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Le moine (raconté par Antonin Artaud) par M. G. Lewis

Fiche de Le moine (raconté par Antonin Artaud)

Titre : Le moine
Auteur : Matthew G. Lewis
Date de parution : 1931
Traduction : Antonin Artaud
Editeur : Bibliothèque numérique romande

Première page de Le moine (raconté par Antonin Artaud)

« La cloche du couvent sonnait à peine depuis cinq minutes et déjà l’église des Capucins était toute bondée. Il y avait du monde partout et jusque sur les ailes des chérubins. Saint François et saint Maur portaient chacun leur charge d’hommes.

Tous les coins étaient remplis, tous les sièges étaient occupés. Certes, la foule qui était là ne respirait ni la soif de s’instruire, ni un désir très vif d’édification. La crapule, il faut le dire, n’y était pas moins forte que dans les théâtres ou sur une place publique un jour de carnaval. Les femmes venaient pour être vues et les hommes cherchaient la promiscuité des femmes, absolument comme si l’on ne se fût pas trouvé dans un lieu soi-disant consacré.

Un prédicateur fameux était annoncé au programme, mais il est très probable que la majeure partie des spectateurs s’en serait bien passée. »

Extrait de : M. G. Lewis. « Le Moine. »

Le moine par M. G. Lewis

Fiche de Le moine

Titre : Le moine
Auteur : Matthew G. Lewis
Date de parution : 1796
Traduction : L. de Wailly
Editeur : Actes sud

Première page de Le moine

« Il y avait à peine cinq minutes que la cloche du couvent sonnait, et déjà la foule se pressait dans l’église des Capucins. N’allez pas croire que cette affluence eût la dévotion pour cause, ou la soif de s’instruire. L’auditoire assemblé dans l’église des Capucins y était attiré par des raisons diverses, mais toutes étrangères au motif ostensible. Les femmes venaient pour se montrer, les hommes pour voir les femmes : ceux-ci par curiosité d’entendre un si fameux prédicateur ; ceux-là faute de meilleure distraction avant l’heure de la comédie ; d’autres encore, parce qu’on leur avait assuré qu’il n’était pas possible de trouver des places dans l’église ; enfin la moitié de Madrid était venue dans l’espoir d’y rencontrer l’autre. Les seules personnes qui eussent réellement envie d’entendre le sermon étaient quelques dévotes surannées, et une demi-douzaine de prédicateurs rivaux, bien déterminés à le critiquer et à le tourner en ridicule. »

Extrait de : M. G. Lewis. « Le moine. »

Matthew Gregory Lewis

Présentation de Matthew Gregory Lewis :

Matthew Gregory Lewis (1775-1818), figure majeure du roman gothique, s’est distingué par son style flamboyant et sa propension à explorer les aspects les plus sombres de la nature humaine. Son œuvre la plus célèbre, « Le Moine » (1796), a marqué un tournant dans le développement du genre et continue d’influencer les écrivains contemporains.

Enfance et formation

Né dans une famille aisée, Lewis reçut une éducation privée qui nourrit son goût pour la littérature et les langues. Dès son plus jeune âge, il manifesta un talent précoce pour l’écriture, publiant son premier recueil de poèmes à l’âge de 16 ans.

Débuts littéraires et succès retentissant

En 1796, Lewis fit sensation avec la publication de « Le Moine », roman gothique sulfureux et macabre qui connut un succès immédiat et retentissant. L’ouvrage, bien que condamné par certains pour son immoralité, suscita l’admiration par son imagination débordante et sa puissance narrative.

Analyse approfondie du « Moine »

Le « Moine » narre la chute d’Ambrosio, un moine espagnol pieux et vertueux, qui succombe aux forces du mal et se livre à des actes de débauche et de violence. Le roman explore des thèmes tels que la tentation, la damnation et la fragilité de la morale humaine. Il se distingue par ses descriptions saisissantes de paysages désolés, ses personnages tourmentés et son atmosphère oppressante.

