Étiquette : Fleuve noir
Lyane par Laurent Genefort

Fiche de Lyane
Titre : Lyane (Tome 3 sur 3 – Les chants de Felya)
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 1996
Editeur : Fleuve noir
Première page de Lyane
« D’une pression des talons, Lyane appuya sur les ailes atrophiées de Pliche. L’oivin émit un gloussement contrarié, mais ralentit. Lyane passa une jambe par-dessus les deux sacoches pendant de chaque côté de la croupe. La jeune fille se laissa glisser à terre, lissant la jupe de toile écrue qui descendait jusqu’à ses mollets. Ses pieds nus foulèrent une herbe mauve, aux pointes jaunâtres. La tête bosselée de Pliche s’abaissa, son bec tapissé de squames râpeuses vint se frotter sous son aisselle.
— Pliche, je sais que tu aimes galoper. Si je ne t’arrêtais pas de temps en temps, tu courrais jusqu’au bord du monde, et tu basculerais dans la grande Mer de nuages ! Si je n’étais pas là, que deviendrais-tu ?… Là, on va faire une halte.
Elle avait pris l’habitude de s’adresser à Pliche, bien qu’elle doutât que l’oivin pût comprendre ses propos. Le tout était de ne pas perdre le goût de la parole. Cela avait son utilité, de savoir parler quand l’hiver se montrait trop rude et qu’elle devait aller mendier un logis dans les vilaines villes du Sest. »
Extrait de : L. Genefort. « Lyane. »
De chair et de fer par Laurent Genefort

Fiche de De chair et de fer
Titre : De chair et de fer (Tome 2 sur 3 – Les chants de Felya)
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 1995
Editeur : Fleuve noir
Première page de De chair et de fer
« Le fer entrait dans sa chair. Il s’appelait Lorin, et on l’avait entraîné dans l’abdomen d’une libellule de métal qui ne volait pas comme les oiseaux.
Les côtes du ventre métallique entraient dans l’échine du garçon. À chaque fois qu’il changeait de position, un Vangkana au crâne rasé lui assénait un coup de matraque. Des hématomes marbraient de violet sa peau dorée.
Sa djellaba de lichen tanné, déchirée dans l’action, laissait voir des muscles longs, noués sur une charpente anguleuse. On pouvait lui donner vingt ans. En réalité, il comptait quatre hivers de moins. L’inquiétude altérait ses traits. Son visage se différenciait de celui de ses compagnons par la noirceur de ses cheveux, des yeux symétriquement écartés aux cils féminins, et un nez presque plat.
En cet instant, il ne pensait pas à la souffrance qui fouaillait son dos, ni à ses compagnons de captivité. Il pensait à Soheil. Quelque part, en bas. »
Extrait de : L. Genefort. « De chair et de fer. »
Le labyrinthe de chair par Laurent Genefort

Fiche de Le labyrinthe de chair
Titre : Le labyrinthe de chair (Tome 1 sur 3 – Les chants de Felya)
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 1995
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le labyrinthe de chair
« Les éventails vernis d’écarlate cliquetaient dans le vent pris de folie. Sur les rives de la baie les tigerouges se courbaient en arc, comme s’ils prenaient pour cible le vaisseau qui gravissait péniblement un ciel de lait caillé, poussant au sommet d’une colonne de feu dont le pied de fumée s’estompait déjà.
« — Voilà de quoi sont faits les piliers de leurs temples, répétait à l’envi Assoudim. Ils sont faits de fumée. Ce vaisseau retombera, celui-là sera pour nous, pêcheurs de fer. »
Pourtant il continuait à s’élever. Machinalement, Lorin rajusta sa tunique de lierre de mer tressé, drapée autour de hanches maigres, aux muscles longs. Chaque enfant devait se la fabriquer lui-même, sinon il restait nu. Debout entre les arbres à deux cents pas du rivage, Lorin avait l’illusion de dominer le bord du monde, là où la terre finissait et où commençait la
grande mer du Levant qui n’avait pas de fin. »
Extrait de : L. Genefort. « Le labyrinthe de chair. »
Les voies du ciel par Laurent Genefort

