Étiquette : Fleuve noir

 

Les singes d’Ulgor par Max-André Rayjean

Fiche de Les singes d’Ulgor

Titre : Les singes d’Ulgor
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1979
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les singes d’Ulgor

« La pirogue à moteur pétaradait doucement et remontait le Kapuas entre deux murs de végétation luxuriante.

Des arbres aux énormes racines plongeaient leurs basses branches dans l’eau. Des lianes s’enchevêtraient les unes aux autres, formant un entrelacement compact, impénétrable. Les fourrés sombres, épais, regorgeaient d’humidité. Dans un ciel chauffé à blanc, le soleil n’entrait dans la forêt qu’avec parcimonie.

Le courant du fleuve était régularisé par un barrage situé cinquante kilomètres plus haut. Le flot torrentueux ne s’en précipitait pas moins vers Pontianak, sur la mer de Java.

À l’arrière de la pirogue flottait le drapeau indonésien. Il y avait trois hommes à bord, un sergent et deux policiers. Ils étaient vêtus d’un uniforme en toile, saharienne et short, et une casquette à visière coiffait leurs cheveux noirs. Un insigne brillait sur leur poitrine.

Ils allaient à Pansang, un petit village de Dayaks situé sur le fleuve. Mission de routine afin d’affirmer la présence du Gouvernement de Djakarta jusque dans les coins les plus reculés de Bornéo. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Les Singes d’Ulgor. »

Les Psycors de Pââl Zuick par Max-André Rayjean

Fiche de Les Psycors de Pââl Zuick

Titre : Les Psycors de Pââl Zuick
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1971
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les Psycors de Pââl Zuick

« Bro, contrôleur-chef au Fichier Central, hoche la tête et grimace. Il montre sa bouche édentée, soulignée par un cartilage. Franchement, il n’est pas beau et ne fait pas honneur à la race humaine. Il est vrai que celle-ci a bien changé depuis cinq siècles. Terriblement changé. Au point qu’un voyageur du passé, brusquement projeté dans le présent, ne reconnaîtrait pas ses semblables.
Tout a changé. Pas seulement les hommes. Mais aussi le décor, l’environnement, le mode d’existence, la mentalité.
Bro – B.412 pour le Code – possède des membres grêles. Des cheveux prématurément gris encadrent un visage ratatiné, pâle, exsangue. Un dégénéré, respirant un air confiné. Il a totalement perdu le besoin d’un effort physique. Même l’effort de mastiquer est devenu superflu. Alors, les dents ont disparu et les muscles se sont atrophiés, créant un être à grosse tête, aux formes mal adaptées, mal équilibrées. Et ces imbéciles s’habillent de telle façon qu’ils n’enjolivent pas leurs silhouettes. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Les Psycors de Pââl Zuik. »

Les parias de l’atome par Max-André Rayjean

Fiche de Les parias de l’atome

Titre : Les parias de l’atome
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1957
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les parias de l’atome

« Le crépuscule tombait sur Paris, apportant un peu de fraîcheur après cette lourde journée d’été.

Les gens ne semblaient guère pressés de rentrer chez eux. Au contraire, ils musardaient sur les trottoirs, s’attardaient devant les vitrines, dans les squares et les parcs.

Sur les terrasses et les balcons, des groupes devisaient avec insouciance, alors qu’un terrible danger les menaçait. Mais personne n’avait l’air de s’en rendre compte et Henri Fridman haussa les épaules en montant dans l’hélibus qui le reconduirait chez lui, à Montrouge.

Il grommela, tout haut :

— Les imbéciles !

Le contrôleur, qui lui poinçonnait son billet, releva brusquement la tête et fronça les sourcils.

— Vous dites ?

— Rien… rectifia Fridman en reprenant son ticket. Rien, en tous cas, qui puisse vous intéresser.