Contribution au genre gothique

L’œuvre de Lewis s’inscrit dans la lignée des grands écrivains gothiques tels qu’Ann Radcliffe et Horace Walpole. Cependant, Lewis se distingue par son approche plus audacieuse et transgressive du genre. Il n’hésite pas à explorer des sujets tabous et à confronter ses lecteurs à des visions cauchemardesques du monde.

Influence sur la littérature ultérieure

L’œuvre de Lewis a exercé une influence considérable sur les écrivains ultérieurs, notamment Mary Shelley et Edgar Allan Poe. Son style flamboyant et ses thèmes macabres ont contribué à définir les codes du genre gothique et à inspirer de nombreuses générations d’auteurs.

Voyages et fin tragique

Lewis nourrissait une passion pour les voyages qui le mena à travers l’Europe, notamment en Allemagne et en Italie. Il trouva la mort en mer en 1818, à l’âge de 42 ans, alors qu’il se rendait en Jamaïque pour prendre possession d’une plantation.

Conclusion

Matthew Gregory Lewis a laissé une empreinte indélébile sur le genre gothique. Son œuvre, caractérisée par son imagination débordante, sa puissance narrative et sa confrontation aux aspects les plus sombres de l’existence, continue d’intriguer et de fasciner les lecteurs aujourd’hui.

Livres de Matthew Gregory Lewis :

Le moine (1796)
Le moine (raconté par Antonin Artaud) (1931)

Pour en savoir plus sur Matthew Gregory Lewis :

La page Wikipédia de M. G. Lewis
La page Noosfere de M. G. Lewis
La page isfdb de M. G. Lewis

Un visage pour l’éternité par C. S. Lewis

Fiche de Un visage pour l’éternité

Titre : Un visage pour l’éternité
Auteur : C. S. Lewis
Date de parution : 1956
Traduction : M. D. Le péchoux
Editeur : Le livre de poche

Première page de Un visage pour l’éternité

« Je suis vieille maintenant et n’ai plus grand-chose à craindre de la colère des dieux. Je n’ai ni mari ni enfant, à peine un ami, au travers desquels ils pourraient me nuire. Mon corps, cette maigre charogne qu’il faut encore laver, nourrir et couvrir d’oripeaux, ils peuvent bien le détruire comme bon leur semble. La succession est assurée. Ma couronne passera à mon neveu.

Ainsi donc, délivrée de la peur, je vais consigner dans ce livre ce que nulle personne heureuse n’oserait écrire. J’ai l’intention d’accuser les dieux, spécialement celui qui demeure sur la Montagne Grise et de raconter tout ce qu’il m’a fait depuis les origines, comme si je portais plainte contre lui devant un juge.
Mais il n’y a pas de juge entre les dieux et les hommes, et le dieu de la montagne ne me répondra pas. Terreurs et fléaux ne sont pas une réponse. »

Extrait de : C. S. Lewis. « Un visage pour l’éternité. »

Tactique du diable par C. S. Lewis

Fiche de Tactique du diable

Titre : Tactique du diable
Auteur : C. S. Lewis
Date de parution : 1942
Traduction : E. Huser
Editeur : Editions Empreinte

Première page de Tactique du diable

« Je prends note de ce que tu me dis de l’influence que tu exerces sur les lectures de ton protégé et du soin que tu prends à le mettre aussi souvent que possible en contact avec son ami matérialiste. Mais n’es-tu pas un peu naïf ? On dirait que tu t’imagines l’arracher par le raisonnement aux griffes de l’Ennemi. Ceci aurait été possible s’il avait vécu quelques siècles plus tôt. À cette époque-là, les humains savaient encore reconnaître quand une chose était prouvée et quand elle ne l’était pas. Et lorsqu’elle était prouvée, ils y croyaient vraiment. Ils faisaient encore le lien entre la pensée et l’acte, ils étaient prêts à changer leur manière de vivre quand la logique le leur conseillait. Mais, par le moyen de la presse et des autres médias, nous avons réussi en grande partie à modifier cela. Ton homme a été habitué, depuis son enfance, à abriter une douzaine de philosophies contradictoires dans son cerveau. En jugeant d’une doctrine, l’essentiel pour lui n’est pas de savoir si elle est « vraie » ou « fausse », mais si elle est « abstraite » ou « pratique », « démodée » ou « moderne », « souple » ou « rigide ». Les slogans, et non le raisonnement, seront tes meilleurs alliés pour l’éloigner de l’Église. »

