Étiquette : Colin

 

Elfes et assassins par L. Davoust et S. Miller

Fiche de Elfes et assassins

Titre : Elfes et assassins
Auteur : Lionel Davoust et Sylvie Miller
Date de parution : 2013
Editeur : Mnémos

Sommaire de Elfes et assassins

  • La dernière affaire de Sagamor par P. Bordage
  • La seconde mort de Lucius Van Casper par R. Albert
  • La légende d’à peu près Punahilkka par N. Le Gendre
  • Le sourire de Louise par A. Duguël
  • Le sentiment du fer par J.-P. Jaworksi
  • Du rififi entre les oreilles par A. Fakhouri
  • La nature de l’exécuteur par R. Tanner
  • Libera me par F. Clavel
  • Eschatologie du vampire par J.-A. Débats
  • Elverwhere par X. Mauméjean
  • Sans douleur par F. Colin
  • J’irai à la clairière par D. Bry
  • Grise neige par J. Heliot

Première page de La dernière affaire de Sagamor

« TUER SES SEMBLABLES NE L’INTÉRESSAIT PLUS.
Il avait plongé tant de fois son épée ou sa dague dans des chairs humaines qu’il en éprouvait presque de la nausée. Il acceptait encore quelques meurtres pour regonfler sa bourse qui se vidait à une vitesse effarante, mais les sommes parfois coquettes remises par ses commanditaires ne suffisaient pas à lui redonner le plaisir, le goût du sang. Il ne ressentait plus d’excitation à traquer ses proies dans les ruelles sombres, à se glisser comme une ombre dans les logements, à déjouer les rondes des gardes du corps et des molosses, à trancher les gorges d’un coup précis, à croiser le regard épouvanté de ceux qui se réveillaient seulement pour prendre conscience qu’ils étaient en train de mourir, à se fondre dans l’obscurité une fois son forfait accompli. »

Extrait de : Lionel Davoust et Sylvie Miller. « Elfes et Assassins. »

Vengeance par F. Colin

Fiche de Vengeance

Titre : Vengeance
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2001
Editeur : Bragelonne

Première page de Vengeance

« Il court vers le village de ses parents.

Il court aussi vite que le vent et sa joie est parfaite. Ishwen : le ciel est ton pays, la terre est ta maison et c’est la sève de l’existence qui s’écoule dans tes veines. Sous la ligne des falaises rouge-orange, le soleil a sombré, et le ciel sans nuages se teinte en dégradé de lueurs déchirantes. Le nom du monde est « Arhân » : la pierre et le sang. Tout autour de l’enfant, la nature chante la vie. Il tient un oisillon entre ses mains et il court vers le village.

Penchées sur la rivière, les femmes se redressent pour le regarder passer et lui adressent de petits signes amicaux. Elles sourient et il leur sourit en retour. Ce printemps-là ne semble jamais devoir finir. Sillage de poussière, mirage safrané. L’enfant traverse le village en bondissant, zigzaguant entre les tentes rassemblées sous le couvert des grands arbres, pour ne s’arrêter que devant la dernière, au bord de la rivière : la tente de ses parents. »

Extrait de : F. Colin. « Vengeance. »

Tu réclamais le soir par F. Colin

Fiche de Tu réclamais le soir

Titre : Tu réclamais le soir
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2022
Editeur : Calmann Lévy

Première page de Tu réclamais le soir

« Le soir où j’ai rencontré Iago avait des allures de dernière chance. Janvier engendrait des crépuscules d’une clémence inhabituelle et je m’enfonçais dans le brouillard, le long de la rue des Blancs-Manteaux.
Un fin jeune homme aux boucles de jais, chemise noire, veste croisée, long trench noir aussi, venait de descendre sur la chaussée, se détachant du bras de la fille qui le soutenait.
Il a besoin d’air, me souviens-je avoir pensé, et jamais je n’ai pu ôter cette image de mon esprit : on aurait dit qu’une sentence avait été prononcée et que, tout espoir anéanti, il tenait désormais à mourir libre.
Il a levé les yeux au ciel puis, des deux mains, a lissé l’ample masse de sa chevelure en arrière, sa bouche figée autour d’un cri muet, et il s’est effondré.
La fille a crié. Je me suis précipité. Une main sous la nuque, genou sur le trottoir, j’ai essayé de le redresser. Lui dans mes bras, mol abandon, paupières papillonneuses. Confusément, et en dépit de la douleur qui déformait ses traits, j’avais le sentiment qu’il s’amusait de ma détresse. »

Extrait de : F. Colin. « Tu réclamais le soir. »

Ta mort sera la mienne par F. Colin

Fiche de Ta mort sera la mienne

Titre : Ta mort sera la mienne
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2013
Editeur : Sonatine

Première page de Ta mort sera la mienne

« La visière de son casque est baissée et il n’y a plus en lui la moindre place pour le doute. Son casque : noir. Sa combinaison : noire. Son cœur ?

