Étiquette : Curval
Y a quelqu’un ? par P. Curval
Fiche de Y a quelqu’un ?
Titre : Y a quelqu’un ?
Auteur : P. Curval
Date de parution : 1979
Editeur : J’ai lu
Première page de Y a quelqu’un ?
« Champs-Élysées. Chaleur. Un Africain en chéchia de panthère nous regardait. La main de Nina était posée sur mon bras. Je lui dis :
— Tu vois, l’Alfa, là, je crois bien que c’est le modèle que je préfère.
— J’aime bien sa cravate à pois.
— Déjà vu des voitures avec des cravates à pois ?
Nina s’étonna, puis me sourit ; elle s’arrêta de marcher et, d’un geste vif, me pinça le nez entre le pouce et l’index en me grondant.
— Tu veux me rendre chèvre, Clément Volgré ?
Je protestai en nasillant :
— Mais non, je n’ai rien fait de mal, je parlais de l’Alfa-Roméo, pas de l’Africain.
Elle laissa tomber son bras, dépitée. »
Extrait de : P. Curval. « Y a quelqu’un ?. »
Voyance aveugle par P. Curval
Fiche de Voyance aveugle
Titre : Voyance aveugle
Auteur : P. Curval
Date de parution : 1998
Editeur : Denoël
Première page de Voyance aveugle
« Baptiste tendit le bras docilement. D’un geste habile, l’employé de la réception cercla aussitôt son poignet d’un ruban en plastique épais d’un rose agressif, qu’il riveta d’une pression de sa pince métallique. Mon compagnon examina son nouveau bracelet où s’inscrivait un numéro. Je chuchotai :
« Quelle honte ! moi je refuse de porter un matricule durant mes vacances.
— Il n’y a pas une autre chambre d’hôtel, rien de libre. Tu le sais, Laure ! Et, comme ce bled idyllique se trouve au bout du monde, pas question de reprendre l’avion ni de louer une voiture à huit heures du soir.
— Tu aurais dû t’en occuper plus tôt !
— C’est toi qui as téléphoné de Paris pour retenir la chambre.
— En voilà une raison. Tu préférais le club Med, mais c’était complet. »
Extrait de : P. Curval. « Voyance aveugle. »
Voyage à l’envers par P. Curval
Fiche de Voyage à l’envers
Titre : Voyage à l’envers
Auteur : P. Curval
Date de parution : 2000
Editeur : J’ai lu
Première page de Voyage à l’envers
« Sur fond d’espace empoussiéré d’étoiles, s’inscrit une planète ravissante. Ses vastes océans brillent d’un bleu magique, des nuages en bancs serrés y tracent des sillons d’écume blanche. Nous la regardons grossir lentement depuis des jours. Un fragment de côte aperçu évoque l’Europe à s’y méprendre. D’ailleurs, cette mappemonde grandeur nature, nimbée d’une lueur d’aquarium, c’est bien la Terre. Nous voulons la croire semblable à celle que nous avons quittée depuis longtemps.
À première vue, le niveau des mers n’a pas amplifié au point de changer la forme des continents que les convulsions de l’écorce terrestre n’ont pas ébranlés ; les capitales exhalent toujours leurs prodigieux halos de lumière durant la nuit ; les anticyclones et les dépressions alternent avec la même vivacité. En revanche, des guerres existent-elles encore ? Quelles sortes de civilisations allons-nous découvrir ? Que savons-nous des bouleversements intervenus au sein des sociétés humaines ? »
Extrait de : P. Curval. « Voyage à l’envers. »
Un soupçon de néant par P. Curval
Fiche de Un soupçon de néant
Titre : Un soupçon de néant
Auteur : P. Curval
Date de parution : 1977
Editeur : Pocket
Première page de Un soupçon de néant
« DANS LEQUEL ON VOIT CARLOS RODRIGUEZ SURGIR DU NÉANT
Un mouvement tourbillonnaire léger s’empara de l’espace et, bientôt, les quelques éléments indispensables pour composer un semblant de chose se matérialisèrent en son centre. Un brouillard impalpable se forma autour de ce noyau de réalité ; des particules s’agrégèrent ; une silhouette opaque se dessina sur le fond transparent du vide ; peu à peu les contours de cette silhouette se précisèrent et se fixèrent dans la pâte même de l’existence. Indiscutablement, c’était un homo sapiens. Immobile, seulement agité d’un frémissement, d’une sorte de vibration musculaire, l’homme né de l’invisible se stabilisa progressivement. Sur ses traits se lisait l’effort qu’il produisait pour annihiler en lui les effets du mouvement tourbillonnaire qui l’avait fait naître. »
Extrait de : P. Curval. « Un soupçon de néant. »
Tous vers l’extase par P. Curval
Fiche de Tous vers l’extase
Titre : Tous vers l’extase
Auteur : P. Curval
Date de parution : 1981
Editeur : J.-C. Lattès
Première page de Tous vers l’extase
« La vitre dépolie de la porte arbore en lettres d’émail blanc une inscription toute fraîche : Sadie mac Key… Recherches. Elle s’inscrit au milieu d’une cloison en verre d’assez grande envergure au fond d’un couloir majestueux, dans cette sorte d’immeubles que l’on construisit au début de l’expansion terrienne à travers la galaxie. La porte de mon bureau était fermée à clé, mais sa voisine, qui donne sur la salle d’attente, ne l’était pas ; j’espérais y voir entrer mon premier client.