Extrait de : C. S. Lewis. « Tactique du diable. »

Le grand divorce entre le ciel et la terre par C. S. Lewis

Fiche de Le grand divorce entre le ciel et la terre

Titre : Le grand divorce entre le ciel et la terre
Auteur : C. S. Lewis
Date de parution : 1945
Traduction : G. Teyssonnière de gramont, J. Des gouttes
Editeur : ??

Première page de Le grand divorce entre le ciel et la terre

« J’étais apparemment en train de faire la queue pour prendre l’autobus au bord d’une longue et pauvre rue. Le soir tombait, il pleuvait. J’avais erré pendant des heures par les mêmes rues toujours sous la pluie et toujours dans cette lumière crépusculaire. Le temps semblait s’être arrêté à l’heure lugubre où seuls quelques magasins sont éclairés et où il ne fait pas encore assez sombre pour que leurs vitrines soient réconfortantes. Ne ferait-il donc jamais nuit ? Ma promenade ne me conduirait-elle jamais dans les beaux quartiers de la ville ? Si loin que j’allasse, je ne trouvais que des maisons lépreuses, des petits marchands de tabac, des palissades auxquelles pendaient des affiches en lambeaux, des dépôts de marchandises sans fenêtres, des gares sans trains, et des librairies du genre de celles qui vendent des livres pornographiques. Je ne rencontrerais jamais personne.

Excepté ceux qui attendaient l’autobus, la ville entière semblait vide. Je crois que c’est pour cela que je m’accrochai à la queue. J’eus tout de suite de la chance, car au moment où je prenais ma place, une petite femme irascible qui était devant moi entraîna brusquement un homme qui l’accompagnait. »

Extrait de : C. S. Lewis. « Le grand divorce entre le ciel et la terre. »

L’abolition de l’homme par C. S. Lewis

Fiche de L’abolition de l’homme

Titre : L’abolition de l’homme
Auteur : C. S. Lewis
Date de parution : 1943
Traduction : ??
Editeur : Editeur Raphael

Première page de L’abolition de l’homme

« Les hommes vides

Alors il donna l’ordre de tuer, de tuer tous les petits enfants. Christmas Carol
 
Nous n’accordons pas assez d’importance, à mon avis, aux manuels scolaires. C’est pourquoi j’ai choisi l’un d’eux comme point de départ des réflexions qui suivront. Je ne crois pas que ses deux auteurs aient de mauvaises intentions, et de plus ils ont eu la courtoisie de m’en faire envoyer un exemplaire. Et pourtant il m’est impossible de leur faire le moindre éloge. Me voilà dans l’embarras, je ne veux pas mettre au pilori deux modestes enseignants qui ont sans doute fait de leur mieux, mais la tendance réelle de leur livre est telle que je ne puis garder le silence. Je me propose donc de cacher leur nom et de les appeler Gaïus et Titius, leur manuel sera le Livre vert. Mais il s’agit bien d’un livre qui n’a rien d’imaginaire. »

Extrait de : C. S. Lewis. « L’Abolition de l’homme. »

Cette hideuse puissance par C. S. Lewis

Fiche de Cette hideuse puissance

Titre : Cette hideuse puissance (Tome 3 sur 3 – La trilogie cosmique)
Auteur : C. S. Lewis
Date de parution : 1945
Traduction : F. Straschitz
Editeur : Néo

Première page de Cette hideuse puissance

« VENTE D’UN BIEN DU COLLÈGE

— « Le mariage, » se récitait Jane Studdock à elle-même, « a été créé pour que les époux s’apportent mutuellement compagnie, aide et réconfort ». Elle n’était pas allée à l’église depuis son enfance, sauf six mois auparavant, pour se marier, et les termes du rituel s’étaient gravés dans sa mémoire.

