Auteur/autrice : CH91
Edouard Rod

Présentation de Edouard Rod :
Édouard Rod (1857-1910) fut un écrivain suisse influent de la fin du XIXe siècle, reconnu pour ses romans psychologiques et ses critiques littéraires. Voici une biographie retraçant les grandes lignes de sa vie et de son œuvre :
Jeunesse et formation (1857-1878)
- Né le 31 mars 1857 à Nyon, en Suisse, Édouard Rod grandit dans un environnement intellectuel stimulant.
- Il étudie à l’Université de Lausanne, où il rédige une thèse de doctorat sur la légende d’Œdipe.
- Son passage à Berlin lui fait découvrir les philosophies de Schopenhauer et la musique de Wagner, des influences qui marqueront son œuvre.
Carrière littéraire et intellectuelle (1878-1910)
- En 1878, il s’installe à Paris, où il s’immerge dans la scène littéraire et journalistique.
- Il collabore à divers périodiques prestigieux, tels que Le Figaro, le Journal des débats et la Revue des deux mondes.
- Proche d’Émile Zola, il s’inscrit dans le mouvement naturaliste, publiant des romans qui explorent les réalités sociales et psychologiques de son époque.
- En 1887, il devient professeur de littérature comparée à l’Université de Genève, un poste qu’il occupe jusqu’en 1893.
- De retour à Paris, il poursuit une carrière littéraire prolifique, diversifiant ses thèmes et ses styles.
- Il fonde sa propre école littéraire, l’« intuitivisme », et se tourne vers des romans plus introspectifs et des récits abordant des questions sociales.
- Ses romans régionalistes, tels que L’eau courante (1902) et L’incendie (1906), connaissent un grand succès.
- Il a aussi joué un rôle de parrain pour de nombreux artistes suisses.
Principales œuvres
- La Femme d’Henri Vanneau (1884)
- La course à la mort (1885)
- La vie privée de Michel Teissier (1893)
- Les idées morales du temps présent (1891)
- L’eau courante (1902)
- L’incendie (1906)
Héritage
- Édouard Rod laisse derrière lui une œuvre abondante et variée, qui témoigne de son intérêt pour les questions sociales, psychologiques et morales de son époque.
- Il a contribué à l’évolution du roman français en y introduisant une dimension psychologique et une sensibilité moderne.
- Un prix littéraire portant son nom a été créé en 1996.
Livres de Edouard Rod :
L’autopsie du Docteur Z (1884)
L’innocente (1897)
La chute de miss Topsy (1882)
La course à la mort (1886)
Le sens de la vie (1889)
Le silence (1894)
Les idées morales du temps présent (1891)
Pour en savoir plus sur Edouard Rod :
La page Wikipédia sur E. Rod
La page Noosfere sur E. Rod
La page isfdb de E. Rod
L’oeil écarlate par Maurice Limat

Fiche de L’oeil écarlate
Titre : L’oeil écarlate
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1983
Editeur : Fleuve noir
Première page de L’oeil écarlate
« Je m’ennuie. Je m’ennuie. Cela me paraît interminable.
Interminable ! C’est le mot, si j’ai droit à l’ironie en la circonstance.
J’ai pourtant tout essayé depuis… mais il y a si longtemps que très sincèrement et si je suis capable de sincérité (encore que cette vertu, comme toutes les autres vertus d’ailleurs, ne puisse guère figurer dans mes attributions), j’ai oublié quand peut bien se situer le début de ma… disons : ma carrière !
J’ai multiplié les essais, les expériences. Je me suis réjoui, repu, saoulé de tout. Tout ce qui relève de mes fonctions. Je peux croire que dans ce domaine je n’ai pas oublié grand-chose : tout y est passé : les vices, les crimes, les perversions de tout genre, la haine, l’envie, la jalousie… (pour la suite, voir la liste des sept péchés capitaux).
Les guerres et les révolutions, mes filles chéries, m’ont apporté de grandes satisfactions. Elles ont l’avantage de couvrir d’un voile de fausse morale tous les forfaits, les tortures, les spoliations, et d’une façon générale tout ce qui relève du brigandage, au nom d’une monumentale hypocrisie ! C’est dire si j’ai pu en tirer des divertissements
appréciables ! »
Extrait de : M. Limat. « L’oeil écarlate. »
L’iceberg rouge par Maurice Limat

