Étiquette : Ballard
Vermilion sands par J. G. Ballard
Fiche de Vermilion sands
Titre : Vermilion sands
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1971
Traduction : L. Casseau, P. Alpérine, A. Rosenblum, L. Massun, Y. Hersant, A. Le Bussy, A. Dorémieux
Editeur : Opta
Sommaire de Vermilion sands
- Prima Belladonna
- Les milles rêves de Stellavista
- Cri d’espoir, cri de fureur
- Le sourire de Vénus
- Atelier 5, les étoiles
- Les sculpteurs de nuages de Corail D
- Dites au revoir au vent
- Le jeu des écrans
Première page de Prima Belladonna
« Je rencontrai Jane Ciraclydes pendant la Récession, cette période d’oisiveté, d’ennui léthargique et de chaleur, qui nous valut dix années inoubliables. Ces circonstances particulières ont probablement joué leur rôle dans l’histoire de nos relations. Je ne peux pas croire que je me rendrais aussi ridicule aujourd’hui. Mais il se peut aussi que ce soit tout simplement Jane elle-même qui m’ait fait perdre la tête.
Quoi qu’on ait dit sur son compte, tout le monde s’accordait à reconnaître qu’elle était belle, même si ses antécédents génétiques laissaient quelque peu à désirer. Les médisants à Vermilion Sands avaient décidé qu’elle devait faire partie des mutants, en raison de la patine somptueuse de sa peau dorée, et de ses yeux qui ressemblaient à des insectes. »
Extrait de : J. G. Ballard. « Vermilion sands ou le paysage intérieur. »
Super-Cannes par J. G. Ballard
Fiche de Super-Cannes
Titre : Super-Cannes
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 2000
Traduction : P. Delamare
Editeur : Fayard
Première page de Super-Cannes
« La première personne que j’aie rencontrée à Éden-Olympia était un psychiatre, et à bien des égards il était on ne peut plus approprié qu’un spécialiste des troubles mentaux ait été chargé de m’initier à cette cité « intelligente » sur les hauteurs de Cannes. Je comprends maintenant qu’une sorte de folie larvée, comme un état de guerre non déclarée, hantait les immeubles du parc d’activités. Pour la plupart d’entre nous, le docteur Wilder Penrose était un aimable Prospero, le psychopompe qui guidait vers la lumière nos rêves les plus sombres. Je me rappelle son sourire décidé quand nous nous saluâmes, et son regard fuyant qui me fit me méfier de sa main tendue. Ce n’est qu’après avoir appris à admirer ce dangereux détraqué que j’ai pu envisager de le tuer.
Plutôt que de prendre l’avion entre Londres et Nice, voyage aussi fugitif qu’un plateau-repas, nous décidâmes, Jane et moi, de descendre sur la côte d’Azur en voiture pour dérober quelques derniers jours de liberté avant de nous enfermer dans Éden-Olympia et dans le mode de vie discipliné des nouveaux cadres européens. »
Extrait de : J. G. Ballard. « Super-Cannes. »
Sècheresse par J. G. Ballard
Fiche de Sècheresse
Titre : Sècheresse
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1965
Traduction : C. Darner
Editeur : Le livre de poche
Première page de Sècheresse
« À MIDI, lorsque le docteur Charles Ransom amarra le bateau sur lequel il vivait à l’entrée du fleuve, il aperçut Quilter – le fils idiot de la vieille femme habitant la péniche délabrée mouillée en dehors du port des yachts – qui se tenait sur un éperon rocheux nettement saillant de la rive opposée, et souriait aux oiseaux morts flottant sur l’eau en dessous de lui. Le reflet de sa tête bombée nageait comme un nimbus déformé parmi le plumage flasque. La rive couverte de boue collante était émaillée de morceaux de papier et de bois flotté, et la silhouette de Quilter, son visage de rêve évoquaient pour Ransom un faune dément se mêlant aux feuilles comme s’il portait le deuil de l’esprit perdu du fleuve.
Ransom fixa les amarres avant et arrière à la jetée, tout en estimant que la comparaison ne convenait guère. »
Extrait de : J. G. Ballard. « Sécheresse. »
Sauvagerie par J. G. Ballard
Fiche de Sauvagerie
Titre : Sauvagerie
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1988
Traduction : R. Louit
Editeur : Tristram
Première page de Sauvagerie
« Extrait du journal médico-légal du Dr Richard Greville, consultant psychiatre adjoint. Police de Londres.
25 août 1988. Par où commencer ? On a déjà tant écrit sur le massacre de Pangbourne, ainsi qu’il est désormais connu dans les tabloïds du monde entier, que j’ai du mal à avoir une vision nette de ce tragique événement. Au cours des deux derniers mois, il y a eu tant d’émissions de télévision à propos des trente-deux habitants assassinés de cette luxueuse résidence à l’ouest de Londres, tant de spéculations concernant l’enlèvement de leurs treize enfants, qu’il ne reste guère de place pour une seule hypothèse nouvelle.
