Étiquette : Fleuve noir

 

Terreur déliquescente par Harry Adam Knight

Fiche de Terreur déliquescente

Titre : Terreur déliquescente
Auteur : Harry Adam Knight
Date de parution : 1983
Traduction : B. Blanc, D. Brotot
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Terreur déliquescente

«   Bon sang, qu’est-ce que ça caille  !  » pensa Paul Latham. Sous la morsure du vent, son visage avait viré à l’écarlate. Mais il devait faire comme si de rien n’était  ; rester stoïque.

Dans le bateau, ses compagnons se tenaient serrés les uns contre les autres, mal protégés par leurs vêtements légers. Chris et Mark, Linda et Rachel, quatre pauvres épaves frissonnantes…

Alex, lui, jouait au dur. Comme Paul. Tous deux étaient assis très droit, les yeux fixés sur le large, avec leurs chemises à demi ouvertes. Aucun ne voulait céder le premier, avouer qu’il était gelé, et effrayé. Une idiotie, Paul s’en rendait compte. Mais, au moins, cela lui occupait l’esprit et l’empêchait de s’abandonner au désespoir auquel ses amis se laissaient aller, peu à peu.

Ils étaient coincés depuis près de quatre jours dans ce minuscule canot de sauvetage, leurs réserves d’eau et de nourriture quasiment épuisées. Au début, ils n’avaient guère montré d’inquiétude. »

Extrait de : H. A. Knight. « Terreur déliquescente. »

L’immonde invasion par Harry Adam Knight

Fiche de L’immonde invasion

Titre : L’immonde invasion
Auteur : Harry Adam Knight
Date de parution : 1985
Traduction :
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de L’immonde invasion

« Quand Norman Layne arriva chez lui, il avait depuis longtemps oublié l’embarrassante collision avec l’élégante jeune femme, sur Tottenham Court Road. Il remâchait sa rage d’avoir gâché tout un après-midi dans cette fosse à purin appelée le West End. Il avait pourtant pris la précaution de téléphoner. Son correspondant l’avait assuré qu’en effet, le magasin Bradford et Simpkins avait bien le foret spécial dont il avait absolument besoin pour achever le meuble qu’il avait en chantier. Mais, une fois rendu sur place, il s’était avéré que l’outil n’était pas en stock. Il en était resté sans voix face au jeune vendeur arrogant. Puis il avait compris qu’il était encore la victime d’une des éternelles injustices de la vie.

Dehors, il en avait craché sur le trottoir de dégoût. Pour se faire immédiatement réprimander, éberlué et indigné, par un agent de police aussi jeune que le vendeur. Alors que tout autour d’eux les Noirs souillaient la rue du vacarme de leurs radios, de leurs dangereux patins à roulettes et de leur vulgarité crâneuse! Furieux, il avait descendu Tottenham Court Road à grands pas, pestant entre ses dents. »

Extrait de : H. A. Knight. « L’immonde invasion. »

Colore-moi rouge sang par Herschell Gordon Lewis

Fiche de Colore-moi rouge sang

Titre : Colore-moi rouge sang
Auteur : Herschell Gordon Lewis
Date de parution : 1964
Traduction : B. Roques
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Colore-moi rouge sang

« Les mains manucurées se posèrent sur le tableau pour le soulever et le retirer de son emplacement. L’impeccable veston laissait deviner une chemise qui venait de chez un bon tailleur, les boutons de manchettes étaient de bon goût.

L’alarme resta muette. L’homme emportait le tableau  ; il sortit de la galerie de peinture par la porte de derrière. Sans hâte, il déposa le cadre de prix contre un mur de briques.

Il considéra une dernière fois son œuvre, une curieuse expression de dégoût mêlé d’admiration se peignit sur ses traits. Puis, résolument sans aucune hésitation, il répandit un bidon d’essence sur la toile et y mit le feu.

Le tableau s’embrasa instantanément, puis, lorsque le cadre se mit à brûler, la fumée se joignit aux flammes. Mais la toile ne s’enflamma pas comme elle aurait dû le faire. La peinture rouge qui, normalement, devait se dessécher et se consumer, s’échappait littéralement de l’œuvre et, presque liquéfiée, se répandait sur le sol, au pied du brasier qui se transformait en autel de sacrifice. L’homme ne montra aucune surprise. »

Extrait de : H. G. Lewis. « Colore-moi rouge sang. »

2000 maniacs par Herschell Gordon Lewis

Fiche de 2000 maniacs

Titre : 2000 maniacs
Auteur : Herschell Gordon Lewis
Date de parution : 1964
Traduction : C. Mallerin
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de 2000 maniacs

« — Ya-hoo  ! s’exclama la jeune femme d’une voix perçante.

