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La chute de miss Topsy par Édouard Rod

Fiche de La chute de miss Topsy
Titre : La chute de miss Topsy
Auteur : Édouard Rod
Date de parution : 1882
Editeur : BeQ
Première page de La chute de miss Topsy
« André Frémy n’était point né pour l’existence monotone d’employé dans un ministère : le travail en coupes réglées répugnait à sa nonchalance un peu maladive ; les minuties administratives exaspéraient son imagination vagabonde : la seule vue de son chef de bureau, gras, lourd, correct et solennel, lui faisait courir dans le dos un petit frisson d’agacement. Il travaillait sans ardeur ; les jours où l’ouvrage manquait, il tordait sa plume entre ses doigts, ou tambourinait sur son pupitre, ou lisait, quoiqu’il n’eût pas grand goût pour la lecture : tandis que son camarade, le poète Pellard, un gros garçon joufflu, rasé, châtain et jovial, alignait péniblement des alexandrins, en cherchant des rimes riches dans son Quitard. De longs moments passaient ainsi ; puis, tout à coup, la voix de Pellard éclatait, déclamant avec un accent terriblement méridional un sonnet ou une ballade de forme si compliquée et si cherchée qu’il était difficile d’en suivre le sens. »
Extrait de : E. Rod. « La chute de miss Topsy. »
L’innocente par Édouard Rod

Fiche de L’innocente
Titre : L’innocente
Auteur : Édouard Rod
Date de parution : 1897
Editeur : BeQ
Première page de L’innocente
« Il y a des amitiés de jeunesse sur lesquelles le temps passe sans les détruire : il les ralentit, il les attiédit, il les diminue ; il ne les tue pas. On peut rester des mois sans se revoir, sans échanger une lettre, sans rien savoir l’un de l’autre ; pourtant on se retrouve tel que si l’on s’était quitté la veille. Chacun a vécu sa vie, dont l’autre ignore les péripéties : et, dès la première poignée de main qu’on échange, c’est comme si l’on avait, côte à côte, traversé les mêmes épreuves, vaincu les mêmes obstacles, accompli les mêmes efforts. Précieuses et rares sont ces amitiés, que, seule, la mort dénoue, et qui ne se remplacent pas.
Telle est celle qui m’unit encore à Philippe Nattier. Elle date de notre quatorzième année : du lycée de B***, où le hasard nous fit entrer le même jour et nous plaça à côté l’un de l’autre. J’étais embarrassé par un thème latin, qui me semblait extrêmement difficile : étant plus « fort », il me vint en aide ; après quoi, nous passâmes deux ans sans nous quitter. »
Extrait de : E. Rod. « L’innocente. »
Hier et demain par J. Verne

Fiche de Hier et demain
Titre : Hier et demain
Auteur : J. Verne
Date de parution : 1910
Editeur : BeQ
Sommaire de Hier et demain
- Aventures de la famille Raton
- Monsieur Ré-dièze et Mademoiselle Mi-bémol
- La destinée de Jean Morénas
- Le Humbug
- Au XXIXe siècle : La journée d’un journaliste américain en 2889
- L’éternel Adam
Première page des Aventures de la famille Raton
« Il y avait une fois une famille de rats, composée du père Raton, de la mère Ratonne, de leur fille Ratine et de son cousin Raté. Leurs domestiques, c’étaient le cuisinier Rata et la bonne Ratane. Or, il est arrivé à ces estimables rongeurs des aventures si extraordinaires, mes chers enfants, que je ne résiste pas au désir de vous les raconter.
Cela se passait au temps des fées et des enchanteurs, – au temps aussi où les bêtes parlaient. C’est de cette époque que date, sans doute, l’expression : « Dire des bêtises. » Et, cependant, ces bêtes n’en disaient pas plus que les hommes de jadis et d’aujourd’hui n’en ont dit et n’en disent ! Écoutez donc, mes chers enfants, je commence. »
Extrait de : J. Verne. « Hier et demain. »
Les histoires de Jean-Marie Cabidoulin par J. Verne

