Étiquette : Orwell
Une histoire birmane par G. Orwell
Fiche d’Une histoire birmane
Titre : Une histoire birmane
Auteur : G. Orwell
Date de parution : 1946
Traduction : C. Noël
Editeur : 10/18
Première page d’Une histoire birmane
« U Po Kyin, magistrat sous-divisionnaire à Kyautkada, en Haute-Birmanie, était assis dans sa véranda. Il n’était encore que huit heures et demie du matin, mais en ce mois d’avril, l’air déjà lourd laissait pressentir les longues heures étouffantes de la mi-journée. Une légère brise, qui par contraste semblait fraîche, agitait de temps à autre les orchidées récemment arrosées qui retombaient par-dessus l’avancée du toit. Au-delà des orchidées, on apercevait le tronc poussiéreux et arqué d’un palmier, puis le ciel d’un outremer aveuglant. Au zénith, si haut qu’on ne pouvait les regarder sans en être ébloui, quelques vautours planaient en décrivant de grands cercles. »
Extrait de : G. Orwell. « Une histoire birmane. »
Une fille de pasteur par G. Orwell
Fiche d’Une fille de pasteur
Titre : Une fille de pasteur
Auteur : G. Orwell
Date de parution : 1935
Traduction : S. Chupin
Editeur : Le livre de poche
Première page d’Une fille de pasteur
« Lorsque le réveil retentit sur la commode telle une épouvantable petite bombe de bronze, Dorothy, arrachée des profondeurs d’un rêve complexe et troublant, sursauta et se redressa en regardant les ténèbres dans un état d’épuisement extrême.
Les vociférations irritantes, féminines du réveil continuaient et pouvaient durer cinq minutes si on n’y mettait pas fin. Dorothy se sentait endolorie de la tête aux pieds et, sous le coup d’une complaisance envers elle-même insidieuse et méprisable, qui la prenait en général au moment de se lever, elle s’enfouit la tête sous la couverture pour tenter de chasser ce tintamarre de ses oreilles. Elle luttait pourtant contre le sommeil et, selon son habitude, s’exhortait sans ménagement à la deuxième personne du pluriel. Allez, Dorothy, levez-vous ! Pas de roupillon, je vous prie ! Proverbes, VI, 9. Puis, s’avisant que le bruit allait réveiller son père s’il ne cessait pas sur-le-champ, elle bondit du lit, saisit le réveil et arrêta »
Extrait de : G. Orwell. « Une fille de pasteur. »
Un peu d’air frais par G. Orwell
Fiche d’Un peu d’air frais
Titre : Un peu d’air frais
Auteur : G. Orwell
Date de parution : 1939
Traduction : R. Prêtre
Editeur : Champ libre
Première page d’Un peu d’air frais
« À vrai dire, c’est le jour où j’ai étrenné mon dentier que l’idée m’est venue.
Je me le rappelle très bien. Vers huit heures moins le quart, j’avais sauté du lit pour occuper la salle de bains juste avant les gosses. Un matin de janvier sinistre, avec un ciel gris-jaunâtre, un ciel sale. Par le petit carré de la fenêtre, j’apercevais le jardin de derrière, comme nous l’appelons. Dix mètres sur cinq d’un gazon pelé au milieu, entouré d’une haie de troènes. Il y a le même, avec les mêmes troènes et la même haie, dans chaque maison d’Ellesmere Road. La seule différence, c’est que »
Extrait de : G. Orwell. « Un peu d’air frais. »
Mil neuf cent quatre-vingt-quatre par G. Orwell
Fiche de Mil neuf cent quatre-vingt-quatre
Titre : Mil neuf cent quatre-vingt-quatre
Auteur : G. Orwell
Date de parution : 1949
Traduction : P. Jaworski
Editeur : Gallimard
Première page de Mil neuf centre quatre-vingt-quatre
« C’était une belle et froide journée d’avril, et les horloges sonnaient 13 001. Le menton enfoncé dans la poitrine pour tenter d’échapper au vent mauvais, Winston Smith s’engouffra rapidement par la porte vitrée à l’intérieur de la résidence de la Victoire2, pas assez vite, cependant, pour empêcher un tourbillon de grains de poussière de s’y introduire derrière lui.
