Étiquette : Strougatski
Un milliard d’années avant la fin du monde par A. et B. Strougatski
Fiche d’Un milliard d’années avant la fin du monde
Titre : Un milliard d’années avant la fin du monde
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1976
Traduction : S. Delmotte
Editeur : Fleuve noir
Première page d’Un milliard d’années avant la fin du monde
« … la canicule torride, blanche, du mois de juillet, canicule comme il n’y en avait eu depuis deux siècles, inonda la ville. Des brumes de chaleur se mouvaient au-dessus des toits incandescents, toutes les fenêtres étaient grandes ouvertes, des petites vieilles installées sur de petits bancs à l’entrée des immeubles suaient et fondaient dans l’ombre chétive des arbres languissants.
Le soleil franchit le méridien et enfonça son aiguillon dans les dos martyrs des livres, frappa le verre des rayonnages, les portes polies de l’armoire, et de méchants reflets brûlants tremblèrent sur les papiers peints. Arrivait le calvaire de l’après-midi, cet instant déjà proche où le soleil, enragé, s’accrochant à mort aux onze étages de la maison d’en face, forait l’appartement de part en part.
Malianov ferma la fenêtre – les doubles vitres – et tira complètement le lourd rideau jaune. Puis, ayant remonté son caleçon, il passa à la cuisine, faisant du bruit avec ses pieds nus, et ouvrit la porte du balcon. Il était deux heures sonnées. »
Extrait de : A. et B. Strougatski. « Un milliard d’années avant la fin du monde. »
Un gars de l’enfer par A. et B. Strougatski
Fiche d’Un gars de l’enfer
Titre : Un gars de l’enfer
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1974
Traduction : B. Du Crest
Editeur : Denoël
Première page d’Un gars de l’enfer
« Ce trou ! Jamais je n’ai vu de bled pareil, je ne savais même pas que ça pouvait exister. Les maisons, bâties sur pilotis, hautes comme des miradors, étaient rondes, noires et sans fenêtres. Sous chacune d’elles, c’était un fouillis de jarres, de baquets, de chaudrons rouillés, de râteaux et de pelles… La-terre du sol luisait d’usure, tant elle était brûlée, foulée, battue. Des filets de pêche, secs, pendaient un peu partout. Que peuvent-ils bien pêcher dans ces marécages qui s’étendent à perte de vue et empestent pis qu’un tas d’ordures ?… Dire que des êtres humains moisissent depuis des siècles dans ce trou infect et que, sans le duc, ils y moisiraient encore mille ans ! Le Nord, quoi, un pays de sauvages… Naturellement, pas le moindre habitant en vue. Probable qu’ils ont déguerpi, de gré ou de force, à moins qu’ils ne se cachent dans leurs tanières…
Sur la place, devant le dépôt de chasse, une fumée montait d’une cantine de l’armée, dont on »
Extrait de : A. et B. Strougatski. « Un gars de l’enfer. »
Stalker par A. et B. Strougatski
Fiche de Stalker
Titre : Stalker, pique-nique au bord du chemin
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1972
Traduction : S. Delmotte
Editeur : Denoël
Première page de Stalker
« EXTRAIT DE L’INTERVIEW DU DOCTEUR VALENTIN PILMAN À L’OCCASION DE LA REMISE DU PRIX NOBEL DE PHYSIQUE EN 19…, ACCORDÉ À L’ENVOYÉ SPÉCIAL DE LA RADIO DE HARMONT
« … Docteur Pilman, votre première découverte sérieuse est, sans doute, celle de ce qu’on appelle “radiant de Pilman”.
— Je ne le pense pas. Le radiant de Pilman n’est ni la première, ni sérieuse ni, en fait, une découverte. Et, de plus, pas tellement la mienne.
— Vous devez plaisanter, docteur. Le radiant de Pilman c’est une notion connue de tous les écoliers.
— Cela ne m’étonne pas. C’est précisément par un écolier que le radiant de Pilman a été découvert. Malheureusement, je ne me souviens pas de son nom. Regardez chez Stetson, dans son Histoire de la Visite, il raconte tout en détail. Le radiant a été découvert par un écolier, les coordonnées ont été publiées pour la première fois par un étudiant et, curieusement, c’est mon nom qu’on lui a donné.
— Oui, les découvertes ont parfois des destins étranges. Ne pourriez-vous pas, docteur Pilman, expliquer à nos auditeurs… »
Extrait de : A. et B. Strougatski. « Stalker. »
Les vagues éteignent le vent par A. et B. Strougatski
Fiche de Les vagues éteignent le vent
Titre : Les vagues éteignent le vent
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1985
Traduction : S. Delmotte
Editeur : Denoël
Première page de Les vagues éteignent le vent
« Je m’appelle Maxime Kammerer. J’ai quatre-vingt-neuf ans.
Un jour, il y a très, très longtemps, j’ai lu un récit ancien qui commençait ainsi. Je me souviens, j’avais songé à l’époque que si je devais dans l’avenir écrire un mémoire, je le commencerais exactement de la même façon. Cela dit, le texte que je propose ne peut pas, stricto sensu, être considéré comme un mémoire ; par ailleurs, il devrait débuter par une lettre que j’ai reçue il y a environ un an :
Kammerer,
Vous avez, naturellement lu les fameuses Cinq biographies du siècle. Je vous prie de m’aider à trouver qui se cache sous les pseudonymes P. Soroka et E. Brown. Cela vous sera plus facile qu’à moi.
