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Les enfants de Pisauride par J.-P. Andrevon

Fiche de Les enfants de Pisauride

Titre : Les enfants de Pisauride
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1990
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les enfants de Pisauride

« Pisauride était malade… très malade.
Elle se traînait avec peine au long des immenses perspectives de béton qui étaient son univers, son corps était engourdi, elle n’avait plus d’appétit.
Le monde devenait brouillard à ses six yeux brillants comme des perles de charbon enfoncées à la base de la calotte de son céphalothorax, ses huit membres longs et déliés n’avaient plus aucune agilité, elle n’éprouvait plus aucun courage à traquer les rares proies qui passaient à sa portée.
Elle décida de quitter ces lieux vrombissants, où de maléfiques lueurs bleues couraient dans les profondeurs d’une eau miroitante et mortelle. Pourquoi était-elle venue habiter ici ? Elle l’ignorait… Un obscur instinct l’avait sans doute poussée vers cette caverne de béton où elle s’était trouvée prisonnière… de si longs mois, des années peut-être. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Les Enfants de Pisauride. »

Visiteurs d’apocalypse par J.-P. Andrevon

Fiche de Visiteurs d’apocalypse

Titre : Visiteurs d’apocalypse
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1990
Editeur : Fleuve noir

Première page de Visiteurs d’apocalypse

« La sonnerie du réveil mécanique fait sauter Gérard Lefrançois hors de l’eau douillette du sommeil. Douillette ? Pas tant que ça. Depuis un quart d’heure, ou une demi-heure, il se tournait et se retournait, pas encore réveillé, pas vraiment endormi non plus. Sa main se tend, à la recherche du petit objet rond qui crache l’irritante sonnerie. Elle cesse avant qu’il ait pu l’atteindre. Tant pis, tant mieux. La main de Gérard se rétracte au bout de son bras, rampe sur la surface désertée du drap à côté de lui. Elle est tiède encore, tiède de la présence palpable de Béatrice. Il soupire…

Béatrice n’est plus là, bien sûr. Elle prend son travail de secrétaire à 8 h 30, elle doit quitter la maison à 8 heures. C’est elle qui lui a remonté le réveil pour 8 h 15… et qui a dû le réveiller à moitié en se levant, en s’habillant, d’où cette impression confuse d’une somnolence troublée.  »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Visiteurs d’apocalypse.  »

Soupçons sur Hydra par J.-P. Andrevon

Fiche de Soupçons sur Hydra

Titre : Soupçons sur Hydra
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1984
Editeur : Fleuve noir

Première page de Soupçons sur Hydra

« Iniès s’enfilait dans son scaf autonome. Le scaf était étroit. Iniès était large. Elle devait tortiller du cul pour arriver à le faire passer par le col. C’est ce qu’elle avait de plus large, son cul, Iniès. Ça ne déplaisait pas aux mâles du bac, moi compris. Ça ne devait pas déplaire non plus à Nol, bisex, et même plutôt lesbi, disons 60/40.
Justement Nol faisait partie de ceux qui regardaient Iniès se préparer pour la plongée. Je l’ai fixée deux ou trois secondes, parce que je venais de penser à cet histoire de bisexualité. Nol ne me regardait pas. Immobile et droite, elle regardait seulement la grosse botaniste rentrer son ventre et jouer du pelvis, le tout étant moulé, comme le reste de sa personne d’ailleurs, dans une combi kevlar jaune citron maculée de boue. Je ne pouvais pas deviner à quoi pouvait bien penser Nol – au sexe, à la mission, à la flotte grise sans fond ni fin où allait glisser Iniès. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Soupçons sur Hydra. »

Le premier hybride par J.-P. Andrevon

Fiche de Le premier hybride

Titre : Le premier hybride
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1985
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le premier hybride

« J’étais seul au sein d’une nuit sans limite, et je criais.