Fiche de L’iceberg rouge
Titre : L’iceberg rouge
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir
Première page de L’iceberg rouge
« — Vous ne voulez pas me croire ? Commandant ! Commandant, je vous en supplie… Il faut m’écouter. Il le faut. Si nous continuons, nous allons au malheur ! Et le navire est perdu !
Karemson ne répondait pas. Il ne regardait même pas le matelot. Sourcils froncés, regard lointain, il écoutait, fumant toujours.
Taremba avança vers lui, bousculant toute marque extérieure de respect, au mépris des
règlements maritimes.
— Commandant ! Je sais ce que vous croyez, que je suis soûl… Une fois de plus… Eh bien ! non, je vous jure, je n’ai pas bu aujourd’hui… ou si peu. Et ce que j’ai vu… ce sont les signes. Les signes annoncés depuis si longtemps… depuis toujours. Il ne faut pas que le bateau aille plus loin… Commandant ! »
Extrait de : M. Limat. « L’Iceberg rouge. »
L’hydre acéphale par Maurice Limat

Fiche de L’hydre acéphale
Titre : L’hydre acéphale
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1985
Editeur : Fleuve noir
Première page de L’hydre acéphale
« Le nuage glissait au-dessus des crêtes. Tek’Ii le regardait sans le voir. Il était bien trop absorbé par sa rêverie.
Comme cela lui arrivait souvent, vers la fin du jour, il allait s’asseoir sur la colline, assez loin de la tribu. Il préférait ainsi demeurer seul. Et penser. Aucune fille, aucun garçon – pas même Gnôr, son compagnon le plus habituel – ne l’accompagnait. On estimait communément, au village lacustre, que Tek’Ii était un orgueilleux. Mais eu égard à sa force, à toute l’adresse qui existait dans ce corps mince et puissamment musclé, nul ne le lui avait jamais dit en face.
Le nuage semblait mordre sur le bord du disque du soleil.
L’immense disque rouge de Soleil I. Le plus vaste des trois astres qui dominaient la planète, parfois l’éblouissant et la brûlant de leurs feux conjugués, parfois aussi créant d’étranges lumières, et des journées qui n’en finissaient pas, ce monde se trouvant soumis à tour de rôle aux rayons de l’une ou l’autre des puissantes étoiles. »
Extrait de : M. Limat. « L’Hydre acéphale. »
L’étrange supplice par Maurice Limat

Fiche de L’étrange supplice
Titre : L’étrange supplice
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1953
Editeur : Editions Ferenczi
Première page de L’étrange supplice
« On dirait vraiment un décor !… »
Il se faisait cette réflexion depuis le moment où il avait mis le pied sur le quai de la gare. Là, il avait aperçu le donjon, et l’aspect médiéval accusé l’avait frappé.
Non, ce n’étaient pas là de ces ruines vétustes, qui mettent un point de pittoresque sur le paysage, et n’abritent que des corbeaux et des musaraignes. Un château féodal ne demeure pas aussi net, aussi précis de lignes, en plein XXe siècle, à moins d’avoir été restauré par un Viollet-le-Duc.
Teddy Verano avait parlé tout haut, au moment où le cabaretier essuyait d’une main rapide la petite table de marbre, à la terrasse abritée par les platanes.
Au-delà des platanes, de la place, du petit bourg, à moins de trois kilomètres, sur la colline de Genteuil, l’étrange construction se dressait.
Teddy Verano avait parlé autant pour lui-même que pour provoquer les propos du cafetier. Quand on tient un débit de boissons et de tabacs sur la place centrale principale, et d’ailleurs unique d’une bourgade comme Septmonts, il est bien évident qu’on doit savoir beaucoup de choses.
« Mais, monsieur, vous avez raison, c’est bien un décor, en effet. »
Extrait de : M. Limat. « L’étrange supplice. »
L’espace d’un éclair par Maurice Limat

Fiche de L’espace d’un éclair
Titre : L’espace d’un éclair
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir
Première page de L’espace d’un éclair
« Henrik stoppa le moteur photonique de l’électrauto. Lentement, très doucement, le coussin d’air s’amollit, diminua de volume, et l’engin se posa à même le sol.
Rêveur, il se demanda comment de tels engins, cependant si maniables, capables de telles manœuvres en douceur, pouvaient provoquer de pareils accidents.
Et pourtant…
Il soupira, bloqua les commandes, sortit de l’électrauto. Il alluma une cigarette et regarda longuement le paysage, peut-être sans le voir.
Il était charmant cependant, ce paysage de la vallée de la Marne. Il faisait beau et chaud. Pas ou peu de brume. Les larges rives verdoyaient et il apercevait déjà les premiers ceps de champagne.
Pourtant, un peu plus d’un an auparavant, c’était là que Stella avait trouvé la mort.
Un accident stupide. On dit cela, toujours.
C’est stupide, un accident, tout le monde le sait. Il n’y en a pas d’autres. »
Extrait de : M. Limat. « L’espace d’un éclair. »
L’aquarium de sang par Maurice Limat

