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Contes extraordinaires par Edgar Allan Poe

Fiche de Contes extraordinaires

Titre : Contes extraordinaires
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1888
Traduction :
Editeur : Bnf

Sommaire de Contes extraordinaires

  • Le scarabée d’or
  • Le puits et le pendule
  • Le portrait ovale
  • La lettre volée
  • Le chat noir
  • Double assassinat dans la rue Morgue
  • Hop-frog
  • La vérité sur le cas de M. Valdemar
  • Le corbeau

Première page de Le scarabée d’or

« Je nouai relation, il y a quelques années, avec un certain William Legrand. D’une bonne et ancienne famille protestante, il avait été riche jadis, mais des malheurs réitérés l’avaient réduit à la misère. Pour se soustraire à l’humiliation de ses revers, il abandonna la Nouvelle-Orléans, sa ville natale, et vint habiter l’île de Sullivan, près Charleston, dans la Caroline du Sud.
Cette île est fort bizarre. Elle a trois milles de long et n’est composée que de sable de mer, sa
largeur ne dépasse pas un quart de mille. Une crique, presque invisible, qui filtre au travers de roseaux peuplés d’oiseaux aquatiques, la sépare du continent. C’est une végétation faible et chétive ; on n’y rencontre pas un gros arbre. A l’extrémité occidentale, près du fort Moultrie, au milieu de constructions en bois, habitées l’été par des gens qui fuient les fièvres de Charleston, le palmier nain sétigère donne un peu d’ombre, c’est tout. Des broussailles de myrte couvrent le reste de l’île, et la transforment en un taillis parfumé, presque impénétrable. »

Extrait de : E. A. Poe. « Contes extraordinaires. »

Contes grotesques par Edgar Allan Poe

Fiche de Contes grotesques

Titre : Contes grotesques
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1882
Traduction : E. Hennequin
Editeur : Bnf

Sommaire de Contes grotesques

  • Contes grotesques
    • L’inhumation prématurée
    • L’homme sans souffle
    • Une mystification
    • Le philosophe bon-bon
    • La découverte de von Kempelen
    • Un entrefilet aux X
    • La caisse oblongue
    • Ne pariez jamais votre tête au diable
    • Le journal de Julius Rodman
  • Marginalia

Première page de L’inhumation prématurée

« Il est certains sujets portant en eux un intérêt poignant, mais qui causent trop d’horreur pour qu’on puisse légitimement les traiter dans une fiction. Les romanciers, s’ils ne veulent offenser ou dégoûter le lecteur, doivent éviter de les mettre en œuvre. On ne peut y toucher que sanctionné et soutenu par la majesté du vrai. Le passage de la Bérésina, le tremblement de terre de Lisbonne, la peste de Londres, le massacre de la Saint-Barthélemy, la mort des cent vingt-trois prisonniers étouffés dans le trou noir de Calcutta, nous font passer par la plus intense des souffrances voluptueuses. Mais c’est le fait, c’est la réalité historique qui nous émeuvent dans ces récits. Inventés de toutes pièces, nous les considérerions avec horreur.

Je viens de mentionner les plus augustes et les plus formidables calamités dont on se souvienne. Notre fantaisie y est impressionnée par la grandeur autant que par la nature de la catastrophe. Mais je n’ai pas besoin de rappeler au lecteur que, dans la liste longue et fatale des infortunes humaines, j’aurais pu choisir des exemples individuels plus saturés d’horreur, qu’aucun de ces vastes désastres. »

Extrait de : E. A. Poe. « Contes grotesques. »

William Wilson par Edgar Allan Poe

Fiche de William Wilson

Titre : William Wilson
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1839
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de William Wilson

« Qu’il me soit permis, pour le moment, de m’appeler William Wilson. La page vierge étalée devant moi ne doit pas être souillée par mon véritable nom. Ce nom n’a été que trop souvent un objet de mépris et d’horreur, – une abomination pour ma famille. Est-ce que les vents indignés n’ont pas ébruité jusque dans les plus lointaines régions du globe son incomparable infamie ? Oh ! de tous les proscrits, le proscrit le plus abandonné ! – n’es-tu pas mort à ce monde à jamais ? à ses honneurs, à ses fleurs, à ses aspirations dorées ? – et un nuage épais, lugubre, illimité, n’est-il pas éternellement suspendu entre tes espérances et le ciel ?

