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Deus irae par P. K. Dick et R. Zelazny

Fiche de Deus irae

Titre : Deus irae
Auteur : P. K. Dick et R. Zelazny
Date de parution : 1976
Traduction : F. Cartano
Editeur : Denoël

Première page de Deus irae

« Tiens ! La vache blanche et noire tirant la voiture à deux roues. À la porte de la sacristie, le père Handy clignait des yeux vers l’horizon, du côté de Wyoming, comme si le soleil du matin venait du nord ; il voyait venir l’employé de l’église, l’homme-tronc dont la tête loupeuse semblait dodeliner mollement au rythme lent de quelque gigue onirique tandis que la vache du Holstein allait cahin-caha son chemin.
Sale journée, se dit le père Handy. C’est qu’il avait de mauvaises nouvelles pour Tibor McMasters. Il fit donc demi-tour, et redisparut dans l’église où il se tint caché. Dans sa voiture, Tibor ne l’avait pas vu, Tibor était la proie de ses pensées et de nausées qui ne le lâchaient pas. Chaque fois que l’artiste arrivait pour se mettre à l’ouvrage, c’était la même chose : il en avait l’estomac retourné, la moindre perception olfactive ou visuelle, à commencer par celle de son propre travail, le faisait hoqueter. »

Extrait de : P. K. Dick et R. Zelazny. « Deus Irae. »

Dernière conversation avant les étoiles par P. K. Dick

Fiche de Dernière conversation avant les étoiles

Titre : Dernière conversation avant les étoiles
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 2000
Traduction : H. Collon
Editeur : Editions de l’éclat

Première page de Dernière conversation avant les étoiles

« Blade Runner – Première partie

10 janvier 1982

G.L. Dis donc, saligaud, arrête de te payer ma tête, hein !
P.K.D. C’est à ce truc que tu parles ou à moi ?
G.L. (Elle rit) À toi, évidemment !
P.K.D. Tu sais, Gwen, je profite de cet enregistrement pour te dire que j’ai toujours été amoureux de toi.
G.L. Eh bien moi aussi.
P.K.D. Alors on n’a qu’à arrêter le magnéto et passer à l’acte. (Il rit) Qu’est-ce que tu en dis ?
G.L. Euh… Mais Willie va me tuer.
P.K.D. Aie… Bon, alors dans ce cas…
G.L. C’est lui qui m’a dit de venir.
P.K.D. Oui, mais j’ai pensé à tout. J’ai pensé à tout. En fait, c’est moi qui vais tuer Willie. (Il rit) À cet instant précis quelqu’un doit sonner à sa porte. Avec un fusil. Attends, J’avais calculé le moment précis. Voyons, quelle heure il est ? Sept heures moins vingt-cinq ? Eh bien, vers sept heures… »

Extrait de : P. K. Dick. « Dernière conversation avant les étoiles. »

Dédales démesurés par P. K. Dick

Fiche de Dédales démesurés

Titre : Dédales démesurés
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1982
Traduction : A. Dorémieux, J.-P. Pugi
Editeur : Casterman

Sommaire de Dédales démesurés

  • Planète pour hôtes de passage
  • Le dernier des maîtres
  • Service après vente
  • A l’image de Yancy
  • Le M inaltérable
  • La petite boîte noire
  • Guerre sainte
  • De par sa couverture

Première page de Planète pour hôtes de passage

« Le soleil de fin d’après-midi brillait dans le ciel, brûlant et aveuglant. Trent s’arrêta un moment pour reprendre son souffle. À l’intérieur de son casque, son visage ruisselait de sueur, et la condensation lui obstruait la gorge et recouvrait de buée la visière transparente.
Il posa par terre son sac de secours et remonta son ceinturon. Il retira de son réservoir à oxygène deux tubes vides qu’il jeta dans les broussailles. Les tubes roulèrent et disparurent, se perdant parmi les enchevêtrements de feuilles rouges et vertes et de plantes grimpantes.
Trent consulta son compteur, jugea la mesure indiquée suffisamment basse et décida d’enlever son casque pour un précieux moment.
L’air frais envahit ses narines et sa bouche. Il aspira profondément, se remplissant les poumons. L’air sentait bon, il embaumait l’odeur des plantes en pleine croissance. Il l’expulsa de ses poumons, inspira de nouveau. »

Extrait de : P. K. Dick. « Dédales démesurés. »

Coulez mes larmes, dit le policier par P. K. Dick

Fiche de Coulez mes larmes, dit le policier

Titre : Coulez mes larmes, dit le policier
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1974
Traduction : M. Deutsch, I. Delord
Editeur : J’ai lu