Toutefois, comme le secrétaire général du Home Office me l’a bien fait comprendre ce matin, on ignore à peu près tout des mobiles et de l’identité des assassins. »
Extrait de : J. G. Ballard. « Sauvagerie. »
Salut l’Amérique ! par J. G. Ballard
Fiche de Salut l’Amérique !
Titre : Salut l’Amérique !
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1981
Traduction : E. Gille
Editeur : Denoël
Première page de Salut l’Amérique !
« Il y a de l’or, Wayne, de la poudre d’or partout ! Réveillez-vous ! C’est vrai que les rues d’Amérique sont pavées d’or ! »
Par la suite, en aidant à échouer le SS Apollo contre l’antique jetée de la Cunard à l’extrême pointe de Manhattan, Wayne devait se rappeler avec un certain amusement l’excitation de McNair quand il avait fait irruption dans la soute à voiles. Le jeune chef mécanicien, parfois mauvais coucheur mais généralement timide, gesticulait avec frénésie devant Wayne et sa barbe brillait comme une lanterne trop lumineuse.
« Wayne, c’est tout ce qu’on avait rêvé ! Regardez rien qu’une fois, même si ça doit vous aveugler ! »
Il manqua de faire basculer Wayne de son hamac. Se retenant d’une main au plafond de métal, Wayne contempla la barbe enflammée de McNair. Une lumière cuivrée fantasmagorique inondait la soute à voiles, l’environnant de piles de tapis dorés, comme s’ils avaient mis le cap droit dans l’œil d’un ouragan radioactif.
« McNair, attendez ! Allez voir le Dr Ricci ! Vous êtes peut-être… ! »
Extrait de : J. G. Ballard. « Salut l’Amérique ! »
Mythes d’un futur proche par J. G. Ballard
Fiche de Mythes d’un futur proche
Titre : Mythes d’un futur proche
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1982
Traduction : J. Chambon
Editeur : Presses Pocket
Sommaire de Mythes d’un futur proche
- Mythe d’un futur proche
- La belle vie
- Hôte de furieux fantasmes
- Zodiaque 2000
- Nouvelles du soleil
- Théâtre de guerre
- Le temps mort
- Le sourire
- Décor de motel
- Service de réanimation
Première page de Mythe d’un futur proche
« À la tombée de la nuit Sheppard était toujours assis dans le cockpit de l’avion échoué, indifférent à la marée du soir qui s’avançait vers lui sur la plage. Déjà les premières vagues avaient atteint les roues du Cessna, fouettant le fuselage d’embruns. Inlassablement, les flots sombres lançaient leur écume phosphorescente à l’assaut des côtes de la Floride, comme pour réveiller les occupants fantômes des bars et des motels abandonnés.
Sheppard, lui, était tranquillement installé aux commandes, songeant à sa femme défunte et à toutes les piscines asséchées de Cocoa Beach, ainsi qu’à l’étrange boîte de nuit qu’il avait aperçue l’après-midi même à travers le dais de verdure qui recouvrait désormais l’ancien Centre Spatial. Mi-casino de Las Vegas avec sa flamboyante façade de néons, mi-Petit Trianon un élégant fronton classique soutenait le toit chromé – elle s’était soudain matérialisée au milieu des palmiers et des chênes tropicaux, plus irréelle que n’importe quel décor de cinéma. En la survolant à seulement une quinzaine de mètres de sa toiture réfléchissante, il s’était presque attendu à voir Marie-Antoinette en personne, en costume façon Golden Nugget, jouer les laitières devant un public d’alligators agités. »
Extrait de : J. G. Ballard. « Mythes D’Un Futur Proche. »
Les chasseurs de Vénus par J. G. Ballard
Fiche de Les chasseurs de Vénus
Titre : Les chasseurs de Vénus
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1980
Traduction : M. Demuth
Editeur : Denoël
Sommaire de Les chasseurs de Vénus
- Trois, deux, un, zéro !
- Les tombes du temps
- La plage douze
- Passeport pour l’éternité
- Perte de temps
- Temps de passage
- Les chasseurs de Vénus
- Comme un souvenir
- Un après-midi à Utah Beach
- Le zoom de 60 minutes
Première page de Trois, deux, un, zéro !
« Vous allez sans doute me demander comment je me suis aperçu de l’existence de ce pouvoir fou, fantastique ? Comme au docteur Faust, m’a-t-il été accordé par le Diable lui-même en échange de mon âme ? Ou bien l’ai-je gagné par l’effet de quelque talisman étrange : patte de singe, œil d’idole retrouvé dans un coffre antique ou légué par un vieux marin agonisant ? À moins que je ne l’aie découvert par hasard au cours de mes recherches sur les mystères abominables d’Eleusis et de la messe noire, et que sa puissance horrifique ne me soit apparue dans des nuages d’encens et de vapeurs sulfureuses ?
