Catégorie : Livres
La couleur de l’argent par Walter Tevis

Fiche de La couleur de l’argent
Titre : La couleur de l’argent
Auteur : Walter Tevis
Date de parution : 1984
Traduction : M. Boulet
Editeur : Gallmeister
Première page de La couleur de l’argent
« DEPUIS la grand-route, la façade du Sunburst ressemblait à celle de n’importe quel motel. Toutefois, à l’arrière de l’immeuble principal se blottissaient une demi-douzaine de pavillons en dur entourés de jardinets de rocaille. Un lotissement en copropriété. Il était implanté sur l’une des îles Keys, celle juste en dessous de Largo. Ed débarquait de l’aéroport de Miami. Tout en conduisant, il s’était imaginé trouver un complexe hôtelier avec un parc en terrasses et des courts de tennis, mais la résidence était du genre vieillot. Il gara sa voiture près d’un hibiscus pourpre, puis sortit dans la touffeur de la Floride. Le bâtiment numéro 4 était celui de l’autre côté de l’allée en gravillons, avec une vue imprenable sur l’océan. L’après-midi tirait à sa fin et le ciel rayonnait d’un bleu éblouissant.
Alors qu’il s’approchait, la porte-moustiquaire s’ouvrit ; un homme monstrueusement obèse apparut, vêtu d’un bermuda et tenant à la main un maillot de bain mouillé. Il s’avança au bord du petit balcon, puis, fronçant les sourcils, se mit à essorer son slip au-dessus des buissons. »
Extrait de : W. Tevis. « La Couleur de l’argent. »
In ze pocket par Walter Tevis

Fiche de In ze pocket
Titre : In ze pocket
Auteur : Walter Tevis
Date de parution : 1959
Traduction : M. Duhamel
Editeur : Gallimard
Première page de In ze pocket
« Armé d’un volumineux trousseau de clés, Henry, noir et voûté, ouvrit la porte. Il venait de monter par l’ascenseur. Il était neuf heures du matin. L’énorme panneau de bois sculpté, teinté à l’origine façon acajou, avait tourné à l’ébène au bout de soixante années de fumées et de poussière. Henry poussa la porte, mit en place le butoir du bout de son pied bot et entra en boitillant dans la salle.
Il était inutile d’allumer, à cette heure, car les trois immenses fenêtres qui occupaient tout un pan de mur étaient orientées au soleil levant. Par-delà, c’était le plein jour, et un vaste secteur du centre de Chicago. Henry actionna le cordon de tirage et les lourds rideaux se replièrent de chaque côté des fenêtres en un drapé d’une élégance crasseuse, sur un panorama de buildings grisâtres, coupé de tranches de ciel d’un bleu virginal. Henry souleva les panneaux vitrés de quelques centimètres. L’air s’engouffra dans la pièce et de minuscules tourbillons de poussière et de fumée de cigarettes rance commencèrent à tournoyer pour se dissiper presque aussitôt. L’après-midi, les rideaux étaient toujours tirés et les fenêtres hermétiquement closes ; on ne renouvelait l’air que le matin. »
Extrait de : W. Tevis. « In ze pocket. »
Lucifera par Maurice Limat

Fiche de Lucifera
Titre : Lucifera
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1964
Editeur : Fleuve noir
Première page de Lucifera
« L’orage ne se décidait pas à éclater. Jenny mordait son mouchoir, tant elle était énervée. Cela lui faisait toujours cet effet désastreux, quand le temps devenait menaçant, surtout le soir.
Et quand Jean-Claude n’était pas rentré.
Elle ne pouvait pas demeurer seule. Pourtant, son mari devait bien vaquer à ses affaires. Représentant d’une importante firme d’appareils ménagers, il visitait toute la région. Par bonheur, avec l’auto, il pouvait rentrer presque tous les soirs. Presque… et quand il était plus de dix heures, s’il n’était pas là, Jenny devait se résoudre à se coucher, solitaire. Elle dormait mal, ces nuits-là, toujours saisie de ces frayeurs que le médecin qualifiait d’enfantines, mais dont cette femme-enfant n’avait jamais pu se délivrer.
L’atmosphère pesait lourdement. Parfois, un éclair trouait la nuit. La jeune femme, le front à la fenêtre, guettait toujours.
Elle avait eu une fausse joie, un quart d’heure plus tôt. Dans ce quartier désert d’Angoulême, près des rives de la Charente on entendait, la nuit venue, peu de moteurs d’auto. Un vrombissement l’avait amenée à la fenêtre. »
Extrait de : M. Limat. « Lucifera. »
Lointaine étoile par Maurice Limat

