Étiquette : Andrevon
Le temps cyclothymique par J.-P. Andrevon
Fiche de Le temps cyclothymique
Titre : Le temps cyclothymique
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le temps cyclothymique
« Le soleil se leva sur Syrtis major. C’était une petite boule d’un blanc étincelant qui était restée longtemps cachée derrière une chaîne de collines tassées au bout de la plaine, loin à l’est. Maintenant, sa lumière crue envahissait la capsule. Foster R. Springsten masqua les deux fenêtres carrées qui faisaient face à l’astre du jour. De l’autre côté de la cabine, la plaine s’étendait à l’infini, grise et ocre.
Le cosmonaute fit trois pas dans la cellule. Il n’aurait pu faire plus, tant l’espace était réduit à l’intérieur du module martien I want. Allongé dans son fauteuil, Ernest C. Mackenzie dormait encore. Le lieutenant-colonel Springsten contempla un moment, à travers la visière baissée du casque, le visage de son compagnon, qui respirait paisiblement dans son sommeil. Puis il le secoua par l’épaule. Le commandant Mackenzie sortit immédiatement du sommeil. Ses yeux bleus s’ouvrirent, il se leva, fit jouer la visière de son casque, stoppa son arrivée d’air individuelle.
— Tu m’apportes mon petit déjeuner ? grogna-t-il. »
Extrait de : J.-P. Andrevon. « Le temps cyclothymique. »
Le reflux de la nuit par A. Brutsche
Fiche de Le reflux de la nuit
Titre : Le reflux de la nuit
Auteur : A. Brutsche ( J.-P. Andrevon )
Date de parution : 1972
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le reflux de la nuit
« Pierre Merlin se hâtait lentement vers le cimetière. Il avait relevé le col de son imperméable sur son cou, et son chapeau était enfoncé fermement sur son crâne, protégeant ses cheveux qui commençaient à s’éclaircir sur l’occiput et sur le haut des tempes. Il avait mis les mains dans les poches de son imper, et allait de son pas qui se voulait pressé mais qui, curieusement, faisait rouler et tanguer sa haute silhouette dégingandée comme s’il avait été un navire fortement mâté qui faisait du surplace malgré la houle.
La soirée était fraîche, grise, un rien pluvieuse. La pluie ne se décidait pas à venir franchement battre le pavé, et les toits, et le chapeau de Pierre Merlin. Ce n’était qu’une humidité dans l’air, qui traînait, indécise, s’engouffrait dans les bronches avec son lot d’oxyde de carbone, d’hydrocarbures, d’anhydrides sulfureux. »
Extrait de : A. Brutsche (J.-P. Andrevon). « Le reflux de la nuit. »
Le petit garçon qui voulait être mort par J.-P. Andrevon
Fiche de Le petit garçon qui voulait être mort
Titre : Le petit garçon qui voulait être mort
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1999
Editeur : Les belles lettres
Sommaire de Le petit garçon qui voulait être mort
- Le petit garçon qui voulait être mort
- Regarde-le
- Et si nous allions danser ?
- Demain, je vais pousser
- Mort aux vieux !
- Qu’est-ce qui va encore arriver ?
- Condamné
- Une erreur au centre
Première page de Le petit garçon qui voulait être mort
« La dernière fois que le petit garçon vit sa grand-mère, il la vit morte.
Sa maman l’avait emmené, et son père. Son père lui avait dit : « Il faudra être sage, il ne faudra pas faire de bruit, il ne faudra pas la toucher. Elle dort, tu comprends ? »
Sa maman avait haussé les épaules, elle avait fait avec sa bouche ce bruit que le petit garçon n’aimait pas, elle avait regardé son mari avec ses yeux de colère. Elle avait dit : « Tu es stupide de lui parler ainsi. »
Le petit garçon n’avait pas compris pourquoi sa maman avait prétendu que son père était stupide. Mamie était couchée dans le grand lit à couverture violette et c’était vrai, elle dormait. Dans la chambre, où se trouvaient plusieurs personnes inconnues, flottait une odeur bizarre, un peu écœurante. Il sut plus tard que c’était de l’encens. »
Extrait de : J.-P. Andrevon. « Le Petit Garçon qui voulait être mort. »
Le parking mystérieux par J.-P. Andrevon
Fiche de Le parking mystérieux
Titre : Le parking mystérieux
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1997
Editeur : Magnard
Première page de Le parking mystérieux
« La griffe dans le parking
FABIEN trouva la griffe dans le parking en revenant du collège. Il la vit au dernier moment. Il avait failli l’écraser sous sa semelle. Ou peut-être pas : la griffe était dure, si dure que, même s’il avait marché dessus de tout le poids de ses trente-neuf kilos tout mouillé, elle n’en aurait probablement pas souffert.
