Étiquette : Delany

 

Vice Versa par S. R. Delany

Fiche de Vice Versa

Titre : Vice Versa
Auteur : S. R. Delany
Date de parution : 1973
Traduction : M. Pétris
Editeur : J.-C. Lattès

Première page de Vice Versa

« LES VOYAGEURS DU SCORPION

Couleur de bronze :
Plus long que le pied d’un homme – un grand pied ; gros comme le poignet d’une fillette. Des veines en bas-relief, telles des sarments, sous les plis du capuchon fripé. Ses doigts ont remonté la tige, remonté sur le poil raide comme un fil de métal, glissé sous les rabats du tissu pour gouger le sac, noir comme avocat trop mûr : a coulé dans la paume (c’est une grande main) ; de nouveau escaladé la tige.
Chiche lumière.
Le peu qu’il y en a barre d’or les volets. Dehors, l’eau susurre et chuinte. La cabine roule, monte. Signe que la brise souffle vers le large. Signe qu’ici, au port, l’après-midi est dégagée.
Les griffes du chien couché à terre raclent les planches. »

Extrait de : S. R. Delany. « Vice Versa. »

Triton par S. R. Delany

Fiche de Triton

Titre : Triton
Auteur : S. R. Delany
Date de parution : 1976
Traduction : H.-L. Planchat
Editeur : Presses Pocket

Première page de Triton

« PROBLÈMES SUR TRITON OU DER SATZ

Il n’en est pas deux parmi nous qui apprennent notre langue de la même façon et, d’une certaine manière, il n’en est pas un seul qui achève de l’apprendre durant sa vie.
WILLARD VAN ORMAN QUINE
Word and object.
 
IL vivait depuis six mois dans la coop masculine (La Maison du Serpent). Et il s’était bien adapté. Aussi, à quatre heures juste, lorsqu’il quitta le vestibule du centre d’informatique pour sortir sur la Place de la Lumière où se trouvait une foule nombreuse (le trente-septième jour du quinzième paramois de la deuxième année N, précisaient les cadrans lumineux situés tout autour de la Place – sur Terre et sur Mars, cela aurait été un jour ou l’autre du printemps 2112, comme ce devait être indiqué sur un bon nombre de documents officiels, même ici, quelles que fussent les inepties politiques en vigueur), il décida de rentrer chez lui à pied.
Il pensa : Je suis un homme raisonnablement heureux. »

Extrait de : S. R. Delany. « Triton. »

Nova par S. R. Delany

Fiche de Nova

Titre : Nova
Auteur : S. R. Delany
Date de parution : 1968
Traduction : M. Deutsch
Editeur : Le livre de poche

Première page de Nova

« — Eh, la Souris, joue-nous quelque chose ! lança l’un des mécaniques installés au bar.
— T’as donc pas encore signé pour une traversée ? fit l’autre, gouailleur. Ta douille vertébrale va rouiller. Allez ! passe-nous un morceau !
La Souris cessa de promener son doigt sur le bord de son verre. Résolu à dire « non », il amorça un « oui ». Et fronça les sourcils.
Les mécaniques froncèrent aussi les leurs.
C’était un vieil homme.
Un homme vigoureux.
Comme la Souris empoignait le rebord de la table, le gueux s’avança en chaloupant. Sa hanche fit résonner le comptoir. Ses orteils allongés heurtèrent un pied de chaise : la chaise oscilla sur les dalles.
Vieux. Vigoureux. Troisième détail que remarqua la Souris : aveugle. »

Extrait de : S. R. Delany. « Nova. »

Les joyaux d’Aptor par S. R. Delany

Fiche de Les joyaux d’Aptor

Titre : Les joyaux d’Aptor
Auteur : S. R. Delany
Date de parution : 1968
Traduction : A. Rosenblum
Editeur : Opta