Il s’avance dans la travée, introduit une série de balles dans le magasin de son fusil à pompe puis, de nouveau, fait feu. Les corps tressautent et s’effondrent comme à un stand de fête foraine. Même joueur joue encore.

Jilian n’entend rien. La première détonation était trop proche. Un sifflement aigu lui a succédé – qui s’est dissous dans le silence. Elle a lu un article là-dessus, un jour. Blast auriculaire, perforation du tympan. Il paraît que certains soldats ne retrouvent jamais leur ouïe.

Jilian se sent trembler. Une béance rugit en elle avant de s’évanouir, remplacée par une sensation de chute.

Le tueur marque une pause. On dirait qu’il prend le temps de l’examiner, pesant le pour et le contre. Après quoi il se remet en marche. »

Extrait de : F. Colin. « Ta mort sera la mienne. »

Shooting star par F. Colin

Fiche de Shooting star

Titre : Shooting star
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2019
Editeur : Albin Michel

Première page de Shooting star

« Marilyn n’est pas morte. Le mot « mort » ne signifie pas grand-chose quand on n’a jamais vécu que sur un écran.

Certaines nuits, sans que l’on sache quel ensorcellement l’a tirée du sommeil, une jeune femme blonde à la beauté sans pareille quitte sa maison de Brentwood, 12305 Fifth Helena Drive et entame, à travers la Cité des Anges, un long, un interminable périple.

L.A. est le royaume des fous et des poètes en flammes ; j’en ai connu certains. Ses nuits sont peuplées de spectres maussades, de coyotes hirsutes, de mammouths poisseux, de vampires en smoking, d’Indiens sanguinolents, de monstres aux sourires d’anges, de faussaires magnifiques, et d’acteurs, surtout, d’acteurs n’ayant, pour la plupart, joué que dans un film unique : celui de leur propre existence. »

Extrait de : F. Colin. « Shooting star. »

Rester debout par F. Colin

Fiche de Rester debout

Titre : Rester debout – Simone Veil
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2018
Editeur : Albin Michel

Première page de Rester debout

« Une pluie noire tombe sur la ville. On dirait des cendres – un tableau vivant, tout de lenteur funèbre. Il fait froid, pour cette dernière nuit de juin, anormalement froid : en bas, dans le jardin, même les bosquets frissonnent.
Simone est entrée dans l’été sans trop y croire, sans trop comprendre, comme on s’enfonce dans le brouillard. Elle rêve à ses jeunes années. N’est-ce pas ce qu’elle souhaitait ? Une nuit comme celle-ci, la dernière, une nuit interminable qui, à la fin, se fondrait en autre chose… Retrouver le pays radieux de l’enfance et des amies chères, des Éclaireuses en goguette, battre le pavé, courir sur les allées éclaboussées de soleil, instants bénis. « Regarde ! Regarde ! La mer et son bleu si fort, si pur, et les mouettes ! » – la petite fille rit aux éclats, ils sont là, tous là, ses sœurs et son frère, son père, sa mère surtout. « Maman ! Oh, maman… »
Dans son sommeil, la vieille dame soudain s’agite et gémit, esquisse un geste tremblant, caresse les contours d’un visage invisible. Elle respire mal ; sa poitrine, chaque fois qu’elle se soulève, produit des râles qu’elle n’entend pas. Deux semaines encore, le 13 juillet 2017, et la France fêtera son quatre-vingt-dixième anniversaire. »

Extrait de : F. Colin. « Rester debout – Simone Veil ou la naissance d’une légende. »

Projet Oxatan par F. Colin

Fiche de Projet Oxatan

Titre : Projet Oxatan
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2002
Editeur : Mango

Première page de Projet Oxatan

« Les plaines de Mars.

Couleur : rouge sang.

