Étiquette : Le neuvième cercle

 

Les guerriers de l’enfer par Jean-Christophe Chaumette

Fiche de Les guerriers de l’enfer

Titre : Les guerriers de l’enfer (Tome 6 sur 6 – Le neuvième cercle)
Auteur : Jean-Christophe Chaumette
Date de parution : 2011
Editeur : Voy’el

Première page de Les guerriers de l’enfer

« La coulée de métal jaillit, puis fut portée à une température si élevée que nulle matière ne pouvait la contenir sans être immédiatement détruite. Vadkan contempla sur l’écran de contrôle le plasma confiné à l’intérieur du champ électromagnétique. Maintenant, il allait devoir agir sur les forces invisibles qui tenaient à distance des parois du four le tore incandescent dont il ferait, grâce à son art, une pièce unique, parfaite, qui s’intègrerait dans l’armure dont on lui avait confié la réalisation.

Le Rinaël commença à jouer sa partition. Il savait qu’un bon forgeron devait se montrer aussi talentueux qu’un musicien virtuose. S’il ne s’était agi que d’éviter les fausses notes, un ordinateur aurait pu le remplacer. Mais la confection du cristacier demandait bien plus que des tâcherons appliqués, elle réclamait des artistes. Il fallait modeler le plasma, transformer le champ électromagnétique pour en faire un moule aux dimensions et aux formes exactes, tout en agissant de manière à diriger la cristallisation du métal, puis recommencer avec les coulées suivantes qui ajouteraient des couches supplémentaires. »

Extrait de : J.C Chaumette. « Les guerriers de l’enfer. »

Les larmes de pierre par Jean-Christophe Chaumette

Fiche de Les larmes de pierre

Titre : Les larmes de pierre (Tome 5 sur 6 – Le neuvième cercle)
Auteur : Jean-Christophe Chaumette
Date de parution : 2011
Editeur : Voy’el

Première page de Les larmes de pierre

« Les livres étaient placés devant lui, sur la longue table de pierre blanche, quatre épais volumes disposés de manière à former une croix.

Atmaxehr caressa leurs reliures de ses doigts maigres, avec vénération. Le cuir mince et pâle avait été obtenu en tannant une peau humaine, celle d’une victime sacrificielle écorchée dans le respect des principes du culte, et dont le sang dévotement recueilli avait servi à tracer les runes qui couvraient les milliers de feuilles des ouvrages. Ce rite macabre était accompli depuis des siècles, à la mort de chaque grand prêtre, par son successeur, afin de recopier sur un nouveau support les connaissances dont il devenait le récipiendaire, et d’y ajouter sa propre contribution aux terrifiants savoirs de son peuple. Cependant, pour la première fois en dix millénaires, la garde des livres ne s’était pas transmise selon les règles… »

Extrait de : J.C Chaumette. « Les larmes de pierre. »

Le réveil des golems par Jean-Christophe Chaumette

Fiche de Le réveil des golems

Titre : Le réveil des golems (Tome 4 sur 6 – Le neuvième cercle)
Auteur : Jean-Christophe Chaumette
Date de parution : 2011
Editeur : Voy’el

Première page de Le réveil des golems

« À la fin de son chant, le Mingol resta silencieux un instant, et, se tournant vers Aoni, demanda :

— Qu’en pensez-vous ?

— Eh bien… Vous avez besoin de beaucoup travailler, mais… de toute évidence vous possédez un don !