Il se pencha, cligna des paupières. La griffe était là, à plat sur le bitume, au bout de l’arrondi légèrement boueux de sa tennis gauche. Seulement… était-ce bien une griffe ? Le mot lui était venu spontanément à l’esprit mais, au bout de quelques secondes, il n’en était plus si sûr…
Parce que la griffe était énorme – de la taille d’un grand couteau recourbé. Elle était couleur vieille pierre ou alors couleur du vieil ivoire, celui d’une défense de ces éléphants qu’on voit à la télé, morts ou vivants. »
Extrait de : J.-P. Andrevon. « Le parking mystérieux. »
Le monde enfin par J.-P. Andrevon
Fiche de Le monde enfin
Titre : Le monde enfin
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2006
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le monde enfin
« Il émergea du sommeil à la première sonnerie du téléphone. Il décrocha avant la seconde, pur réflexe. Mais il était déjà parfaitement réveillé. D’un coup d’œil, il s’assura que sa femme, qui reposait à son côté dans la pénombre, n’avait pas bougé. La respiration paisible le rassura. Il plaqua l’écouteur contre son oreille. Les chiffres verts du réveil digital posé sur la table de nuit indiquaient 5.00. Il sourit machinalement de cette exactitude. À l’intérieur de l’écouteur, une voix étouffée murmura une phrase, une seule, convenue d’avance depuis trois ans. Il n’eut pas à y répondre, raccrocha précautionneusement et, avec autant de précautions, s’assit. Les ressorts du lit n’avaient pas craqué.
Dans la lueur nocturne filtrant des volets à demi baissés, l’épaule nue d’Isabel luisait d’un éclat de satin. »
Extrait de : J.-P. Andrevon. « Le Monde enfin. »
Le météore de Sibérie par J.-P. Andrevon
Fiche de Le météore de Sibérie
Titre : Le météore de Sibérie
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2005
Editeur : ActuSF
Première page de Le météore de Sibérie
« L’explosion de la bombe au-dessus de sa tête rejette Liubia du sommeil à la manière d’un saumon arraché à l’eau par la déflagration d’une cartouche de dynamite.
Le sommeil de Luibia avait la température et la consistance d’un lac juste avant la première glaciation de la mi-septembre : tiède encore, calme et lourd, à peine brisé par les ridules régulières d’un petit vent catarrheux venu du fond de bronches en piètre état. La bombe est tombée au centre du lac, soulevant des tonnes et des tonnes d’eau noire dont la masse s’évase en maelström, projetant dans toutes les directions les échardes cisaillantes d’une mince couche de glace fracassée.
Images, sensations. L’eau qui se distend, se rétracte, tremble… ce n’est rien d’autre que la mauvaise graisse de Liubia qui se rétracte et tremble. »
Extrait de : J.-P. Andrevon. « Le Météore de Sibérie. »
Le masque au sourire de crocodile par J.-P. Andrevon
Fiche de Le masque au sourire de crocodile
Titre : Le masque au sourire de crocodile
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1995
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le masque au sourire de crocodile
« Jim Bamba fait un geste… Un geste quelque peu théâtral, comme l’est toute sa personne. Ses aides rabattent la ridelle du camion, s’engouffrent dans la caverne du gros Dodge flambant neuf, en ressortent avec un conteneur de métal gris qui ressemble à un cercueil. Le récipient est posé sans ménagement au bord du marigot artificiel. Les quatre hommes en tenue de brousse descellent le couvercle, qui comporte une partie grillagée par où des éclaboussures ont giclé pendant la manœuvre.
Lil aussi fait un geste de théâtre : son index replié porté à sa jolie bouche, qui s’est arrondie sous l’effet de la surprise, de l’excitation. Pour un peu, elle aurait poussé un petit cri de souris. Mais ç’aurait été du cinéma, plus du théâtre.
