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Sang frais pour le Troyen par Eric Verteuil

Fiche de Sang frais pour le Troyen

Titre : Sang frais pour le Troyen
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1990
Editeur : Vaugirard

Première page de Sang frais pour le Troyen

« Devant le perron de la villa « Priam » au Cap d’Antibes, les Rolls, les Mercedes, les Bentley, les Ferrari, les Porsche se succédaient à un rythme rapide.

En haut des marches, Pâris accueillait ses invités : hommes politiques, financiers, gros clients de ses affaires, qu’il s’agit de ses entreprises de textile, prêt-à-porter, haute couture ou des laboratoires pharmaceutiques qu’il contrôlait. Il avait convié également les représentants les plus en vue de la jet-set.

Les regards des arrivants étaient attirés par la jeune femme qui se trouvait à ses côtés. Elle était très belle avec d’immenses yeux gris pailletés, une peau hâlée, des cheveux blonds coiffés en torsades et une taille si mince qu’elle rendait jalouses toutes ses amies. Hélène était depuis quelque temps la maîtresse de Pâris et cette liaison avait l’éclat d’un événement international. En effet, elle était l’épouse d’un armateur pétrolier, certainement le plus grand. Son mari grec, puissant, jaloux, n’avait ni demandé le divorce, ni fait le moindre scandale, à la grande surprise de tous ceux qui le connaissaient. »

Extrait de : E. Verteuil. « Sang frais pour le Troyen. »

Monstres sur commande par Eric Verteuil

Fiche de Monstres sur commande

Titre : Monstres sur commande
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1988
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Monstres sur commande

« Marie-Ange Jardelle se regarda longuement dans le miroir du vestibule ; elle admirait toujours avec autant de plaisir sa rivière de diamants (vrais), ses dents éblouissantes (fausses), sa cape de vison (vrai), le blond vénitien de ses cheveux (faux), ses chaussures en crocodile (vrai) et ses seins arrogants (faux).

À cinquante ans, elle en paraissait à peine quarante ; il est vrai que des soins réguliers, des régimes intensifs, des opérations esthétiques, liés à un égoïsme farouche et à des revenus considérables, jouaient un rôle primordial dans cette jeunesse rayonnante, mais un peu figée.

Elle descendit au sous-sol, prit la Mercedes et conduisit rapidement jusque chez le docteur Mérignac ; comme elle était attendue, elle put se garer dans la cour de l’hôtel particulier de la rue Vaneau. Elle fut conduite immédiatement dans le bureau du praticien.

— Cher Raoul, dit-elle en l’attirant pour l’embrasser sur les joues. »

Extrait de : E. Verteuil. « Monstres sur commande. »

Les horreurs de Sophie par Eric Verteuil

Fiche de Les horreurs de Sophie

Titre : Les horreurs de Sophie
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Les horreurs de Sophie

« Je m’appelle Sophie de Réan, j’ai vingt ans, je suis riche et belle. En fait, je suis très riche et très belle ! Mes yeux sont d’un gris étrange, mes lèvres bien dessinées laissent apparaître des dents éblouissantes qui me donnent envie de sourire même quand les plaisanteries de mes interlocuteurs me pousseraient plutôt à faire la moue.

Dans la vie, j’ai tout ce que je veux et les gens heureux n’ayant pas d’histoire on peut se demander la raison pour laquelle j’écris ces souvenirs. La réponse est simple, j’ai une manie… enfin une passion et j’ai besoin d’en parler.

Il ne s’agit ni de musique, ni de peinture, ni de théâtre, mais de quelque chose de plus rare, de plus précieux, de plus raffiné. Je prends du plaisir à punir mes semblables, j’aime leur faire du mal… en un mot, j’adore les torturer !

Quelle joie de plonger mes jolies mains dans des viscères dégoulinants de sang, de prélever un rein, de découper un foie, de vider un abdomen, d’entendre des cris de douleur quand je crève des yeux. »

Extrait de : E. Verteuil. « Les horreurs Sophie. »

Les charmes de l’horreur par Eric Verteuil

Fiche de Les charmes de l’horreur

Titre : Les charmes de l’horreur
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Les charmes de l’horreur

« Anne ouvrit les volets et se retourna vers les meubles couverts de poussière, les toiles d’araignées qui tombaient du lustre, le carrelage écaillé.

— On n’a pas fini de nettoyer… Tu parles de vacances !

— Allez ! ma petite Anne, ne râle pas ! Bientôt, ce sera impeccable… enfin presque. Entre nous, je ne pensais pas qu’en un an ça deviendrait aussi sale.

Découragées, elles montèrent au premier étage. Les chambres à coucher étaient dans le même état, mais la vue était toujours aussi magnifique ; la lande avec ses ajoncs, les rochers aux formes étranges et, dans le lointain, la mer.

