Étiquette : Finney
Néant à roulettes par Jack Finney
Fiche de Néant à roulettes
Titre : Néant à roulettes
Auteur : Jack Finney
Date de parution : 1957
Traduction : P. Béguin
Editeur : Gallimard
Première page de Néant à roulettes
« J’avais bien envie de sécher mon cours, à deux heures, mais je ne tenais pas plus à rester dans ma chambre qu’à sortir. Je n’étais pas tenté de me saouler, mais je ne voulais pas davantage renoncer à boire, et j’avais déjà vu les deux films qui se donnaient en ville. J’aurais peut-être pu appeler une fille, mais j’étais fauché. Je sortis de ma chambre et longeai le couloir du Foyer universitaire pour me rendre dans la turne de Brick. J’étais en quête de je ne sais quoi, d’une sale histoire peut-être.
J’avais dix-neuf ans et j’étais « cube », c’est-à-dire étudiant de troisième année dans une petite université de l’Illinois. On était au début de juin, mais on aurait aussi bien pu être en février. Depuis des jours et des jours une pluie fine tombait sans interruption. J’étais resté enfermé depuis trop longtemps. Pourtant je me trouvais en parfaite santé, je pesais quatre-vingts kilos et, après tout, je n’étais pas si mal dans le genre brun. Mais j’avais une envie folle de me dépenser. »
Extrait de : J. Finney. « Néant à roulettes. »
Nouvelles d’antan par Jack Finney
Fiche de Nouvelles d’antan
Titre : Nouvelles d’antan (1948-1965)
Auteur : Jack Finney
Date de parution : 2023
Traduction : P.-P. Durastanti
Editeur : Bélial
Sommaire de Nouvelles d’antan
- La boîte à mots du cousin Len
- Dans un nuage
- Le troisième sous-sol
- Des voisins originaux
- Arrête de faire l’avion avec tes mains !
- J’ai peur
- Le dompteur du tigre
- Il est une marée
- Les dessous de l’information
- Les disparus
- Seconde chance
- Contenu des poches du mort
- Sept jours à vivre
- La lettre d’amour
- Le numismate
- Un printemps à Galesburg
- Une vieille chanson
- Où sont les Cluett
- La magie au déjeuner
- Hé ! Regardez-moi !
- La photo
- Temps d’arrêt
Première page de La boîte à mots du cousin Len
« Le cousin Len avait découvert son étonnante boîte à mots chez un prêteur sur gages. Il hantait volontiers ces boutiques poussiéreuses qui, pour la plupart, se trouvent sur la Deuxième Avenue ; cela le changeait et le soulageait, affirmait-il, des horreurs de la nature qui n’avait pour lui que peu d’attraits. Pour son métier, il devait en effet passer l’essentiel de ses journées au grand air, à réunir le matériel pour Attraits et mystères des bois, la rubrique hebdomadaire qu’il publiait dans le journal local – le pire des métiers, à l’entendre. Même celui de plombier, déclarait-il encore, lui aurait donné plus de satisfactions !
C’est pourquoi il profitait de ses loisirs pour faire le tour des prêteurs sur gages, rapportant de ses recherches tantôt un jeu de vues stéréoscopiques (l’Exposition universelle de Chicago, 1893), tantôt une montre sonnant les heures, ou un cheval en porcelaine à la bouche hérissée de cure-dents colorés. On admirait ces objets, ma femme et moi, habitant chez le cousin Len depuis ma démobilisation dans l’attente de trouver un appartement. »
Extrait de : J. Finney. « Nouvelles d’antan. »
Le retour de Marion Marsh par Jack Finney
Fiche de Le retour de Marion Marsh
Titre : Le retour de Marion Marsh
Auteur : Jack Finney
Date de parution : 1973
Traduction : M. Lebailly
Editeur : Denoël
Première page de Le retour de Marion Marsh
« Cher fils,
Juste un petit mot pour te dire que je suis ravi que Jan et toi soyez décidés à emménager dans une vieille maison victorienne : elles ont un charme qui manque totalement à l’architecture d’aujourd’hui, condamnée aux économies de bouts de chandelle. J’ai moi-même vécu dans l’une d’elles lorsque j’habitais San Francisco, alors si au cours de vos recherches vous passez à proximité de Buena Vista Hill, j’aimerais bien que vous alliez voir si elle est toujours là ; faites-le-moi savoir, c’est surtout pour cela que je vous écris. Elle était dans le dernier pâté de maisons de Divisadero Street, au numéro 114 ; une belle demeure d’un étage – j’occupais le rez-de-chaussée – avec une charpente en bois, un comble sur pignon, une fenêtre en saillie et une vue à couper le souffle sur la ville et la Baie. Je ne l’ai jamais oubliée et si vous en trouvez une comme ça, je suis sûr que Jan et toi, vous y vivrez heureux – pour être heureux, il suffit souvent de décider qu’on le sera. C’est tout !