Le docteur s’installa confortablement sur un siège en cuir. Il constata que le regard du contrôleur le suivait avec animosité. Peut-être l’employé avait-il pris pour lui la
réflexion peu élogieuse, et dénuée de toute politesse. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Les parias de l’atome. »

Les magiciens d’Andromède par Max-André Rayjean

Fiche de Les magiciens d’Andromède

Titre : Les magiciens d’Andromède
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1961
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les magiciens d’Andromède

« Du côté de l’énorme, du gigantesque, du prodigieux et éblouissant ramassis d’étoiles d’Andromède, un point scintillait faiblement, pâle, décoloré, d’un rouge anémique.
C’était un Soleil : Hérédian. Ridiculement petit, dérisoirement terne dans la périphérie éclatante de la Grande Nébuleuse, il n’en éclairait pas moins un système planétaire.
Huit mondes, à peu près glacés, orbitaient dans son sillage avec sagesse, précision, docilité, à la façon de ces boules manipulées par un jongleur et qui tournent, sautent, virevoltent, sans jamais se heurter.
La deuxième planète, par ordre en partant de ce soleil, avait à peu près le même diamètre que la Terre. Un anneau semblable à celui de Saturne, composé d’un amas corpusculaire gelé, l’enlaçait à quelque trois cent mille kilomètres de sa surface.
On ne pouvait pas dire qu’Enrutas était une planète privilégiée. Elle devenait de plus en plus l’ombre d’elle-même, à mesure que le temps accentuait son emprise, modifiait les conditions climatiques. C’était un monde vieillissant au même rythme que son soleil. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Les Magiciens d’Andromède. »

Les forçats de l’énergie par Max-André Rayjean

Fiche de Les forçats de l’énergie

Titre : Les forçats de l’énergie
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1965
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les forçats de l’énergie

« Ernest Malban regarde tomber la neige, le nez collé à la vitre sale de sa cabane. Les premiers flocons de la saison. Bientôt, toute la chaîne des Pyrénées sera recouverte d’hermine. Au pic du Midi, on grelotte à l’observatoire et au relais de T.V. Ici, dans la vallée, on attend l’hiver.
L’homme est célibataire. À quarante-cinq ans, il n’a su trouver la compagne de sa vie. Il le regrette et parfois, la nostalgie ombre son visage pâle, l’ennui plisse son front, fronce ses sourcils.
Oui, Malban, le solitaire, n’est pas heureux. Il vit parce qu’il faut vivre, sans ambition, sans but. Dans sa cabane de bûcheron, un poêle flambe. Les flammes se tortillent, le bois craque, pète sèchement, éveillant le silence profond de la forêt.
L’homme lorgne vers sa cognée, pendue au mur, et hausse les épaules. Non. Aujourd’hui, le mauvais temps stoppe son travail. Les doigts gèleraient au manche. Les flocons aveugleraient. Dans la cabane isolée, il fait chaud, presque trop. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Les Forçats de l’énergie. »

Les clés de l’univers par Max-André Rayjean

Fiche de Les clés de l’univers

Titre : Les clés de l’univers
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1966
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les clés de l’univers

« La masse ovoïde oscilla doucement, s’anima, bougea. Elle s’anima d’une curieuse façon, comme un objet se déplaçant au ras du sol, sans soutien, comme soulevée par un flux d’air, ou par tout autre moyen, un faisceau d’ondes par exemple.

Cet œuf monstrueux, aussi volumineux qu’un homme, était-il une créature vivante, quelque chose de palpable, assumant une tâche déterminée ? Ou bien un innommable amas, un conglomérat de matière synthétique, téléguidé à distance par un cerveau, une intelligence ?

Ni l’un ni l’autre. C’était un prodigieux intermédiaire aux frontières de la vie. entre la chair palpitante, chaude, nourrie, et la matière froide, inerte. Une intelligence humaine dans un corps, une enveloppe créée, confectionnée, aux milliards de cellules bourrées d’électrons-volts.

L’androïde émettait une légère lumière bleutée, une sorte de halo, provenant de l’énergie contenue dans ses corpuscules microscopiques, soudés magnétiquement, intimement liés. Des corpuscules dont l’ensemble formait un être, non de chair, mais de synthèse. Une fausse créature qui raisonnait comme une vraie. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Les Clés De l’Univers. »

Les acteurs programmés par Max-André Rayjean

Fiche de Les acteurs programmés

Titre : Les acteurs programmés
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1985
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les acteurs programmés

« Malgio est un homme massif. Ses yeux noirs se perdent dans la graisse. Chaque fois qu’il ouvre la bouche, il envoie des postillons.

