Étiquette : Walther
La terre sans souffrance par Daniel Walther

Fiche de La terre sans souffrance
Titre : La terre sans souffrance
Auteur : Daniel Walther
Date de publication : 1995
Editeur : Fleuve noir
Première page de La terre sans souffrance
« Le capitão Rubem Bandeira suait sang et eau. Surtout de l’eau, qui emportait en rigoles malodorantes des moustiques écrasés, aussi avides de sang que des poissons-tigres. Les soldats qui composaient le détachement ne parlaient pas, ne ronchonnaient même plus.
Malgré l’assurance du caboclo1 Wilson Fonseca, le capitaine avait l’impression qu’on s’était fourvoyé. Ses hommes et lui étaient bel et bien perdus, et les téléphones portatifs n’émettaient que de lugubres grésillements : pas moyen d’entrer en communication avec le reste du bataillon des Forces spéciales opérationnelles.
Cette zone de la forêt amazonienne avait été classée « à déboiser », ce qui signifiait, dans le langage savamment codé d’une certaine administration, que la loi des banques et des transnationales, et notamment celle du senhor Beat Rädli, prenait force de… loi. »
Extrait de : D. Walther. « La Terre sans souffrance. »
La pugnace révolution de Phagor par Daniel Walther

Fiche de La pugnace révolution de Phagor
Titre : La pugnace révolution de Phagor
Auteur : Daniel Walther
Date de publication : 1984
Editeur : Fleuve noir
Première page de La pugnace révolution de Phagor
« Le monde n’avait pas toujours été ce qu’il était devenu.
Longtemps avant la dictature sanglante des Oligarques, en des temps où les diverses nations de la planète menaient une existence non pas paisible – qui dans la Galaxie pouvait prétendre à une paix durable, universelle ? – mais tout simplement « vivable », oui, avant cette dictature effroyable, omnipotente, sauvagement arbitraire, des Maîtres plus cléments avaient donné leur essor à quelques civilisations judicieusement réparties sur les continents et dans les archipels de la planète.
Mais ces civilisations ne pouvaient subsister sans le soutien des Maîtres ; elles se tenaient sur le tranchant du sabre, au-dessus d’un volcan toujours prêt à déborder. Vinrent d’autres Maîtres, moins sages, moins réfléchis : les Hommes, les Lems. Des créatures très différentes mais d’une égale intolérance. »
Extrait de : D. Walther. « La pugnace révolution de Phagor. »
La planète Jaja par Daniel Walther

Fiche de La planète Jaja
Titre : La planète Jaja
Auteur : Daniel Walther
Date de publication : 1989
Editeur : Fleuve noir
Première page de La planète Jaja
« Je n’avais guère apprécié le voyage. Non qu’il fût spécialement long ou pénible, non, bien sûr… mais je m’étais retrouvé mêlé à une foule assez stupide de yuppies déglingués et de snobs toxicomanes – une foule qui s’était ingéniée à me mettre le grappin dessus, ayant cru reconnaître en moi une vague vedette voyageant incognito.
Incognito, vous parlez ! Mais il faudrait être l’homme invisible pour se déplacer ainsi, sans se faire repérer dans un paquebot interstellaire. Et qui plus est un vaisseau en route vers la planète Jaja, la énième merveille de l’univers exploré.
Pendant les six jours de la traversée entre Perfide et Jaja, je me cachai le plus souvent dans ma cabine, prétextant un malaise. À force de le prétexter, je finis d’ailleurs par en souffrir très réellement durant les trente-six dernières heures du trajet. »
Extrait de : D. Walther. « La planète Jaja. »
La marée purulente par Daniel Walther

Fiche de La marée purulente
Titre : La marée purulente
Auteur : Daniel Walther
Date de publication : 1986
Editeur : Fleuve noir
Première page de La marée purulente
« Le jour se leva sur l’île. Avec des rutilements exaspérants pour les yeux des simples mortels. Comme si une bombe nucléaire avait explosé dans le beau milieu de l’horizon. Mais aucune bombe n’avait sauté au-dessus du Pacifique depuis bien des années. On s’en tenait à la trêve. Du moins en apparence.
L’île d’ailleurs — sur laquelle nous voyons se lever l’aube aux doigts de métal fondu, aux yeux de lave incandescente — n’avait aucune valeur stratégique. Elle n’abritait qu’une centaine de lépreux condamnés à mourir lentement et sûrement, de pauvres épaves qui n’attendaient plus rien de personne.
Le médecin qui soignait les lépreux de l’île avait perdu la foi depuis longtemps et s’était mis à boire.
Justement, nous pouvons le voir, dans sa chambre à coucher, qui se lève péniblement, qui se tient la tête à deux mains, comme s’il avait peur qu’elle se brise en mille morceaux tel un œuf… sans crier gare. Il retombe sur son lit défait, nu comme un ver, tout englué de mauvaise transpiration. »
Extrait de : D. Walther. « La Marée purulente. »
L’hopital et autres fables cliniques par Daniel Walther

