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Chronique du règne de Charles IX par P. Mérimée

Fiche de Chronique du règne de Charles IX

Titre : Chronique du règne de Charles IX
Auteur : P. Mérimée
Date de parution : 1829
Editeur : Flammarion

Première page de Chronique du règne de Charles IX

« Non loin d’Étampes, en allant du côté de Paris, on voit encore un grand bâtiment carré, avec des fenêtres en ogive, ornées de quelques sculptures grossières. Au-dessus de la porte est une niche qui contenait autrefois une madone de pierre ; mais dans la révolution elle eut le sort de bien des saints et des saintes, et fut brisée en cérémonie par le président du club révolutionnaire de Larcy. Depuis on a remis à sa place une autre vierge, qui n’est que de plâtre à la vérité, mais qui, au moyen de quelques lambeaux de soie et de quelques grains de verre, représente encore assez bien, et donne un air respectable au cabaret de Claude Giraut.
Il y a plus de deux siècles, c’est-à-dire en 1572, ce bâtiment était destiné, comme à présent, à recevoir les voyageurs altérés ; mais il avait alors une tout autre apparence. »

Extrait de : Prosper Mérimée. « Chronique du règne de Charles IX. »

Le bûcher des immortels par J. Carroll

Fiche de Le bûcher des immortels

Titre : Le bûcher des immortels
Auteur : J. Carroll
Date de parution : 1999
Traduction : H. Collon
Editeur : Flammarion

Première page de Le bûcher des immortels

« En fin de compte, on n’a jamais qu’une seule histoire à raconter. Pourtant, alors qu’on l’a vécue, cette histoire, on n’a ni le courage, ni l’art de la coucher par écrit.

Si j’ai vécu jusqu’ici, si je suis enfin à même d’évoquer ma vie, ce n’est pas pour en donner une version mensongère. À quoi bon, d’ailleurs ? Je n’ai plus personne à épater. Toutes les personnes qui m’ont aimée ou haïe ont disparu, ou bien il ne leur reste que la force de respirer. Sauf une.

Les souvenirs, c’est tout ce qui me reste. Je suis une vieille dame à la tête pleine de réminiscences fragiles comme des coquilles d’œuf. Ce qui ne les empêche pas de demeurer véhémentes, exigeantes. « Souviens-toi de moi ! » clament-elles. Quand ce n’est pas : « Rappelle-toi le chien qui parlait. » Et moi : « Je veux la vérité, souvenirs ! Vous êtes sûrs de ce que vous avancez ? Ou bien récrivez-vous l’histoire pour me réconforter ? »

Il est facile de présenter son meilleur profil au miroir de l’histoire. Seulement l’histoire, elle, elle s’en moque. Je l’ai appris à mes dépens. »

Extrait de : J. Carroll. « Le bûcher des Immortels. »

Le baiser aux abeilles par J. Carroll

Fiche de Le baiser aux abeilles

Titre : Le baiser aux abeilles
Auteur : J. Carroll
Date de parution : 1998
Traduction : N. Serval
Editeur : Flammarion

Première page de Le baiser aux abeilles

« Je déteste manger seul. C’est une des raisons qui m’ont poussé à devenir célèbre. Le spectacle d’une personne mangeant seule en public a quelque chose d’à la fois pathétique et déplaisant. Mieux vaut encore rester à la maison et dîner devant la télé d’une soupe en boîte et d’une poignée de crackers que d’attendre tout seul à table qu’on vous serve un repas solitaire et mélancolique.

Je déjeunais avec mon agent, Patricia Chase, quand j’ai fait cette réflexion. Patricia est une grande et belle femme avec des couilles en titane. Elle m’a regardé avec une expression qui m’est devenue familière depuis vingt ans que je la connais, un mélange tout à fait unique d’amusement, d’agacement et de réprobation.