À part ça, pas grand-chose à vous raconter. Comme toujours en février, on a un temps dégueulasse à Chicago, même s’il ne fait pas trop froid ces derniers temps. Samedi dernier… »
Extrait de : J. Finney. « Le retour de Marion Marsh. »
La pièce d’à côté par Jack Finney
Fiche de La pièce d’à côté
Titre : La pièce d’à côté
Auteur : Jack Finney
Date de parution : 1968
Traduction : N. Serval
Editeur : Denoël
Première page de La pièce d’à côté
« Sur les six heures trente d’une aube gris lavasse dopée au 220, l’alarme du réveil résonnant encore à mes oreilles, j’ai gagné la salle de bains à tâtons, les yeux fermés, histoire de grappiller quelques secondes supplémentaires de sommeil. Je me suis planté devant le miroir de l’armoire à pharmacie, espérant comme d’habitude qu’un miracle aurait eu lieu pendant la nuit. Mais rien n’avait changé, en tout cas pas en mieux.
Toujours la même vieille gueule pas rasée d’abruti presque trentenaire ; toujours la même tignasse queue de vache rebiquant en tous sens comme une poignée de clous rouillés ; toujours les mêmes yeux injectés de basset artésien. « Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est le roi des tocards ?
— Toujours pareil, a répondu la voix grave et familière. Tu es au coude à coude avec un berger australien alcoolo et un usurier de Beyrouth. Mais on dirait que c’est toi qui tiens la corde. » Une main céleste émergeant de la manche brodée d’or d’une longue robe blanche est alors descendue du plafond, armée d’un énorme tampon en caoutchouc, et a imprimé sur mon front, en noir et en capitales, les quatre lettres du mot raté. »
Extrait de : J. Finney. « La pièce d’à côté. »
L’invasion des profanateurs par Jack Finney
Fiche de L’invasion des profanateurs
Titre : L’invasion des profanateurs
Auteur : Jack Finney
Date de parution : 1954
Traduction : M. Lebrun
Editeur : Denoël
Première page de L’invasion des profanateurs
« Je préfère vous avertir tout de suite : le récit que vous commencez à lire regorge d’incohérences et de questions sans réponses. Il s’achèvera sans beaucoup de précision ; tout n’y sera pas résolu, ni expliqué avec logique. Du moins pas par moi. Je ne peux même pas affirmer que je sache exactement ce qui s’est passé, ni pourquoi, ni comment ça a commencé, comment ça a pris fin, ou seulement si ça s’est terminé ; pourtant j’ai été aux premières loges. Maintenant, si vous n’aimez pas ce genre d’histoire, désolé, mais vous feriez mieux de lire autre chose. Je ne peux raconter que ce que je sais.
Pour moi, tout commença vers les six heures du soir, le jeudi 28 octobre 1976, une fois que j’eus reconduit mon dernier patient – un pouce foulé – à la porte de mon cabinet, avec l’impression vague que ma journée n’était pas encore finie ; j’aurais souhaité ne pas être médecin, car chez moi ce genre »
Extrait de : J. Finney. « L’invasion des profanateurs. »
Contretemps par Jack Finney
Fiche de Contretemps
Titre : Contretemps
Auteur : Jack Finney
Date de parution : 1986
Traduction : J. Verain
Editeur : Clancier-Guénaud
Sommaire de Contretemps :
- Un printemps à Galesburg
- Des voisins originaux
- La photo
- Les disparus
- J’ai peur
- Hé ! Regardez-moi !
Première page d’Un printemps à Galesburg
« Je n’avais pas fait l’erreur de chercher à le rencontrer dans sa chambre, à l’hôtel Custer : E. V. Marsh m’aurait certainement précipité dans la cage d’ascenseur. J’attendais donc au salon, en surveillant la caféteria, qu’il en ait terminé avec son petit déjeuner. Il dégustait sa seconde tasse de café quand je l’épinglai à sa table, en arborant mon sourire en coin, insinuateur, à la James Stewart.
Quand il apprit que j’étais journaliste, il essaya d’abord de me congédier :
— Je n’ai rien à vous dire, dit-il en secouant la tête.
C’était un homme corpulent, la cinquantaine, cheveux rares et clairsemés.
— Il n’y a rien à raconter. Je n’ouvrirai aucune usine à Galesburg, c’est tout. Je vais quitter cette ville par le premier train. »
Extrait de : J. Finney. « Contretemps. »
Collector par Jack Finney
Fiche de Collector
Titre : Collector
Auteur : Jack Finney
Date de parution :
Traduction : M. Roth, M. B. Endrèbe, J. Verain, M. Rivelin, H. Collon, G. Ibéry
Editeur :
Sommaire de Collector :
- La boîte à mots du cousin Len
- Hé ! Regardez-moi !
- J’ai peur
- Un printemps à Galesburg
- Les disparus
- Cesse donc de faire l’avion avec tes mains
- Des voisins originaux
- La photo
- La lettre d’amour
- Le troisième sous-sol
- Le fantôme à la fenêtre
Première page de La boîte à mots du cousin Len
« Le cousin Len avait découvert son étonnante boîte à mots chez un prêteur sur gages. Car il hantait volontiers ces boutiques poussiéreuses qui, pour la plupart, se trouvent dans la Deuxième Avenue ; cela le changeait et le soulageait, affirma-t-il, des horreurs de la Nature, qui n’avait pour lui que fort peu d’attraits. Il devait en effet, professionnellement, passer la majeure partie de ses journées au grand air, à réunir le matériel pour Attraits et Mystères des Bois, la rubrique hebdomadaire qu’il publiait dans le journal local – ce qui, à l’entendre, était le dernier des métiers même celui de plombier, déclarait-il encore, lui aurait donné plus de satisfactions !