Je ne voudrais pas, quand même je le pourrais, enfermer aujourd’hui dans ces pages le souvenir de mes dernières années d’ineffable misère et d’irrémissible crime. »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « William Wilson. »

Une descente dans le maelström par Edgar Allan Poe

Fiche de Une descente dans le maelström

Titre : Une descente dans le maelström
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1841
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de Une descente dans le maelström

« Nous avions atteint le sommet du rocher le plus élevé. Le vieil homme, pendant quelques minutes, sembla trop épuisé pour parler.
— Il n’y a pas encore bien longtemps, – dit-il à la fin – je vous aurais guidé par ici aussi bien que le plus jeune de mes fils. Mais, il y a trois ans, il m’est arrivé une aventure plus extraordinaire que n’en essuya jamais un être mortel ou du moins telle que jamais homme n’y a survécu pour la raconter, et les six mortelles heures que j’ai endurées m’ont brisé le corps et l’âme. Vous me croyez très vieux, mais je ne le suis pas. Il a suffi du quart d’une journée pour blanchir ces cheveux noirs comme du jais, affaiblir mes membres et détendre mes nerfs au point de trembler après le moindre effort et d’être effrayé par une ombre. Savez-vous bien que je puis à peine, sans attraper le vertige, regarder par-dessus ce petit promontoire. »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « Une descente dans le maelström. »

Un événement à Jérusalem par Edgar Allan Poe

Fiche de Un événement à Jérusalem

Titre : Un événement à Jérusalem
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1832
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de Un événement à Jérusalem

«  Hâtons-nous d’aller aux remparts, dit Abel-Phittim à Buzi-ben-Lévi et à Siméon le pharisien, le dixième jour du mois Thammuz, en l’an du monde trois mille neuf cent quarante et un ; hâtons-nous vers les remparts qui avoisinent la porte de Benjamin, qui est dans la cité de David, et qui dominent le camp des incirconcis. C’est la dernière heure de la quatrième veille, et voici le soleil levé ; et les idolâtres, pour remplir la promesse de Pompée, doivent nous attendre avec les agneaux des sacrifices. »

Siméon, Abel-Phittim et Buzi-ben-Lévi étaient les Gizbarim, ou sous-collecteurs de l’offrande, dans la cité sainte de Jérusalem. »

Extrait de : Edgar Allan Poe. «  Un événement à Jérusalem. »

Souvenirs de M. Auguste Bedloe par Edgar Allan Poe

Fiche de Souvenirs de M. Auguste Bedloe

Titre : Souvenirs de M. Auguste Bedloe
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1844
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de Souvenirs de M. Auguste Bedloe

« Vers la fin de l’année 1827, pendant que je demeurais près de Charlottesville, dans la Virginie, je fis par hasard la connaissance de M. Auguste Bedloe. Ce jeune gentleman était remarquable à tous égards et excitait en moi une curiosité et un intérêt profonds. Je jugeai impossible de me rendre compte de son être tant physique que moral. Je ne pus obtenir sur sa famille aucun renseignement positif. D’où venait-il ? Je ne le sus jamais bien. Même relativement à son âge, quoique je l’aie appelé un jeune gentleman, il y avait quelque chose qui m’intriguait au suprême degré. Certainement il semblait jeune, et même il affectait de parler de sa jeunesse ; cependant, il y avait des moments où je n’aurais guère hésité à le supposer âgé d’une centaine d’années. Mais c’était surtout son extérieur qui avait un aspect tout à fait particulier. Il était singulièrement grand et mince ; – se voûtant beaucoup ; – les membres excessivement longs et émaciés ; – le front large et bas ; – une complexion absolument exsangue ; – sa bouche, large et flexible, et ses dents, quoique saines, plus irrégulières que je n’en vis jamais dans aucune bouche humaine. »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « Souvenirs de M. Auguste Bedloe. »

Silence par Edgar Allan Poe

Fiche de Silence

Titre : Silence
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1837
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de Silence

« Ecoute-moi, – dit le Démon, en plaçant sa main sur ma tête. – La contrée dont je parle est une contrée lugubre en Libye, sur les bords de la rivière Zaïre. Et là, il n’y a ni repos ni silence.

