Étiquette : French Pulp

 

Veillée des morts par Peter Randa

Fiche de Veillée des morts

Titre : Veillée des morts
Auteur : Peter Randa
Date de parution : 1956
Editeur : French Pulp

Première page de Veillée des morts

« Dehors, il pleut. Une pluie méchante, hargneuse et sauvage qui enferme la campagne dans un élan sans merci. Tout est gris. Presque noir. La clarté du jour est malsaine, hésitante, précaire. Pas un nuage, mais une lourde chape bistrée qui enclôt le ciel jusqu’à l’horizon… un horizon maussade à la limite duquel deux grands ifs lancent leurs troncs maigres dans un geste de protestation désabusée.

Le Bois des Pendus ! Pourquoi des « pendus » ? Qui le sait encore ? Un nom, un mot plutôt. Il ne suggère même plus une image précise. Du moins on le croit, à cause de l’habitude qu’on en a. On l’a toujours appelé ainsi, ce bois, et personne n’y fait plus attention… pour le moment.

Le Bois des Pendus ! Le nom est là en réserve. Il n’arrache rien au souvenir… en attendant. Issu d’un lointain passé, il a la patience des choses qui enseignent la mort ou la représentent.

Le dernier pendu du bois date de combien d’années en arrière ? De combien de siècles ? Personne ne l’a jamais su. Personne ne l’a jamais dit. »

Extrait de : P. Randa. « Veillée des morts. »

Tueur au pays des merveilles par Peter Randa

Fiche de Tueur au pays des merveilles

Titre : Tueur au pays des merveilles
Auteur : Peter Randa
Date de parution : 1964
Editeur : French Pulp

Première page de Tueur au pays des merveilles

« — Et c’est la troisième fois qu’on fait passer cette annonce ?

— Oui, monsieur Dupont… M. Mercadier m’a dit de venir vous en parler.

Mercadier ! Le directeur de Centre-Presse ! Devant moi, un petit bonhomme replet, chauve comme un œuf, myope mais trop coquet pour porter des lunettes et cela donne à son regard quelque chose d’incisif et de lointain.

Chef de service aux petites annonces. Vêtu d’un costume de confection très nouvelle vague malgré sa cinquantaine bien sonnée. Il m’a tendu le texte, soigneusement collé sur un morceau de carton.

Si Lindy se souvient d’Alice qu’il a conduite au Pays des Merveilles quand elle avait huit ans, qu’il vienne vite à son secours. Écrire au journal.

— Quelqu’un a répondu à cette annonce ?

— Ce matin. Nous avons reçu une lettre. La première. L’annonce nous a été remise par une jeune fille qui a refusé de nous donner son adresse. Elle passe au journal tous les après-midi à cinq heures.

— Donc elle viendra aujourd’hui ?

— Oui.

— Comment est-elle ?

— Toute jeune ; moins de vingt-cinq ans. »

Extrait de : P. Randa. « Tueur au pays des merveilles. »

Raz de marée par Peter Randa

Fiche de Raz de marée

Titre : Raz de marée
Auteur : Peter Randa
Date de parution : 1988
Editeur : French Pulp

Première page de Raz de marée

« Du tonnerre, la fille ! Je la repère de loin, avant même de savoir qu’elle fait du stop. Longues jambes, cuisses fuselées. Elle porte un court short de toile bleue et un chandail d’orlon blanc. Un air supérieur et méprisant.

Je ralentis instinctivement pour pouvoir l’examiner au passage et, soudain, elle lève la main, pointant le pouce vers l’avant. À ses pieds un sac de scout. Le visage va avec le reste. Une blonde aux cheveux longs qui tombent un peu en désordre sur ses épaules.

Pas mon genre d’embarquer ce genre de fille. J’ai une hésitation. Ce qui me décide, c’est la moue vaguement déçue qu’elle a lorsque je la dépasse.

Je m’arrête, tant pis ! En souriant, je me penche pour lui ouvrir la portière.

Une fois n’est pas coutume. Déjà elle a ramassé son sac et l’apporte à bout de bras sans se presser, mais sans exagérer tout de même.

— Vous allez jusqu’où ? demande-t-elle.

— Montargis.

— De toute façon, ça me rapproche.