Fiche de Lointaine étoile
Titre : Lointaine étoile
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1987
Editeur : Fleuve noir
Première page de Lointaine étoile
« Le film continuait à se dérouler. Samson eût été dans l’impossibilité de dire à quel moment cela avait commencé. Si même cela avait commencé à un quelconque moment de l’éternité tant, dans certain état d’abrutissement, l’individu est absolument incapable d’évaluer la dimension temps.
Un rêve, peut-être ? Un cauchemar sûrement, dans ce cas. Parce que, sans arrêt, dans cette avalanche de violences et d’horreurs, il revoyait la main, l’implacable main, ce symbole redouté de tous les navigateurs de l’espace. La main crispée, la main prédatrice, la main menaçante, la main de crime et de mort !
Les images se succédaient, se bousculaient, se chevauchaient. Et lui, lui le garçon vigoureux, solide, équilibré, sportif, était là, inerte, impuissant, spectateur passif de cette bande dessinée d’épouvante. »
Extrait de : M. Limat. « Lointaine Etoile. »
Les Sub-terrestres par Maurice Limat

Fiche de Les Sub-terrestres
Titre : Les Sub-terrestres
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1975
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les Sub-terrestres
« Ce ne fut que lorsqu’il entendit le grondement de l’eau que Frédéric réalisa l’étendue de son imprudence, et commença à redouter les conséquences de sa conduite.
Il avait bien vu, avant de s’enfoncer sous terre, le ciel gris, plombé ; l’air était terriblement pesant. Des insectes agaçants bourdonnaient et, alors que, négligeant la barricade installée depuis peu au fond de la grotte, il s’était délibérément aventuré dans les galeries interdites, il lui avait semblé percevoir, lointain, très lointain, un vague roulement qui pouvait être le tonnerre.
Seulement, quand on a à peine dix-neuf ans, qu’on a dévoré tout ce qui concerne la montagne et la spéléologie, de Jules Verne à Norbert Casteret en passant par Maurice Herzog et Frison-Roche, quand on est en vacances, seul, près d’un oncle ronchon et d’une tante surannée, sans copain et sans le moindre flirt, dans un village de montagne où il faut passer quelques jours « par politesse… parce que, n’est-ce pas… la famille », on fait n’importe quoi pour se changer les idées. »
Extrait de : M. Limat. « Les Sub-terrestres. »
Les sortilèges d’Altaïr par Maurice Limat

Fiche de Les sortilèges d’Altaïr
Titre : Les sortilèges d’Altaïr
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1963
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les sortilèges d’Altaïr
« On ne savait plus depuis combien de temps cela durait. Des heures… Quelques minutes… ou des semaines ?
Mais, dans l’espace, le temps semble aboli et, les cosmonautes le savent depuis que les premières nefs se sont élancées d’un soleil à l’autre, il est très difficile de se rendre compte de la durée réelle des événements.
À bord du Diabolic, tous étaient effarés, consternés. Malgré cela, les astronautes poursuivaient scrupuleusement leur tâche. Les pilotes se maintenaient aux commandes, les navigateurs demeuraient attentifs à l’observation et les radios, penchés sur les délicats appareils de transmission téléson, en reliefcolor, s’intéressaient au cas invraisemblable du Fantastic, l’astronef coéquipier du Diabolic qui, naviguant de conserve, était venu avec lui du système solaire des premiers humains, de la vieille Terre jusqu’à la constellation de l’Aigle où flamboie le prestigieux Altaïr, une des plus éclatantes étoiles de l’Univers. »
Extrait de : M. Limat. « Les Sortilèges d’Altaïr. »
Les renégats d’Ixa par Maurice Limat