Par la porte ouverte, elle pouvait voir la petite cuisine d’une propreté impeccable. Les lits étaient faits, et le ménage aussi. Elle n’avait plus rien à faire jusqu’à six heures, si toutefois Mark rentrait pour dîner. Il y avait une réunion à l’Université aujourd’hui et il était presque certain que Mark l’appellerait à l’heure du thé pour lui dire que la réunion risquait de se prolonger fort tard et qu’il dînerait sur place. »

Extrait de : C. S. Lewis. « Cette hideuse puissance – La trilogie cosmique. »

Voyage à Vénus par C. S. Lewis

Fiche de Voyage à Vénus

Titre : Voyage à Vénus (Tome 2 sur 3 – La trilogie cosmique)
Auteur : C. S. Lewis
Date de parution : 1943
Traduction : F. Straschitz
Editeur : Néo

Première page de Voyage à Vénus

« Je quittai la gare de Worchester et me mis en route pour parcourir les trois milles qui me séparaient de la villa de Ransom. Je pensais à celui que j’allais voir et me disais que personne ici n’aurait pu deviner la vérité à son sujet. La lande désertique qui s’étendait devant moi (le village se trouve loin au nord de la gare) ressemblait à n’importe quelle autre. Il était cinq heures de l’après-midi, et le ciel lourd et plombé était bien celui d’un après-midi d’automne. Les rares maisons et les quelques bouquets d’arbres roux ou jaunâtres n’avaient rien de remarquable. Qui aurait pu croire qu’à peu de distance de là j’allais serrer la main d’un homme qui avait vécu, bu et mangé dans un monde situé à quarante millions de milles de Londres, qui avait vu la Terre sous l’aspect d’une minuscule étincelle de lumière verte, et qui avait parlé avec des créatures dont la vie avait commencé avant même que notre planète fût habitable ?

Car Ransom, sur Mars, n’avait pas seulement rencontré des Martiens, mais aussi des créatures nommées eldila, en particulier le grand eldil qui est le maître de Mars ou, pour parler le langage le langage local, l’Oyarsa de Malacandra. »

Extrait de : C. S. Lewis. « Voyage à Vénus – La trilogie cosmique. »

Le silence de la Terre par C. S. Lewis

Fiche de Le silence de la Terre

Titre : Le silence de la Terre (Tome 1 sur 3 – La trilogie cosmique)
Auteur : C. S. Lewis
Date de parution : 1938
Traduction : M. Faguer
Editeur : Néo

Première page de Le silence de la Terre

« Les dernières gouttes de l’averse orageuse finissaient à peine de tomber que le piéton fourra sa carte dans sa poche, rajusta son sac plus confortablement sur ses épaules lasses et, quittant l’abri d’un grand châtaignier, gagna le milieu de la route. Au couchant, une lumière d’un jaune cru ruisselait entre les nuages, mais, droit devant lui, par-delà les collines, le ciel était couleur d’ardoise sombre. Arbres et brins d’herbe dégouttaient, et la route luisait comme un fleuve. Il ne perdit pas une minute à regarder le paysage, mais se mit en route, du pas résolu d’un bon marcheur venant de s’apercevoir que l’étape serait plus longue qu’il ne l’escomptait. Tel était précisément son cas. S’il lui avait plu de se retourner – ce qu’il ne faisait pas –, il aurait aperçu le clocher de Much Nadderby et aurait pu proférer à cette vue une malédiction à l’adresse du petit hôtel inhospitalier, manifestement vide, où l’on avait refusé de lui donner un lit. Le propriétaire avait changé depuis son dernier voyage à pied dans les parages. »

Extrait de : C. S. Lewis. « Le silence de la Terre – La trilogie cosmique. »