Fiche de Les histoires de Jean-Marie Cabidoulin
Titre : Les histoires de Jean-Marie Cabidoulin
Auteur : J. Verne
Date de parution : 1901
Editeur : BeQ
Première page de Les histoires de Jean-Marie Cabidoulin
« Un départ retardé
« Eh ! capitaine Bourcart, ce n’est donc pas aujourd’hui le départ ?…
– Non, monsieur Brunel, et je crains que nous ne puissions partir ni demain… ni même dans huit jours…
– Cela est contrariant…
– Et surtout inquiétant, déclara M. Bourcart en secouant la tête. Le Saint-Enoch devrait être en mer depuis la fin du mois dernier afin d’arriver en bonne saison sur les lieux de pêche… Vous verrez qu’il se laissera distancer par les Anglais et les Américains…
– Et ce sont toujours ces deux hommes qui vous manquent à bord ?…
– Toujours… monsieur Brunel… l’un dont je ne puis me passer, l’autre dont je me passerais à la rigueur, n’étaient les règlements qui me l’imposent…
– Et celui-ci n’est pas le tonnelier, sans doute ?… demanda M. Brunel. »
Extrait de : J. Verne. « Les histoires de Jean-Marie Cabidoulin. »
Le superbe Orénoque par J. Verne
Fiche de Le superbe Orénoque
Titre : Le superbe Orénoque
Auteur : J. Verne
Date de parution : 1898
Editeur : BeQ
Première page de Le superbe Orénoque
« M. Miguel et ses deux collègues
« Il n’y a vraiment pas apparence de raison que cette discussion puisse prendre fin… dit M. Miguel, qui cherchait à s’interposer entre les deux bouillants contradicteurs.
– Eh bien… elle ne finira pas… répondit M. Felipe, du moins par le sacrifice de mon opinion à celle de M. Varinas…
– Ni par l’abandon de mes idées au profit de M. Felipe ! » répliqua M. Varinas.
Depuis déjà trois bonnes heures, ces deux entêtés savants disputaient, sans se rien céder, sur la question de l’Orénoque. Ce célèbre fleuve de l’Amérique méridionale, principale artère du Venezuela, se dirigeait-il, dans la première partie de son cours, de l’est à l’ouest, ainsi que l’établissaient les plus récentes cartes, ou ne venait-il pas du sud-ouest ? En ce cas, le Guaviare ou l’Atabapo n’étaient-ils pas considérés à tort comme des affluents ? »
Extrait de : J. Verne. « Le Superbe Orénoque. »
Clovis Dardentor par J. Verne
Fiche de Clovis Dardentor
Titre : Clovis Dardentor
Auteur : J. Verne
Date de parution : 1896
Editeur : BeQ
Première page de Clovis Dardentor
« Dans lequel le principal personnage de cette histoire n’est pas présenté au lecteur
Lorsque tous les deux descendirent en gare de Cette – train de Paris à la Méditerranée – Marcel Lornans, s’adressant à Jean Taconnat, lui dit :
« Qu’allons-nous faire, s’il te plaît, en attendant le départ du paquebot ?…
– Rien, répondit Jean Taconnat.
– Cependant, à s’en rapporter au Guide du Voyageur, Cette est une ville curieuse, bien qu’elle ne soit pas de haute antiquité, puisqu’elle est postérieure à la création de son port, ce terminus du canal du Languedoc, dû à Louis XIV…
– Et c’est peut-être ce que Louis XIV a fait de plus utile pendant toute la durée de son règne ! répliqua Jean Taconnat. Sans doute, le grand roi prévoyait que nous viendrions nous y embarquer aujourd’hui, 27 avril 1885… »
Extrait de : J. Verne. « Clovis Dardentor. »
Mistress Branican par J. Verne

Fiche de Mistress Branican
Titre : Mistress Branican
Auteur : J. Verne
Date de parution : 1891
Editeur : BeQ
Première page de Mistress Branican
« Le « Franklin »
Il y a deux chances de ne jamais revoir les amis dont on se sépare pour un long voyage : ceux qui restent peuvent ne se plus retrouver au retour ; ceux qui partent peuvent ne plus revenir. Mais ils ne se préoccupaient guère de cette éventualité, les marins qui faisaient leurs préparatifs d’appareillage à bord du Franklin, dans la matinée du 15 mars 1875.
Ce jour-là, le Franklin, capitaine John Branican, était sur le point de quitter le port de San-Diégo (Californie) pour une navigation à travers les mers septentrionales du Pacifique.
Un joli navire, de neuf cents tonneaux, ce Franklin, gréé en trois-mâts-goélette, largement voilé de brigantines, focs et flèches, hunier et perroquet à son mât de misaine. Très relevé de ses fayons d’arrière, légèrement rentré de ses œuvres vives, avec son avant disposé pour couper l’eau sous un angle très fin, sa mâture un peu inclinée et d’un parallélisme rigoureux, son gréement de fils galvanisés, aussi raide que s’il eût été fait de barres métalliques, il offrait le type le plus moderne de ces élégants clippers, dont le Nord-Amérique se sert avec tant d’avantage pour le grand commerce, et qui luttent de vitesse avec les meilleurs steamers de sa flotte marchande. »
Extrait de : J. Verne. « Mistress Branican. »
César Cascabel par J. Verne