Fiche de Les renégats d’Ixa
Titre : Les renégats d’Ixa
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1982
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les renégats d’Ixa
« Il avait dormi ! C’était un fait indéniable : il avait dormi. Il avait réussi à sombrer dans le sommeil en pareille circonstance, en dépit de ce qui l’attendait.
Korak soupira, s’étira. La couchette était dure. Et ce qu’il pouvait avoir dans l’esprit… Il avait dormi quand même !
Pas longtemps sans doute. Il se souvenait de s’être retourné sur sa couche jusqu’aux premières lueurs de l’aube. Et c’était déjà plus que l’aube : l’aurore. Les soleils allaient se lever sur Telvab. Le gros soleil rouge Hiffor, et l’autre, son jumeau du ciel : Fimaarkoz. Leurs lumières combinées commençaient à percer les nuages, à éveiller la nature.
Korak se leva, marcha vers ce qui servait de fenêtre en fourrageant de façon machinale dans son opulente toison dorée, cette chevelure qu’il n’avait jamais pu discipliner et qui couronnait son corps mince mais athlétique de trente années de Telvab. »
Extrait de : M. Limat. « Les renégats d’Ixa. »
Les presque dieux par Maurice Limat

Fiche de Les presque dieux
Titre : Les presque dieux
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1983
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les presque dieux
« Elle l’appelait Jean. Elle ne savait rien de lui. Ou pas grand-chose. Et Isabelita n’ignorait pas, absolument pas, que ses étranges amours la mettaient dans une situation clandestine, sinon carrément coupable.
Mais ce n’était sans doute pas la première idylle d’exception qui se nouait sur ce monde perdu. D’autres filles, avant Isabelita, avaient dû rencontrer des autochtones, d’autres garçons s’éprendre, provisoirement tout au moins, des beautés de Ci’w.
Seulement il n’y avait pas, sur Ci’w, planète géante tournant autour de cet autre géant du cosmos qu’est le soleil Arcturus, simplement les Ci’w’kas, peuplade assez primitive, pacifique au possible, et grâce à laquelle les expéditions terro-centauriennes avaient réussi à établir d’importants comptoirs, moins pour commercer avec ces braves gens que pour prospecter les minerais rares et précieux qui abondaient dans le sous-sol. »
Extrait de : M. Limat. « Les presque dieux. »
Les pêcheurs d’étoile par Maurice Limat

Fiche de Les pêcheurs d’étoile
Titre : Les pêcheurs d’étoile
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1972
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les pêcheurs d’étoile
« Depuis que le monde est monde, la planète Tekka tourne autour d’un des soleils de la constellation de l’Hydre.
Tekka a connu une civilisation brillante. Mais les Tekkiens, encore qu’assez civilisés, demeurent un peuple décadent. Il y a dix millénaires (calculés en rotation tekkienne), un cataclysme, analogue à celui qui, sur la Terre, engloutit l’Atlantide, ravagea leurs continents, détruisit leurs cités parvenues à une haute technique et
connaissant les inventions les plus avancées, esquissant déjà les premiers voyages interplanétaires.
Toutefois, à l’encontre des Terriens, lesquels, à part quelques initiés que nul ne voulait croire, avaient perdu le souvenir de leur magnifique passé, les Tekkiens, eux, savent parfaitement ce qu’ont été leurs ancêtres.
Ils en ont conservé un héritage, philosophique et scientifique, assez faible, mais suffisant pour faire d’eux autre chose que des barbares. »
Extrait de : M. Limat. « Les pêcheurs d’étoile. »
Les oiseaux de Véga par Maurice Limat

Fiche de Les oiseaux de Véga
Titre : Les oiseaux de Véga
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1967
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les oiseaux de Véga
« Le cauchemar se termina d’un coup. Wolfram ouvrit les yeux et se retrouva dans la réalité.
Il était encore baigné de sueur. Certes, il faisait chaud, très chaud, dans la forêt dense, incroyablement colorée, où les rescapés de l’astronef s’étaient réfugiés après la catastrophe.
Mais, avant tout, il transpirait d’angoisse, ayant revécu en rêve la fin du Discobole.
Pourquoi le navire de l’espace, en approchant de la planète, avait-il été pris dans cette sorte de tourbillon ? Pourquoi tous les appareils s’étaient-ils déréglés d’un seul coup ? Pourquoi les hommes prêts à débarquer constataient-ils que les instruments de leurs combinaisons d’escale étaient subitement saisis d’une vie mystérieuse ?
Cela s’était terminé par l’écrasement pur et simple. Norbert Dox, le merveilleux pilote, n’avait pu redresser son appareil et il avait péri avec vingt-cinq autres dans
les débris du vaisseau spatial. »
Extrait de : M. Limat. « Les oiseaux de Véga. »