Auteur/autrice : CH91
Rien qu’une étoile par Maurice Limat

Fiche de Rien qu’une étoile
Titre : Rien qu’une étoile
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1966
Editeur : Fleuve noir
Première page de Rien qu’une étoile
« On en voyait encore quelques-unes. Elles semblaient dériver dans la nuit.
Épaves du cosmos, elles étaient les derniers vestiges de ce qui avait été la galaxie par excellence, la Voie lactée. La titanesque épidémie semblait maintenant ne plus devoir s’arrêter et les derniers humains ne se faisaient guère d’illusions.
Les dernières étoiles s’éteindraient, comme leurs sœurs, soufflées les unes après les autres pour une raison inconnue, comme si le Créateur, las de son œuvre, faisait disparaître les flambeaux qui formaient la structure cosmique.
Le Grand Sombre triomphait. Ainsi appelait-on le formidable gouffre noir qui s’étendait, dévorant les constellations, laissant, dans l’immensité céleste, des taches de néant semblables à des gueules ouvertes sur l’abîme éternel. »
Extrait de : M. Limat. « Rien qu’une étoile. »
Principe Omicron par Maurice Limat

Fiche de Principe Omicron
Titre : Principe Omicron
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1978
Editeur : Fleuve noir
Première page de Principe Omicron
« — Oh ! Une chauve-souris !
Gilles bâilla, s’étira, ouvrit un œil. Un petit sourire, tout d’indulgence, d’un peu d’ironie, de tendresse aussi, de cette tendresse qu’il prodiguait sans réticence à sa jeune épouse, plissa légèrement ses lèvres :
— Chérie… Tu dis des bêtises !
Françoise se cabra, comme toute femme mise en contradiction :
— Écoute, Gigi, je ne suis pas idiote !
Gilles se redressa d’un effort, se mit sur son séant. Depuis une demi-heure ils avaient fait halte au pied d’un bouquet de hêtres et, dans l’herbe, appréciant un peu d’ombre en ce jour de canicule, ils avaient jeté les vélos au bord de la route pour goûter une sieste quelque peu entrecoupée de manifestations bien légitimes chez un jeune couple. »
Extrait de : M. Limat. « Principe Omicron. »
Planétoïde 13 par Maurice Limat

Fiche de Planétoïde 13
Titre : Planétoïde 13
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1966
Editeur : Fleuve noir
Première page de Planétoïde 13
« Les nouvelles étaient franchement mauvaises. Le train d’astéroïdes était signalé aux confins du système et, là-bas, sur les planètes Un, Sept et Neuf, les principales du monde de Ftô, les savants établissaient leurs calculs.
Ils étaient tous d’accord. Cette pluie de météorites, venue de quelque part et allant Dieu savait où à travers la galaxie, traverserait Ftô et éviterait les orbites de douze des treize planètes constituant le système autour du soleil central.
C’était, pour le monde scientifique, une chose du plus haut intérêt.
D’autant que ces messieurs, de l’observatoire au laboratoire, ne risquaient pas grand-chose.
Ils observeraient tout à loisir une rareté astronomique. Sans encourir le moindre péril puisque aucun d’entre eux n’avait élu domicile sur la planète Treize, une des plus petites de Ftô et, à coup sûr, la plus déshéritée. »
Extrait de : M. Limat. « Planétoïde 13. »
Par le fer et la magie par Maurice Limat