C’était un de ces clairs matins d’été, tels que nous en offrent les Antilles avant que les grandes pluies s’installent. Les collines étaient bien vertes et, depuis le port où se situait mon bureau, on apercevait un panache de fumée sulfureuse au-dessus du volcan. Les fournisseurs de vacances à bon marché mettaient en réclame leurs loisirs en solde. Les hôtels spécialisés dans les congrès d’extra-terrestres engrangeaient de l’or. Et, dans les jardins d’agrément, les bougainvillées fleurissaient en lourdes panicules lilas. »
Extrait de : P. Curval. « Tous vers l’extase. »
Superfuturs par P. Curval
Fiche de Superfuturs
Titre : Superfuturs
Auteur : P. Curval
Date de parution : 1986
Editeur : Denoël
Sommaire de Superfuturs
- Le brasier des faiseurs d’anges par C. Debarbieux
- Paris par P.-L. Malosse
- Video gratias ! par J.-P. Couthier
- La guerre des bières par A. Cabaret
- Frappe, ordure, frappe par J. Couttausse
- Hexadrame par J. Vallerand et P. Thellier
- Euphoria par L. Kolpak
- L’anniversaire par C. Fayard
- Le visage trop net par G. Grudzien
- Complainte pour un garçon oublié par G. Dupriez
- Symphonie bleue d’une visite patiemment attendue par P. Leclère
- La bande 08 par A. Matalon
- L’escaladeur par Chica
- Pericola par D. Sage
- Humain, trop humain par M. de Pracontal
- Le concentrique par C. Ber
- Farandole par D. Defert
- Futur C.V. … No future par V. Antoine
- La maison de l’araignée par W. Petoud
Première page de Le brasier des faiseurs d’anges
« Il pleuvait beaucoup ce jour-là, je m’en souviens assez bien.
C’était au cœur de l’hiver et c’était un hiver pourri, humide et gras, comme nous n’en avions pas connu depuis notre enfance. On avait l’impression – mais ce n’était qu’un sentiment un peu gamin – que toute l’eau du ciel allait tomber sur la capitale…
Georges et moi, nous nous étions levés de bonne heure. Les rues étaient encore éclairées et, vers l’horizon, cela faisait comme une aurore boréale sur les dômes. Georges est venu me rejoindre à la fenêtre et il m’a prise dans ses bras.
