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Les Xipéhuz par J.-H. Rosny aîné
Fiche de Les Xipéhuz
Titre : Les Xipéhuz
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1887
Editeur : Bibliothèque numérique romande
Première page de Les Xipéhuz
« C’était mille ans avant le massement civilisateur d’où surgirent plus tard Ninive, Babylone, Ecbatane.
La tribu nomade de Pjehou, avec ses ânes, ses chevaux, son bétail, traversait la forêt farouche de Kzour, vers le crépuscule du soir, dans l’océan de la mer oblique et le chant du déclin s’enflait, planait, descendait des nichées harmonieuses.
Tout le monde étant très las, on se taisait, en quête d’une belle clairière où la tribu pût allumer le feu sacré, faire le repas du soir, dormir à l’abri des brutes, derrière la double rampe de brasiers rouges.
Les nues s’opalisèrent, les contrées polychromes vaguèrent aux quatre horizons, les dieux nocturnes soufflèrent le chant berceur, et la tribu marchait encore. Un éclaireur reparut au galop, annonçant la clairière et l’onde, une source pure.
La tribu poussa trois longs cris et tous allèrent plus vite ; des rires puérils s’épanchèrent ; les chevaux et les ânes mêmes, accoutumés à reconnaître l’approche de la halte d’après le retour des coureurs et les acclamations des nomades, fièrement dressaient l’encolure. »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « Les Xipéhuz. »
Récits de science-fiction Tome 2 par J.-H. Rosny aîné
Fiche de Récits de science-fiction Tome 2
Titre : Récits de science-fiction Tome 2
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1973
Editeur : Bibebook
Sommaire de Récits de science-fiction Tome 2
- Les Xipehuz
- La mort de la terre
- Nymphée
- Le cataclysme
Première page de Les Xipehuz
« C’était mille ans avant le massement civilisateur d’où surgirent plus tard Ninive, Babylone, Ecbatane.
La tribu nomade de Pjehou, avec ses ânes, ses chevaux, son bétail, traversait la forêt farouche de Kzour, vers le crépuscule, dans la nappe des rayons obliques. Le chant du déclin s’enflait, planait, descendait des nichées harmonieuses.
Tout le monde étant très las, on se taisait, en quête d’une belle clairière où la tribu pût allumer le feu sacré, faire le repas du soir, dormir à l’abri des brutes, derrière la double rampe de brasiers rouges.
Les nues s’opalisèrent, les contrées illusoires vaguèrent aux quatre horizons, les dieux nocturnes soufflèrent le chant berceur, et la tribu marchait encore. Un éclaireur reparut au galop, annonçant la clairière et l’eau, une source pure.
La tribu poussa trois longs cris ; tous allèrent plus vite : des rires puérils s’épanchèrent ; les chevaux et les ânes même, accoutumés à reconnaître l’approche de la halte, d’après le retour des coureurs et les acclamations des nomades, fièrement dressaient l’encolure.
La clairière apparut. La source charmante y trouait sa route entre des mousses et des arbustes. Une fantasmagorie se montra aux nomades. »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « Récits de science-fiction Tome 2. »
Récits de science-fiction Tome 1 par J.-H. Rosny aîné
Fiche de Récits de science-fiction Tome 1
Titre : Récits de science-fiction Tome 1
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1973
Editeur : Bibebook
Sommaire de Récits de science-fiction Tome 1
- Un autre monde
- Les navigateurs de l’infini
- Le jardin de Mary
- Dans le monde des variants
Première page de Un autre monde
« Je suis natif de la Gueldre. Notre patrimoine se réduit à quelques acres de bruyère et d’eau jaune. Des pins croissent sur la bordure, qui frémissent avec un bruit de métal. La ferme n’a plus que de rares chambres habitables et meurt pierre à pierre dans la solitude. Nous sommes d’une vieille famille de pasteurs, jadis nombreuse, maintenant réduite à mes parents, ma sœur et moi-même.
Ma destinée, assez lugubre au début, est devenue la plus belle que je connaisse : j’ai rencontré Celui qui m’a compris ; il enseignera ce que je suis seul à savoir parmi les hommes. Mais longtemps j’ai souffert, j’ai désespéré, en proie au doute, à la solitude d’âme, qui finit par ronger jusqu’aux certitudes absolues.
Je vins au monde avec une organisation unique. Dès l’abord, je fus un objet d’étonnement. Non que je parusse mal conformé : j’étais, m’a-t-on dit, plus gracieux de corps et de visage qu’on ne l’est d’habitude en naissant. Mais j’avais le teint le plus extraordinaire, une espèce de violet pâle – très pâle, mais très net. »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « Récits de science-fiction Tome 1. »
Un autre monde par J.-H. Rosny aîné
Fiche de Un autre monde
Titre : Un autre monde
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1895
Editeur : La revue de Paris
Première page de Un autre monde
« Je suis natif de la Gueldre. Notre patrimoine se réduit à quelques acres de bruyère et d’eau jaune. Des pins croissent sur la bordure, qui frémissent avec un bruit de métal. La ferme n’a plus que de rares chambres habitables et meurt pierre à pierre dans la solitude. Nous sommes d’une vieille famille de pasteurs, jadis nombreuse, maintenant réduite à mes parents, ma sœur et moi-même.