Au premier abord, les deux sœurs Kerlande ne se ressemblaient pas. Florence, blonde, bouclée, maquillée avec soin, arborait des robes provenant d’une bonne boutique de dégriffés. Anne, l’aînée, les cheveux bruns tombant sur les épaules, ne portait que des jeans délavés et sur son chemisier un vieux pull qu’elle n’enfilait jamais, se contentant de nouer les manches autour du cou. »

Extrait de : E. Verteuil. « Les charmes de l’horreur. »

Le tour du monde en quatre-vingts cadavres par Eric Verteuil

Fiche de Le tour du monde en quatre-vingts cadavres

Titre : Le tour du monde en quatre-vingts cadavres
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1990
Editeur : Vaugirard

Première page de Le tour du monde en quatre-vingts cadavres

« Comme chaque jour à la même heure, Phileas Fogg quitta sa demeure de Saville Row pour aller déjeuner au Reform Club.

C’était un homme grand, beau, distingué, ponctuel et minutieux, ne se départant jamais d’un flegme de bon aloi. Il possédait aussi deux autres particularités : il était énigmatique et richissime. Après son repas, il lisait les journaux et prenait bien soin de ne pas faire de bruit en tournant les pages, puis jouait au whist.

En fin de journée, il aimait à se réunir avec trois ou quatre de ses amis dans un petit salon capitonné où ils pouvaient aborder tous les sujets qu’ils voulaient sans risque d’être entendus. Ils discutaient de la politique du gouvernement de Sa Gracieuse Majesté la reine Victoria, de la haute finance, des expéditions lointaines ou même, plus simplement, de la vie quotidienne à Londres en cette année 1872. »

Extrait de : E. Verteuil. « Le tour du monde en 80 cadavres. »

La mémoire rongée par Eric Verteuil

Fiche de La mémoire rongée

Titre : La mémoire rongée
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir

Première page de La mémoire rongée

« J’ouvre la porte et demande machinalement :

— Il y a quelqu’un ?

Pourtant, je sais que mon mari ne rentre jamais pour déjeuner et que la femme de ménage est partie depuis une heure. Evidemment, il n’y a personne et je pousse un soupir de soulagement ; cela m’aurait ennuyée d’entendre une réponse, car j’ai tant besoin d’être seule, de réfléchir… et surtout de trouver une explication à ce qui m’arrive.

Je traverse le living-room et soulève lentement le voilage d’une fenêtre. La rue de la Faisanderie est calme, mais je ne vois que le trottoir d’en face. J’hésite un instant, tourne la poignée, ouvre un battant ; avec précaution, je me penche. Sept étages plus bas, la chaussée est luisante après la pluie fine qui vient de tomber : une femme marche rapidement en tirant deux enfants, un télégraphiste prend sa bicyclette et s’éloigne. Tout à coup, un taxi s’arrête devant la maison ; ma première réaction est de reculer, mais il faut que je sache si c’est Lui. »

Extrait de : E. Verteuil. « La Mémoire Rongée. »

Horreur à Maldoror par Eric Verteuil

Fiche de Horreur à Maldoror

Titre : Horreur à Maldoror
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1987
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Horreur à Maldoror

« Chez Germaine Petitdemange tout est rond : tête, yeux, bouche, ventre. Et tout est blanc : cheveux, robe, maquillage.

Tôt, le matin, elle sort de chez elle et se dirige vers les jardins publics, les promenades du bord de mer, les parcs. Elle recherche des vieilles personnes seules, s’approche avec un bon sourire et demande :

«  – Vous permettez que je m’asseye près de vous  ?  »

Avant que l’on ait pu lui répondre, elle remercie, s’assied et commence à parler  ; mais ses interlocuteurs ne résistent pas longtemps au torrent de paroles qui déferle… Ils se lèvent et s’éloignent.

«  – Le coin n’est pas bon  », constate à chaque fois Germaine Petitdemange, déçue.

Elle reprend alors son chemin, espérant rencontrer quelqu’un qui l’écoutera. En effet, elle n’a qu’un plaisir au monde : parler  ! Dans son quartier personne ne fait plus attention à elle, aussi doit-elle s’aventurer toujours plus loin. Depuis quelque temps, elle prend même le train ou l’autobus pour changer de secteur. »

Extrait de : E. Verteuil. « Horreur à Maldoror. »

Au bout… la mort par Eric Verteuil

Fiche de Au bout… la mort

Titre : Au bout… la mort
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1973
Editeur : Fleuve noir