L’entrée exhalait des relents de chou bouilli et de carpettes fatiguées. À l’une de ses extrémités, une affiche en couleurs, bien trop grande pour un intérieur, était clouée au mur. Elle ne montrait qu’un visage immense de plus d’un mètre de large — le visage d’un homme de quarante-cinq ans environ, à la beauté fruste, »
Extrait de : G. Orwell. « Mil neuf cent quatre-vingt-quatre. »
Le quai de Wigan par G. Orwell
Fiche de Le quai de Wigan
Titre : Le quai de Wigan
Auteur : G. Orwell
Date de publication : 1982
Traduction : M. Pétris
Editeur : 10/18
Première page de Le quai de Wigan
« Le premier bruit du matin, c’était le pas des ouvrières et le son de leurs galoches sur la rue pavée. Avant, il y avait, sans doute, les sifflets d’usine, mais je n’étais pas réveillé pour les entendre.
Nous étions la plupart du temps quatre à dormir dans cette chambre — et l’endroit était véritablement sinistre, avec cet air de précarité honteuse que l’on retrouve dans tous les lieux détournés après coup de leur destination première. Bien des années avant, la maison avait été une maison d’habitation comme tant d’autres. Mais, en la reprenant pour en faire une pension de famille et boutique de tripier, les Brooker avaient hérité de tout un bric-à-brac dont ils n’avaient jamais eu le cœur de se débarrasser. Nous couchions donc dans ce qui avait jadis été, selon toute évidence, un salon. Du plafond pendait un pesant lustre en verre disparaissant presque sous »
Extrait de : G. Orwell. « Le Quai de Wigan. »
La ferme des animaux – G. Orwell
Fiche de La ferme des animaux
Titre : La ferme des animaux
Auteur : G. Orwell
Date de parution : 2021
Traduction : S. Labbe
Editeur : Le livre de poche
Première page de La ferme des animaux
« M. Jones, de la ferme du manoir, avait certes poussé le verrou des portes du poulailler pour la nuit mais il était trop saoul pour se rappeler qu’il fallait aussi fermer les trappes. Le halo de sa lanterne oscillant dans un sens puis dans l’autre, il traversa la cour en titubant, se débarrassa de ses bottes à coups de pied, dans l’entrée de l’arrière-cuisine, tira au tonneau un dernier verre de bière et trouva son chemin jusqu’au lit où Mme Jones ronflait déjà.
À peine la lumière de la chambre fut-elle éteinte qu’une agitation, des bruissements d’ailes, se répandirent dans les bâtiments de la ferme. Toute la journée, on s’était donné le mot : Major l’Ancien, un Middle White1 autrefois primé, avait fait, la nuit précédente, un rêve étrange dont il voulait informer les autres animaux. Il avait été convenu qu’ils se »
Extrait de : G. Orwell. « La ferme des animaux. »
La ferme des animaux par G. Orwell
Fiche de La ferme des animaux
Titre : La ferme des animaux
Auteur : G. Orwell
Date de parution : 1945
Traduction :
Editeur : EbooksGratuits
Première page de La ferme des animaux
« Le propriétaire de la Ferme du Manoir, Mr. Jones, avait poussé le verrou des poulaillers, mais il était bien trop saoul pour s’être rappelé d’abattre les trappes. S’éclairant de gauche et de droite avec sa lanterne, c’est en titubant qu’il traversa la cour. Il entreprit de se déchausser, donnant du pied contre la porte de la cuisine, tira au tonneau un dernier verre de bière et se hissa dans le lit où était Mrs Jones déjà en train de ronfler.
Dès que fut éteinte la lumière de la chambre, ce fut à travers les bâtiments de la ferme un bruissement d’ailes et bientôt tout un remue-ménage. Dans la journée, la rumeur s’était répandue que Sage l’Ancien avait été visité, au cours de la nuit précédente, par un rêve étrange dont il désirait entretenir les autres animaux. Sage l’Ancien était un cochon qui, en »
Extrait de : G. Orwell. « La Ferme des animaux. »
Hommage à la Catalogne par G. Orwell
Fiche d’Hommage à la Catalogne
Titre : Hommage à la Catalogne
Auteur : G. Orwell
Date de parution : 1936
Traduction : Y. Davet
Editeur : 10/18
Première page d’Hommage à la Catalogne
« Dans la caserne Lénine, à Barcelone, la veille de mon engagement dans les milices, je vis, debout devant la table des officiers, un milicien italien.