— Vous êtes complètement dingue  ! jura son compagnon.

La femme écrasa l’accélérateur de son pied chaussé d’un mocassin.

— Regardez, on le rattrape  ! s’écria-t-elle.

La décapotable arrivait en effet à la hauteur du train, qui se traînait péniblement à leur droite. La conductrice, cheveux au vent et lèvres entrouvertes, ne quittait pas des yeux les roues qui se rapprochaient en martelant les rails.

Ce train avait roulé pendant des kilomètres à travers des champs de carottes, de laitues et de betteraves  ; il avait parcouru les étendues d’alfa de l’État voisin et vu défiler ses fermes laitières. Il était imprégné d’une odeur de bétail, de fumier et d’ammoniaque. À son passage, un vacarme assourdissant ébranlait l’air estival.

Pour Terry Adams, ce train n’avait d’autre raison d’être que le plaisir que lui procurait le fait de faire la course avec lui. »

Extrait de : H. G. Lewis. « 2000 maniacs. »

Tu enfanteras dans la terreur par Thomas Altman

Fiche de Tu enfanteras dans la terreur

Titre : Tu enfanteras dans la terreur
Auteur : Thomas Altman
Date de parution : 1983
Traduction : B. Blanc, D. Brotot
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Tu enfanteras dans la terreur

« Un couteau.

De l’acier brillant où ton visage se reflète comme dans un miroir. Un miroir déformant.

Et ta belle robe blanche qui flotte doucement dans l’eau chaude.

Tu regardes le couteau, et tu te souviens…

Oh, tu as de nombreux souvenirs ! Ils se mélangent un peu dans ta tête, et surtout ils font mal, atrocement mal.

Tu as le temps de penser. À la musique qui s’est tue. Aux fleurs définitivement fanées. Aux violettes, aux roses et aux œillets enfuis…

Tu penses aussi à la mort de l’amour, et tu as l’impression que ton cerveau explose. Tu te dis : « Il ne voulait pas de ce bébé… » Et aussi : « Il a eu du mal à retrouver son chemin. Peut-être s’est-il simplement trompé d’heure… »

Tu tentes, malgré toi, de lui chercher des excuses. Même si tu sais que cela ne sert à rien.

Car tout est fini. FINI. »

Extrait de : T. Altman. « Tu enfanteras dans la terreur. »

L’hybride par Steve Vance

Fiche de L’hybride

Titre : L’hybride
Auteur : Steve Vance
Date de parution : 1981
Traduction : A. Frezouls
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de L’hybride

« La lune oscillait doucement au-dessus des cimes boisées. L’air de cette fin de printemps, aux riches odeurs de végétation, était frais et léger.

Une maison se découpait, solitaire, sur le ciel.

Adeline Newhall était assise entre ses murs grossièrement plâtrés, attendant l’arrivée de sa fille, de son gendre et de son petit-fils. Adeline avait soixante-trois ans et était d’apparence fragile, mais elle avait les yeux gris les plus sages de toute la région des collines. Les gens respectaient Adeline et son expérience, faisant souvent beaucoup de kilomètres pour qu’elle interprète leurs rêves et leurs visions. Elle avait vu beaucoup de choses avec ses yeux… Beaucoup trop, disaient certains.

Le vrombissement d’une voiture déchira l’obscurité ; une Ford dernier modèle se frayait un chemin sur les pierres branlantes qui constituaient la route. Il y avait trois personnes à bord, et la peur déformait les traits de deux d’entre elles. »

Extrait de : S. Vance. « L’Hybride. »

Terrom, âge « un » par Max-André Rayjean

Fiche de Terrom, âge « un »

Titre : Terrom, âge « un »
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1963
Editeur : Fleuve noir

Première page de Terrom, âge « un »