Une voix un peu rauque, assez agréable. J’ai l’impression qu’elle n’est pas française. D’un geste du bras, elle bascule son sac sur le siège arrière, puis s’installe à côté de moi. »

Extrait de : P. Randa. « Raz de marée. »

La mort sans bruit de Peter Randa

Fiche de La mort sans bruit

Titre : La mort sans bruit
Auteur : Peter Randa
Date de parution : 1978
Editeur : French Pulp

Première page de La mort sans bruit

« Devant la baraque, une bagnole ! Elle ne m’inspire pas confiance. Mon père m’a appris à flairer le flic. Naturellement, je ne fais pas l’andouille et n’ai pas l’ombre d’une hésitation. S’ils sont là pour mon vieux ou pour moi, je suis certainement repéré et, dans ces cas-là, le seul moyen d’en sortir est de jouer bille en tête.

Je traverse la rue de mon petit pas tranquille en tenant mon Solex à la main, car je suis dans le mauvais sens de la circulation. Personnellement, je n’ai pas eu de pépin, donc, il s’agit de mon père. La machine à raisonner s’est mise en route dans ma caboche. On l’a pris sur le fait. En train de refiler un faux billet de cinquante ou de cent balles. Et alors ? Ça ne prouve rien.

Seulement, il a été pigeonné. Pour un seul billet ? Car il n’en avait certainement pas deux faux sur lui en même temps… Prudent comme il est… Prudent et rusé… un vrai Sioux… On lui a donné un faux billet et il s’en est servi pour payer un achat en toute bonne foi. »

Extrait de : P. Randa. « La Mort sans bruit. »

L’instinct du tueur par Peter Randa

Fiche de L’instinct du tueur

Titre : L’instinct du tueur
Auteur : Peter Randa
Date de parution : 1978
Editeur : French Pulp

Première page de L’instinct du tueur

« Je donne ma carte à l’infirmière. Elle se tient à l’entrée de la clinique derrière un grand bureau. Elle y jette machinalement les yeux et lit : « Jean Fargeau. Président-directeur général du Consortium Desruelles ».

Entourée de ses deux dactylos vêtues comme elle, elle a un peu l’apparence d’un juge accompagné de ses assesseurs.

Avec un léger sursaut, elle relève la tête et je lui annonce :

— J’ai rendez-vous avec le docteur Prieur.

L’infirmière décroche le téléphone, compose un numéro de deux chiffres, puis attend. En même temps, elle m’adresse une sorte de sourire de regret.

— Allô ! Micheline… M. Jean Fargeau, pour le professeur.

On doit lui répondre favorablement car elle dit en raccrochant son combiné :

— On vient vous chercher.

Hésitant un instant, elle demande timidement :

— Vous venez pour Véronique Fargeau ?

— Oui.

— Vous êtes de la famille ?

— Son père. »

Extrait de : P. Randa. « L’Instinct du tueur. »

A moi de jouer ce matin par Peter Randa

Fiche de A moi de jouer ce matin

Titre : A moi de jouer ce matin
Auteur : Peter Randa
Date de parution : 1967
Editeur : French Pulp

Première page de A moi de jouer ce matin

« Moreau boucle le compartiment avec une clef spéciale que le chef de gare lui a remise. Les rideaux sont soigneusement tirés devant les vitres. Lambrot me fait signe de m’asseoir et s’installe en face de moi.

Je lève alors les poignets en faisant tinter mes menottes :

— Vous me laissez ça ?

Les deux poulets se concertent du regard, puis Moreau hausse les épaules :

— C’est la loi.

Grand et massif, Moreau. L’athlète enveloppé. Pas un mauvais bougre, car il est sûr de sa force. Lambrot se montre beaucoup plus vachard, mais, lui, c’est un simple inspecteur de province. De plus, il n’est pas grand, avec une gueule de faux témoin, ce qui doit lui donner des complexes.