Première page de Au bout… la mort

« Je viens de refermer la porte de ma chambre, je suis là, tremblante au milieu de la pièce, n’osant ni m’asseoir ni m’allonger. Je voudrais pleurer mais je n’en ai même plus la force. J’essaye de comprendre ce qui m’arrive mais, malheureusement, rien ne peut s’expliquer de façon logique ; tout est confus, incroyable, presque hallucinant.
Machinalement, je vais vérifier une fois de plus si j’ai bien tourné la clé dans la serrure, puis je me dirige vers la porte-fenêtre qui donne sur la terrasse ; elle aussi est bien fermée. Dehors, il tombe une petite pluie fine et une brume légère commence à masquer la forêt. Pourquoi ai-je accepté de me rendre dans ce coin perdu ? Il est vrai que mon mari m’avait dit que l’endroit était ravissant. Comme lui-même n’était jamais venu, qui avait pu le renseigner aussi mal ?…
Dans le courant de la matinée, j’étais arrivée dans cette petite gare vosgienne, j’étais sortie parmi les premiers voyageurs et un homme s’était avancé vers moi :
— C’est vous qui allez à l’Auberge du Houé ? m’avait-il demandé avec un fort accent lorrain. Montez derrière, je prends vos valises. »

Extrait de : E. Verteuil. « Au bout… la mort. »

A la recherche des corps perdus par Eric Verteuil

Fiche de A la recherche des corps perdus

Titre : A la recherche des corps perdus
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1988
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de A la recherche des corps perdus

« Sylvie descendit l’escalier en courant, traversa le hall et ouvrit la porte qui donnait sur le jardin. En sifflotant, son mari bêchait un carré de terre.
 — Julien ! Vite ! J’ai besoin de toi.
 — Ça ne peut pas attendre cinq minutes ?
 — Non !
Elle s’approcha de lui, le prit par le bras et le força à la regarder.
 — Je n’en peux plus ; Muriel ne pense qu’à faire du mal et il n’est pas possible de la faire enfermer, il faut prendre une décision.
 — Non, Sylvie, pas question !
Ils étaient dressés l’un contre l’autre sur la pelouse au milieu de laquelle Julien voulait planter un massif de fleurs.
La propriété isolée était entourée de hauts murs et un rideau d’arbres touffus autour de la maison la protégeait encore mieux des regards indiscrets.
 — Je t’en prie, Julien, pour Muriel c’est indispensable.

La jeune femme avait une allure sportive ; fossettes, regard bleu clair, nez légèrement en trompette lui donnaient une apparence rassurante et sympathique. A trente-cinq ans elle en paraissait dix de moins bien que n’ayant pas recours au maquillage. »

Extrait de : E. Verteuil. « À la recherche des corps perdus. »

Eric Verteuil

Présentation de Eric Verteuil :

Eric Verteuil est le nom de plume collectif sous lequel ont écrit deux auteurs français : Alain Bernier (né le 15 mai 1922 à Angers et décédé le 3 février 2019 à Paris) et Roger Maridat (né le 20 novembre 1930 à Paris et décédé le 3 septembre 2016 à Neuilly-sur-Seine). Sous ce pseudonyme, ils ont signé de nombreux romans, principalement dans les littératures de genre, laissant leur marque notamment au sein des éditions Fleuve Noir.

L’œuvre d’Eric Verteuil s’est principalement déployée dans les collections populaires du Fleuve Noir, explorant divers facette du roman policier, de l’angoisse et même de l’horreur. Leur collaboration a donné naissance à une production littéraire abondante, caractérisée par un style efficace et une intrigue souvent sombre ou haletante.

Parmi les collections qui ont accueilli leurs récits figurent notamment :

  • Spécial Police : Collection emblématique du Fleuve Noir dédiée aux romans policiers.
  • Angoisse : axée sur le suspense et les atmosphères oppressantes.
  • Gore : explorant des thèmes plus graphique et horrifique.
  • Super Luxe (Horizons du fantastique) : s’ouvrant davantage vers le fantastique.

Bien que travaillant en duo, Alain Bernier et Roger Maridat ont su créer une identité narrative cohérente sous le nom d’Eric Verteuil, proposant aux lecteurs une large palette de récits conçus pour divertir et surprendre. Leur contribution au paysage du roman de genre en France, particulièrement au sein d’une maison d’édition aussi populaire que le Fleuve Noir, témoigne de leur capacité à naviguer entre différents univers narratif et à captiver une large audience.

La disparition successives d’Alain Bernier et de Roger Maridat a mis fin à cette collaboration prolifique, laissant derrière elle une œuvre collective significative pour les amateur de littérature de genre à la française.

Livres de Eric Verteuil :

A la recherche des corps perdus (1988)
Au bout… la mort (1973)
Horreur à Maldoror (1987)
La mémoire rongée (1974)
Le tour du monde en 80 cadavres (1990)
Les charmes de l’horreur (1989)
Les horreurs de Sophie (1989)
Monstres sur commande (1988)
Sang frais pour le Troyen (1990)

Pour en savoir plus sur Eric Verteuil :

La page Wikipédia sur E. Verteuil
La page Noosfere sur E. Verteuil
La page isfdb de E. Verteuil