Puis la Kreel éclata de rire, découvrant ses dents blanches comme des perles. Stanley l’imita immédiatement, tant il était heureux de voir enfin son épouse s’amuser, et Oningu fut très vite gagné par l’hilarité de ses parents. Lyrnio se contenta de sourire et répliqua :

— Ce n’est pas vraiment ce que je voulais dire…

— C’est une liste… La liste de ceux qui reçoivent le message…

Stanley avait retrouvé son sérieux. Le petit infirme acquiesça gravement…

— Avant votre arrivée, cela ne signifiait pas grand-chose pour moi… Désormais, le chant acquiert un sens… Nous avons déjà un mâle, une femelle… »

Extrait de : J.C Chaumette. « Le réveil des golems. »

La porte des ténèbres par Jean-Christophe Chaumette

Fiche de La porte des ténèbres

Titre : La porte des ténèbres (Tome 3 sur 6 – Le neuvième cercle)
Auteur : Jean-Christophe Chaumette
Date de parution : 1999
Editeur : Fleuve noir

Première page de La porte des ténèbres

« Raak le gros se retourna sur sa couche en grognant d’aise, puis lâcha un rot sonore. D’un mouvement brusque de sa main velue, il repoussa le drap qui recouvrait son corps pâle et adipeux, comme si le contact de l’étoffe était insupportable à sa panse gonflée de bière. Puis il administra une claque sur la croupe de la prostituée étendue près de lui, en marmonnant d’une voix pâteuse :

— Allez, dégage maintenant ! Je t’ai assez vue… Tire toi, vite !

La jeune femme se leva, ramassa ses vêtements à la hâte et se dirigea vers la porte de la chambre sans un mot. Raak lui jeta un regard torve, satisfait de constater une nouvelle fois la beauté de ce corps dont il avait joui toute la nuit. La fille avait une peau ambrée, de longues jambes fuselées, le galbe de ses hanches était parfait… Elle se tourna brièvement en direction du lit avant de disparaître. Le gros Thorg contempla alors son visage ovale, ses cheveux noirs et luisants, et ses yeux, ses yeux en amande aux iris gris clair, et songea qu’elle devait être une métisse, moitié Fabérienne, moitié Korometh ; un mélange rare, au résultat magnifique… »

Extrait de : J.C Chaumette. « La porte des ténèbres. »

L’impossible quête par Jean-Christophe Chaumette

Fiche de L’impossible quête

Titre : L’impossible quête (Tome 2 sur 6 – Le neuvième cercle)
Auteur : Jean-Christophe Chaumette
Date de parution : 1998
Editeur : Fleuve noir

Première page de L’impossible quête

« Les barbares nous traitèrent comme on ne traite pas des hommes : sans violence, sans mépris, mais avec cette froide indifférence qu’on réserve au bétail. Ils nous donnèrent des sandales de corne et de longs vêtements faits d’une sorte de laine grise et crasseuse, car il fallait nous protéger du soleil, sans quoi nous eûmes rapidement été brûlés, aussi sûrement que par le jet des bouches-flammes de guerre crachant leur liquide enflammé. Jamais je n’avais vu d’astre semblable à ce brasier immaculé suspendu à un firmament couleur de plomb, ce fanal cauchemardesque braquant sur nous son regard pesant de cruel cyclope. Je ne parvenais pas alors à comprendre comment la vie était possible dans ce monde sauvage, cette couche d’air surchauffé, écrasée entre les deux plaques d’une presse géante, l’une de roche noire pulvérulente, l’autre de ciel et de feu…

Peu à peu, je découvrais tout ce qui m’environnait, très progressivement, très doucement, comme un malade émergeant d’un long coma. J’avais été arraché à mon palais-champignon pavé de jaspe, aux grands couloirs emplis du parfum du Thyriül, ma douce île de pierre et de musique flottant sur un océan de jardins tranquilles toujours verts, et jeté brutalement, à travers l’espace et le temps, au cœur d’un enfer noir et brûlant, comme esclave d’un peuple terrible, primitif. »

Extrait de : J.C Chaumette. « L’impossible quête. »

Le peuple oublié par Jean-Christophe Chaumette

Fiche de Le peuple oublié

Titre : Le peuple oublié (Tome 1 sur 6 – Le neuvième cercle)
Auteur : Jean-Christophe Chaumette
Date de parution : 1998
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le peuple oublié

« Oningu vient se blottir contre la poitrine de son grand-père. Il enfouit sa tête dans les nattes épaisses, blanches et douces, et caresse de sa petite main le visage ridé d’Aru Barani – la racine noire – , la vieille racine noire, crevassée et desséchée, mais profonde, si profonde dans la terre de l’histoire des Kreels.