M. Gloumova
Le 13 juin 125 Novgorod »
Extrait de : A. et B. Strougatski. « Les vagues éteignent le vent. »
Les revenants des étoiles par A. et B. Strougatski
Fiche de Les revenants des étoiles
Titre : Les mutants du brouillard
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1962
Traduction : P. Mazel
Editeur : Le rayon fantastique
Première page de Les revenants des étoiles
« LES ANCIENS
Lorsque le second dispatcher, Boris Barne, rentra dans la cabine de la tour de contrôle, son collègue Sémenev n’avait pas bougé : il était toujours debout devant l’écran, les mains enfoncées dans les poches, regardant anxieusement un point blanc qui progressait lentement sur le réseau des courbes de coordonnées.
« Quelle position maintenant ? demanda Serge.
— Dépassé Madagascar. Neuf mégamètres, répondit le dispatcher sans se retourner.
— Neuf mégamètres !… et quelle vitesse ?
— Moyenne… et puis ! quoi encore pour ton service ?
— Du calme ! du calme ! Nous n’y pouvons rien… ils ont heurté le radiophare spatial, et il n’est pas…»
Le dispatcher étouffa un juron, ne le laissant pas achever, et s’assit sur le bras de son fauteuil sans quitter l’écran des yeux. »
Extrait de : A. et B. Strugatzki. « Les Revenants Des Étoiles. »
Les mutants du brouillard par A. et B. Strougatski
Fiche de Les mutants du brouillard
Titre : Les mutants du brouillard
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1972
Traduction : P. Chwat
Editeur : Albin Michel
Première page de Les mutants du brouillard
« Lorsque Irma sortit en refermant soigneusement la porte derrière elle, maigre, de longues jambes, souriant avec courtoisie de sa grande bouche aux lèvres éclatantes comme celles de sa mère, Victor s’appliqua à rallumer sa cigarette à demi éteinte. (Ce n’est pas du tout une enfant, pensa-t-il, abasourdi. Les enfants ne parlent pas de la sorte. Ce n’est même pas de la grossièreté, c’est… de la dureté, pas même de la dureté, tout simplement de l’indifférence. C’est comme si elle nous avait démontré un théorème – ayant tout calculé, tout analysé, et ayant gravement annoncé le résultat, elle s’est éloignée en laissant balancer ses nattes et avec une parfaite sérénité.)
Combattant un sentiment de gêne, Victor porta son regard sur Lola. Le visage de celle-ci était couvert de plaques rouges, ses lèvres tremblaient, don- »
Extrait de : A. et B. Strougatski. « Les mutants du brouillard. »
Le scarabée dans la fourmilière par A. et B. Strougatski
Fiche de Le scarabée dans la fourmilière
Titre : Le scarabée dans la fourmilière
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1979
Traduction : S. Delmotte
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le scarabée dans la fourmilière
« MAXIME KAMMERER, EMPLOYÉ DU COMCONE-2
À 13 h 17, je fus convoqué par Excellence. Il ne leva pas les yeux sur moi, ce qui fit que je ne vis que son crâne chauve parsemé de pâles taches de vieillesse ; cette attitude signifiait un haut degré de préoccupation et de mécontentement. Je tiens à préciser tout de suite, que ce n’était pas à cause de moi.
— Assieds-toi.
Je m’assis.
— Il faut trouver un homme, dit-il, et se tut…
Pour longtemps. Il ramassa la peau de son front en plis contrariés, grogna. On aurait pu croire que »
Extrait de : A. et B. Strougatski. « Le scarabée dans la fourmilière. »
Le petit par A. et B. Strougatski
Fiche de Le petit
Titre : Le petit
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1971
Traduction : S. Delmotte
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le petit
« VIDE ET SILENCE
— Tu sais, dit Maïka, j’ai une espèce de pressentiment débile…
Nous nous trouvions près du glider, elle regardait à ses pieds et piochait de son talon le sable gelé.
Je ne sus quoi répondre. Je n’éprouvais aucun pressentiment, mais tout compte fait je ne raffolais pas non plus de cet endroit. Plissant les yeux, je me mis à contempler l’iceberg. Tel un gigantesque bloc de sucre, il pointait au-dessus de l’horizon, un croc crénelé d’un blanc aveuglant, totalement froid, totalement immobile, totalement homogène, sans le moindre scintillement ou miroitement pittoresques – on voyait bien qu’une fois son irruption accomplie, cent mille ans auparavant, dans cette rive plate, sans défense, il était fermement décidé à »
Extrait de : A. et B. Strougatski. « Le Petit. »
Le lundi commence le samedi par A. et B. Strougatski
Fiche de Le lundi commence le samedi
Titre : Le lundi commence le samedi
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1966
Traduction : B. Du Crest
Editeur : Denoël
Première page de Le lundi commence le samedi
« J’approchais de mon lieu de destination. La forêt verdoyante s’avançait tout au bord de la route, ne faisant que rarement place à des clairières couvertes de laiches jaunes. Le soleil, prêt à se coucher depuis un bon bout de temps, ne se décidait toujours pas et restait suspendu au-dessus de l’horizon. La chaussée était étroite et parsemée de gravier. Quand l’auto roulait sur de gros cailloux, les jerricans vides faisaient un bruit de ferraille dans le coffre arrière.
Deux hommes débouchèrent de la forêt et s’arrêtèrent sur le bas-côté en regardant dans ma direction. L’un d’eux leva la main. Je ralentis pour mieux les voir. C’étaient des jeunes gens, un peu plus âgés que moi peut-être et qui me firent l’effet de chasseurs. Leurs visages me plurent et je stoppai. Celui qui avait levé le bras passa par la portière un visage bronzé au nez en bec d’aigle et me demanda en souriant :
— Vous ne pourriez pas nous emmener jusqu’à Solovets ? »
Extrait de : A. et B. Strougatski. « Le lundi commence le samedi. »