Étiquette : Fleuve noir

 

La planète aux Chimères par Maurice Limat

Fiche de La planète aux Chimères

Titre : La planète aux Chimères
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1971
Editeur : Fleuve noir

Première page de La planète aux Chimères

« L’idée s’imposait. D’autant plus efficacement que Frank n’était pas encore en mesure de réagir mentalement.

Physiquement non plus, d’ailleurs. Il se trouvait dans un univers de nébulosité. Tout était flou, imprécis, comme inachevé. Il avait très mal à la tête. Cela, au moins, c’était une réalité, une vérité, une certitude.

Le reste…

Il ne sentait plus ses membres, son corps, son âme. Il ne pensait plus. On pensait pour lui. Frank était arrivé à ce degré de lassitude où l’homme renonce, refuse, incroyablement passif.

Mais l’idée était là, toujours là. Incommensurablement présente.

Cette pensée qui s’implantait en lui comme un clou impitoyable, et cette migraine sans merci, ces ennemies atroces, au fond, lui rendirent service. Elles stimulèrent ce qui pouvait encore lui rester de personnalité. L’une biologique et l’autre mentale, tout en le torturant, lui imposèrent d’ouvrir les yeux. »

Extrait de : M. Limat. « La planète aux Chimères. »

La nuit solaire par Maurice Limat

Fiche de La nuit solaire

Titre : La nuit solaire
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1981
Editeur : Fleuve noir

Première page de La nuit solaire

« L’odeur était insoutenable. Formule ! Parce qu’en fait il fallait bien la supporter. Le moyen de faire autrement ? Tout être vivant respire, n’est-ce pas ? Et que l’atmosphère fût ou non à ce point atroce, on n’avait pas le choix.

Cyrille Wagner était écœuré. L’odeur était faite de suint, de remugles inavouables, de moisissures et de fermentation, et d’une façon générale de tout ce qui émane de la pourriture, de la décomposition et par-dessus tout des sécrétions humaines.

Le tout dans l’énorme cockpit de cet astronef de malheur, où rien ou presque ne fonctionnait plus, sinon encore – et de façon bien médiocre – les turboréacteurs. »

Extrait de : M. Limat. « La nuit solaire. »

La nuit des géants par Maurice Limat

Fiche de La nuit des géants

Titre : La nuit des géants
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1967
Editeur : Fleuve noir

Première page de La nuit des géants

« Un vent glacé soufflait sur le rivage. Ce vent brutal des petites planètes douées d’atmosphère, mais où la courbe de l’horizon est toujours proche, semble-t-il, et où les perturbations sont impitoyables.

On ne savait si c’était le jour, la nuit.

En fait, en ce monde minuscule où devait avoir lieu l’étrange rendez-vous, il régnait, en permanence, cette lumière fantomale, l’astre tutélaire demeurant tellement éloigné, et la rotation si rapide…

L’homme allait et venait, au bord de la petite mer qui battait le faible relief. Un lac, plutôt, mais doué de marées fantaisistes. Tout, sur le planétoïde, roulant à des milliards de lieues de la Terre, quelque part dans la constellation du Loup, semblait une maquette réduite de la planète-patrie.

Ken allait et regardait souventes fois le ciel, reportant son regard sur le cadran de sa montre-bracelet. Un modèle intermonde, l’heure absolue ayant été adoptée, après les premiers échanges interplanétaires et interstellaires. »

Extrait de : M. Limat. « La nuit des géants. »

La Maleficio par Maurice Limat

Fiche de La Maleficio

Titre : La Maleficio
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1966
Editeur : Fleuve noir

Première page de La Maleficio

« Des nuages roulaient, occultant partiellement la lune, lui donnant cet aspect de tristesse morne bien peu en accord avec le romantisme que la tradition et l’imagerie attribuent généralement au ciel vénitien.

Jacques Landret en faisait la constatation. Sans amertume. Il pensait seulement que le voyage à Venise manque de charme quand il est accompli en solitaire, comme c’était son cas.

À trente-quatre ans, il était enfin parvenu à effectuer le voyage qu’il souhaitait depuis toujours. Les circonstances, jusqu’alors, lui avaient été peu favorables. Et puis il avait fallu un déplacement commercial, pour la firme où il était ingénieur. Ses directeurs s’étant mis en rapport avec des industriels vénitiens, Landret avait été chargé de préparer les contacts en vue d’une collaboration entre les ateliers français et leurs homologues italiens.

On allait lancer, sur le marché européen, puis mondial, un nouveau modèle de machine à écrire. Jacques Landret était, sinon le promoteur, du moins un des « pères » du nouveau modèle. Aussi avait-il accepté d’emblée la mission qui lui donnait l’occasion de connaître enfin la cité des Doges. »

Extrait de : M. Limat. « La Maleficio. »

La lumière d’ombre par Maurice Limat

Fiche de La lumière d’ombre

Titre : La lumière d’ombre
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1976
Editeur : Fleuve noir

Première page de La lumière d’ombre

« Je me suis fait des illusions. J’ai vingt-deux ans de la Terre et c’est sans doute
ce qui explique ma vocation, mon enthousiasme. Et puis la déception, la chute…

Être cosmonaute. Nous en parlions déjà, je crois bien, à la maternelle !

Moi, Axel Forest, j’ai réalisé mon rêve.

Dès que j’ai eu mon brevet de spatiovolant, je me suis vu fonçant à travers les galaxies, traquant les comètes et chevauchant des météores.

Et puis j’ai reçu ma nomination. Affecté, pour une durée équivalant à quatre mois de la planète patrie, sur un astro-feu martien. Quelle douche !