Première page de Coulez mes larmes, dit le policier

« Le mardi 11 octobre 1988, le show Jason Taverner fut trop court de trente secondes. Le technicien posté derrière la vitre de plastique de la régie stoppa le générique de fin sur l’écran vidéo, puis fit signe à Jason Taverner qui, déjà, se préparait à quitter le plateau. Il tapota son poignet et montra sa bouche.
— Continuez à nous envoyer vos cartes et vos lettres d’encouragement, les amis, dit mielleusement Jason dans le micro. Et maintenant restez à l’antenne pour Les aventures de Scotty, le chien extraordinaire.
Le technicien sourit, Jason lui rendit son sourire. Après un déclic, l’image et le son furent coupés. Leur programme d’une heure de variétés, qui arrivait en deuxième position à l’indice d’écoute des meilleures émissions télévisées de l’année, était achevé. Tout s’était bien passé.
— Où avons-nous perdu une demi-minute ? demanda Jason à son invitée spéciale de la soirée, Heather Hart.
Cela l’intriguait. Il aimait chronométrer lui-même ses shows. »

Extrait de : P. K. Dick. « Coulez mes larmes, dit le policier. »

Ce que disent les morts par P. K. Dick

Fiche de Ce que disent les morts

Titre : Ce que disent les morts
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1964
Traduction : H. Collon
Editeur : Gallimard

Première page de Ce que disent les morts

« Il y avait une semaine que le corps de Louis Sarapis était exposé, dans un cercueil de plastique transparent sécurit, à la curiosité d’un public qui ne cessait de défiler. C’était la succession habituelle de reniflements, de visages tirés, de vieilles dames éplorées en habits de deuil.
Dans un coin de la vaste salle, Johnny Barefoot s’impatientait. Mais il n’était pas là pour voir le cadavre ; son rôle, stipulé en détail dans le testament de Sarapis, était tout autre. En tant que directeur du service de relations publiques du défunt, il lui incombait – tout simplement – de ramener Louis Sarapis à la vie.
« Bon Dieu », murmura-t-il en consultant sa montre. Encore deux heures avant la fermeture de la salle. Il avait faim. Et le froid qui émanait du système de réfrigération entourant le cercueil augmentait son inconfort. »

Extrait de : P. K. Dick. « Ce que disent les morts. »

Bricoler dans un mouchoir de poche par P. K. Dick

Fiche de Bricoler dans un mouchoir de poche

Titre : Bricoler dans un mouchoir de poche
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1985
Traduction : J. Georgel
Editeur : J’ai lu

Première page de Bricoler dans un mouchoir de poche

« Elle découvrait la route. Elle avait vécu près de neuf années à Los Angeles sans jamais emprunter la voie rapide 99, celle qui traverse les terres pour rejoindre San Francisco, à 800 kilomètres au nord. Sitôt passés les ultimes stations-service Chevron, les derniers cafés et lotissements, on abordait sans transition les montagnes.
Sans que rien l’ait laissé prévoir, elle se retrouva dans le flot compact de voitures et de camions qui roulaient à une vitesse folle – entre 110 et 140 km/h, à en croire son compteur – dans une saignée ouverte à travers les premières collines. Le massif s’allongeait droit devant elle. Quelle désolation ! songea-t-elle. Personne ne devait vivre par ici.
À gauche comme à droite, les gros diesels la dépassaient. Du haut de leurs cabines, les chauf- »

Extrait de : P. K. Dick. « Bricoler dans un mouchoir de poche. »

Brèche dans l’espace par P. K. Dick

Fiche de Brèche dans l’espace

Titre : Brèche dans l’espace
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1966
Traduction : D. Defert, C. Meistermann
Editeur : J’ai lu

Première page de Brèche dans l’espace

« Le jeune couple, les cheveux noirs, la peau sombre, des Mexicains ou des Portoricains probablement, se tenait, nerveux, devant le comptoir de Herb Lackmore. « Monsieur, déclara le mari d’un filet de voix, on veut être congelés. On veut devenir des cryos. »
Lackmore se leva de son bureau et s’avança jusqu’au comptoir. Bien qu’il n’aimât point les Cols – ils semblaient chaque mois plus nombreux à venir à son bureau d’Oakland du ministère de la Sécurité Sociale Spéciale –, il leur répondit sur un ton aimable destiné à les rassurer : « Avez-vous mûrement réfléchi à la question, mes enfants ? C’est une grave décision. Vous risquez d’être mis sur la touche pendant, disons… une centaine d’années. Êtes-vous au moins allés demander conseil à un professionnel en la matière ? »
Le garçon jeta un coup d’œil vers sa femme, puis déglutit avant de répondre dans un murmure : « Non, monsieur. On s’est décidés tous les deux. On n’arrive pas à trouver de travail, et on est sur le point d’être expulsés de notre dortoir. On ne possède même pas de roue – et que faire sans roue ? On ne peut aller nulle part. On ne peut même pas chercher du travail. » Il n’était pas laid, remarqua[…] »