Sommaire de Les joyaux d’Aptor

  • Les joyaux d’Aptor par S. R. Delany
  • Combler un océan par J. F. Bone

Première page de Les joyaux d’Aptor

« ENSUITE, elle fut conduite au bord de la mer.
Comme elle ne se sentait pas très bien, elle s’assit sur un rocher et enfonça la pointe de ses pieds dans le sable humide qui crissait. Elle regarda l’eau, se voûta légèrement : « Je trouve que c’était vraiment affreux ! Je trouve que c’était terrible ! Pourquoi me l’avez-vous montré ? Ce garçon était tout jeune. Quelle raison pouvait-on avoir de lui faire ça ? »
— « Il ne s’agit que d’un film. Nous te l’avons montré pour que tu t’instruises. »
— « Mais c’était le film de quelque chose qui est arrivé réellement ! »
— « Il y a plusieurs années, à plusieurs centaines de kilomètres d’ici. »
— « Mais c’est arrivé ! Vous avez utilisé un faisceau de lumière cohérente pour les espionner et quand l’image est apparue sur l’écran vous l’avez filmée, et… Pourquoi m’avez-vous montré ça ? »
— « Que t’avons-nous enseigné ? »
Mais elle était incapable de réfléchir : il n’y avait dans son cerveau que le film, des gestes violents, des  »

Extrait de : S. R. Delany. « Les joyaux d’Aptor. »

Les contes de Neveryon par S. R. Delany

Fiche de Les contes de Neverÿon

Titre : Les contes de Neverÿon
Auteur : S. R. Delany
Date de parution : 1979
Traduction : E. Chédaille
Editeur : J. C. Lattès

Première page de Les contes de Neveryon

« Sa mère arguait parfois d’un lien de parenté avec une des grandes familles de pêcheuses des Îles Ulvayn : elle possédait leurs yeux, mais non pas leur chevelure. Son père avait été marin, mais une blessure à la hanche l’avait contraint à se fixer à Kolhari où un riche importateur l’employait comme subrécargue sur le port. Ainsi Gorgik grandit-il dans le plus grand port de Neverÿon ; son enfance fut considérablement plus turbulente que ses parents ne l’auraient souhaité, et ponctuée de plus d’ennuis qu’ils ne pensaient pouvoir supporter – elle fut toutefois moins turbulente et tourmentée que celle de certains de ses camarades : jamais il ne fut tué par accident ni arrêté.
La vie d’un enfant à Kolhari ? Soldats et marins de Neverÿon déambulaient en vociférant au long du Vieux Pavé ; les négociants et leurs épouses flânaient sur l’Avenue Noire, ainsi nommée parce que son revêtement s’amollissait sous les sandales, les jours de grande chaleur ; voyageurs et marchands »

Extrait de : S. R. Delany. « Les contes de Neverÿon. »

La fosse aux étoiles par S. R. Delany

Fiche de La fosse aux étoiles

Titre : La fosse aux étoiles
Auteur : S. R. Delany
Date de parution : 1966
Traduction : W. Desmond
Editeur : Denoël

Sommaire de La fosse aux étoiles

  • La fosse aux étoiles par S. R. Delany
  • Aztèques par V. N. McIntyre

Première page de La fosse aux étoiles

« Deux panneaux vitrés, de la boue au milieu, et de minuscules tunnels allant de cellule en cellule : enfant, j’avais possédé une fourmilière.
Et puis un jour, quelques-uns de nos petits de quatre à six ans construisirent un écologarium avec des panneaux de plastique de près de deux mètres, renforcés aux angles de cornières en aluminium strié. Ils le disposèrent dehors, sur le sable.
Une flaque boueuse était placée contre l’une des parois et permettait de voir ce qui se passait sous l’eau. Parfois, des vers annelés venaient heurter les bords, en progressant dans la terre rouge, et l’on pouvait voir l’intérieur de leur tunnel sur quelques centimètres. Par temps chaud, la vapeur d’eau se déposait en gouttelettes et en buée sur le plastique. Les petites feuilles rondes des plantes grimpantes passaient du bleu au rose lorsque des nuages traver »

Extrait de : S. R. Delany. « La Fosse aux étoiles. »

La chute des tours – l’intégrale par S. R. Delany

Fiche de La chute des tours – l’intégrale

Titre : La chute des tours – l’intégrale
Auteur : S. R. Delany
Date de parution : 1971
Traduction : M. Demuth
Editeur : Opta