— Grand-père, raconte-moi l’histoire de Bunda Yungui !

Le vieil homme sourit. Dans trois mois, Oningu aura cinq ans. Il a presque atteint la moitié de sa vie d’enfant. Mais pour le moment, il a toujours besoin d’entendre la voix rauque de son grand-père chanter les histoires du temps d’avant les Naa-Gundis.

— Tu l’as déjà écoutée, Oningu ! Plusieurs fois…

— S’il te plaît, grand-père…

Aru Barani prend son tonango pour s’accompagner. Il s’accroupit et place l’instrument entre ses cuisses. Puis il le palpe longuement et place l’instrument entre ses cuisses. Ses vieilles mains en aiment le contact : les cylindres de terre cuite sont comme leurs paumes, secs, rugueux, fendillés ; et la peau de leurs doigts est aussi raide et épaisse que le cuir des membranes. Il y a si longtemps que les mains d’Aru Barani et son tonango font naître la musique de leur rencontre, qu’ils ont fini par se ressembler. »

Extrait de : J.C Chaumette. « Le peuple oublié. »

Le guerrier sans visage par Jean-Christophe Chaumette

Fiche de Le guerrier sans visage

Titre : Le guerrier sans visage (Tome 6 sur 6 – Le neuvième cercle par Fleuve Noir (2 volumes))
Auteur : Jean-Christophe Chaumette
Date de parution : 1991
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le guerrier sans visage

« Le vieil ermite parla longtemps, très longtemps. Chacune des phrases qu’il prononçait semblait le soulager d’une partie de l’immense fardeau accumulé sur ses épaules. Stanley et Lyrnio s’étaient assis en face de lui. Ils écoutaient, fascinés, l’histoire de cet être qui avait vu grandir les premiers empires galactiques.

— Je suis né, ou plutôt ce fragment de mon esprit qui n’est pas humain est né il y a approximativement cent mille ans, sur une planète dont j’ai oublié jusqu’à l’aspect… Je ne me rappelle même pas à quoi ressemblait mon corps originel. En fait, j’ai du mal à imaginer l’existence d’une enveloppe physique qui eût été véritablement mienne. Pourtant, il a bien dû en être ainsi au début… Mais dans ma mémoire qui vient enfin de se réveiller, un souvenir est encore très net : cette harmonie, cet accord qui existait entre le monde et moi, entre le monde et mon peuple, devrais-je dire… C’était un peu comme si nous avions vécu environnés d’un flux nourricier à la douce température, dans lequel chaque mouvement était simple, aisé. Il n’y avait pas de conflit, pas de lutte pour survivre. Nous étions des fœtus à la dérive dans un placenta géant ; la planète était notre mère… »

Extrait de : J.C Chaumette. « Le guerrier sans visage. »

Les épées de cristal par Jean-Christophe Chaumette

Fiche de Les épées de cristal

Titre : Les épées de cristal (Tome 5 sur 6 – Le neuvième cercle par Fleuve Noir (2 volumes))
Auteur : Jean-Christophe Chaumette
Date de parution : 1991
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les épées de cristal

« Aru Barani est pensif. Il est accroupi derrière son tour de potier, adossé à l’enveloppe d’écorce de la maison-au-creux-de-l’arbre, mais ses vieilles mains restent immobiles, leurs longs doigts noueux bien étalés sur ses genoux.

Il sait que le moment est venu de révéler à Oningu quel doit être son destin. Dans neuf mois exactement, il devra conduire le garçon à la cité de pierre pour qu’il reçoive l’éducation des mangas.

— Neuf mois… Le temps nécessaire à deux cellules qui se rencontrent pour donner vie à un enfant humain… Il aura neuf mois pour se préparer à sa seconde naissance.

— Que dis-tu, grand-père ?