Ma destinée, assez lugubre au début, est devenue la plus belle que je connaisse : j’ai rencontré Celui qui m’a compris ; il enseignera ce que je suis seul à savoir parmi les hommes. Mais longtemps j’ai souffert, j’ai désespéré, en proie au doute, à la solitude d’âme, qui finit par ronger jusqu’aux certitudes absolues.
Je vins au monde avec une organisation unique. Dès l’abord, je fus un objet d’étonnement. Non que je parusse mal conformé : j’étais, m’a-t-on dit, plus gracieux de corps et de visage qu’on ne l’est d’habitude en naissant. Mais j’avais le teint le plus extraordinaire, une espèce de violet pâle, très pâle, mais très net. À la lueur des lampes, surtout des lampes à huile, cette nuance pâlissait encore, devenait d’un blanc étrange, comme d’un lis immergé sous l’eau. »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « Un autre monde. »
Tabubu par J.-H. Rosny aîné
Fiche de Tabubu
Titre : Tabubu
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1893
Editeur : E. Dentu
Première page de Tabubu
« … La reine, ma mère, disait au roi :
« — C’est toi qui m’as fait tort, si je n’ai point d’enfants après les deux premiers. N’est-ce donc point une chose juste d’unir maintenant un enfant avec l’autre, le fils avec la fille ? »
« Mais le roi n’accueillit point tout d’abord cette demande, il répondit :
« — Notre fils, Ptahneferka s’unira avec la fille d’un grand chambellan, et, pour notre fille Ahura, je la ferai épouser par le fils d’un autre grand chambellan. Il n’en manque sûrement point de notre parenté ! »
« Ainsi répondit le roi mon père à la reine, et le jour arriva où devait se donner le divertissement pour mon mariage. Les serviteurs vinrent à moi et me conduisirent à la fête. J’étais belle suprêmement, et comme transformée depuis la veille. »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « Tabubu. »
Les profondeurs de Kyamo par J.-H. Rosny aîné
Fiche de Les profondeurs de Kyamo
Titre : Les profondeurs de Kyamo
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1896
Editeur : Plon
Sommaire de Les profondeurs de Kyamo
- Les profondeurs de Kyamo
- La contrée prodigieuse des cavernes
- Le champion
- Le combat
- L’exécution
- Dans l’ombre
- Le sacrifice
- L’enfant
- La mine d’or
- Le monstre
- La charité amoureuse
- Le rendez-vous
- La juste adultère
- La veuve
- La part du feu
- La confidence
- L’oiseau des bagnes
- Dans la montagne
- Le végétarien
- Un baiser
- Le barbe-bleue du divorce
- Le mal du bonheur
- La tentation
- Lydia
Première page de Les profondeurs de Kyamo
« C’était le soir, au village nègre d’Ouan-Mahléi, proche, à l’Orient, de la forêt Kyamo, une des plus vastes du Continent mystérieux.
Au firmament, la lune, écornée par le décours, flottait entre des nuages à peine visibles, nuages longs, frêles, en forme d’esquifs, qui tous partaient, se perdaient lentement vers un même horizon. La plaine se prolongeait en ondes légères, avec des palmiers sur les hauteurs ; par ce mois de floraisons, la confidence des parfums, suave dans les chuchotis de la brise, semblait le verbe profond et pénétrant des plantes, l’hymne de leur amour, de leur ardeur à croître et se multiplier.
Le vent se levait, se taisait alternativement. Il était triste et doux comme le ciel sous sa couverture mince de nues. Il soulevait, dans un rythme de mouvement et de musique, pour l’œil et pour l’oreille, les herbes longues, les feuillages dentelés. Des insectes vibraient ; on entendait par intervalles le rugissement d’un lion, et, plus lointain, le rugissement d’un autre lion, puis des cris, des abois, des rumeurs imprécises. Tout cela, comme la brise, s’interrompait en de magnifiques silences.
»
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « Les profondeurs de Kyamo. »
Les navigateurs de l’infini par J.-H. Rosny aîné
Fiche de Les navigateurs de l’infini
Titre : Les navigateurs de l’infini
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1925
Editeur : La nouvelle revue critique
Première page de Les navigateurs de l’infini
« 8 Avril. — Notre vaisseau vogue dans la nuit éternelle ; les rayons du soleil nous frapperaient durement, à travers l’argine, si nous ne disposions pas d’appareils qui atténuent, diffusent ou suppriment la lumière, à notre gré.
