Étiquette : Fleuve noir

 

Le monde noir par Max-André Rayjean

Fiche de Le monde noir

Titre : Le monde noir
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1981
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le monde noir

« Ron Jyorg remit en route le magnéto pour la troisième fois consécutive. Il écouta avec attention la voix enregistrée quelque part dans un ministère.
 
« — Vous avez le feu vert. Néanmoins, sachez une chose. Non seulement vous prenez vos responsabilités mais en cas de litige nous ne pourrions absolument pas vous couvrir… »
 
Rageur, le médecin arrêta la bande. Son visage se crispa. Il avait des sourcils épais, des yeux profondément enfoncés dans les orbites. Sa barbe, bien que rasée, laissait une trace noire sur ses joues creuses.
Il était maigre, les pommettes saillantes. La cinquantaine largement passée. Il gardait volontiers une tenue négligée. Juste une blouse blanche jetée en hâte sur un costume de mauvaise coupe. Il abhorrait la cravate et n’en mettait pratiquement jamais. Il trouvait ridicule, inutile, ce petit nœud noué autour du cou et qui étranglait.
Des cheveux grisonnants, coupés par une raie de côté, modelaient son crâne et retombaient en mèches sur son front. Quand il souriait, il découvrait un dentier qui lui allait très mal. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Le Monde Noir. »

Le monde figé par Max-André Rayjean

Fiche de Le monde figé

Titre : Le monde figé
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1973
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le monde figé

« À New York, dans l’immense stadium souterrain de cent mille places, plein à craquer, le brouhaha augmente lorsque les quatre « vedettes » de la soirée montent sur le podium.

Les applaudissements crépitent. Mais quelques sifflets fusent aussi de la foule compacte car tout projet possède ses détracteurs, ses sceptiques, ses contestataires. Ils sont là uniquement pour semer le trouble, la confusion.

À vrai dire, ce soir-là, ils ne font pas le poids face à la grande masse des enthousiastes. Leurs protestations s’étouffent bien vite sous les acclamations frénétiques.

— Vive Edward Tood !

— Vive Véra ! Vive Bob Bévan !

— Vive Mikel !

Les supporters sont très nombreux et ils manifestent leur joie, leur confiance. Ils tapent des pieds, battent des mains, scandent les noms de leurs héros.

Le stadium devient une arène bruyante. Il paraît encore trop petit pour contenir ce public venu des quatre coins du globe. Des milliers de journalistes, américains et étrangers, de reporters de radio et de télévision se pressent au coude à coude. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Le Monde figé. »

Le grand retour par Max-André Rayjean

Fiche de Le grand retour

Titre : Le grand retour
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le grand retour

« Un calendrier électronique indéréglable indique la date du 24 septembre 2103, 17 h 30. Toutes les secondes, un chiffre saute sempiternellement sur le cadran, en silence.

Le gardien-chef Sam Lane perçoit alors l’onde psycho-émettrice du poste central de surveillance automatique. Son cerveau enregistre une impulsion, comme un flux télépathique. Pour lui, l’appel se traduit par une sorte de petite décharge électrique au niveau des neurones.

Cela le réveille. Il sait que le poste de surveillance sollicite la coopération de l’homme.

Étendu dans un hamac de relaxation, il bâille, s’étire, grommelle une insulte à l’adresse de l’ordinateur. Il dormait et avait branché son inducteur mental. Celui-ci déversait dans sa tête un rêve euphorique.

Lane déconnecte le casque à électrodes, soupire, se lève et coiffe sa casquette noire à visière. Il rajuste son uniforme galonné. Une glace lui renvoie son image. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Le Grand retour. »

Le flambeau de l’univers par Max-André Rayjean

Fiche de Le flambeau de l’univers

Titre : Le flambeau de l’univers
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1984
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le flambeau de l’univers

« Le torride été andin s’abattait sur la cordillère. L’accablante chaleur chauffait à blanc les rochers, au fond des vallées brumeuses. Mais à mesure qu’on s’élevait, le ciel devenait d’un bleu céruléen. Les prestigieux sommets de six mille mètres, ciselés de glace, resplendissaient sur l’horizon limpide, transparent.

Au Titicaca, à 3 854 mètres d’altitude, l’air s’appauvrissait déjà en oxygène. L’immense lac de 6 900 kilomètres carrés, plus de dix fois la surface du Léman, étirait ses eaux froides sous un soleil de feu. Miroir cyclopéen, il reflétait avec une parfaite symétrie les cimes parées de neiges éternelles.

Les balsas des pêcheurs urus ou aymaras ressemblaient à de minuscules insectes. D’un côté, la Bolivie. De l’autre, le Pérou. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Le Flambeau De L Univers. »

Le dernier soleil par Max-André Rayjean

Fiche de Le dernier soleil

Titre : Le dernier soleil
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1987
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le dernier soleil

« Les deux At-Atchoumazocs n’éternuèrent pas !

D’ailleurs, on se demanderait bien comment ils pourraient éternuer car leur morphologie défiait le genre humanoïde. Ils ne possédaient pas de nez. Leur organe olfactif se présentait plutôt sous la forme d’un orifice cartilagineux, une sorte de vacuole. Vraiment des fausses narines !

Leurs noms s’avéraient imprononçables dans le langage terrestre. Alors, par simplicité, voire par humour, il valait mieux les appeler des At-Atchoumazocs. Parce que, à leur contact, on attraperait sûrement une rhinite allergique !