Nous sommes arrivés à la gare largement en avance, si bien que mon embarquement s’est fait discrètement. Le chef de gare nous a accompagnés jusqu’au compartiment réservé et voilà…

Mes cigarettes sont dans la poche de ma chemise. Mon briquet aussi. Je parviens à les empoigner entre mes deux pouces et, comme Lambrot a relevé le plateau de la table du wagon, je dépose le tout dessus. »

Extrait de : P. Randa. « À moi de jouer ce matin. »

L’enfer du décor par G. J. Arnaud

Fiche de L’enfer du décor

Titre : L’enfer du décor (Tome 51 sur 78 – Special Police)
Auteur : G. J. Arnaud
Date de parution : 1977
Editeur : French Pulp

Première page de L’enfer du décor

« La première fois où Lucie Maurin osa faire son pain fut un jour fertile en émotions et pas seulement à cause de cette tentative de vouloir rompre un autre lien, un de plus, avec la société contemporaine, mais aussi et surtout à cause du jeu étrange qu’imaginèrent les enfants. Il faisait un temps ensoleillé et sec, avec un mistral léger qui ne pourrait qu’activer le tirage. Florent et Olga, son fils et sa fille de dix-huit ans, l’aidèrent à transporter les fagots de sarments de vigne qu’elle enfouissait dans le vieux four que son mari avait longuement réparé durant la semaine. Curieux, les autres gamins du hameau l’entourèrent, ce qui ajouta à l’énervement de la jeune femme. Son papier de journal humide refusa de s’enflammer et elle dut aller en chercher d’autres. Puis elle se rendit compte qu’elle avait trop serré les fagots et qu’ils flambaient mal avec une fumée épaisse qui n’était pas entièrement aspirée par la hotte de la cheminée. Elle tisonna avec une longue perche et d’un coup, tout s’embrasa et, le visage cramoisi, elle recula de quelques pas avec satisfaction. Il lui fallait au moins trois cents degrés pour cuire son pain mais elle ne possédait pas de thermomètre capable de contrôler une telle température. »

Extrait de : G. J. Arnaud. « L’Enfer du décor – Special Police. »

Tendres termites par G. J. Arnaud

Fiche de Tendres termites

Titre : Tendres termites (Tome 36 sur 78 – Special Police)
Auteur : G. J. Arnaud
Date de parution : 1972
Editeur : French Pulp

Première page de Tendres termites

« Lorsque arrivait 5 heures, Valérie avait toujours une sorte de remords de devoir rentrer au village. Elle prolongeait inutilement cet instant tandis que Clotilde Saint-Rémy, installée dans l’ombre du saule, faisait semblant de lire en toute sérénité. Valérie allait chercher son vélomoteur sur le côté de la maison, traversait les hautes herbes dans le feu d’artifice des sauterelles aux ailes rouges, vertes, bleues, s’approchait à regret du fauteuil de l’infirme. Clotilde écoutait le chant de grillon de la chaîne, relevait la tête.

— Vous partez, Valérie ?

— Madame est sûre qu’elle n’aura besoin de rien ? Son plateau est prêt. Tout est dans le réfrigérateur. J’ai coupé le gaz à la bouteille et tout est en ordre.

— Merci, Valérie, ne vous faites pas de souci. La petite comédie quotidienne l’agaçait tout en lui apportant le signal imperceptible du début de sa solitude. Seize heures avant que la femme de ménage ne revienne. »

Extrait de : G. J. Arnaud. « Tendres termites – Special Police. »

Le fric noir par G. J. Arnaud

Fiche de Le fric noir

Titre : Le fric noir (Tome 65 sur 76 – Espionnage / Le Commander)
Auteur : G. J. Arnaud
Date de parution : 1981
Editeur : French Pulp

Première page de Le fric noir

« Déjà à Foggia elle avait tourné en rond à la sortie de l’autoroute, se heurtant sans arrêt à des barrages de carabiniers ou de parachutistes qui battaient la semelle devant des chevaux de frise ou des herses mobiles. Ils allumaient de petits feux sur le bas-côté neigeux de la chaussée et pendant que deux ou trois parlementaient avec les automobilistes, d’autres, accroupis, se réchauffaient les mains ou faisaient même griller de la nourriture, quelque chose enfilé sur des brochettes improvisées.

La Mamma avait cru bien faire en prenant l’autoroute du soleil qui desservait Bari et Tarente, mais d’autres avaient eu la même idée qu’elle et elle avait aperçu des dizaines de caravanes en route vers les lieux du tremblement de terre, le triangle maudit, la zone détruite entre Naples, Benevento et Potenza. Il y avait aussi des camions, des fourgonnettes, de simples voitures remplies à craquer de couvertures surtout, de vêtements chauds, de nourriture et de médicaments. Des immatriculations de partout, même de Suède et de Pologne. Elle ne savait pas comment ils avaient fait ceux-là avec leur Polski. »

Extrait de : G. J. Arnaud. « Le Fric noir – Espionnage / Le Commander. »