Fiche de L’hopital et autres fables cliniques
Titre : L’hopital et autres fables cliniques
Auteur : Daniel Walther
Date de publication : 1982
Editeur : Néo
Sommaire de L’hopital et autres fables cliniques
- L’hôpital, une fable cynique
- L’éruption de la Lézarde
- Une chasse à l’Ugu-Dugu dans les marais de Kwân
- A nous deux, dit le Dragon de Verre
- Les montreurs d’images de Jordan IV
- Le rendez-vous de Bucarest
- Symbiose
- Le glissement
- Morgenland
- La danse de guerre du Capitaine Moon
- Mort dans la cité solitaire …
- Oiseau(x) de malheur
- Le docteur Morlo ou le mystère de l’île de la Mort
Première page de L’hôpital, une fable cynique
« La nuit lentement descendait sur l’Hôpital. Les rayons du soleil embrasèrent une dernière fois le faîte du bâtiment principal, lourde bâtisse blanche qui, le jour, faisait tache sur les montagnes et les collines aux flancs tapissés de conifères.
Les murs semblaient plus impénétrables que jamais, plus menaçants, plus rébarbatifs. En fait rien ne distinguait précisément ces murailles de celles qui entourent les prisons sinon leur blancheur qui renvoyait brutalement les rayons du soleil par temps de canicule.
Le ciel véhiculait des nuages obscurs et il fallait compter avec un orage. Les orages étaient particulièrement violents en cette mi-saison : ils grondaient, déglutissaient, rauquaient, feulaient comme des tigres en chaleur.
Les pensionnaires de l’Hôpital avaient des difficultés à s’endormir, malgré les comprimés d’hypnocalmine qu’on leur avait distribués aux approches de la nuit. Ils s’agitaient dans leurs draps trempés de sueur, la tête remplie de visions cruelles et amères. »
Extrait de : D. Walther. « L’hôpital et autres fables cliniques. »
L’épouvante par Daniel Walther

Fiche de L’épouvante
Titre : L’épouvante
Auteur : Daniel Walther
Date de publication : 1979
Editeur : J’ai lu
Première page de L’épouvante
« — S’il vous plaît, s’il vous plaît…
Les mots n’étaient qu’un balbutiement lamentable et Baird n’était pas très bien disposé envers les indigènes. Il refusa donc de se retourner, de prêter attention à une créature certainement misérable et vermineuse, peut-être pourrie de la tête aux pieds par une atroce maladie.
— S’il vous plaît, s’il vous plaît…
Puis Baird se dit qu’il y avait quelque chose de fascinant, de bouleversant dans cet appel répété, semblable à la prière d’un enfant abandonné par ses parents aux mauvais sortilèges de la nuit. Il se retourna et découvrit une mince silhouette dansante, mal découpée dans la demi-ténèbre de la rue. »
Extrait de : D. Walther. « L’épouvante. »
Happy end par Daniel Walther

Fiche de Happy end
Titre : Happy end
Auteur : Daniel Walther
Date de publication : 1982
Editeur : Denoël
Première page de Happy end
« Suleyman-Pacha scrutait l’horizon.
Mais l’horizon demeurait désert. Jouait simplement son rôle de ligne imaginaire tirée entre le ciel et l’océan.
Il y avait des tonnes d’excréments dans la mer et une foule de poissons mutants, presque tous carnivores.
La barque de Suleyman-Pacha filait régulièrement vers le sud, poussée par des courants favorables et des vents de bon augure.
Max, endormi dans la petite cahute, dormait tranquillement, car il avait une confiance absolue dans les capacités de Suleyman-Pacha.
Dans son rêve, il habitait une ville merveilleuse, pleine de créatures maternelles qui le berçaient entre leurs bras soyeux.
Biles lui murmuraient que tout irait bien, que tout allait bien et que jamais aucune catastrophe n’avait réellement menacé le monde.
Max avait trente-deux ans. »
Extrait de : D. Walther. « Happy end. »
Embuscade sur Ornella par Daniel Walther