Notre vie est aussi aride que la vie des captifs ; dans l’étendue morte, les astres ne sont que de monotones points de feu ; notre tâche se borne à de menus soins d’entretien et de surveillance ; tout ce que les appareils doivent faire jusqu’à l’heure de l’atterrissage est rigoureusement déterminé. Aucun obstacle ; rien qui exige un changement d’orientation ; une vie intérieure subordonnée à la machinerie. Nous avons des livres, des instruments de musique, des jeux. L’esprit d’aventure nous soutient, une espérance démesurée quoique amortie par l’attente…
La prodigieuse vitesse qui nous entraîne équivaut à une suprême immobilité. Profond silence : nos appareils — générateurs et transformateurs — ne font pas de bruit ; les vibrations sont d’ordre éthérique… Ainsi, rien ne décèle le bolide lancé dans les solitudes interstellaires… »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « Les navigateurs de l’infini. »
Le termite par J.-H. Rosny aîné
Fiche de Le termite
Titre : Le termite
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1889
Editeur : Albert Savine
Première page de Le termite
« Noël Servaise allait s’endormir ; déjà survenait la charmante torpeur avant-coureuse, sourire de toute la chair. Une odeur fameuse le pénétra comme une menace d’incendie. C’étaient des senteurs de cigares, ramenées par la position de la tête, senteurs où filtrait une essence fine comme une stellaire dans une forêt :
— L’héliotrope de Mme Chavailles !
Fermant bien fort les yeux, il crut rejoindre le sommeil. Mais le mauvais pli naquit, le chiffonnage imperceptible qui suffit à gâter une nuit de nerveux. Le monde intellectuel trembla dans Servaise. Il revécut le délice du thé, des femmes et des lampes harmonieuses. Il revit Mme Chavailles croquer des crevettes roses ; les cailles, la sole fraîche, les vins subtils reparurent dans le babil d’un préfet sur le mouchardage politique ; la voix de Myron s’éleva pour dire la « Bataille des hêtres et des bouleaux » aux forêts de Scandinavie :
— Myron a toujours l’air d’avoir préparé sa conférence ! »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « Le Termite. »
Le coffre-fort par J.-H. Rosny aîné
Fiche de Le coffre-fort
Titre : Le coffre-fort
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1914
Editeur :
Sommaire de Le coffre-fort
- Le coffre-fort
- La maraudeuse
- Le quinquet
- L’étrange dévouement
- Le mage rustique
- Le mitron
- L’entôleuse
- La grande bringue
- L’arracheuse d’amour
- La première maîtresse
- L’ivrognesse
- L’obstacle
- Le Terre-Neuve
- Wagner
- Pour un baiser
- Résignation
- L’amende
- La chance
- Le larcin
- La haine de soi
- La petite cousine
- Transposition
- Le mauvais oeil
- L’effarant scrupule
Première page de Le coffre-fort
« Jacques vit Louise sur la terrasse. La brise enveloppait la jeune fille et lui donnait une vie plus fluide, une vie de nuage et de fontaine. Sa robe blanche déferlait ; les cheveux de poix, à chaque coup de vent, jetaient une lueur violette. C’était une image berbère, presque sauvage, d’une grâce désordonnée et tout à fait passionnante, avec les yeux d’une fille d’Irlande, deux flammes d’aigue-marine, qui bleuissaient dans les pénombres. Jacques Vérane l’aimait. Il la connaissait âpre, violente, et d’une fidélité sans bornes, plutôt capable d’un crime que d’une trahison. Elle gardait son mystère, mystère de vierge aventureuse qui se méfie de d’amour, des circonstances et des hommes.
Elle le regarda avec anxiété ; il admirait ce teint d’Estramadure, magnifiquement pâle, ces lèvres lumineuses, et défaillait de tendresse. Elle lui tendit la main, cette petite main avait la fièvre :
— Il est inquiet… il a besoin de vous ! dit-elle d’une voix trouble. »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « Le Coffre-fort. »
La vague rouge par J.-H. Rosny aîné
Fiche de La vague rouge
Titre : La vague rouge
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1909
Editeur : Plon
Première page de La vague rouge
« C’était vers le crépuscule, en avril. Le soleil croulait sur la banlieue sinistre. Déjà rouge, il ouvrait une gueule de fournaise à la cime d’un peuplier, entre deux cheminées d’usine, hautes comme des clochers.
Un homme s’arrêta sur la route, près de Gentilly. Il considéra le paysage misérable et puissant, les fumées vénéneuses, l’occident frais et jeune comme aux temps de la Gaule celtique. Malgré les toits, les fourneaux, les cheminées, les dures fabriques, malgré les tramways, les automobiles et les locomotives, c’était, comme pour les premiers êtres, le mariage de la terre et du soleil, toute force puisée dans cet immense feu de l’espace : la forêt vierge et les grandes industries ne sont pas des choses opposées, ce sont des choses analogues.
L’homme, levant la trique qu’il tenait au poing, grommela :
— Il faut en finir avec la houille !
Une poudre crayeuse blanchissait ses bottines et grisaillait les grandes ailes de son chapeau. »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « La Vague rouge. »