À l’horizon, les premiers feux du soleil achèvent de mettre l’aube en lambeaux. Notre vaisseau file au-dessus du désert, loin du Bunker, loin du cratère, loin du lac Noir et de la pyramide. Notre paradis n’est plus qu’un souvenir. Diana est morte. Jester est mort. Mademoiselle Grâce est morte.

Jamais je n’aurais imaginé que les choses se termineraient ainsi.

À mes côtés, Phyllis reste muette comme une tombe. Les joues mouillées de larmes, notre pilote se mord les lèvres, reniflant, le regard fixe. Et puis il y a moi, moi, indemne, mon naviborg sur les genoux. Je viens d’écrire la dernière ligne de mon journal.

Où allons-nous ? Je l’ignore. Vers la ville, sans doute. Deimos II. La civilisation.

Je sais, je pourrais me retourner.

Je pourrais me retourner et fermer les yeux, rêver une dernière fois de la forêt, l’endroit où nous avons vécu et qui existera encore longtemps après que nous aurons disparu. Je pense à ce que nous laissons derrière nous. »

Extrait de : F. Colin. « Projet Oxatan. »

Plus rien entre nous, Laurens par F. Colin

Fiche de Plus rien entre nous, Laurens

Titre : Plus rien entre nous, Laurens
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2013
Editeur : Sonatine

Première page de Plus rien entre nous, Laurens

« Tu me manques comme les armes manquent à la guerre, Laurens, mais nous sommes tenues de suivre le protocole et soyons honnêtes : c’est plus simple de cette façon.
Si la vie était juste, quelqu’un viendrait s’asseoir dans le sable à côté de toi pour t’annoncer que tu ne retrouverais jamais ta femme. « On » t’aiderait à te relever alors, « on » te remettrait sur le chemin de ton hôtel tandis que des fragments de photos déchirées voltigeraient dans ton sillage.
Mais la vie n’est pas juste, la vie n’est pas, selon tes critères, suave et tranquille, et, oui, elle a un sens – le problème, c’est que, comme tu n’es ni saint ni philosophe et encore moins artiste, tu ne le connaîtras jamais. »

Extrait de : F. Colin. « Plus rien entre nous, Laurens. »

Passeurs de mort par F. Colin

Fiche de Passeurs de mort

Titre : Passeurs de mort
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2014
Editeur : Flammarion

Première page de Passeurs de mort

« Vous ne savez rien de la mort. Ce moment où la vie quitte votre corps comme un oiseau s’envole pour se dissoudre dans le blanc des nuages : quand il arrive, vous êtes tel un enfant.

Alors vous imaginez. Que tout devient sombre, aveuglant. Qu’une porte s’ouvre, qui sait ? Qu’une main se tend, qu’un visage paraît.

La mort est le seul mystère qui concerne chacun d’entre nous ; notre ignorance à son sujet est pourtant totale.

Mais voici qu’une ombre s’avance, tandis que l’éternel poème de la nuit envahit pensivement New York. Voici qu’une silhouette glisse sur les eaux sombres de l’East River, un coup de pagaie après l’autre. Cette ombre, c’est moi et, ce soir, je suis votre messagère. La fille qui sait des choses que tous les autres ignorent. »

Extrait de : F. Colin. « Passeurs de mort. »

Or not to be par F. Colin

Fiche de Or not to be

Titre : Or not to be
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2002
Editeur : L’Atalante

Première page de Or not to be

« Le silence des spectateurs. La lumière sur leurs figures, apparaît, disparaît. Les gens absorbés par le film. Ils ne le regardent pas : c’est lui qui les regarde, les arrache à leur fauteuil pour les attirer à l’intérieur. Les voilà pris au piège d’un univers à deux dimensions, un monde aux couleurs si fortes, aux ombres si profondes et aux visages si purs que tout, absolument tout, devient symbole et qu’eux-mêmes, fantômes, témoins invisibles, s’incorporent petit à petit à la texture même de l’histoire jusqu’à disparaître entièrement.

C’est la septième fois que je viens ici. Vertigo est devenu une véritable obsession. On dit qu’Alfred Hitchcock l’a voulu ainsi. On dit que le sujet même du film est l’obsession, et que Kim Novak en est la plus parfaite expression. C’est certainement la vérité. Ce soir pourtant, je suis tellement épuisé que je ne parviens pas à fixer mon attention. »

Extrait de : F. Colin. « Or not to be. »