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Le bonheur des sardines par Pierre Pelot

Fiche de Le bonheur des sardines

Titre : Le bonheur des sardines
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1993
Editeur : Bragelonne

Première page de Le bonheur des sardines

« Il entra dans le bar à midi tapant, traversa la salle de restau bondée, taillant dans la fumée et le brouhaha. À cette heure-là, c’était une clientèle de bureaux. Aucune des filles attablées devant le plat du jour ne détourna son attention à son passage.

Ils étaient comme prévu dans la salle du fond. Quatre autour d’une table. La partie n’était pas engagée depuis longtemps, à en juger par le tapis découvert et les piles de jetons. Le vacarme en provenance de la salle voisine était à peine moins fort.

Deux autres types, inconnus, se tenaient assis un peu en retrait, derrière Norbert. Visiblement deux frères, maigres, grands, osseux, dont un avec une tête incroyablement hirsute et vêtu un peu comme un hippie des temps révolus – une allure qui aurait motivé tout net le refoulement à l’entrée de l’établissement. Il fallait que ce type soit important pour que Norbert tolère un pareil look.

Il attendit, debout, sous le regard inexpressif des deux types maigres. »

Extrait de : P. Pelot. « Le Bonheur des sardines. »

La ville où les morts dansent toute leur vie par Pierre Pelot

Fiche de La ville où les morts dansent toute leur vie

Titre : La ville où les morts dansent toute leur vie
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 2013
Editeur : Fayard

Première page de La ville où les morts dansent toute leur vie

« Le vent qui palpitait dans la lumière fanée du soir fit claquer le chalvaar déchiré de la fille, dénudant sa jambe blanche du genou à la hanche, quand elle apparut debout, émergeant du chaos des murs effondrés. Un lent courant d’air soudain charria des senteurs de cendres détrempées et caressa délicatement sur le haut de son dos les mèches de cheveux libres et les pointes du foulard qui la coiffait, noué sur sa nuque.

Le soleil lui avait cuit et lissé les pommettes, strié les lèvres de fissures blanchâtres. Elle était grande et semblait fine, peu épaisse. Les manches de son pull trop long dépassaient de celles de la veste multipoche tachée de boue plus ou moins sèche et de poussière. »

Extrait de : P. Pelot. « La Ville Où Les Morts Dansent Toute Leur Vie. »

La septième saison par Pierre Pelot

Fiche de La septième saison

Titre : La septième saison
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1972
Editeur : Fleuve noir

Première page de La septième saison

« De mai à juin, en cette année 3096, les troupes civiles des commandos « Survie » avaient organisé le dernier rassemblement. De mai à juin. Un mois terrestre, simplement. Suivant un réseau-quadrillage très serré, ils avaient parcouru la planète, à bord de leurs plates-formes rasantes équipées de détecteurs d’ondes biologiques, repérant infailliblement toute trace de vie humaine dans les déserts, les magmas putrides des anciennes jungles. Un mois, pour inventorier, cloisonner, repérer. Sur ces données, la chasse s’était ouverte, menée par d’autres commandos Survie.

La chasse, il n’y avait pas d’autre mot pour qualifier le travail de ces hommes lancés dans la brousse molle, armés de projecteurs paralysants.

A présent, la chasse était finie. Elle s’était déroulée sans accidents graves – des flèches perdues avaient blessé quelques membres des commandos, mais sans gravité ; il n’y avait eu aucune mort d’homme. »

Extrait de : P. Pelot. « La septième saison. »

La rage dans le troupeau par Pierre Pelot

Fiche de La rage dans le troupeau

Titre : La rage dans le troupeau
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1979
Editeur : Presses Pocket

Première page de La rage dans le troupeau

« Le vent lourd de pluie giflait les vitres du petit bureau des veilleurs lorsque Loïc Davenec entra. Il fit de la lumière et referma la porte derrière lui. Son collègue du moment – un nouveau que Loïc ne connaissait pas encore très bien : il savait simplement que le type s’appelait Naviguant, Albert-François Naviguant, il avait lu sa fiche d’identification et son C.V. militaire – son collègue, donc, était parti depuis quelques minutes : Loïc l’avait croisé dans le couloir, ils avaient échangé une poignée de main, quelques mots, des banalités au sujet du temps qu’il faisait, c’est tout. »

Extrait de : P. Pelot. « La rage dans le troupeau. »

La passante par Pierre Pelot

Fiche de La passante

Titre : La passante
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1999
Editeur : Bragelonne

Première page de La passante

« Il a plu toute la journée.

Je ne crois pas mentir en affirmant que l’averse ne s’est pas calmée une seconde. La bourrasque battant contre les volets métalliques de ma chambre m’a tiré du sommeil bien avant que sonne le réveil. Il est minuit moins le quart, les rafales continuent de secouer régulièrement ce sacré volet – il faudra tout de même que je prenne mon courage à deux mains et trouve une petite demi-heure pour réparer ce qui cloche dans la fermeture : c’est quelque chose que je suis capable de faire.

Il semblerait que ce temps-là annonce un mois de juin totalement pourri, ce qui est le cas, régulièrement, depuis quelques années. Le mois de juin n’est pas un mois que j’aime, sur tous les plans, d’ailleurs, et pas uniquement sous l’angle météorologique. »

Extrait de : P. Pelot. « La Passante. »

La nuit sur Terre par Pierre Pelot

Fiche de La nuit sur Terre

Titre : La nuit sur Terre
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1983
Editeur : Bragelonne

Première page de La nuit sur Terre

« Il avait neigé la veille, vendredi 31 mars, sur les premiers bourgeons éclatés des saules. De la neige fondue et de la pluie crachouillante, du matin jusqu’au soir, et même encore dans les heures avancées de la nuit. Résultat : le sol une fois de plus recouvert de mauvaise boue, l’air humide porté par un vent ricanant, qui savait s’insinuer par le moindre interstice – même qu’il n’avait pas besoin de ça, le vent, pour vous pénétrer sous la peau et venir vous lécher l’intérieur des boyaux.