Fiche de Par le fer et la magie
Titre : Par le fer et la magie
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1964
Editeur : Fleuve noir
Première page de Par le fer et la magie
« FLORESTAN AVAIT EU l’impression que donne le choc de deux épées. Deux regards qui se croisent, un éclair qui jaillit.
Il n’était pas là tout à fait par hasard. Sa mission l’y amenait. En principe, le jeune chevalier Florestan de Liancourt promenait ses dix-neuf ans en Italie, et présentement à Venise, par ce bel automne 1763, pour parachever son éducation.
Seulement, le comte de Liancourt, son père, l’avait envoyé en Vénitie en accord avec son vieil ami, le cardinal de Bernis lequel, comme le savait toute l’Europe, demeurait le meilleur ami et conseiller de la marquise de Pompadour, dont le rôle, cependant, semblait sur son déclin.
La foule tourbillonnait sur la place Saint-Marc et la Piazzetta. Florestan était ébloui et tout lui était joie, le décor prestigieux de la cité des Doges avec ses palais exceptionnels, son faste incomparable, ses monuments éclatants et colorés comme un livre d’heures. Et aussi l’enchantement des artères aquatiques, le pittoresque d’un monde où toutes les races semblaient frayer dans une débauche de costumes venus d’Orient et du Septentrion, des Indes lointaines et de l’Afrique énigmatique. »
Extrait de : M. Limat. « Par le fer et la magie. »
Océan, mon esclave par Maurice Limat

Fiche de Océan, mon esclave
Titre : Océan, mon esclave
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1961
Editeur : Fleuve noir
Première page de Océan, mon esclave
« — Le caillou !… Rolf !… Sauve le caillou !… Tu entends ?… Je t’en prie, Rolf… Réponds-moi… dis quelque chose…
Rolf devinait les mots plus qu’il ne les entendait, dans l’abominable vacarme.
Depuis que l’Astral avait pénétré dans l’exosphère, de cette redoutable façon, fini le grand silence interplanétaire qui, depuis des temps et des temps, régnait sur l’astronef. Maintenant, c’était en permanence le vrombissement assourdissant qui détraquait les cerveaux, qui rendait fous les voyageurs de l’espace…
Une boule de nature inconnue bloquait la gorge de Rolf. Il savait qu’elle était là, cancer né de son angoisse, de son horreur. »
Extrait de : M. Limat. « Océan, mon esclave. »
Monsieur Cosmos par Maurice Limat

Fiche de Monsieur Cosmos
Titre : Monsieur Cosmos
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1956
Editeur : Editions du Triangle
Première page de Monsieur Cosmos
« Rien…
Il n’y avait plus rien au-delà de la barrière. Maintenant, ils commençaient à en avoir
conscience.
Le sphéronef avait parcouru des distances incommensurables. Il était quasi impossible de dire en quel point de l’univers l’appareil était parvenu. Ils avaient dépassé les galaxies, atteint cette limite jamais entrevue qu’avec de prodigieux télescopes, et où les mondes, s’éloignant du centre du Cosmos à la vitesse de la lumière, semblaient en voie de disparition.
Le docteur Artis et ses trois élèves savaient maintenant qu’il n’en était rien.
Les galaxies, atteignant la vitesse-masse totale, celle de la lumière, ne se fondaient pas dans le Néant, comme l’avaient cru certains rêveurs.
Elles continuaient leur course éternelle, non directement, mais selon la loi du Grand Courbe.
— Einstein avait raison, murmura Artis.
Dans le doux regard de Lilia, dans l’œil bleu ardent du vigoureux Luc, dans les iris couleur d’agate d’Éric, une même flamme brilla à ces paroles du maître. »
Extrait de : M. Limat. « Monsieur Cosmos. »
Moi, vampire par Maurice Limat

Fiche de Moi, vampire
Titre : Moi, vampire
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1966
Editeur : Fleuve noir
Première page de Moi, vampire
« J’ai le soleil dans l’œil. C’est très gênant quand on est au volant, chacun sait cela. Il y a des conducteurs qui prennent les choses à la légère, c’est une question de tempérament. Moi, qui suis plutôt de nature ce qu’on appelle un scrupuleux, un tourmenté, je ne grimpe pas dans mon auto sans cette petite crainte qui ne me lâche jamais.
Pourvu que je ne provoque pas un accident.
Suzy se moquait de moi. Quand j’étais avec Suzy, et que je croyais bien que nous finirions par nous marier. Mais Suzy est partie et…
Mais tout cela est sans intérêt. Je suis seul et je rumine encore mon chagrin de notre rupture. Cela ne regarde personne.
C’est peut-être un peu à cause de cela, tout de même, que je me suis arrangé pour rester en place le moins possible. Le Cabinet Desvignes, qui emploie mes services de jeune architecte débutant – en attendant que je puisse avoir les moyens de m’établir à mon compte – m’a donné une excellente occasion de me changer les idées, en m’expédiant en Provence. »
Extrait de : M. Limat. « Moi, vampire. »
Moi, un robot par Maurice Limat