Fiche de Embuscade sur Ornella
Titre : Embuscade sur Ornella
Auteur : Daniel Walther
Date de publication : 1983
Editeur : Fleuve noir
Première page de Embuscade sur Ornella
« Dans les grandes cités de la Confédération, les spécialistes de la conjoncture essayaient de raccommoder les silences du temps. Ils erraient comme des âmes en peine dans les longs corridors des Relais informatiques, – d’étranges constructions anonymes, qui ressemblaient parfois à des pyramides, parfois à des cônes tronqués, parfois à des sphères gigantesques haussées sur des tripodes miroitants.
Les grandes cités de la Confédération vivaient dans l’inquiétude. Une fois de plus, les colombes de la paix s’enfuyaient, chassées par les faucons de la guerre. Entre les dominions lointains et les territoires asservis de longue date se propageaient, plus vite que la lumière, des rumeurs troubles, des nouvelles sournoises qui faisaient état d’une nouvelle conjuration de l’ENNEMI. »
Extrait de : D. Walther. « Embuscade sur Ornella. »
Coeur moite et autres maladies modernes par Daniel Walther

Fiche de Coeur moite et autres maladies modernes
Titre : Coeur moite et autres maladies modernes
Auteur : Daniel Walther
Date de publication : 1984
Editeur : Néo
Sommaire de Coeur moite et autres maladies modernes
- Adramelech
- Intra muros
- Carnaval à Rio
- Le dernier étage des ténèbres …
- La mer de glace ou l’expédition polaire perdue et l’espoir naufragé
- Deux allers simples pour Samarcande
- Coeur moite
- Sertão des Serres tièdes
- Fête rouge … fête noire …
- Sinfonietta à temps perdu
- Les singes une fantaisie exotique
- Les chambres transparentes
- L’éternité du vent éphémère
Première page de Adramelech
« Rupert tomba sur le livre en fouillant les éventaires poussiéreux, un peu nauséabonds de Justus Dietermeyer. Le vieux Dietermeyer était un bouquiniste à l’ancienne mode. Chez lui, on pouvait rester des heures durant sans qu’il fît la moindre remarque désobligeante. Au contraire, il venait vous poser gentiment des questions et vous proposait son aide tout naturellement, sans pour autant, si vous découvriez grâce à lui, le bouquin dont vous rêviez depuis tant d’années, forcer sur les prix. Dommage qu’il se montrât si peu soigné et si peu soigneux. Son « officine » sentait le renfermé, le mal lavé, le tout-à-l’abandon. Mais Rupert aimait le vieil homme et passait parfois des après-midi entiers à discuter avec lui d’une multitude de sujets allant de la carpe frite aux philosophes chinois. »
Extrait de : D. Walther. « Coeur moite et autres maladies modernes. »
Cité de la mort lente par Daniel Walther

Fiche de Cité de la mort lente
Titre : Cité de la mort lente
Auteur : Daniel Walther
Date de publication : 2005
Editeur : Editions du Rocher
Première page de Cité de la mort lente
« Freddy Breslauer se leva ce matin-là avec un désir de liberté. Même ce désir secret pouvait devenir dangereux. En Europe chrétienne et blanche, tout était calme, aussi calme que les grands cimetières sous la lune que chantait, jadis, dans un autre temps et un autre monde, un certain Georges Bernanos (1888-1948). Il avait dans l’idée de baiser Catherine Larsen, une assez jolie blonde, très aryenne. Son désir secret se révéla tellement dangereux qu’il n’alla pas plus loin que la première partie de la soirée, lorsqu’il fut arrêté dans le bistro où il était en train de passer la main sous la jupe de la jeune Larsen par les Gardiens de la Constitution et sommé de plaider coupable. Selon la nouvelle-nouvelle loi, dite Perben IV. Son avocat lui arrangea le coup et il ne fut condamné qu’à mille heures de travaux d’intérêt général. »
Extrait de : D. Walther. « Cité de la mort lente. »