« Où vas-tu chercher des idées pareilles, Sam ? Mais je ne connais rien de plus merveilleux que d’être seule à table ! »

Extrait de : J. Carroll. « Le baiser aux abeilles. »

L’aube du huitième jour par J. Carroll

Fiche de L’aube du huitième jour

Titre : L’aube du huitième jour
Auteur : J. Carroll
Date de parution : 2001
Traduction : N. Serval
Editeur : Flammarion

Première page de L’aube du huitième jour

« Ne jamais acheter de vêtements jaunes ni de cuir bon marché : tel est mon credo – un parmi d’autres. Vous savez ce qui me plaît le plus ? C’est de voir des gens se tuer. Ne vous méprenez pas ; je ne parle pas ici des pauvres cloches qui se jettent par la fenêtre ou fourrent leur tête d’abruti dans un sac plastique. Je ne parle pas non plus des tournois de « Mortal Kombat », où une bande de molosses enragés et coiffés en brosse n’arrêtent pas de se sauter à la gorge. Imaginez plutôt un type au visage plombé qui allumerait une Camel en pleine rue et vous recracherait ses poumons à la première bouffée… Bien fait pour toi, mon vieux ! Vive la nicotine, l’acharnement et l’auto-complaisance.

« Eh ! Jimmy, remets-nous ça », braille Sa Majesté Cholestérol, assis au bout du comptoir. Il a le nez rouge comme une pivoine et une tension assez élevée pour l’expédier chez Pluton avec toute sa lignée. Satisfaction, masse, texture… Une crise cardiaque le terrassera en quelques secondes. »

Extrait de : J. Carroll. « L’aube du huitième jour. »

Les guerriers de la nuit par J.-P. Andrevon

Fiche de Les guerriers de la nuit

Titre : Les guerriers de la nuit
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2011
Editeur : Flammarion

Première page de Les guerriers de la nuit

« LA NUIT ROUGE

La nuit est rousse, couleur de la pleine lune ouverte dans une étroite bande de ciel fuligineux, œil de cyclope à la sclérotique ensanglantée. L’homme se tient plaqué à la paroi du canyon dont il sent dans son dos les aspérités rocheuses lui entrer douloureusement dans les côtes. Il doit serrer les paupières, cligner des yeux à cause de la poussière soulevée par le vent qui balaye le défilé, criblant sa figure de grenailles infinitésimales.
L’homme sursaute, ses omoplates entrent un peu plus durement encore en contact avec la roche. Il a cru… mais non, ce n’est qu’une boule d’adobe qui roule en cahotant, charriée par la bourrasque. Ce vent moite ne cessera-t-il jamais ? Les rafales de sable rouge lui masquent toute visibilité au niveau du sol à guère plus de dix mètres. Comment, dans ce cas, faire face avec efficacité à l’approche de »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Les guerriers de la nuit. »

Miroitements par P. Boulle

Fiche de Miroitements

Titre : Miroitements
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1982
Editeur : Flammarion

Première page de Miroitements

« Le Boeing du chef de l’État se posa sur l’aéroport de Marignane alors que les étoiles scintillaient encore dans le ciel de Provence. Une heure avant l’aube, l’air déjà chaud, mais sans lourdeur, laissait prévoir une belle journée ensoleillée de juin. Jean Blondeau, président écologiste de la République, selon le titre qu’il s’était lui-même décerné, n’aimait guère le Boeing, dévoreur de combustible et d’oxygène. Il eût préféré voyager dans l’avion solaire dont on lui avait fait cadeau peu après son élection, qu’il pilotait lui-même à ses heures de loisir, et qui faisait les délices de sa femme Béatrice. Mais la cérémonie à laquelle il devait assister lui imposait une arrivée nocturne.

À l’atterrissage, le Président manifesta une fébrilité impatiente, dont il avait d’ailleurs fait preuve pendant le vol. Il se précipita vers la sortie à peine l’appareil arrêté, s’immobilisa en haut de la passerelle et embrassa le ciel d’un coup d’œil inquiet. Ayant constaté sa sérénité, il parut apaisé et se frotta les mains avec un sourire triomphant. »

Extrait de : P. Boulle. « Miroitements. »

Passeurs de mort par F. Colin

Fiche de Passeurs de mort

Titre : Passeurs de mort
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2014
Editeur : Flammarion

Première page de Passeurs de mort

« Vous ne savez rien de la mort. Ce moment où la vie quitte votre corps comme un oiseau s’envole pour se dissoudre dans le blanc des nuages : quand il arrive, vous êtes tel un enfant.

Alors vous imaginez. Que tout devient sombre, aveuglant. Qu’une porte s’ouvre, qui sait ? Qu’une main se tend, qu’un visage paraît.