Oningu vient d’entrer dans la caverne de bois de l’arbre géant. Son large visage est éclairé d’un sourire, et ses yeux rient aussi ; ses yeux rient tout le temps…

— Je radotais, Oningu… Je radotais comme un vieux fou ! Sais-tu ce qu’est un manga ?

— Un manga ? Ça veut dire homme fort, homme véritable… Les mangas habitent Faya Nubangui. Ils viennent au village des arbres, parfois. »

Extrait de : J.C Chaumette. « Les épées de cristal. »

La prophétie par Jean-Christophe Chaumette

Fiche de La prophétie

Titre : La prophétie (Tome 4 sur 6 – Le neuvième cercle par Fleuve Noir (2 volumes))
Auteur : Jean-Christophe Chaumette
Date de parution : 1991
Editeur : Fleuve noir

Première page de La prophétie

« Les barbares nous traitèrent comme on ne traite pas des hommes : sans violence, sans mépris, mais avec cette froide indifférence qu’on réserve au bétail. Ils nous donnèrent des sandales de corne et de longs vêtements faits d’une sorte de laine grise et crasseuse, car il fallait nous protéger du soleil, sans quoi nous eûmes rapidement été brûlés, aussi sûrement que par le jet des bouches-flammes de guerre crachant leur liquide enflammé. Jamais je n’avais vu d’astre semblable à ce brasier immaculé suspendu à un firmament couleur de plomb, ce fanal cauchemardesque braquant sur nous son regard pesant de cruel cyclope. Je ne parvenais pas alors à comprendre comment la vie était possible dans ce monde sauvage, cette couche d’air surchauffé, écrasée entre les deux plaques d’une presse géante, l’une de roche noire pulvérulente, l’autre de ciel et de feu…

Peu à peu, je découvrais tout ce qui m’environnait ; très progressivement, très doucement, comme un malade émergeant d’un long coma. J’avais été arraché à mon palais-champignon pavé de jaspe, aux grands couloirs emplis du parfum du Thyriül, ma douce île de pierre et de musique flottant sur un océan de jardins tranquilles toujours verts, et jeté brutalement, à travers l’espace et le temps, au cœur d’un enfer noir et brûlant, comme esclave d’un peuple terrible, primitif. »

Extrait de : J.C Chaumette. « La prophétie. »

AONI par Jean-Christophe Chaumette

Fiche de AONI

Titre : AONI (Tome 3 sur 6 – Le neuvième cercle par Fleuve Noir (2 volumes))
Auteur : Jean-Christophe Chaumette
Date de parution : 1990
Editeur : Fleuve noir

Première page de AONI

« — Grand-père, je me sens… Je suis triste. Pourquoi ressent-on de la tristesse ? Pourquoi
peut-on être triste ?

Aru Barani est en train de vernir un grand vase au long col élancé. Il interrompt son travail pour
répondre à Oningu :

— Il y a quelques jours, tu as eu six ans. C’était ton anniversaire, et nous avons fait une belle fête ; tu as chanté, tu as vu tes amis, tu t’es amusé… Tu as été joyeux, heureux ; tu as connu le plaisir de recevoir des cadeaux et le bonheur de te sentir entouré d’affection. Maintenant, ces moments-là sont terminés, envolés… Alors tu es triste. Tu es triste d’avoir été joyeux… La peine ne peut exister
sans le bonheur : le bonheur ne peut exister sans la peine. Ce sont deux sentiments indissociables ; et plus fort on ressent le chagrin, plus fort on ressentira la joie. Tu es un enfant, et un enfant éprouve toujours très fort le chagrin et la joie. Plus tard, tu apprendras à tempérer tes émotions ; c’est ce que nous essayons tous de faire en recherchant l’harmonie, la Voie… Et quand tu seras comme moi un vieillard, tu comprendras que chaque instant qui passe n’est porteur ni de peine, ni de bonheur ; il est, tout simplement…

— Alors, grand-père, tu ne peux jamais être heureux. »

Extrait de : J.C Chaumette. « AONI. »