Et aujourd’hui, jeudi 1er avril, grand soleil, beau temps parfait, ciel bleu. Ce n’était pas une blague. À croire que la veille remontait à des mois…

En fait, cette alternance de chaleurs odoriférantes et de froidures traîtresses ne présentait rien d’extraordinaire pour la saison et le manège durait depuis le milieu du mois écoulé. »

Extrait de : P. Pelot. « La nuit sur Terre. »

La nuit du sagittaire par Pierre Pelot

Fiche de La nuit du sagittaire

Titre : La nuit du sagittaire
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1990
Editeur : Milady

Première page de La nuit du sagittaire

« Il faisait toujours partie du nombre, malgré tout, en dépit de ce que signifiait sa présence ici. Même si elle mentait, l’impression n’en était pas moins agréable, vaguement grisante : vivre cet instant, là, à l’insu de tous.

Il s’efforçait de pousser la tricherie sur ce plan, également : se convaincre que personne ni rien ne pouvait savoir qu’il se trouvait à cet endroit.

Son véritable nom n’était pas Daniel Payle.

Son véritable nom n’était pas Daniel Payle, et sans ce nom, pourtant, Daniel Payle se demandait parfois quelles auraient été les couleurs de sa vie au cours de ces vingt dernières années… C’est au bout de ces vingt dernières années qu’il avait commencé de se poser la question (qui existait en lui depuis tout ce temps, bien entendu, et qui avait germé patiemment, lentement, puisant sa force grandissante à chaque nouvelle aube de chaque nouveau jour à vivre) ; depuis l’instant où il s’était rendu compte qu’il avait pris la décision, et que c’était un pas décisif qu’il venait d’accomplir, un point de non-retour qu’il venait de franchir. »

Extrait de : P. Pelot. « La Nuit du Sagittaire. »

La guerre olympique par Pierre Pelot

Fiche de La guerre olympique

Titre : La guerre olympique
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1980
Editeur : Denoël

Première page de La guerre olympique

« Le 1″ juillet 2222, fut déclaré ouvert, par le porte-parole des gouvernements, le 12e conflit international planétaire. Il se situait, cette année-là, sur le territoire des États d’Union d’Amérique du Nord (American Group, de la Confédération libérale), dans le camp BLANC. »

« Le premier conflit international planétaire programmé éclata en l’an 2200, sur le territoire national éthiopien (Fédération socialo-communiste) du camp ROUGE.
Le camp ROUGE fut vainqueur, avec une perte en vies humaines qui ne dépassait pas le chiffre de 3 millions. Le camp BLANC vaincu annonça plus de 8 millions de victimes.
Le deuxième conflit international planétaire programmé eut lieu en 2202.
Le troisième en, 2204. Et ainsi de suite. Il éclatait régulièrement tous les deux ans — c’était ce qu’avaient décidé les Nations.
 
On l’appelait également
LA GUERRE OLYMPIQUE »

Extrait de : P. Pelot. « La guerre olympique. »

La foudre au ralenti par Pierre Pelot

Fiche de La foudre au ralenti

Titre : La foudre au ralenti
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1983
Editeur : J’ai lu

Première page de La foudre au ralenti

« Son dos lui faisait mal. C’était cyclique et ne guérirait jamais, au moins il était prévenu, trois ou quatre docs, des types qui savaient de quoi ils parlaient, le lui avaient confirmé et répété – des vrais chanteurs de chorale. Il avait passé un examen radiographique. Non : deux. Conclusion, ils appelaient ça « une discrète ostéophytose antérieure débutante en D9-D10 ». Pas de quoi s’alarmer ; un jour, quand la douleur ne serait plus cyclique mais permanente et que les doses massives d’analgésiques n’auraient plus d’effet, bon, il se ferait peut-être bricoler la colonne vertébrale du côté de ces fameuses D9-D10. Un jour prochain. S’il vivait suffisamment longtemps pour souffrir le martyre. »

Extrait de : P. Pelot. « La foudre au ralenti. »

La forêt muette par Pierre Pelot

Fiche de La forêt muette

Titre : La forêt muette
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1982
Editeur : Albin Michel

Première page de La forêt muette

« Il tenait son poing fermé et serrait de toute sa force. L’objet caché à l’intérieur de sa main meurtrissait le creux de sa paume et ses doigts. Mais il ne voulait pas y songer, ni croire à la réalité de cette horreur ; il ne voulait pas que de nouvelles images terrifiantes, abominables, lui chavirent une fois encore le cerveau. Il n’avait rien dans sa main : c’était ce qu’il fallait se dire. Absolument.

Et s’ils voulaient y regarder, ils seraient obligés de lui casser les doigts.

Le docteur avait assuré qu’ils ne lui feraient aucun mal, au contraire, « N’aie pas peur, Charlie. C’est fini, terminé. » D’accord, d’accord, docteur. Il était sincère, c’est sûr. Sincère et gentil, le docteur.

Lui et les autres étaient venus à son secours et l’avaient arraché aux tentacules gluants du cauchemar, en cet endroit maudit. »

Extrait de : P. Pelot. « La forêt muette. »