Étiquette : Pelot
Le nom perdu du soleil par Pierre Pelot

Fiche de Le nom perdu du soleil
Titre : Le nom perdu du soleil (Tome 2 sur 5 – Sous le vent du monde)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1998
Editeur : Milady
Première page de Le nom perdu du soleil
« Les Xuah marchaient depuis qu’ils étaient des Xuah. Mais un jour, ils s’étaient arrêtés.
Les enfants sortis du ventre des femmes, devenus des hommes et femmes Xuah, ne savaient plus que le monde s’étend aussi de l’autre côté des montagnes.
Alors, celui qui s’appelait Notlra, à la tête lourde de beaucoup de choses vues, au corps marqué par les os saillants qui crèveraient bientôt sa peau sombre, se mit à parler, et parler encore de ce temps-là enfoui derrière la montagne où le ciel s’éteint chaque jour, d’où venaient les Xuah. Notlra dit que là-bas n’était pas un territoire de nuit sans fin. Il savait.
Il dit avec les mots, avec les gestes, un temps où ses jambes étaient celles d’un enfant, alors pas bien grandes, pas bien dures, mais vives et infatigables – il l’affirmait. Il dit comment vivaient les Xuah, à la recherche du nom perdu de la lumière du ciel. »
Extrait de : P. Pelot. « Le nom perdu du soleil – Sous le vent du monde. »
Qui regarde la montagne au loin par Pierre Pelot

Fiche de Qui regarde la montagne au loin
Titre : Qui regarde la montagne au loin (Tome 1 sur 5 – Sous le vent du monde)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1997
Editeur : Milady
Première page de Qui regarde la montagne au loin
« De sa langue bleue paresseuse, la nuit léchait les hautes herbes et les feuilles acérées des arbres. De loin en loin, montaient l’appel d’une bête, le cri saccadé d’une autre, déchirant les mailles lâches du lacis tressé par les gloussements d’oiseaux qui glissaient et rebondissaient dans les branches.
Elle écoutait la nuit proche.
Parfois, cela faisait comme un bruit de pierre râpant la première peau d’une branche, quand on la pèle. Ce n’était pas un bruit unique et répété, mais plusieurs, tantôt ici, tantôt là, qui montaient du chuchotis caressant.
Un peu après que le jour d’avant se fut éteint avec la plongée sous terre de la boule de lumière rouge, le petit souffle d’air s’était levé ; il semblait sortir de chacune des tiges d’herbes qui s’agitaient pour le retenir ou l’attraper, empêcher sa course invisible ; les feuilles et les épines des plus petites branches, entre ciel et terre, faisaient de même. »
Extrait de : P. Pelot. « Qui regarde la montagne au loin – Sous le vent du monde. »
Les pirates du Graal par Pierre Pelot

Fiche de Les pirates du Graal
Titre : Les pirates du Graal (Tome 2sur 2 – Matthieu Garden)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1998
Editeur : Milady
Première page de Les pirates du Graal
« Cinq jours avant Noël et la température extérieure, sur Paris, avoisinait les 25 °C. Sur toutes les chaînes de télé, les hérauts de la météo en bégayaient, répétant qu’on n’avait pas vu l’équivalent depuis plus d’un siècle. « Et pour cause, connard ! » ne pouvait s’empêcher de penser Nadia à chaque fois que lui parvenait à l’oreille l’annonce ressassée de l’événement, après que James, au journal, eut lancé une première fois l’apostrophe à l’adresse d’un quelconque Gillopétré ébahi en gros plan sur l’écran de la vieille télé, au fond de la salle de rédac.
Dans les rues, c’étaient moiteurs et transpirations, entassements d’affalés aux terrasses. »
Extrait de : P. Pelot. « Les Pirates du Graal – Matthieu Garden. »
Le chant de l’homme mort par Pierre Pelot