Il crie fort. Comme un charretier. D’un tempérament peu commode, il ne s’apitoie jamais. Bourreau de travail. Pour lui et pour les autres. Toujours anxieux et stressé.

Il se drogue aux tranquillisants. Son visage bouffi et son gros ventre s’infiltrent partout entre les techniciens. La combinaison bleue du personnel de Villarama le boudiné. Il porte le badge obligatoire sur la poitrine.

Il bouge sans cesse au milieu des installations, jette un coup d’œil pétrifié sur le vaste amphi couvert, plein à craquer. Un public soigneusement sélectionné. Des spécialistes. Par rotations successives, il en accueillera ainsi des milliers, pendant la phase de projection. Il saura rapidement s’il a réussi ou échoué. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Les Acteurs Programmés. »

Le septième continent par Max-André Rayjean

Fiche de Le septième continent

Titre : Le septième continent
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1967
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le septième continent

« Edward Jans reposa son verre d’orangeade sur la table puis se replongea dans la lecture du journal. Il était distant, lointain, rêveur. Son front soucieux se plissait constamment et la fixité de son regard prouvait qu’un grave problème le préoccupait.

Sa femme savait qu’il était déprimé, pour tout dire, qu’il se remettait mal d’une dépression nerveuse. D’un coup, son activité s’était arrêtée, comme une pendule privée de son ressort. Il demeurait taciturne, inquiet, malgré les tranquillisants dont il se bourrait.

Jane soupira, navrée par cet état de choses qui durait depuis plusieurs semaines, et aucun symptôme d’amélioration ne s’annonçait.

— Tu veux une autre orangeade ?

Il secoua négativement la tête. Il parlait peu, très peu, le moins souvent possible. Il restait plutôt prostré, immobile, silencieux. Il se repliait sur lui-même. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Le Septième Continent. »

Le quatrième futur par Max-André Rayjean

Fiche de Le quatrième futur

Titre : Le quatrième futur
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1967
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le quatrième futur

« Sur l’immense spatiodrome de San Francisco règne une activité fébrile. Les opérateurs de la tour de contrôle sont à leur poste. Les employés du service de sécurité attendent fiévreusement. Des badauds, comme il en existe partout et à toutes les époques, s’agglutinent sur les terrasses. Ceux qui attendent un parent, un ami, patientent dans les salles vitrées, climatisées.
La voix impersonnelle d’une hôtesse sort d’invisibles haut-parleurs, s’infiltre dans les moindres recoins, secoue l’apathie de la foule, l’anxiété des uns, la dignité des autres.
— Le Transmartien numéro 17 se posera à San Francisco à dix-sept heures quarante-deux minutes. Le commandant Jef Howell signale que tout va bien à bord. Actuellement, le vaisseau aborde les hautes couches de l’atmosphère et commence sa décélération. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Le quatrième futur. »

Le péril des hommes par Max-André Rayjean

Fiche de Le péril des hommes

Titre : Le péril des hommes
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1960
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le péril des hommes

« Le terrible « fog » enveloppait Londres. Il était deux heures de l’après-midi et à moins de quatre mètres, on discernait les choses avec la plus grande difficulté. Toutes les lumières de la ville brillaient, mais aucune d’elles ne dissipait vraiment le brouillard.
Des policiers, fantômes encapuchonnés de cirés blancs, réglaient la circulation considérablement réduite, appauvrie, prudente. Les véhicules roulaient au pas. Les passants se hâtaient. Mais les Londoniens, en habitués, s’accommodaient avec flegme de cette purée de pois et vaquaient à leurs occupations.
En ce début de février, un froid très vif accompagnait ce fog persistant, généralisé sur l’ensemble du pays, et même sur l’Europe, selon la météo. Quand Joan Auburn sortit de chez elle, un long frisson la parcourut. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Le péril des hommes. »