Les eaux de la rivière sont d’une couleur safranée et malsaine ; et elles ne coulent pas vers la mer, mais palpitent éternellement, sous l’oeil rouge du soleil, avec un mouvement tumultueux et convulsif. De chaque côté de cette rivière au lit vaseux s’étend, à une distance de plusieurs milles, un pâle désert de gigantesques nénuphars. Ils soupirent l’un vers l’autre dans cette solitude, et tendent vers le ciel leurs longs cous de spectres, et hochent de côté et d’autre leurs têtes sempiternelles. Et il sort d’eux un murmure confus qui ressemble à celui d’un torrent souterrain. Et ils soupirent l’un vers l’autre. »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « Silence. »

Révélation magnétique par Edgar Allan Poe

Fiche de Révélation magnétique

Titre : Révélation magnétique
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1844
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de Révélation magnétique

« Bien que les ténèbres du doute enveloppent encore toute la théorie positive du magnétisme, ses foudroyants effets sont maintenant presque universellement admis. Ceux qui doutent de ces effets sont de purs douteurs de profession, une impuissante et peu honorable caste. Ce serait absolument perdre son temps aujourd’hui que de s’amuser à prouver que l’homme, par un pur exercice de sa volonté, peut impressionner suffisamment son semblable pour le jeter dans une condition anormale, dont les phénomènes ressemblent littéralement à ceux de la mort, ou du moins leur ressemblent plus qu’aucun des phénomènes produits dans une condition normale connue ; que, tout le temps que dure cet état, la personne ainsi influencée n’emploie qu’avec effort, et conséquemment avec peu d’aptitude, les organes extérieurs des sens, et que néanmoins elle perçoit, avec une perspicacité singulièrement subtile et par un canal mystérieux, des objets situés au delà de la portée des organes physiques ; que de plus, ses facultés intellectuelles s’exaltent et se fortifient d’une manière prodigieuse »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « Révélation magnétique. »

Quatre bêtes en une par Edgar Allan Poe

Fiche de Quatre bêtes en une

Titre : Quatre bêtes en une
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1836
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de Quatre bêtes en une

« Antiochus Épiphanes est généralement considéré comme le Gog du prophète Ézéchiel. Cet honneur toutefois revient plus naturellement à Cambyse, le fils de Cyrus. Et d’ailleurs, le caractère du monarque syrien n’a vraiment aucun besoin d’enjolivures supplémentaires. Son avènement au trône, ou plutôt son usurpation de la souveraineté, cent soixante et onze ans avant la venue du Christ ; sa tentative pour piller le temple de Diane à Éphèse ; son implacable inimitié contre les Juifs ; la violation du saint des saints, et sa mort misérable à Taba, après un règne tumultueux de onze ans, sont des circonstances d’une nature saillante, et qui ont dû généralement attirer l’attention des historiens de son temps, plus que les impies, lâches, cruels, absurdes et fantasques exploits qu’il faut ajouter pour faire le total de sa vie privée et de sa réputation. »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « Quatre bêtes en une. »

Puissance de la parole par Edgar Allan Poe

Fiche de Puissance de la parole

Titre : Puissance de la parole
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1845
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de Puissance de la parole

« OINOS. – Pardonne, Agathos, à la faiblesse d’un esprit fraîchement revêtu d’immortalité.

AGATHOS. – Tu n’as rien dit, mon cher Oinos, dont tu aies à demander pardon. La connaissance n’est pas une chose d’intuition, pas même ici. Quant à la sagesse, demande avec confiance aux anges qu’elle te soit accordée !

OINOS. – Mais, pendant cette dernière existence, j’avais rêvé que j’arriverais d’un seul coup à la connaissance de toutes choses, et du même coup au bonheur absolu.

AGATHOS. – Ah ! ce n’est pas dans la science qu’est le bonheur, mais dans l’acquisition de la science ! Savoir pour toujours, c’est l’éternelle béatitude ; mais tout savoir, ce serait une damnation de démon.

OINOS. – Mais le Très-Haut ne connaît-il pas toutes choses ?

AGATHOS. – Et c’est la chose unique (puisqu’il est le Très-Heureux) qui doit lui rester inconnue à lui-même.

OINOS. – Mais, puisque chaque minute augmente notre connaissance, n’est-il pas inévitable que toutes choses nous soient connues à la fin ? »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « Puissance de la parole. »