Sommaire de La chute des tours – l’intégrale

  • Prisonniers de la flamme
  • Les tours de Toron
  • La cité des mille soleils

Première page de Prisonniers de la flamme

« Depuis soixante années, silencieux comme le serpent qui dort, il reliait le cœur de Telphar au Palais Royal de Toromon. Des cendres de la cité morte à la capitale de l’île, il unissait les deux villes qui avaient autrefois dominé Toromon et dont une seule subsistait maintenant.
Dans Telphar, il se dressait au-dessus des scories et des voies effondrées. Il escaladait la nuit.
Kilomètre après kilomètre, la frange des ténèbres pâlissait devant le matin et, dans l’ombre imprécise du ruban de transfert, près d’un champ de lave, entre les hautes fougères bruissantes, se déployaient des rangées de cabanes basses et mornes, non loin des mines de tétron.
La pluie fine s’était interrompue un instant auparavant. Les dernières gouttes glissaient au long des colonnes qui soutenaient le ruban de transfert, noir dans la nuit qui s’achevait.
Six hommes d’une taille exceptionnelle apparurent à l’orée de la jungle. Les quatre premiers portaient deux corps inertes. Les deux hommes restés en arrière prirent encore quelque recul pour converser.
« L’autre n’ira pas loin. »
— « S’il réussit, il sera le premier à échapper aux gardes forestiers depuis douze ans. »
— « Peu m’importe qu’il s’échappe. Mais je me demande pourquoi les tentatives deviennent si fréquentes depuis[…] »

Extrait de : S. R. Delany. « La chute des tours – Prisonniers de la flamme. »

Première page de Les tours de Toron

« Sur le carton lisse, les caractères inclinés étaient comme les danseurs minuscules d’un ballet figé :
 
À Sa Grâce la Duchesse de Petra :
« Nous avons un ennemi au-delà de la Barrière »
Vous êtes Invitée à honorer de votre
présence le bal que donnera à l’aube
Son Altesse Royale Uske
pour fêter notre imminente victoire
dans la guerre qui nous oppose à Ketrall
 
Dans cette invitation, deux détails retenaient l’attention : tout d’abord, le carton était lisse et satiné, à l’exception d’une petite surface, tout autour du mot Ketrall, comme si quelque autre nom avait été gratté à cet endroit pour être remplacé par celui-ci. Ensuite, un filament de cuivre était fixé dans le coin inférieur droit. »

Extrait de : S. R. Delany. « La chute des tours – Les tours de Toron. »

Première page de La cité des mille soleils

« Qu’est-ce qu’une cité ?
Il s’en trouve une sur la planète Terre. Une cité isolée entre des mers redoutables, sur une île, non loin d’un continent baigné de radiations mortelles et dont seule une étroite frange a été reconquise. Les plaines d’eau et de terre, silencieuses et figées, composent un empire, l’empire de Toromon, dont la cité de Toron est la capitale.
Au milieu de l’univers, dans une galaxie isolée, il est une autre cité.
Une dent de rocher jaillit du sable sur lequel le soleil double dessine deux ombres. Le ciel est bleu et blanc, le sable, blanc d’écume, avec des ondulations qui, parfois, changent au souffle du vent. Des strates nuageuses s’esquissent au bord de l’horizon. Au bas du versant abrupt d’une dune poudreuse, il y a la cité.
Qu’est-ce que la cité ?
C’est une surface de sable dans laquelle les cris- »

Extrait de : S. R. Delany. « La chute des tours – La cité des mille soleils. »

La ballade de Bêta – 2 par S. R. Delany

Fiche de La ballade de Bêta – 2

Titre : La ballade de Bêta – 2
Titre : Empire star
Auteur : S. R. Delany
Date de parution : 1965
Traduction : E. Chedaille
Editeur : Le livre de poche

Sommaire de La ballade de beta – 2

  • La ballade de Beta – 2
  • Empire star

Première page de La ballade de Beta – 2

«  LA réponse est TOUT SIMPLEMENT : parce qu’ils sont là ! »
Une lumière laiteuse provenant de la structure hélicoïdale venait jouer sur le visage anguleux du professeur.
« Mais… commença Joneny.
— Il n’y a pas de mais, interrompit le professeur. (Ils étaient seuls dans son bureau.) Ce n’est pas aussi simple que cela, vous savez. À une certaine époque, ils ont été nombreux et ont accompli quelque chose qui n’avait jamais été fait auparavant, qui ne sera jamais refait ; de plus, ils n’ont pas entièrement disparu. C’est pourquoi vous devez leur consacrer une étude.
— Mais ce n’est pas ce que j’ai demandé, persista Joneny. Je voudrais être exempté d’un travail de recherche sur cette unité. Je suis prêt à voir toutes les questions d’examen sur le Peuple Astral ; mais, comme je suis en dernière année, je demande à sau- »