Je sais ce qu’est un astro-feu. Un vieux rafiot qui ne peut plus guère franchir les gouffres interplanétaires mais dont les responsables de la navigation, la grande
navigation interastres, veulent encore utiliser les ressources.  »

Extrait de : M. Limat. « La lumière d’ombre.  »

La légende future par Maurice Limat

Fiche de La légende future

Titre : La légende future
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1981
Editeur : Fleuve noir

Première page de La légende future

« Le vent fait onduler les cyprès qui paraissent presque noirs sur le bleu profond du ciel. La mer miroite au-delà du temple de Poséidon qui se dresse, orgueilleux hommage au dieu des flots sur les hauteurs du cap Sounion.

Le vieil aède pince les cordes de sa lyre. Et les enfants, des jeunes et des moins jeunes accourent, sachant qu’il va chanter quelque nouvelle épopée, conter de merveilleuses histoires où se rencontrent les dieux, les demi-dieux et les héros valeureux comme les nymphes les plus belles.

L’aède sourit à son auditoire. Il va psalmodier une nouvelle légende. Et il promène ses regards sur ceux qui sont là. Il lui plaît toujours de choisir un auditeur privilégié. Il n’en dit rien, ne le désigne pas, mais dans son vieux cœur encore avide d’amour, il est heureux de chanter plus particulièrement pour un être avec lequel il sent s’établir un subtil courant fluidique. »

Extrait de : M. Limat. « La légende future. »

La jungle de fer par Maurice Limat

Fiche de La jungle de fer

Titre : La jungle de fer
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1973
Editeur : Fleuve noir

Première page de La jungle de fer

« Des nuages roulaient, assez haut dans le ciel. D’autres nuées, plus légères, s’effilochaient au-dessus de la Jungle de Fer et le vent les amenait, derniers fragments des vapeurs nées là-bas, très loin, vers cet océan désormais inaccessible.

Insouciant, familiarisé avec ce décor, avec ces plaines désolées, ce ciel souvent tourmenté, cette jungle monstrueuse d’autant plus interdite et effrayante que l’accès en était à peu près impossible, l’enfant jouait.

Avec rien. Avec tout. Parce que, même après les cataclysmes, les petits humains ont en eux ce miraculeux pouvoir imaginatif qui crée des enchantements à partir de l’insignifiant.

Il ne vit pas le prédateur, lorsque ce dernier creva le plafond nuageux, qu’il fondit vers le sol.

Vers l’enfant, que son œil prodigieux devait avoir repéré de très haut.

C’était un de ces monstres hybrides dont s’épouvantaient les Anciens des Anciens, lesquels avaient connu le monde qu’ils considéraient comme normal, avant la catastrophe. »

Extrait de : M. Limat. « La Jungle de Fer. »

La croix de flamme par Maurice Limat

Fiche de La croix de flamme

Titre : La croix de flamme
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1987
Editeur : Fleuve noir

Première page de La croix de flamme

« C’était la haine qui se peignait sur leurs visages. Cette haine latente stagnant en permanence au fond des âmes viles, toujours prête à éclater, remugle infâme de ce qu’il y a de plus vil en l’homme.

Il n’avait fallu qu’un mince prétexte pour provoquer le conflit. Un verre renversé, ou bien un de ces sourires ignobles que les clients de tavernes décochent à la serveuse, comme si, de droit, elle leur appartenait déjà.

Le cabaret était enfumé et l’atmosphère particulièrement lourde. La nuit était chaude et les nuages de tabac se fondaient dans la vapeur ambiante, pesante et humide, chargée des effluves salés de l’océan proche. »

Extrait de : M. Limat. « La Croix de flamme. »

La cloche de brume par Maurice Limat

Fiche de La cloche de brume

Titre : La cloche de brume
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1979
Editeur : Fleuve noir

Première page de La cloche de brume

« Le navire glisse, lentement, très lentement, sur les flots du golfe de Gascogne.

Lentement. Car la brume est épaisse, à tel point que par prudence le commandant de bord, sans préjudice de l’apport du radar relatif à d’éventuelles rencontres, a sacrifié au procédé ancestral. Un homme, à l’avant, agite en permanence la cloche de brume.

Et c’est comme un glas, bizarrement ouaté par le brouillard ambiant, qui annonce aux navires-frères qu’il y a là un bâtiment, et que le danger des collisions plane sur tous les navigants.

L’homme grelotte dans son suroît. Le monde a changé. Des contacts ont été établis avec les humanités lointaines et la sapience prodigieuse des divers peuples cosmiques a permis de véritables miracles qui n’étonnent plus personne, et surtout pas les très jeunes, nés dans la plus haute technologie. »

Extrait de : M. Limat. « La cloche de brume. »

La cité du vent damné par Maurice Limat

Fiche de La cité du vent damné

Titre : La cité du vent damné
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1985
Editeur : Fleuve noir

Première page de La cité du vent damné

« Le Vent Damné menaçait. C’était encore le silence, ce silence angoissé et angoissant qui précède les grandes catastrophes. Mais les prémices du fléau étaient signalées depuis les plaines et la nature se taisait. Et dans la ville, les hommes se terraient déjà.

Sous le ciel lourd où l’astre n’apparaissait plus que telle une tache blafarde endeuillée de nuées livides, chacun paraît comme il pouvait à l’attaque qui allait venir, entre terre et firmament. On rappelait les enfants, on bloquait les issues, on
relevait prestement tout ce qui était susceptible d’être emporté par le tourbillon.

Delkaar songeait.

À chaque manifestation du Vent Damné, les souvenirs lui revenaient en foule. »

Extrait de : M. Limat. « La cité du Vent Damné. »