À quelques mètres d’elle, de l’autre côté du marigot à la margelle de ciment craquelé, les quatre costauds à la peau d’ébène ont saisi à bras-le-corps, par le poitrail et par la queue, une forme d’un »
Extrait de : J.-P. Andrevon. « Le masque au sourire de crocodile. »
Le livre d’or par J.-P. Andrevon
Fiche de Le livre d’or
Titre : Le livre d’or de la science-fiction
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1983
Editeur : Pocket
Sommaire de Le livre d’or
- La réserve
- Le château du dragon
- Un petit saut dans le passé
- Scant
- Neuf déchirures dans la trame de la désespérance quotidienne
- Salut, Wolinski!
- Le dernier dinosaure
- Quelques chansons…
- Les retombées
- De « A » à « Z »
- Le réseau
- Le monde enfin
Première page de La réserve
« Un oiseau aux ailes noires s’éleva silencieusement dans la caverne, gagna de son vol lourd le lointain point argenté qui s’ouvrait sur les Terres-sous-le-Ciel. Kitti Pritti nota ce fait comme un mauvais présage ; elle resserra plus fort ses bras sur le petit Phils. Celui-ci se cramponnait des deux mains à son sein gauche qu’il mordillait avec fureur, et sans grand résultat. Le lait de Kitti Pritti se faisait rare, et Phils devenait grand. Il devait avoir une dizaine de lunes maintenant, et il faudrait bientôt lui trouver autre chose à manger mais quoi ? Ce n’était que le deuxième enfant qui était sorti du ventre de Kitti Pritti, et le premier était devenu raide peu après sa deuxième lunaison. Aussi n’avait-elle pas eu de problème alimentaire à résoudre avec lui. Mais maintenant, bien que »
Extrait de : J.-P. Andrevon. « Le livre d’or de la science-fiction. »
Le jour du grand saut par J.-P. Andrevon
Fiche de Le jour du grand saut
Titre : Le jour du grand saut
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1996
Editeur : Le livre de poche
Première page de Le jour du grand saut
« Henri, tu ne crois pas qu’il est temps d’y aller ? »
Venant du rez-de-chaussée, la voix de maman a grimpé l’escalier pour pénétrer en coup de vent dans la chambre d’Henri. Il soupire. Y aller, ça veut dire à l’école, bien sûr.
Et le lundi, après un jour et demi de tranquillité, c’est dur de s’y remettre. Surtout quant on a passé un dimanche entier à la maison, avec ses parents, avec papa en particulier, qui lui a construit avec des bouts de ferraille, des bouts de plastique, des bouts de trucs et de machins, un translateur intergalactique.
C’est un engin fantastique, le translateur intergalactique. Il permet d’envoyer un être humain à l’autre extrémité de l’univers, par dissolution… non, par dissociation moléculaire. Il suffit de placer le sujet sous le rayon dissociateur, d’appuyer sur un bouton, et zip ! — disparu, le sujet. »
Extrait de : J.-P. Andrevon. « Le jour du grand saut. »
Le futur aux trousses ! par J.-P. Andrevon
Fiche de Le futur aux trousses !
Titre : Le futur aux trousses !
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2022
Editeur : Arkuiris
Sommaire de Le futur aux trousses !
- Intérieur nuit / extérieur jour
- Une dernière fois le temps battit des ailes
- La muraille occident
- Brouillage psi
- De longues vacances en perspectives
- Androsaurus
- Le futur t’attend !
Première page de Intérieur nuit / extérieur jour
« Le timbre familier de la porte grelotte dans tout l’appartement. Le jeune homme est dans sa chambre, il est allongé sur le ventre en travers de son lit, il est vêtu d’une tunique ample et d’un pantalon de jeans, il est pieds nus. Il lit, ou il fait semblant de lire un livre quelconque, à couverture jaune et noire. C’est un vieux livre. On n’en imprime plus guère, peut-être plus du tout. Au grelottement de la sonnerie, le jeune homme redresse la tête, il se tourne sur le flanc, sa main lâche le livre qui tombe sur les lattes du plancher, une fibrose quelconque, on ne fait plus guère de vrais planchers en bois, ou plus du tout.
Dans le visage difforme du jeune homme, sa bouche de poisson s’ouvre, comme s’il cherchait de l’air. Mais ce doit être seulement un sourire, ou bien un ricanement. Le jeune homme ne semble pas pressé de se lever. Alors l’écran placé à la tête du lit s’éclaire, et un plan américain du professeur s’y affiche. »
Extrait de : J.-P. Andrevon. « Le Futur aux trousses !. »