J’étais seul au milieu d’un océan sans limite, seul et abandonné sur une boule de boue liquide, avec la certitude que personne ne viendrait m’y chercher, jamais, jamais. Et qu’est-ce que ça pouvait bien foutre ! La nuit, toute cette flotte, la solitude, et la mort au bout.

La mort… Elle serait la bienvenue, cette garce. Je ne pouvais pas dire que je l’espérais, que je l’appelais. Je ne pouvais même pas dire que je l’attendais. J’étais bien au-dessus de ça. Bien au-dessus, ou bien en dessous, au choix. Je savais seulement qu’elle viendrait. Dans une minute, une heure, un jour… Elle viendrait. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Le premier hybride. »

Zombies par J.-P. Andrevon

Fiche de Zombies

Titre : Zombies
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2004
Editeur : Bélial

Première page de Zombies

« Ils sortent de partout, maintenant. Pas seulement de la terre des cimetières, mais tout aussi bien d’un vieux mur de pierre, d’un tumulus, de la paroi d’un bâtiment qu’on voit se gondoler, se craqueler, avant de libérer ce qu’il contenait : une substance éthérée, demeurée longtemps, très longtemps dans le calcaire, le granit, l’humus, et transportée avec sa gaine minérale devenue remblai, terrassement, brique, mortier, ciment ayant servi à élever un bâtiment. Ils sortent. Une portion de mur qui devient floue, un papier peint qui se boursouffle, un pan de béton qui pèle soudain, un coin de butte qui s’effrite – et en voilà un de plus qui paraît. Un de plus qui s’est… libéré.
D’abord à peine visible, une ombre qui flotte, une silhouette de brume suspendue dans l’air. Mais, vite, en quelques minutes le plus souvent, on le voit se condenser. On le voit reprendre chair, ou un semblant de chair racornie, accrochée à l’armature de son squelette reformé. Les plus récents portent encore des vêtements à divers degrés de décrépitude ou de loques. Les anciens, cent ans ou plus, bien plus parfois, vont nus : écorchés couleur de bois mort, ils s’ébranlent pesamment, étonnés semble-t-il de cette nouvelle position verticale à laquelle ils ne sont plus habitués. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Zombies, un horizon de cendres. »

Une nuit dans la tour de verre par J.-P. Andrevon

Fiche de Une nuit dans la tour de verre

Titre : Une nuit dans la tour de verre
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1999
Editeur : Magnard

Première page de Une nuit dans la tour de verre

« 18 à 19 heures

FABIEN Caprioli descendit du bus à l’arrêt de la Verpillière. Plus loin, la ligne 32 continuait à s’enfoncer dans la ZIRC – Zone Industrielle de Regroupement Concerté ! –, une dénomination barbare qui avait bien fait rire Fabien quand il en avait appris la signification…

Planté sur le trottoir, il suivit un moment des yeux le véhicule aux flancs jaunes copieusement tagués qui s’éloignait dans la perspective de brouillard. De loin, avec sa silhouette parallélépipédique et sa partie supérieure brillamment illuminée, le bus ressemblait à un jouet. La nuit était tombée en traître pendant le trajet. Quand Fabien était monté dans le bus, à l’angle du parking Salvador-Allende, à six heures passées de quelques minutes, un jour grisâtre »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Une nuit dans la tour de verre. »

Une lumière entre les arbres par A. Brutsche

Fiche de Une lumière entre les arbres

Titre : Une lumière entre les arbres
Auteur : A. Brutsche ( J.-P. Andrevon )
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir

Première page de Une lumière entre les arbres

« — Ça fleurit un jour sur la Butte,
Ça pousse on ne sait trop comment,
Et de cabrioles en culbutes
Ça tombe dans les bras d’un amant…

