Étiquette : Gallimard

 

Le chant de Kali par D. Simmons

Fiche de Le chant de Kali

Titre : Le chant de Kali
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1985
Traduction : B. Emerich
Editeur : Gallimard

Première page de Le chant de Kali

« — Bobby, n’y va pas, me disait mon ami. Ça n’en vaut pas la peine.
C’était en juin 1977. J’étais venu du New Hampshire à New York en vue de fignoler avec le rédacteur en chef de Harper’s pour qui je travaillais les détails de mon voyage à Calcutta. Ensuite je décidai d’aller rendre visite à mon ami, Abe Bronstein. Après plusieurs heures passées dans les hauteurs des bureaux de Harper’s surplombant Madison Avenue, le petit building de quartier qui abritait notre modeste revue littéraire avait l’air bien pitoyable.
Abe était dans son bureau tout encombré. Il était seul et préparait la publication du numéro d’automne de Voices. Malgré les fenêtres ouvertes, il régnait dans la pièce une odeur rance : celle du cigare éteint que mâchonnait Abe.
— Bobby, ne va pas à Calcutta, me répéta-t-il. Laisses-en un autre y aller à ta place. »

Extrait de : D. Simmons. « Le chant de Kali. »

L’échiquier du mal 2 par D. Simmons

Fiche de L’échiquier du mal 2

Titre : L’échiquier du mal 2
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1989
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Gallimard

Première page de L’échiquier du mal 2

« Le Centre mondial de diffusion de la Bible, vingt-trois bâtiments d’un blanc étincelant dispersés sur un terrain de plus de soixante hectares, se trouvait à huit kilomètres au sud de Dothan. Le centre du complexe était le palais de l’Adoration, une monstruosité de verre et de granit, un amphithéâtre climatisé et somptueusement moquetté capable d’accueillir six mille fidèles dans le confort le plus total. Les huit cents mètres en courbe du boulevard de la Foi étaient pavés de briques dorées, argentées et blanches représentant respectivement des dons de cinq mille, mille et cinq cents dollars. Les visiteurs qui survolaient le boulevard de la Foi, peut-être à bord d’un des trois jets privés du Centre, pensaient souvent à un large sourire blanc orné de plusieurs dents en or et d’une rangée de plombages en argent. Le sourire devenait chaque année plus large et plus doré. »

Extrait de : D. Simmons. « L’échiquier du mal – Tome 2. »

L’échiquier du mal 1 par D. Simmons

Fiche de L’échiquier du mal 1

Titre : L’échiquier du mal 1
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1989
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Gallimard

Première page de L’échiquier du mal 1

« Saul Laski gisait parmi les morts en sursis dans un camp d’extermination et pensait à la vie. Saul frissonnait dans le noir et le froid, s’efforçant de se rappeler les détails d’un matin de printemps la lumière dorée qui caresse les branches des saules ployant au-dessus du ruisseau, le champ de pâquerettes blanches derrière les bâtiments en pierre de la ferme de son oncle.
Le baraquement était plongé dans un silence que venaient seulement troubler les quintes de toux rauque et les mouvements furtifs des Musselmänner, les morts-vivants, qui cherchaient vainement un peu de chaleur dans la paille froide. Un vieillard fut secoué par une toux spasmodique signalant la fin d’une longue lutte désespérée. Il serait mort à l’aube. Ou s’il survivait à la nuit, il n’aurait pas la force d’aller dans la neige répondre à l’appel du matin, ce qui signifiait qu’il serait mort avant midi. »

Extrait de : D. Simmons. « L’échiquier du mal – Tome 1. »

Vengeance par D. Simmons

Fiche de Vengeance

Titre : Vengeance (Tome 1 sur 3 – Joe Kurtz)
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2000
Traduction : G. Abadia
Editeur : Gallimard

Première page de Vengeance

« Tard dans l’après-midi, un mardi, Joe Kurtz tapa à la porte de l’appartement d’Eddie Falco.

— Qui c’est ? demanda Eddie, juste derrière.

Kurtz s’écarta et répondit quelque chose d’inintelligible.

— Hein ? demanda Eddie. Qui c’est, bordel ?

Kurtz renouvela ses borborygmes d’un ton d’urgence.

— Merde ! fit Eddie en tournant le verrou.