Fiche de Le chant de l’homme mort
Titre : Le chant de l’homme mort (Tome 1 sur 2 – Matthieu Garden)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1995
Editeur : Milady
Première page de Le chant de l’homme mort
« Il se versa une autre tequila. Le remous de liquide enveloppa la rondelle de citron, au fond du verre. Tequila gold. Combien déjà ? Sans doute un peu trop. Matt répondit, d’un sourire, à celui de Cat-Cathy, qui passait. Il alla reposer la bouteille sur la table.
— Tu fais le plein ? demanda le nouveau copain de Cat-Cathy. Vous en avez prévu, dans les rations alimentaires de survie ?
— Naturellement, dit Matt. Et des citrons verts lyophilisés pré-salés. Le must.
Le type s’appelait Lido – et non pas Ludo, il le précisait chaque fois qu’il se présentait –, genre chemise blanche-cravate en toutes occasions, le cheveu savamment flou, le bagou haut placé, œil de velours à la demande, mâchoire volontaire, sourire superman : un connard. »
Extrait de : P. Pelot. « Le Chant de l’homme mort – Matthieu Garden. »
Le jour de l’enfant tueur par Pierre Pelot

Fiche de Le jour de l’enfant tueur
Titre : Le jour de l’enfant tueur (Tome 1 sur 2 – Le livre de Ahorn)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1999
Editeur : Bragelonne
Première page de Le jour de l’enfant tueur
« Il y a 35 000 ans, les Anâanni vivaient paisiblement au bord d’un lac de montagne. Un jour, deux femmes ohihani et un homme étrange, aux lèvres cousues et au nez traversé d’une pointe d’os, viennent leur proposer un curieux troc : plusieurs hommes de leur clan ont été tués à la chasse et les Ohihani souhaitent échanger deux de leurs femmes contre le plus fort et le plus vigoureux des Anâanni. Après de longues et fatigantes épreuves, c’est Ahorn qui est désigné pour aller vivre sous les huttes des Ohihani, un sort qu’il accepte volontiers car il sait qu’il y retrouvera Ene’a.
Mais une fois là-bas, la réalité est tout autre et Ahorn comprend qu’il a été berné. Ene’a a été enlevée par des chasseurs ohisihan, et les hommes n’ont pas été tués, mais transformés en nokh, des créatures au nez transpercé et à la bouche cousue qui portent en elles les forces mauvaises et invisibles de la terre. »
Extrait de : P. Pelot. « Le Livre de Ahorn – Le jour de l’enfant tueur. »
Les faucheurs de temps par Pierre Pelot

Fiche de Les faucheurs de temps
Titre : Les faucheurs de temps (Tome 4 sur 4 – Les raconteurs de nulle part)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1990
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les faucheurs de temps
« Les premières neiges étaient tombées sur le causse au début de décembre, sans abondance, mais avec une opiniâtre constance, jour après jour ; juste ce qu’il fallait pour que le paysage pâlît, barbouillé de grisailles et de lividités malades, toutes véritables couleurs disparues. Parfois, le vent tombait, laissant en paix les nuages qui s’écartaient alors comme sous la poussée du bleu. Le soleil était encore suffisamment chaud pour attaquer la couche blanche, ne fût-ce que pendant deux ou trois heures, dans la journée. L’eau de la fonte qui brillait sur les pierres, affleurant les prés galeux du causse gelait la nuit suivante ; c’est ainsi que le jour nouveau se levait sur de vastes bavures brillantes parmi les herbes cassées et brunies, comme des traces laissées par de gigantesques bêtes au cours de la nuit, de monstrueuses limaces évaporées dans la lumière grise »
Extrait de : P. Pelot. « Les faucheurs de temps – Les raconteurs de nulle part. »
Le ciel sous la pierre par Pierre Pelot