En tout cas, leur description minutieuse méritait le coup. Imaginez une masse ovale, molle, d’une blancheur neigeuse, d’aspect gélatineux. Quelque chose comme un gros bloc de saindoux. Un At-Atchoumazoc se dandinait constamment sur une sorte de ventouse rigide, bleuâtre, véritable rustine adhésive parfaitement circulaire. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Le dernier soleil. »

Le cerveau de Silstar par Max-André Rayjean

Fiche de Le cerveau de Silstar

Titre : Le cerveau de Silstar
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1965
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le cerveau de Silstar

« Dans l’espace glacé aux proportions affolantes, au milieu de ce ramassis formidable d’étoiles et de soleils, dans le vide noir et sans éclat, la minuscule capsule elliptique, hérissée d’antennes, ressemblait à un grain de poussière en suspension.

Une capsule aux parois extrêmement résistantes, défiant la monstrueuse chaleur des foyers incandescents, le froid du zéro absolu, les acides rongeurs et la radio-activité nocive, sans parler des météorites. Bref. Une prison étroite, exiguë, juste assez large pour trois personnes, sans le moindre confort.

Qu’importait le confort dans une expédition scientifique, un véritable test biologique, même ! Ligotés, ficelés sur leurs couchettes, empilés comme des sardines dans leur boîte, les trois cobayes se contentaient de noter, d’observer et d’étudier passivement. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Le Cerveau De Silstar. »

La seconde vie par Max-André Rayjean

Fiche de La seconde vie

Titre : La seconde vie
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1971
Editeur : Fleuve noir

Première page de La seconde vie

« Paor tourne son corps ovoïde vers ses trois congénères. Il s’exprime dans un langage qui utilise les infrasons, par conséquent inaudible pour une oreille humaine.

— Vous avez repéré l’épave ?

— Oui, chef, dit Onul, figé.

— Et localisée ?

— Oui, chef, répète un autre Sik, allongeant l’un de ses tentacules vers un bouton.

La ventouse terminant son membre grêle adhère sur l’interrupteur. Un déclic se produit. Un grand écran s’allume, en couleur et en relief. L’image grossit à une allure effrayante.

— Ça va, intime Paor. Je veux simplement me faire une idée. Mais ma conviction est déjà établie.

Il observe l’écran, étudie l’image. Sa masse ressemble à un gros œuf blanchâtre constellé de protubérances plus sombres. Ces saillies forment des boursouflures disgracieuses et leur nombre atteint la vingtaine, au moins. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « La Seconde Vie. »

La malédiction des vautours par Max-André Rayjean

Fiche de La malédiction des vautours

Titre : La malédiction des vautours
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1972
Editeur : Fleuve noir

Première page de La malédiction des vautours

« Ah ! Ah ! Ah !
Hé ! Hé ! Hé !
Il ricane. Il retrousse drôlement ses lèvres, comme un singe qui s’amuse devant des visiteurs. Son visage couturé de rides se plisse et ressemble à un masque de sorcier.
Le gnome n’est pas beau du tout. Il est même franchement laid, avec des traits grossiers, un nez un peu écrasé et des oreilles larges où des touffes de poils sortent comme des racines.
Sur la poitrine, aussi, il doit être velu. Il est petit, bossu. Son infirmité l’oblige à se tenir constamment penché en avant. Pour pallier cet inconvénient, il relève la tête et cela lui donne une allure cassée.
Ah ! Ah !
Hé ! Hé ! »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « La malédiction des vautours. »

La loi du cube par Max-André Rayjean

Fiche de La loi du cube

Titre : La loi du cube
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1972
Editeur : Fleuve noir

Première page de La loi du cube

« L’espace noir imprègne en totalité l’écran panoramique. Affolé, Mos Cleb tripote en vain des boutons, mais la situation ne s’arrange pas.

Un voile opaque persiste sur le scope central. C’est comme un mur, un obstacle.

Les trois hommes naviguent dans la nuit et ils ont l’impression qu’ils n’arriveront jamais au terme du voyage. Ou, s’ils arrivent quelque part, ils se poseront en catastrophe.

C’est inéluctable après ce qui vient de se passer. Ils ne voient pas très bien comment les choses pourraient se terminer autrement.

L’astronef fonce, aveugle, blessé, sans but. Désemparé, ballotté comme un fétu, il ressemble à un navire perdu dans la tempête sur une mer déchaînée.

Rageur, Cleb se retourne vers les écrans annexes de la cabine. Il essaie de les allumer à leur tour. Pas plus que le panoramique central, les annexes ne renvoient des images. C’est le « trou » noir, le néant. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « La Loi du cube. »

La guerre des loisirs par Max-André Rayjean

Fiche de La guerre des loisirs

Titre : La guerre des loisirs
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1986
Editeur : Fleuve noir

Première page de La guerre des loisirs

« Je fendis la foule agglutinée autour de l’héliport, mon magnéto portatif en bandoulière. J’agitai une carte de presse et ce geste creusa immédiatement un sillon parmi ces gens surchauffés, impatients.

Ils venaient aux nouvelles ou ils attendaient un parent, un ami. L’hélico trapu s’était posé deux minutes auparavant et comme il n’existait plus de frontière officielle entre le Mexique et les États-Unis, à cause de l’Unification des Pays de l’AméricaNord, l’entrée aux U.S.A. se trouvait entièrement libre.

Les passagers étaient l’objet de curiosité, et pourtant c’étaient des passagers tout ce qu’il y avait de plus ordinaires.

Seulement voilà. Ils venaient du Club.

Je choisis la fille un peu au hasard. Je butai sur elle volontairement et je m’excusai. Façon d’engager la conversation.

— Heu… Je suis maladroit, bredouillai-je en tendant mon micro. C’est mon premier reportage, vous comprenez. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « La guerre des loisirs. »