Pistolet à la main, il entrebâilla la porte, mais sans défaire la chaîne de sécurité.

Kurtz enfonça la porte d’un coup de pied, arrachant la chaîne avec sa fixation. Il fonça sur Eddie, qu’il entraîna au milieu de la pièce. Falco le dépassait d’une demi-tête et lui rendait au moins quinze kilos, mais Kurtz avait l’avantage de l’élan.

Eddie abaissa son Browning 9 mm. Sans cesser d’entraîner son adversaire plus grand que lui vers le mur opposé où le store en bois de la fenêtre était baissé, Kurtz avait mis son bras en travers du torse d’Eddie, dont il broyait le bras de sa main droite, à la base du biceps. Il glissa vivement sa main gauche sur le Browning. »

Extrait de : D. Simmons. « Vengeance – Joe Kurtz. »

Les menhirs de glace par K. S. Robinson

Fiche de Les menhirs de glace

Titre : Les menhirs de glace
Auteur : Kim Stanley Robinson
Date de parution : 1984
Traduction : L. Carissimo
Editeur : Gallimard

Première page de Les menhirs de glace

« Je butai sur le premier signe avant-coureur de la mutinerie alors que nous approchions de la frange intérieure de la première ceinture d’astéroïdes. Bien sûr, je ne compris pas sur le moment ce que cela signifiait ; ce n’était qu’une porte fermée.

Nous appelons cette première ceinture la Zone, parce que les astéroïdes qui la composent sont faits de basalte achondrite, sans aucune utilité pour les mineurs. Mais nous allions bientôt arriver parmi les chondrites carbonées et j’étais descendue ce jour-là à la ferme pour m’occuper des préparatifs. Je donnai un peu plus de lumière aux algues, car dans les semaines à venir, quand les barges sortiraient débiter les rochers, il y aurait une déperdition appréciable d’oxygène et nous aurions besoin de plus de chlorelles pour aider à équilibrer les échanges gazeux. »

Extrait de : K. S. Robinson. « Les menhirs de glace. »

Rien ne brûle en enfer par P. J. Farmer

Fiche de Rien ne brûle en enfer

Titre : Rien ne brûle en enfer
Auteur : Philip José Farmer
Date de parution : 1998
Traduction : L. Devaux
Editeur : Gallimard

Première page de Rien ne brûle en enfer

« Ces derniers temps, mes plus atroces cauchemars sont à propos de l’argent.

J’étais dans le bureau du directeur de la Banque Nationale Pourrie. Je suppliais : « Monsieur, si vous repoussez la date de remboursement de mon prêt, je vous cire les pompes et j’embrasse votre gros cul lisse et brillant. S’il vous plaît ! »

Le directeur avait l’air assez vieux pour être à l’origine du Big Bang. Ses yeux, même s’il lui en manquait un, je le savais, étaient cachés par des lunettes de soleil bleu ciel. La plus grande partie de son costume, lui aussi bleu ciel, disparaissait sous une énorme barbe blanche. Sur le bureau géant en cendre de bois derrière lequel il était assis, se trouvait une statuette de sainte Fric, Notre-Dame-des-Recettes. Tout près, trônait un téléphone en forme de Bugs Bunny. Il n’arrêtait pas de sonner, mais le vieil homme n’y prêtait aucune attention. »

Extrait de : P. J. Farmer. « Rien ne brûle en Enfer. »

Les amants étrangers par P. J. Farmer

Fiche de Les amants étrangers

Titre : Les amants étrangers
Auteur : Philip José Farmer
Date de parution : 1961
Traduction : M. Deutsch, N. Fischer
Editeur : Gallimard

Première page de Les amants étrangers

« Très loin, quelqu’un murmurait : « Il faut que je parte. Il doit bien y avoir une issue. »
Hal Yarrow se réveilla en sursaut et se rendit compte que c’était lui qui avait parlé. Pourtant, les paroles prononcées ne correspondaient pas au rêve dont il émergeait.
Qu’avait-il voulu dire en marmonnant ces mots ? Et quel était cet endroit? Avait-il véritablement voyagé dans le temps ou s’agissait-il d’un rêve subjectif? Le souvenir demeurait si vif que Hal peinait à réintégrer l’univers ambiant.
Un coup d’œil sur l’homme assis à ses côtés lui éclaircit l’esprit. Il se trouvait dans la malle de Sigmenville, en 550 apr. S. — 3050 apr. J.-C., ancien style, lui souffla son cerveau d’érudit —, non sur une planète étrangère à des années-lumière d’ici, comme dans son rêve, et encore moins face au glorieux Isaac Sigmen, le Précurseur, réel soit son nom. »