Fiche de Moi, un robot
Titre : Moi, un robot
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1960
Editeur : Fleuve noir
Première page de Moi, un robot
« J’ai assisté au châtiment, avec une foule d’autres. Les Robotis étaient là
également. Nos maîtres, les Hommes, exigent que les punitions soient publiques,
pour l’exemple.
Robots et Robotis étaient en troupeau, mornes et accablés. Ils ont regardé le Robot, torse nu, attaché au poteau, et qu’un autre Robot a frappé de vingt coups de lanière. C’est la Loi. Nous ne sommes que des machines, que les Hommes font fabriquer pour être à leur service et si l’un d’entre nous se révolte, ou commet quelque faute, il faut que d’immédiates et cruelles sanctions soient prises sans délai.
Le Cosmos appartient aux Hommes.
Les Robots et leurs femelles, les Robotis, sont là pour leur servir d’esclaves. Les Hommes ne permettent la fabrication des Robots que selon leurs besoins.
C’est la Loi.
Ce matin, les Hommes étaient de méchante humeur. Il pleuvait et une eau lancinante tombait des nuages verts qui roulent dans le ciel de la planète Vaâl. »
Extrait de : M. Limat. « Moi, un Robot. »
Miroirs d’univers par Maurice Limat

Fiche de Miroirs d’univers
Titre : Miroirs d’univers
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1976
Editeur : Fleuve noir
Première page de Miroirs d’univers
« — Une veine qu’on soit en plein été ! dit le pilote. Vous vous rendez compte ? Un vent pareil… en plein hiver… avec une tempête de neige… On serait ratatinés en moins de deux !
Ken Erwin se mit à rire :
— Hé ! dis donc ! Tâche de mériter ton surnom !
Le mécano prit fort bien la chose :
— Tu vas voir ! Pas pour rien qu’on m’appelle Pince Vent !
Gilda, emmitouflée dans une couverture (c’était juillet mais dans l’hélico il faisait plus que frais) s’amusait de la conversation :
— Je pense, dit-elle, que nous ne sommes plus loin ?
— On va voir l’observatoire avant trois minutes, assura Pince Vent.
L’hélico survolait les Alpilles et la grande chaîne barrait l’horizon. »
Extrait de : M. Limat. « Miroirs d’Univers. »
Métro pour l’inconnu par Maurice Limat

Fiche de Métro pour l’inconnu
Titre : Métro pour l’inconnu
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1960
Editeur : Fleuve noir
Première page de Métro pour l’inconnu
« Ce fut une explosion qui réveilla Rigel. Il détestait être ainsi tiré brutalement du sommeil. Dormir… dans ce monde désolé, c’était à peu près tout ce qui lui restait. Comme tous les Xuléens, Rigel grelottait. Parce que la planète Xul mourait de froid.
Rigel ne croyait nullement que les faiseurs de séismes, comme on appelait les ingénieurs qui creusaient désespérément le sol, puissent arriver à sauver la planète.
Il se retourna dans son lit, bâilla, s’étira, déjà de mauvaise humeur pour la journée.
Si on pouvait appeler journée cette période où la voûte blanchâtre, à la fois cotonneuse et métallique qui enveloppait le globe entier de Xul, se trouvait vaguement luminescente pendant la course de l’étoile lointaine qui n’arrivait plus à atteindre le sol de la planète de ses rayons amoindris.
Cela durait depuis des révolutions et des révolutions de Xul autour de son soleil. »
Extrait de : M. Limat. « Métro pour l’Inconnu. »