« Le soleil embrasait, rôtissait copieusement la plaine. Des dizaines, des centaines, des milliers de bruissements divers montaient de l’herbe grillée. En réalité, il ne s’agissait pas du bourdonnement des insectes, ni des vibrations des ailes minuscules, ni du grésillement des pattes ou des antennes frottées les unes contre les autres.
L’origine de ce bruit, comparable à celui d’une armée en marche, provenait d’une cohorte de fourmis géantes dont la taille atteignait celle des humains. Combien étaient ces hyménoptères monstrueux, avançant vers un but défini ? Dix, vingt, trente… ou plus ? Il était difficile d’évaluer leur nombre.
En tout cas, leur cohésion formait une muraille de puissance et il semblait bien que rien ne pouvait s’opposer à leur avance. En fait, les fourmis ne découvraient devant elles qu’une plaine désolée, vide, abrutie de chaleur.
Elles marchaient, dressées sur leurs pattes de derrière prodigieusement musclées et développées. Elles imitaient l’homme à la perfection et cela trahissait une perturbation dans leur métabolisme. D’abord cette taille gigantesque. Puis leur comportement. Quelque chose avait changé. Il s’était produit un déséquilibre… »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Terrom, Âge « UN ». »

Ségrégaria par Max-André Rayjean

Fiche de Ségrégaria

Titre : Ségrégaria
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1975
Editeur : Fleuve noir

Première page de Ségrégaria

« Le Centre était immense et ressemblait à un labyrinthe. Sans les consignes répétées sans cesse par les ordinateurs, un homme s’y perdrait facilement.

Il n’y avait pas de pancartes, pas de panneaux luminescents, pas la moindre indication écrite. Rien. Mais par des haut-parleurs invisibles, une voix monocorde accompagnait le visiteur.

— Zélad, vous m’entendez ?

— Oui, murmura l’homme, excédé par tant de précautions qu’il jugeait inutiles.

— Bien. Je suis l’ordinateur H.7. Je vous guide vers la salle G.M.2. Prenez à droite maintenant…

Zélad obéit, machinalement. Il attendait ce moment depuis des années. Il allait enfin rencontrer celle qui deviendrait pendant quelques jours son « épouse » légitime.

Pendant quelques jours seulement. Une semaine. Peut-être deux. En tout cas pas davantage. Après, Zélad retournerait à son travail obscur. Il se noierait dans la masse sous le commandement des cerveaux électroniques. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Ségrégaria. »

Round végétal par Max-André Rayjean

Fiche de Round végétal

Titre : Round végétal
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1964
Editeur : Fleuve noir

Première page de Round végétal

« John Sommy pénétra dans la chambre de translation, quitta son casque spatial, et se dirigea immédiatement vers le télé-interphone.
Il manipula un bouton. L’écran s’éclaira et montra une standardiste casquée.
— Passez-moi le chef, Dolly.
L’opératrice sourit, acquiesçant d’un geste. Elle brancha une fiche. Une autre image se substitua alors à celle de la jeune fille. Un type trapu, aux yeux vifs, mobiles, aux traits grossiers. Il portait une chemise bleu azur, aux manches roulées, qui laissait apparaître les poils de ses bras. Il avait desserré le nœud de sa cravate noire. Assis à un bureau, devant des claviers, il fumait un gros cigare. C’était Ralph Parker, le chef du détachement des unités spatiales stationné sur R.S.3, une planète d’un système solaire voisin de Rigel.
Il avait assisté, de son bureau, à l’atterrissage de John Sommy. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Round végétal. »

Relais « Kera » par Max-André Rayjean

Fiche de Relais « Kera »

Titre : Relais « Kera »
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1969
Editeur : Fleuve noir

Première page de Relais « Kera »

« Un, deux, quatre, six, sept points lumineux apparaissent sur l’écran de l’amplificateur de brillance. Exactement sept, pas un de plus ni un de moins. Un compte d’une précision arithmétique. Sept points qui s’allumant, s’éteignent, clignotent, signalent indubitablement une présence humaine. Quelque chose de contrôlable à distance.

John Clexon soupire. Il soupire non pas parce qu’il se désintéresse de son boulot, parce qu’il le trouve monotone, sans attrait. Non. Au contraire, il se passionne pour sa mission. Il n’accuse jamais le moindre fléchissement, s’impose une discipline de travail rigoureuse.

Il sait que de lui, de lui seul, dépend la sécurité des hommes dont il assume la charge. Aussi, pas une seconde il ne relâche sa surveillance. Il contrôle tout, minutieusement, avec une sorte de délectation maladive qui crispe perpétuellement son visage, assombrit son expression, burine son front, plisse ses lèvres, lui communique une attitude de sévérité peu en rapport avec son caractère. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Relais « KERA ». »