J’étais encore fragile puisque ma sortie de la clinique ne remontait qu’à peu de semaines auparavant. Nous n’avons pas fait l’amour devant la fenêtre, nous contentant de caresses tendres. »
Extrait de : P. Curval. « Superfuturs. »
Rut aux étoiles par P. Curval
Fiche de Rut aux étoiles
Titre : Rut aux étoiles
Auteur : P. Curval
Date de parution : 1979
Editeur : Pocket
Première page de Rut aux étoiles
« L’HOMME sans oreille miaula longuement dans la nuit.Son appel heurta des pans d’ombre, glissa à la surface de cloaques où tremblaient des lueurs, se répercuta sur le mur antiguérillas qui marquait les frontières de la ville basse. Il chemina à travers le silence menaçant des venelles, s’estompa et mourut dans le vacarme du quartier des plaisirs.Cependant, il ne demeura pas sans effet ; les trois Vénusiens bleus qui arpentaient furtivement la rue creuse s’immobilisèrent soudain. L’un d’eux entrouvrit les quatre premières paupières de son œil central et tous trois se dirigèrent vers le lieu d’où semblait provenir le cri.Les ombres diffuses de leurs silhouettes grandirent démesurément à mesure qu’ils s’éloignaient des feux multicolores du Spatial bar Les ténèbres s’épaississaient : déjà on ne distinguait plus le rouge éclatant de leurs chevelures. Trol, le chef, ne se souciait pas de cette obscurité et guidait sans hésiter la marche de ses compagnons à travers le dédale des sentes et des ruelles. Bientôt, ils découvrirent un Jovien qui stationnait dans une zone largement éclairée ; malgré les risques encourus à traîner dans cet endroit peu sûr, il semblait parfaitement insouciant. »
Extrait de : P. Curval. « Rut aux étoiles. »
Regarde, fiston, s’il n’y a pas un extra-terrestre derrière la bouteille de vin par P. Curval
Fiche de Regarde, fiston, s’il n’y a pas un extra-terrestre derrière la bouteille de vin
Titre : Regarde, fiston, s’il n’y a pas un extra-terrestre derrière la bouteille de vin
Auteur : P. Curval
Date de parution : 1980
Editeur : Denoël
Sommaire de Regarde, fiston, s’il n’y a pas un extra-terrestre derrière la bouteille de vin
- J’aime le béton frais
- Aimable jeu pour personnes bien faites
- Bruit de fond
- Ménage à six
- Pas de Bic et pas de bonbons
- Le tyran suspendu
- Regarde, fiston, s’il n’y a pas un extra-terrestre derrière la bouteille de vin
- A nous la félicité éternelle
Première page de J’aime le béton frais
« J’aime le béton frais, son odeur humide me colle aux narines comme un parfum de terre après l’ondée, un peu plus épicé, plus fermenté, à la fois acide et caramélisé comme un pur produit de la cuisine à l’aigre-doux. En ce moment, d’ailleurs, je n’ai pas à me plaindre à ce sujet : les tours poussent partout dans ce coin de Bretagne où je suis né, avec leur cortège de concasseuses, de broyeuses, de bétonneuses, tous ces alambics à béton dont l’odeur lève et m’enivre. Le vieux Saint-Malo n’est plus qu’un îlot dérisoire entouré par les herses de ciment des immeubles de grande hauteur ; on dirait une forteresse pour nains. Mais ne croyez pas que j’aimerais m’y réfugier ; ce que je regrette, c’est de ne pas habiter les merveilleux ensembles.
Pour cela, il faudrait que j’accepte la domination des extras ! »
Extrait de : P. Curval. « Regarde, fiston, s’il n’y a pas un extra-terrestre derriere la bouteille de vin. »
On est bien seul dans l’univers par P. Curval
Fiche de On est bien seul dans l’univers
Titre : On est bien seul dans l’univers
Auteur : P. Curval
Date de parution : 2017
Editeur : La volte
Sommaire de On est bien seul dans l’univers
- Deathbook
- Un voyage objectif
- Regarde, fiston, s’il n’y a pas un extraterrestre derrière la bouteille de vin
- La vie est courte, la nature hostile et l’homme ridicule
- Les collines inspirées
- L’homme qui s’arrêta
- Silane
- Canards du doute
- Perdre son temps
- Debout, les morts ! Le train fantôme entre en gare
- Passion sous les tropiques
- Le sourire du chauve
- Adamève
- Cuisine kitzyn
- La nécropole enracinée
- L’enfant-sexe
- L’arc tendu du désir
- Malinka est-elle morte ?
- Parlez-moi d’amour
- Au tirage et au grattage
- On est bien seul dans l’univers
- Ecrire
Première page de Deathbook
« Quoi de neuf, maman ?
— Des petits vers d’un type nouveau.
— Qu’entends-tu par-là ?
— Ils me rongent avec une extrême délicatesse. C’est un fourmillement délicieux. En y pensant, mon mental frissonne de plaisir.
— Mais tu m’avais déjà dit…
— Que les bactéries faisaient un bon travail de destruction insidieuse, c’est sûr ! Mais beaucoup trop lent, malgré tout. Elles n’ont pas la capacité de provoquer en moi le sentiment de disparaître vraiment, de m’assimiler enfin à l’univers, comme j’y aspire. Sans compter qu’au début, elles donnent naissance à d’horribles ballonnements, avec tous les dommages collatéraux, en particulier… »
Extrait de : P. Curval. « On est bien seul dans l’univers. »