Non, rien de tout cela. En fait, ce pouvoir m’a été révélé de manière purement fortuite, durant une journée comme les autres. Il m’est venu entre les mains comme l’art du point de dentelle. Et en vérité, il s’est manifesté si discrètement, si graduellement, que je n’en ai pas eu immédiatement conscience. »
Extrait de : J. G. Ballard. « Les chasseurs de Vénus. »
Le vent de nulle part par J. G. Ballard
Fiche de Le vent de nulle part
Titre : Le vent de nulle part
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1962
Traduction : R. Lathière
Editeur : Presses Pocket
Première page de Le vent de nulle part
« AU début, il y eut la poussière.
Donald Maitland s’en rendit compte lorsqu’un taxi le ramena de l’aéroport de Londres, après quarante-huit heures d’une vaine attente pour le vol de la Pan American à destination de Montréal. Cela faisait maintenant trois jours qu’aucun avion ne décollait plus. La météo persistait dans l’insolite – ciel totalement bouché et plafond à deux cents mètres, le tout accompagné de remous inhabituels, de vents contraires dont la force furieuse atteignait presque celle des ouragans et qui, balayant l’aérodrome, avaient déjà endommagé deux 707 sur les pistes d’envol. Le grand bâtiment du terminal ainsi que les hangars groupés derrière étaient archipleins de passagers prostrés en longues files traînantes parmi leurs valises, tout le monde cherchant à s’y retrouver au milieu des ordres et contrordres donnés sans arrêt. »
Extrait de : J. G. Ballard. « Le vent de nulle part. »
Le salon des horreurs par J. G. Ballard
Fiche de Le salon des horreurs
Titre : Le salon des horreurs
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1969
Traduction : E. Gille
Editeur : J. C. Lattès
Sommaire de Le salon des horreurs
- Le salon des horreurs
- L’université de la mort
- L’arme de l’assassinat
- Vous ; coma ; Marilyn Monroe
- Notes servant d’introduction à une dépression nerveuse
- Le grand nu américain
- Les cannibales de l’été
- Tolérances du visage humain
- Vous, moi et le continuum
- Plan pour l’assassinat de Jacqueline Kennedy
- Amour et napalm : export USA
- Crash !
- Les générations de l’Amérique
- Pourquoi j’ai envie d’enculer Ronald Reagan
- L’assassinat de John Fitzgerald Kennedy
Première page de Le salon des horreurs
« Apocalypse. Ce salon annuel – auquel les patients eux-mêmes n’étaient pas conviés – avait ceci, entre autres, de troublant que le thème du cataclysme mondial s’exprimait avec insistance dans les toiles, comme si ces patients depuis longtemps incarcérés avaient perçu quelque bouleversement psychique dans l’esprit de leurs médecins et infirmiers. En déambulant dans le gymnase aménagé, Catherine Austin évoquait, devant ces images bizarres où fusionnaient Eniwetok et Luna Park, Freud et Elizabeth Taylor, les diapositives des coupes de moelle épinière accrochées dans le bureau de Travis. Elles pendaient aux murs carrelés, tels les codes de rêves insolubles, les clés d’un cauchemar dans lequel elle avait commencé à jouer un rôle plus délibéré et calculé. Elle boutonna d’un air un peu guindé sa blouse blanche à l’approche du Dr Nathan, qui tenait à la hauteur d’une narine sa cigarette à bout doré. « Ah, Docteur Austin… Qu’en pensez-vous ? Je vois qu’il y a la Guerre en Enfer. » »
Extrait de : J. G. Ballard. « Le salon des horreurs. »
Le rêveur illimité par J. G. Ballard
Fiche de Le rêveur illimité
Titre : Le rêveur illimité
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1979
Traduction : R. Louit
Editeur : Presses Pocket
Première page de Le rêveur illimité
« Et d’abord, pourquoi ai-je volé l’avion ?
Si j’avais su que, dix minutes seulement après avoir décollé de l’aéroport de Londres, l’appareil en flammes irait s’abîmer dans la Tamise, serais-je quand même monté dans le cockpit ? Peut-être, dès ce moment, pressentais-je les étranges événements qui allaient se dérouler dans les heures qui suivirent mon sauvetage.
Je me tiens au centre de cette commune située en bordure du fleuve, et maintenant déserte. En voyant se refléter, dans les vitres d’un proche supermarché, les lambeaux de ma combinaison de pilote, je me rappelle avec précision le moment où j’ai pénétré dans ce hangar non gardé, à l’aéroport. Il y a une semaine, mon esprit était aussi froid et aussi tendu que le plafond métallique au-dessus de ma tête. Tandis que je m’attachais au siège du pilote, je savais que toute une vie d’échecs et de faux départs allait enfin laisser la place au plus simple, au plus mystérieux de tous les actes : le vol ! »
Extrait de : J. G. Ballard. « Le réveur illimité. »