Extrait de : P. K. Dick. « Brèche dans l’espace. »

Au bout du labyrinthe par P. K. Dick

Fiche d’Au bout du labyrinthe

Titre : Au bout du labyrinthe
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1970
Traduction : A. Dorémieux
Editeur : J’ai lu

Première page d’Au bout du labyrinthe

« Son boulot, comme toujours, le barbait. Aussi, la semaine d’avant, il était allé au transmetteur du vaisseau et avait branché des circuits sur les électrodes reliées en permanence à sa glande pinéale. Les circuits avaient communiqué sa prière au transmetteur, et de là elle avait été véhiculée jusqu’au plus proche relais ; elle s’était ensuite répercutée pendant des jours à travers la galaxie, pour aboutir, il l’espérait, à l’un des mondes divins.
Cette prière avait été simple et formulée en ces termes : « Cette saleté de boulot de contrôle des stocks me barbe. C’est trop routinier… et puis ce vaisseau est trop grand et il y a trop de monde dessus. Je ne suis qu’une unité de réserve sans utilité. Pourriez-vous m’aider à trouver quelque chose de plus créatif et de plus stimulant ? » Il avait adressé la prière, comme de juste, à l’intercesseur. Si elle n’était pas exaucée, il la réadresserait cette fois au Psychofaçonneur.
Mais la prière avait été exaucée.
— Mr Tallchief, déclara son superviseur en pénétrant dans la cellule de travail de Ben, vous êtes transféré. Qu’en dites-vous ? »

Extrait de : P. K. Dick. « Au bout du labyrinthe. »

A rebrousse-temps par P. K. Dick

Fiche d’A rebrousse-temps

Titre : A rebrousse-temps
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1967
Traduction : M. Deutsch
Editeur : J’ai lu

Première page d’A rebrousse-temps

« Comme l’aéroglisseur de patrouille survolait le minuscule cimetière périphérique délabré, cette nuit-là, l’agent Joseph Tinbane perçut le son triste et familier d’une voix. Aussitôt il dirigea son véhicule vers les grilles de l’enceinte, se posa à terre et tendit l’oreille.
— Je m’appelle Mrs Tilly M. Benton, disait la voix, frêle et étouffée. Je veux sortir. Est-ce que quelqu’un m’entend ?
L’agent Tinbane alluma sa torche électrique. La voix montait du sol tapissé d’herbe. C’était bien ce qu’il pensait : Mrs Tilly M. Benton était ensevelie.
Tinbane enclencha sa radio de bord :
— Je suis au cimetière de Forest Knolls – je crois que c’est bien le nom – et j’ai un réveil. Envoyez une ambulance et une équipe de sape. D’après la voix, il y a urgence. »

Extrait de : P. K. Dick. « A rebrousse-temps. »

La transmigration de Timothy Archer par P. K. Dick

Fiche de La transmigration de Timothy Archer

Titre : La transmigration de Timothy Archer (Tome 3 sur 3 – Trilogie divine)
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1982
Traduction : A. Dorémieux
Editeur : Gallimard

Première page de La transmigration de Timothy Archer

« Barefoot tient ses séminaires sur sa péniche à Sausalito. Cela coûte cent dollars pour comprendre les raisons de notre présence sur cette terre. On vous offre aussi un sandwich, mais je n’avais pas faim ce jour-là. John Lennon venait de se faire tuer, et je crois savoir pourquoi nous sommes sur cette terre ; c’est pour découvrir que ce que vous aimez le plus vous sera enlevé, sans doute à cause d’une erreur en haut lieu plutôt qu’à titre délibéré.
Après avoir garé ma Honda Civic sur le parking, je suis restée un moment à écouter la radio. Toutes les chansons jamais écrites par les Beatles étaient déjà diffusées sur chaque longueur d’onde. Merde, ai-je pensé, j’aimerais bien me retrouver dans les années 60, à l’époque où j’étais la femme de Jeff Archer.
J’ai questionné deux hippies qui passaient : « Où est la porte cinq ?  »

Extrait de : P. K. Dick. « Trilogie divine – La transmigration de Timothy Archer. »