de : D. Simmons. « Drood. »
Collines noires par D. Simmons
Fiche de Collines noires
Titre : Collines noires
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2010
Traduction : O. Demange
Editeur : Robert Laffont
Première page de Collines noires
« Paha Sapa retire sa main précipitamment, mais pas suffisamment pour éviter le choc, fulgurant comme la morsure d’un crotale, de l’esprit du Wasicun*2 mourant qui, d’un bond, s’introduit dans ses doigts et remonte le long de son bras jusqu’à sa poitrine. Le garçon recule en titubant, épouvanté, tandis que le fantôme s’insinue, brûlant, dans ses veines et dans ses os tel un flot de venin. L’esprit du Wasicun creuse un sillon brûlant dans les nerfs de l’épaule de Paha Sapa, avant de se répandre dans son thorax et dans sa gorge, bouillonnant et tourbillonnant à l’image d’une épaisse fumée grasse. Paha Sapa en sent le goût. Un goût de mort. Se dilatant toujours, le fantôme envahit le torse de Paha Sapa, il descend, gagne les extrémités du petit garçon, affaiblissant et alourdissant ses bras et ses jambes. Tandis que le fantôme du Wasicun emplit ses poumons d’une affreuse pesanteur qui s’élargit, se densifie et lui coupe le souffle, Paha Sapa se rappelle le jour – il était encore si petit ; il marchait à peine – où il a failli se noyer dans la rivière de la Langue. Du fond de sa terreur, Paha Sapa qui n’a même pas onze étés sent pourtant que ce qui lui arrive – cette invasion – est infiniment plus effroyable qu’une mort par noyade. »
Extrait de : D. Simmons. « Collines noires. »
Une balle dans la tête par D. Simmons
Fiche de Une balle dans la tête
Titre : Une balle dans la tête (Tome 3 sur 3 – Joe Kurtz)
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2004
Traduction : G. Abadia
Editeur : Editions du Rocher
Première page de Une balle dans la tête
« Le jour où il reçut une balle dans la tête, les choses allaient étrangement bien pour Joe Kurtz. En fait, elles allaient beaucoup trop bien depuis des semaines. Plus tard, il devait se dire qu’il aurait dû se douter que l’univers se préparait à rééquilibrer à ses dépens son grand livre des douleurs et des afflictions.
Et aussi, surtout, aux dépens de la femme qui se trouvait à côté de lui quand les coups avaient été tirés. Il avait rendez-vous à 14 heures avec son officier de probation, et il était arrivé pile au Centre municipal. Comme il était pratiquement impossible, à cette heure-là, de trouver une place pour se garer dans la rue, il était entré dans le parking souterrain commun au Centre, au Palais de justice et à l’état civil. L’un des côtés sympas de son officier de probation était qu’elle lui validait toujours ses tickets de parking. »
Extrait de : D. Simmons. « Balle dans la tête – Joe Kurtz. »