C’est pourquoi il profitait de ses loisirs pour faire le tour des prêteurs sur gages, rapportant de ses recherches tantôt un jeu de vues stéréoscopiques (toute l’Exposition Internationale de Chicago, 1893), »
Extrait de : J. Finney. « Collector. »
Body snatchers par Jack Finney
Fiche de Body snatchers
Titre : Body snatchers ou L’invasion des profanateurs
Auteur : Jack Finney
Date de parution : 1983
Traduction : O. Girard, E. Perchoc
Editeur : Bélial
Première page de Body snatchers
« JE PRÉFÈRE VOUS AVERTIR TOUT DE SUITE : le récit que vous commencez à lire regorge d’incohérences et de questions sans réponses. Il s’achèvera sans beaucoup de précision ; tout n’y sera pas résolu, ni expliqué avec logique. Du moins pas par moi. Je ne peux même pas affirmer que je sache exactement ce qui s’est passé, ni pourquoi, ni comment ça a commencé, comment ça a pris fin, ou seulement si ça s’est terminé ; pourtant j’ai été aux premières loges. Maintenant, si vous n’aimez pas ce genre d’histoire, désolé, mais vous feriez mieux de lire autre chose. Je ne peux raconter que ce que je sais.
Pour moi, tout commença vers les six heures du soir, le jeudi 28 octobre 1976, une fois que j’eus reconduit mon dernier patient – un pouce foulé – à la porte de mon cabinet, avec l’impression vague que ma journée n’était pas encore finie ; j’aurais souhaité ne pas être médecin, car chez moi ce genre »
Extrait de : J. Finney. « Body Snatchers. »
Le balancier du temps par Jack Finney
Fiche de Le balancier du temps
Titre : Le balancier du temps (Tome 2 sur 2 – Simon Morley)
Auteur : Jack Finney
Date de parution : 1995
Traduction : H. Collon
Editeur : Denoël
Première page de Le balancier du temps
« L’homme assis à l’extrémité de la longue table avait une barbiche noire bien taillée, striée de blanc aux coins de la bouche. Il leva les yeux vers l’horloge murale, qui indiquait sept heures et trois minutes. « Bien », dit-il aux quelque dix individus des deux sexes rassemblés devant lui. « Allons-y. » Cependant, il se retourna une fois de plus vers la porte grande ouverte derrière lui, et les autres l’imitèrent. Mais comme personne ne s’y présentait, et qu’on n’entendait pas le moindre bruit de pas sur le parquet du couloir, il se résigna. Avec sa petite quarantaine bien portée, ses jeans et sa chemise à carreaux, il était le plus jeune, mais aussi le seul professeur titulaire. « Audrey, voulez-vous ouvrir la séance ?
— Mais certainement. »
L’interpellée ouvrit l’enveloppe brune posée sur la table, à côté de son sac à main, et entreprit d’en retirer lentement un journal plié en quatre. L’espace d’un instant, seule une partie du titre resta visible :… w York Courier ; une ou deux personnes sourirent de ce qu’elles prirent pour un geste délibérément théâtral. Tous les membres de l’assistance, qui avaient entre vingt-cinq et quarante ans, étaient vêtus simplement et se comportaient avec naturel. »
Extrait de : J. Finney. « Simon Morley – Le balancier du temps. »
Le voyage de Simon Morley par Jack Finney
Fiche de Le voyage de Simon Morley
Titre : Le voyage de Simon Morley (Tome 1 sur 2 – Simon Morley)
Auteur : Jack Finney
Date de parution : 1970
Traduction : H. Collon
Editeur : Denoël
Première page de Le voyage de Simon Morley
« En manches de chemise, comme toujours quand je travaille, j’ébauchais les contours d’un savon scotché dans le coin supérieur de ma table à dessin. Le papier d’emballage doré était soigneusement déplié de manière qu’on puisse encore en déchiffrer la marque. J’en avais gâché une demi-douzaine avant d’obtenir l’effet désiré. C’était une nouvelle idée : montrer le produit prêt à l’emploi – « toujours plus mousseux et parfumé pour vous si belle », comme disait le texte d’accompagnement –, et j’étais chargé d’en faire cinq ou six croquis en orientant chaque fois le savon dans une position différente.
La tâche était aussi assommante qu’il y paraît ; je me suis interrompu un moment pour me tourner vers la fenêtre et regarder, douze étages plus bas, les têtes minuscules qui circulaient sur les trottoirs de la Cinquante-Quatrième Rue. C’était une belle journée de novembre, ensoleillée, d’une clarté limpide, »
Extrait de : J. Finney. « Simon Morley – Le voyage de Simon Morley. »