Extrait de : S. R. Delany. « La ballade de Bêta 2. »

Première page d’Empire star

« REPRÉSENTEZ-VOUS :
une tresse de cheveux blonds jusqu’à la ceinture ;
un corps mince et hâlé qui ressemblait, disait-on, à celui d’un chat lorsqu’il sommeillait, pelotonné à la lueur du feu de veille, pendant le Cycle Nouveau ;
un ocarina ;
une paire de bottes noires et une paire de gants noirs qui lui permettaient de grimper aux murs et de marcher aux plafonds ;
des yeux gris trop grands pour ce petit visage lunaire ;
des griffes d’airain à la patte gauche grâce auxquelles il avait tué, à ce jour, trois qépards sauvages qui s’étaient faufilés par une brèche de la clôture électrifiée pendant son tour de garde du Cycle Nouveau (il avait également tué un autre garçon, Billy James, au cours d’une bagarre amicale qui avait dégénéré à cause d’un coup porté trop brutalement ;  »

Extrait de : S. R. Delany. « Empire Star. »

Babel 17 par S. R. Delany

Fiche de Babel 17

Titre : Babel 17
Auteur : S. R. Delany
Date de parution : 1966
Traduction : M. Perrin
Editeur : J’ai lu

Première page de Babel 17

« Une cité portuaire…
… au ciel corrodé par des vapeurs couleur de rouille, pensait le général. C’était l’heure de la grisaille crépusculaire que les fumées d’usines fardaient d’une touche d’orange, de rose saumon et de violet à dominante rouge, tandis qu’à l’ouest les navettes avec leur cargaison à destination des centres stellaires et des satellites lacéraient les nuages de leur incessant va-et-vient. Une cité qui suintait aussi la misère par tous ses pores, songeait-il encore en tournant un coin de rue jonché d’ordures.
Depuis l’invasion, six embargos désastreux de plusieurs mois chacun avaient étranglé cette cité dont le commerce interstellaire représentait le fluide vital. Emmurée de la sorte, la ville avait-elle seulement un moyen de survivre ? Six fois en vingt ans, la  »

Extrait de : S. R. Delany. « Babel 17. »

L’intersection Einstein par S. R. Delany

Fiche de L’intersection Einstein

Titre : L’intersection Einstein
Auteur : S. R. Delany
Date de parution : 1967
Traduction : J. Polanis
Editeur : Opta

Première page de L’intersection Einstein

« De la garde à la pointe de ma machette, il y a un tube creux percé de trous. Quand je souffle dans l’embouchure de la poignée, je fais de la musique avec ma lame. Si tous les trous sont bouchés, le son est triste, aussi âpre que peut l’être un son tout en gardant sa douceur. Si tous les trous sont ouverts, le son cascade alentour du métal écrasé, apportant à l’œil comme des flocons de soleil sur l’eau. Il y a vingt trous. Et depuis que je joue de la musique, on m’a traité de fou d’un tas de façons différentes – plus souvent qu’on ne m’a appelé Lobey, qui est mon nom.

À quoi je ressemble ?

Laid, et grimaçant un sourire la plupart du temps. Avec un gros nez, des yeux gris et une grande bouche entassés dans un petit visage brun qui conviendrait à un renard. Et griffonné tout autour de cuivre entortillé en guise de cheveux. J’en taille la plus grande partie tous les deux mois environ avec ma machette. Ça repousse vite. Ce qui est bizarre, car j’ai vingt-trois ans et pas encore de barbe. J’ai la silhouette d’une quille, avec les cuisses, les mollets et les pieds d’un homme (d’un gorille ?) qui serait deux fois plus grand que moi (je mesure à peu près un mètre soixante-quinze) et des hanches en proportion. Il y a eu l’année de ma naissance une éclosion d’hermaphrodites, et les docteurs pensaient que j’en étais peut-être un. Mais j’en doute. »

Extrait de : S. R. Delany. « L’intersection Einstein. »