Fiche de Le ciel sous la pierre
Titre : Le ciel sous la pierre (Tome 3 sur 4 – Les raconteurs de nulle part)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1990
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le ciel sous la pierre
« Ce qui s’offrit aux yeux de Troper et d’Alice les laissa muets et bouche bée un long moment.
Sans doute elle s’était attendue à découvrir l’extraordinaire mais pas maintenant, pas si tôt. Pas cet extraordinaire-là.
Qu’elle devait bien vite adopter et assimiler. Dont elle devait bien vite faire son ordinaire.
C’est pourquoi elle était ici. Pour ne plus s’étonner de rien – une fois déjà, et ce n’était pas si ancien, et cela semblait déjà si loin, la stupéfaction était tombée sur elle. Cela suffisait bien. Elle n’en était toujours pas revenue.
Elle en gardait comme une sécheresse à la base de la langue, au fond de la gorge, qui se signalait à elle à chaque inspiration. Comme une aigreur douceâtre au creux de l’estomac, un goût de fer permanent dans la salive. »
Extrait de : P. Pelot. « Le ciel sous la pierre – Les raconteurs de nulle part. »
Les forains du bord du gouffre par Pierre Pelot

Fiche de Les forains du bord du gouffre
Titre : Les forains du bord du gouffre (Tome 2 sur 4 – Les raconteurs de nulle part)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1990
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les forains du bord du gouffre
« À une époque, le cadran de la montre avait été lumineux, mais c’était avant qu’on n’en fasse cadeau à Troper – d’ailleurs, le type n’en avait pas fait mystère en lui donnant l’objet (tout ce qui lui restait de valeur pour payer sa dette de jeu) : « À part son cadran lumineux qui ne marche plus, elle vaut encore du fric, tu pourras la revendre quand tu voudras…»
Troper l’entendait encore. Mais il n’avait pas revendu la montre, l’avait fixée une fois pour toutes à son poignet et ne l’en avait jamais retirée, même pour se laver.
C’était un chrono-bracelet comme il en existe des millions, à l’écran encastré dans une sorte de gaine en plastique caoutchouteux hérissée de boutons qui commandaient un nombre impressionnant de fonctions, auxquelles Troper n’avait jamais rien compris. »
Extrait de : P. Pelot. « Les Forains Du Bord Du Gouffre – Les raconteurs de nulle part. »
Le présent du fou par Pierre Pelot

Fiche de Le présent du fou
Titre : Le présent du fou (Tome 1 sur 4 – Les raconteurs de nulle part)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1990
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le présent du fou
« L’homme s’immobilisa enfin.
Non pas d’un seul coup, mais comme si l’élan de la marche était plus fort que sa volonté, le poussant en avant pour quelques dizaines de mètres encore après qu’il eut décidé de s’arrêter. Comme une mécanique au ressort d’acier détendu, se mouvant bravement jusqu’à son dernier soubresaut. Il y avait effectivement quelque chose d’une machine dans son allure – mais pas dans les yeux, pas dans l’expression qui creusait durement (pour ne pas dire ravageait) ses traits. Car une machine n’exprime rien, et certainement pas cet au-delà de la fatigue qui, plus qu’un visage, pétrissait un masque à l’homme aux cheveux longs. Une machine exprime encore moins la peur. »
Extrait de : P. Pelot. « Le présent du fou – Les raconteurs de nulle part. »
Ce chasseur-là par Pierre Pelot

Fiche de Ce chasseur-là
Titre : Ce chasseur-là (Tome 6 sur 6 – Les hommes sans futur)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1985
Editeur : Pocket
Première page de Ce chasseur-là
« UNE expression de grande fragilité se répandit sur les traits de Nathan Berne. S’il avait pu tricher jusqu’alors et jouer sans faillir son personnage de roc, il abandonna. Il oublia. Pour quelques secondes, pas davantage, une simple lézarde, mais cela n’avait pas échappé à cette attention aiguisée que lui portait en coin, sur le bord d’un œil noir et plissé, Lok Deagless, l’assistant de labo. Nathan Berne grogna. Puis il recommença de mâcher son éternel chewing-gum, lentement, et porta à son visage sa grosse patte aux doigts courts. Il comprima durement ses muscles faciaux relâchés, imprimant de vraies traces sous ses pommettes et sur ses joues bleuies de barbe. Quand sa main retomba, il avait retrouvé son expression ordinaire, ce masque à la fois dur et tranquille que rien ne semblait pouvoir fissurer.
Mais il y avait eu fissure. Précisément. »
Extrait de : P. Pelot. « Ce chasseur-là – Les hommes sans futur. »