Fiche de César Cascabel
Titre : César Cascabel
Auteur : J. Verne
Date de parution : 1890
Editeur : BeQ
Première page de César Cascabel
« Fortune faite
« Personne n’a-t-il quelque autre monnaie à me donner ?… Allons, enfants, fouillez-vous !
– Voici, père ! » répondit la petite fille.
Et elle tira de sa poche un carré de papier verdâtre, chiffonné et crasseux. Ce papier portait ces mots presque illisibles : United States fractional Currency, entourant la tête respectable d’un monsieur en redingote, avec le nombre 10 six fois répété – ce qui valait dix cents, soit environ dix sous de France.
« Et d’où cela te vient-il ? demanda la mère.
– C’est ce qui me reste de la dernière recette, répondit Napoléone.
– Et toi, Sandre, tu n’as plus rien ?
– Non, père.
– Ni toi, Jean ?
– Ni moi.
– Qu’est-ce qui manque donc encore, César ?… demanda Cornélia à son mari. »
Extrait de : J. Verne. « César Cascabel. »
P’tit bonhomme par J. Verne

Fiche de P’tit bonhomme
Titre : P’tit bonhomme
Auteur : J. Verne
Date de parution : 1893
Editeur : BeQ
Première page de P’tit bonhomme
« Au fond du Connaught
L’Irlande, dont la surface comprend vingt millions d’acres, soit environ dix millions d’hectares, est gouvernée par un vice-roi ou lord-lieutenant, assisté d’un Conseil privé, en vertu d’une délégation du souverain de la Grande-Bretagne. Elle est divisée en quatre provinces : le Leinster à l’est, le Munster au sud, le Connaught à l’ouest, l’Ulster au nord.
Le Royaume-Uni ne formait autrefois qu’une seule île, disent les historiens. Elles sont deux maintenant, et plus séparées par les désaccords moraux que par les barrières physiques. Les Irlandais, amis des Français, sont ennemis des Anglais, comme au premier jour.
Un beau pays pour les touristes, cette Irlande, mais un triste pays pour ses habitants. Ils ne peuvent la féconder, elle ne peut les nourrir – surtout dans la partie du nord. »
Extrait de : J. Verne. « P’tit Bonhomme. »
Le chemin de France par J. Verne
Fiche de Le chemin de France
Titre : Le chemin de France
Auteur : J. Verne
Date de parution : 1887
Editeur : BeQ
Première page de Le chemin de France
« Je me nomme Natalis Delpierre. Je suis né en 1761, à Grattepanche, un village de la Picardie. Mon père était cultivateur. Il travaillait sur les terres du marquis d’Estrelle. Ma mère l’aidait de son mieux. Mes sœurs et moi, nous faisions comme ma mère. Mon père ne possédait aucun bien et ne devait jamais avoir rien en propre. En même temps que cultivateur, il était chantre au lutrin, chantre « confiteor ». Il avait une voix forte qu’on entendait du petit cimetière attenant à l’église. Il aurait donc pu être curé – ce que nous appelons un paysan trempé dans l’encre. Sa voix, c’est tout ce que j’ai hérité de lui, à peu près.
Mon père et ma mère ont travaillé dur. Ils sont morts dans la même année, en 79. Dieu ait leur âme !
De mes deux sœurs, l’aînée, Firminie, à l’époque où se sont passées les choses que je vais dire, avait quarante-cinq ans, la cadette, Irma, quarante, moi, trente et un. Lorsque nos parent moururent, Firminie était mariée à un homme d’Escarbotin, Bénoni Fanthomme, simple ouvrier serrurier, qui ne put jamais s’établir, quoique habile en son état. »
Extrait de : J. Verne. « Le chemin de France. »