Ils chantaient tous les quatre à mi-voix cette vieille et charmante chanson de Bruant. Ils l’aimaient bien, cette chanson ; elle avait le parfum d’une époque qui était peut-être injustement appelée belle, mais qui avait pour elle le charme et le mystère de ce qui est passé, et qu’un flou pittoresque auréolait d’une lumière trouble qui en faisait tout le prix. La butte Montmartre, le Moulin Rouge, Bruant, Renoir, Zola, Toulouse-Lautrec… tous ces noms qui n’avaient pas toujours de points communs entre eux, et souvent des écarts de date importants, se mélangeaient dans leur commémoration d’un temps révolu, dont les points de repère étaient quelques airs faciles à retenir, quelques tableaux ensoleillés, certaines gravures où l’on voyait des messieurs en gibus, des dames à larges robes, des fiacres, des bicyclettes grêles et surtout, surtout… pas d’automobiles ! »

Extrait de : A. Brutsche (J.-P. Andrevon). « Une lumière entre les arbres. »

Un horizon de cendres par J.-P. Andrevon

Fiche de Un horizon de cendres

Titre : Un horizon de cendres
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2004
Editeur : Pocket

Première page de Un horizon de cendres

« Ils sortent de partout, maintenant. Pas seulement de la terre des cimetières, mais tout aussi bien d’un vieux mur de pierre, d’un tumulus, de la paroi d’un bâtiment qu’on voit se gondoler, se craqueler, avant de libérer ce qu’il contenait : une substance éthérée, demeurée longtemps, très longtemps dans le calcaire, le granit, l’humus, et transportée avec sa gaine minérale devenue remblai, terrassement, brique, mortier, ciment ayant servi à élever un bâtiment. Ils sortent. Une portion de mur qui devient floue, un papier peint qui se boursouffle, un pan de béton qui pèle soudain, un coin de butte qui s’effrite – et en voilà un de plus qui paraît. Un de plus qui s’est… libéré. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Un horizon de cendres. »

Un froid mortel par A. Brutsche

Fiche de Un froid mortel

Titre : Un froid mortel
Auteur : A. Brutsche ( J.-P. Andrevon )
Date de parution : 1971
Editeur : Fleuve noir

Première page de Un froid mortel

« — Et si on s’arrêtait là ? fit Françoise.
Alain leva son pied de l’accélérateur et jeta un coup d’œil vers la gauche. De l’autre côté de la route, un bâtiment gaiement coloré s’élevait, d’architecture moderne, entouré de pelouses. Un motel nouvellement construit, sans doute, pensa Alain, qui ne se souvenait pas avoir vu la construction auparavant. Derrière la DS, une voiture corna nerveusement. Alain hésita, obliqua vers la droite jusqu’à serrer au plus près l’accotement, ralentit encore.
— Pourquoi, tu connais ? dit-il en jetant un regard rapide vers son épouse.
— Non, répondit Françoise en ramenant en arrière ses longs cheveux bruns, d’un geste élégant des bras qui tendit brusquement sa poitrine ferme sous son léger pull bordeaux. Mais j’ai soif, et puis il n’est pas si tard. On pourrait bien s’arrêter… »

Extrait de : A. Brutsche (J.-P. Andrevon). « Un froid mortel. »

Toutes ces belles passantes par J.-P. Andrevon

Fiche de Toutes ces belles passantes

Titre : Toutes ces belles passantes
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2002
Editeur : Blanche

Première page de Toutes ces belles passantes

« Je l’avais entendue renifler

Je me souviens de Florence, une brune un peu forte qui, à peine claqué la porte de son appartement où elle m’entraînait pour la première fois, m’avait plaqué au mur du couloir, s’était agenouillée devant moi, avait défait d’un geste assuré la ceinture de mon pantalon, baissé la fermeture Éclair, descendu le slip au ras des couilles et fourré son museau dans ma toison pubienne. Distinctement, je l’avais entendue renifler. Puis elle s’était redressée (moi, je me redressais à peine) et, l’œil vif et la lèvre humectée, m’avait regardé bien en face avant de lancer triomphalement cette seule et prometteuse syllabe : « Oui !  »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Toutes ces belles passantes. »