C’était un jeune homme de vingt-cinq ou vingt-six ans, de forte carrure, les cheveux d’un jaune roussâtre, l’air inflexible. Il portait sa casquette à visière de cuir farouchement inclinée sur l’œil. Je le voyais de profil : le menton touchant la poitrine, les sourcils froncés comme devant un casse-tête, il contemplait la carte que l’un des officiers avait dépliée sur la table. Quelque chose en ce visage m’émut profondément. C’était le visage de qui est capable de commettre un meurtre et de donner sa vie pour un ami, le genre de visage qu’on s’attend à voir à un anarchiste – encore que cet homme fût peut-être bien un communiste. Il reflétait, ce visage, la bonne foi en même temps que la férocité, et ce pathétique respect aussi, que les illettrés vouent à ceux qui sont censés leur être supérieurs. On voyait »
Extrait de : G. Orwell. « Hommage à la Catalogne. »
Ecrits politiques par G. Orwell
Fiche d’Ecrits politiques
Titre : Ecrits politiques (1928-1949) – sur le socialisme, les intellectuels et la démocratie
Auteur : G. Orwell
Date de publication : 2009
Traduction : B. Hoepffner
Editeur : Agone
Sommaire d’Ecrits politiques
- Orwell avant Orwell (1928-1929)
- La guerre d’Espagne (1937-1939)
- Du refus de la guerre au patriotisme révolutionnaire (1938-1943)
- Socialisme, fascisme et démocratie (1941)
- Le socialisme et les intellectuels (1939-1946)
- Les travaillistes au pouvoir et la guerre froide (1945-1949)
Première page de La censure en Angleterre
« 1. La censure en Angleterre
Monde, 6 octobre 1928
C’est le premier article d’Orwell. Comme tous ceux de ce chapitre, il est paru directement en français et signé Eric Blair (le pseudonyme George Orwell n’apparaîtra qu’en 1933). La version anglaise originale est perdue. Orwell a vécu à Paris du printemps 1928 à décembre 1929.
La situation, en ce qui concerne la censure en Angleterre, est en ce moment la suivante.
Pour la scène, chaque pièce doit être soumise, avant toute représentation, à l’inspection d’un censeur nommé par le gouvernement, qui peut interdire qu’elle soit jouée, ou la faire modifier s’il la considère comme dangereuse pour la moralité publique. Ce censeur est un fonctionnaire comme n’importe quel autre ; il n’est pas choisi pour ses capacités littéraires. Il a interdit ou entravé la représentation de la moitié des pièces modernes de valeur qui ont été représentées en Angleterre au cours de »
Extrait de : G. Orwell. « Ecrits politiques. »
Dans la dèche à Paris et à Londres par G. Orwell
Fiche de Dans la dèche à Paris et à Londres
Titre : Dans la dèche à Paris et à Londres
Auteur : G. Orwell
Date de parution : 1982
Traduction : M. Pétris
Editeur : 10/18
Première page de Dans la dèche à Paris et à Londres
« Rue du Coq-d’Or, Paris, sept heures du matin. Une succession de cris furieux, perçants, en provenance de la rue. Madame Monce, qui tient le petit hôtel situé juste en face du mien, apostrophe une locataire du troisième. Elle est campée sur le trottoir, pieds nus dans ses sabots, mèches grises en bataille.
MADAME MONCE. – Salope ! Salope ! Combien de fois que je t’ai dit de pas écraser les punaises sur la tapisserie ? Tu t’imagines peut-être que l’hôtel est à toi ? Tu peux pas les flanquer par la fenêtre, comme tout le monde ? Putain, salope !
LA LOCATAIRE DU TROISIÈME. – Vieille vache ! Cet échange d’aménités est salué par un concert de hurlements discordants. Les fenêtres s’ouvrent à la volée et la moitié de la rue joint sa voix au débat. Dix minutes plus tard, le tapage s’interrompt comme par magie. Un escadron de cavalerie passe et tout le monde s’arrête de brailler pour le suivre du regard.
Je rapporte cette scène à seule fin de faire passer un peu de l’atmosphère qui règne rue du Coq-d’Or. Non que tout s’y résumât en querelles et chamailles, mais le fait est qu’on voyait rarement venir le bout d’une matinée sans que ne se produise un éclat de ce genre. Prises de bec, plainte rituelle des marchands »
Extrait de : G. Orwell. « Dans la dèche à Paris et à Londres. »