La mort est le seul mystère qui concerne chacun d’entre nous ; notre ignorance à son sujet est pourtant totale.

Mais voici qu’une ombre s’avance, tandis que l’éternel poème de la nuit envahit pensivement New York. Voici qu’une silhouette glisse sur les eaux sombres de l’East River, un coup de pagaie après l’autre. Cette ombre, c’est moi et, ce soir, je suis votre messagère. La fille qui sait des choses que tous les autres ignorent. »

Extrait de : F. Colin. « Passeurs de mort. »

La vie extraordinaire des gens ordinaires par F. Colin

Fiche de La vie extraordinaire des gens ordinaires

Titre : La vie extraordinaire des gens ordinaires
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2010
Editeur : Flammarion

Première page de La vie extraordinaire des gens ordinaires

« Depuis huit mois, passionnément, je me tenais à son chevet. Poète : ainsi l’avais-je baptisé, sentant, dès le premier regard, que rien, jamais, ne lui conviendrait mieux.

D’autres, peut-être, l’auraient affublé de qualificatifs plus clinquants, ou plus spectaculaires. Voyageur. Raconteur. Illuminé. La vérité, c’est qu’aucun mot ne lui aurait rendu plus honnête justice que celui-ci.

Aucun n’aurait su révéler mieux la trouble beauté de sa quête.


J’avais poussé un jour la porte de l’hôpital en me disant que le moment était venu de faire quelque chose pour mon prochain. J’étais entré en contact avec une association d’aide aux malades. J’avais signé des papiers, répondu à des questions, rempli un formulaire. Pour finir on m’avait conduit au salon. »

Extrait de : F. Colin. « La vie extraordinaire des gens ordinaires. »

J’ai 14 ans et je suis détestable par Gudule

Fiche de J’ai 14 ans et je suis détestable

Titre : J’ai 14 ans et je suis détestable
Auteur : A. « Gudule » Liger-Belair
Date de parution : 2000
Editeur : Flammarion

Première page de J’ai 14 ans et je suis détestable

« Moi

Marre.

Marre des parents, des profs, des copains. Marre de moi, de ma peau. De mon acné. De mes cheveux gras. De ma tronche, toujours la même et toujours aussi moche. De mes kilos en trop qui s’ajoutent aux kilos en trop, à coups de Carambars, de Smarties et de fraises Tagada.

Sale gueule, voilà comment je mériterais qu’on m’appelle. Léa Sale gueule. Quand je me rencontre dans un miroir, je n’ai qu’une seule envie : me fiche des baffes. Je déteste les miroirs.

Je me déteste.

Tout le monde me déteste. Ils ont raison.

J’ai quatorze ans et je suis détestable. »

Extrait de : Gudule. « J’ai 14 ans et je suis detestable. »

Regardez-moi par Gudule

Fiche de Regardez-moi

Titre : Regardez-moi
Auteur : A. “Gudule” Liger-Belair
Date de parution : 1999
Editeur : Flammarion

Première page de Regardez-moi

« LUNDI 17 AVRIL
Ça y est ! Ils m’ont choisie, moi ! Je n’arrive pas encore à y croire…
Sur je ne sais combien d’adolescents, plusieurs milliers, sans doute, plusieurs dizaines de milliers, même, c’est ma candidature qu’ils ont retenue. Pourquoi ? Mystère. En toute honnêteté, je n’ai rien d’exceptionnel. Nom : Gina Lorrain. Âge : quatorze ans et demi. Taille : moyenne. Corpulence : moyenne. Niveau d’études : moyen (bonne en français, mauvaise en maths, passable dans les autres matières). Signes distinctifs : boutons d’acné sur le front, cheveux châtains mi-longs, yeux noisette. Plutôt mignonne – d’après mon copain Loud, en tout cas – mais je n’ai rien d’une star. Est-ce justement mon côté « banal » qui a motivé le choix de Socio-life ? Je ne vois pas d’autre explication…
N’empêche, j’en suis toute retournée. Dans deux semaines, ma vie va changer. Je vais devenir hypercélèbre. J’ai l’impression de vivre un rêve…
En fait, je ne réalise pas encore vraiment. Et, à mon avis, mes parents non plus : ils sont complètement dépassés par les événements ! »

Extrait de : Gudule. « Regardez-moi !. »