Extrait de : P. J. Farmer. « Les Amants étrangers. »

Les seins de glace par R. Matheson

Fiche de Les seins de glace

Titre : Les seins de glace
Auteur : Richard Matheson
Date de parution : 1954
Traduction : F. M. Watkins
Editeur : Gallimard

Première page de Les seins de glace

« Il faisait plutôt frisquet, ce jour-là, je m’en souviens. Le ciel était légèrement couvert ; les falaises paraissaient grisâtres sous leur voile de brume. C’est sans doute pour ça qu’il n’y avait pas foule sur la plage. De plus nous étions en semaine, avant les vacances scolaires. Le mois de juin, quoi ! Tout compte fait, vous voyez le tableau : une immense étendue de sable où nous étions seuls, elle et moi.

J’avais commencé par lire. Mais ça devenait rasant. Abandonnant mon livre, je restai assis, les bras noués autour des genoux, à me régaler du point de vue.

Elle portait un maillot une pièce. Elle devait faire dans les un mètre soixante-cinq. Mince, mais bien roulée. Elle paraissait fascinée par les vagues. Ses cheveux blonds, coupés court, voletaient légèrement sous la brise. »

Extrait de : R. Matheson. « Les seins de glace. »

Le jeune homme, la mort et le temps par R. Matheson

Fiche de Le jeune homme, la mort et le temps

Titre : Le jeune homme, la mort et le temps
Auteur : Richard Matheson
Date de parution : 1975
Traduction : R. Blunden
Editeur : Gallimard

Première page de Le jeune homme, la mort et le temps

« La route de Long Valley défile sous mes pneus. Belle journée ; soleil radieux, ciel bleu. Je longe des barrières peintes en blanc. Un cheval m’examine. Les verts pâturages de la région de Los Angeles. La route monte et descend. Dimanche matin. Paisible. Des poivriers bordent la route, leur feuillage caressé par la brise.

La sortie ne doit plus être loin. Fini, Bob et Mary, fini leur maison, mon petit bungalow au fond du parc ; fini Kit qui venait me rendre visite pendant que je travaillais, cognait des sabots, soupirait, hennissait, gémissait, puis, n’ayant pas réussi à attirer mon attention, cognait son museau contre le mur dans l’espoir d’obtenir quelque friandise. Fini, tout ça.

La descente finale et le dernier cassis de ralentissement. Devant moi, l’autoroute de Ventura et le vaste monde. Adios Amigos peint sur le panneau surplombant le portail. Adieu, Hidden Hills. »

Extrait de : R. Matheson. « Le jeune homme, la mort et le temps. »

Jour de fureur par R. Matheson

Fiche de Jour de fureur

Titre : Jour de fureur
Auteur : Richard Matheson
Date de parution : 1953
Traduction : F.-M. Watkins
Editeur : Gallimard

Première page de Jour de fureur

« 1 h du matin

Le clair de lune brillait sur sa figure, pendant qu’il jouait une marche funèbre. Mais il n’y avait pas de piano. Rien que l’étroit lit de camp sur lequel il était allongé ; en guise de matelas, une simple couverture brune pliée en deux. Sa tête reposait sur un mince oreiller. Le rayon de lune qui tombait de biais sur son corps éclairait ses mains maigres qui jouaient du Chopin sur ses cuisses. La salle était silencieuse, mais la musique résonnait dans sa tête.

Vincent avait une abondante chevelure noire en désordre et des yeux sombres. Vingt-six ans. Sa figure semblait avoir été sculptée par un artiste qui n’avait pas su s’arrêter une fois son œuvre achevée et qui, cherchant la perfection, avait taillé jusqu’à l’extrême finesse des oreilles et des narines diaphanes, des lèvres et un menton fragiles comme du verre, prêts à se briser au moindre choc ; le tout d’un blanc d’albâtre, d’ivoire. »

Extrait de : R. Matheson. « Jour de fureur. »