Fiche de L’aquarium de sang
Titre : L’aquarium de sang
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1967
Editeur : Fleuve noir
Première page de L’aquarium de sang
« Un souffle de vent passa…
C’était comme un soupir émanant d’un monde qu’oppressait la formidable chaleur. Bien que ce fût la nuit, l’air demeurait brûlant, sur les flots de la mer Rouge.
L’écharpe de Catherine, gaze légère, s’agita comme un oiseau un peu las et s’en alla, portée vers l’arrière du paquebot.
Surpris au moment où leurs lèvres allaient se joindre, les deux jeunes gens tournèrent instinctivement la tête.
— Oh ! Alain, mon écharpe…
— Un instant, chérie, je vais vous la ramener.
Il était contrarié de l’étreinte interrompue. Lui qui, une minute plus tôt, se trouvait tout content d’avoir pu amener Catherine sur la coursive, hors de la salle de bal du paquebot où quelques couples tournaient encore, au rythme langoureux d’un tango, d’ailleurs à peu près la seule danse possible par une nuit aussi chaude.
Catherine le regarda s’éloigner très vite. Son spencer jetait une tache claire dans la nuit. »
Extrait de : M. Limat. « L’Aquarium De Sang. »
L’anti-monde par Maurice Limat

Fiche de L’anti-monde
Titre : L’anti-monde
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1962
Editeur : Fleuve noir
Première page de L’anti-monde
« Cela commença vraiment lorsque Kitô éclata de rire.
Luc en fut ébloui. Au sens réel du mot. Parce qu’à ce rire, d’une sonorité encore jamais ouïe par ses oreilles de Terrien, correspondit un véritable feu d’artifice, un jaillissement spontané de couleurs, explosant autour d’elle comme des fleurs de cactus.
Il était toujours sur ses gardes depuis le départ du monde solaire. Oswald et lui avaient toutes les raisons du monde de se méfier depuis les premières tentatives de sabotage.
Et ils n’étaient pas encore arrivés au but de leur voyage, l’astronef approchant seulement de l’Espace Étouffant.
Tout pouvait devenir suspect. Certes, les phénomènes inconnus abondaient dans le cosmos et les pionniers galactiques se trouvaient, à chaque instant, devant de surprenantes manifestations, naturelles ou non. »
Extrait de : M. Limat. « L’anti-monde. »
J’écoute l’univers par Maurice Limat

Fiche de J’écoute l’univers
Titre : J’écoute l’univers
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1960
Editeur : Fleuve noir
Première page de J’écoute l’univers
« L’ours avança une patte, la posa avec des précautions qui touchaient au comique. Puis, prenant une certaine assurance en se trouvant un centre de gravité approximatif, il déplaça tout son corps velu, sembla exécuter un quart de tour et posa l’autre patte.
Sandra, hallucinée, regardait venir le monstre…
L’ours, maintenant plus sûr de lui, fit un nouveau pas, se rapprochant encore de Sandra.
Crispée, elle s’était levée, mais se sentait incapable de faire un pas elle-même. L’ours poursuivait sa singulière promenade, en se dandinant d’une patte sur l’autre, selon la coutume de ses congénères de chair, lorsqu’ils progressent dans la position debout.
Lui tendait ses membres antérieurs, comme pour une accolade cordiale. Il n’avait nullement l’air méchant, d’ailleurs, avec ses yeux ronds, son museau exagérément pointu, l’allure humoristique de sa tête de plantigrade hydrocéphale, aux oreilles démesurées et cocasses.
La voix s’étrangla dans la gorge de Sandra lorsqu’elle voulut crier, hurler le nom de son fils. Mais non ! Rien ne venait, elle ne pouvait pas, elle comprenait. »
Extrait de : M. Limat. « J’écoute l’Univers. »
Il est minuit à l’univers par Maurice Limat

Fiche de Il est minuit à l’univers
Titre : Il est minuit à l’univers
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1975
Editeur : Fleuve noir
Première page de Il est minuit à l’univers
« L’homme se traînait. Il cuisait littéralement. Partout, le désert, le sable.
L’épouvante…
La guerre ? On ne savait même pas. Les derniers vestiges de l’humanité, dont il était, avaient fui comme ils avaient pu devant le cataclysme.
Nucléaire, le cataclysme. Incontestablement. Des bombes atomiques et encore des bombes atomiques.
Une planète sur laquelle déferlaient des nuages empoisonnés, autour du globe des éclairs valant cent mille fois les soleils, brûlant les regards, brûlant les vivants, brûlant
la vie, brûlant tout…
Cela s’était produit on ne savait comment. Pas même un conflit. Un accident de laboratoire. Ou le geste forcené d’un hystérique quelconque, ou bien…
N’importe ! La Terre était ravagée.
Lui était des derniers. Il fuyait dans le désert, comme ça, bêtement. Seul. »
Extrait de : M. Limat. « Il est Minuit à l’Univers. »