Fiche de Les voies du ciel
Titre : Les voies du ciel (Tome 2 sur 2 – L’opéra de l’espace)
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 1996
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les voies du ciel
« Axelkahn est un chef-d’œuvre de la technologie yuweh. On dit sa voix magique lorsqu’il chante les opéras immortels. Mais quand les bioprocesseurs se taisent dans sa gorge, ce n’est plus qu’un homme comme les autres. Il lui faut survivre tel qu’il est, ou bien retrouver le seul être qui pourra ressusciter sa voix : un Yuweh disparu au sein d’un Habitat Humain, artefact étrange et démesuré connu sous le nom de Bulbes Griffith.
Mais les Yuweh, cette mystérieuse caste de techniciens terraformateurs, sont-ils seulement humains ?
Les Bulbes Griffith seraient, selon la légende, une construction des Vangk, espèce disparue qui a légué à l’humanité les Portes mettant à disposition des milliers de mondes. Vus de l’espace, les Bulbes ne sont pas sans rappeler la représentation enfantine d’une molécule géante : un agrégat de coquilles de plusieurs kilomètres de diamètre, parfois dotées d’atmosphère, rattachées par de vastes tunnels, les jointures. À quoi servaient-ils, avant que les humains ne s’y installent ? En d’autres termes : quelle est la nature des Bulbes Griffith, périodiquement ravagés par les allostéries, redoutables cataclysmes gravifiques suscitant d’innombrables cultes expiatoires ? »
Extrait de : L. Genefort. « Les voies du ciel. »
La compagnie des fous par Laurent Genefort

Fiche de La compagnie des fous
Titre : La compagnie des fous (Tome 1 sur 2 – L’opéra de l’espace)
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 1996
Editeur : Fleuve noir
Première page de La compagnie des fous
« Axelkahn était parvenu à l’apogée du dernier mouvement de la Sphinge apprivoisée lorsque sa voix défaillit.
À cette seconde précise commença sa déchéance.
La décence imposait aux artistes de porter un masque en présence des personnalités de Seroa. Celui-ci, spécialement conçu pour l’opéra adapté de la Deuxième symphonie de Zemôn, évoquait plutôt un loup laissant le bas du visage à découvert. Il représentait un vieil archéarque sur le point de mourir. Axelkahn portait un pantalon à lacets qui collait aux cuisses. Il était heureusement drapé dans une toge étudiée pour dissimuler au mieux son
embonpoint.
L’orchestre offrait ce qu’il y avait de mieux dans la Rosace comme musiciens. Ce qui n’empêchait pas les violons de se révéler aussi exécrables que les cuivres. Le balinet le décevait un peu moins – si peu cependant !
La qualité de l’orchestre ne comptait plus dès que son chant s’élevait. »
Extrait de : L. Genefort. « La compagnie des fous. »
Une porte sur l’éther par Laurent Genefort

Fiche de Une porte sur l’éther
Titre : Une porte sur l’éther (Tome 2 sur 2 – L’espace entre les guerres)
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 2000
Editeur : Fleuve noir
Première page de Une porte sur l’éther
« — Où en sont vos opérations militaires ?
— Je ne peux rien dévoiler de précis par voie électronique. J’ai confiance en votre cryptage, mais des yeux et des oreilles traînent peut-être dans votre voisinage immédiat. N’oubliez pas qu’officiellement, nous sommes ennemis.
— Admettons. L’important est que nous nous accordions sur l’essentiel : en premier lieu, le nettoyage définitif de l’Axis. La situation n’a que trop duré. Il est temps de reprendre les choses en main, de chaque côté.
— Soit. En ce qui nous concerne, les Axiens ne constituent pas une faction nuisible à cette échelle. Nous en contrôlions déjà une partie, et les lois de restriction commerciale en ont réduit beaucoup à la famine.
— Sacrifiez-les. Il ne doit pas en rester un seul.
— Entendu, mais cela exigera des mois. Vous connaissez comme moi le volume à traiter : plus que celui de Dunaskite et Favor réunies.
— L’Axis doit être stérilisé !
— Rassurez-vous, les premiers résultats ne tarderont pas à nous parvenir. De votre côté…
— Vous savez bien qu’il nous est impossible de lever le petit doigt sans donner l’éveil. Chez nous, les tièdes tiennent encore les rênes. »
Extrait de : L. Genefort. « Une porte sur l’éther. »
Dans la gueule du dragon par Laurent Genefort

Fiche de Dans la gueule du dragon
Titre : Dans la gueule du dragon (Tome 1 sur 2 – L’espace entre les guerres)
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 1998
Editeur : Fleuve noir
Première page de Dans la gueule du dragon
« Debout sur la plate-forme de sortie, l’homme en scaphandre plongeait des pupilles dilatées à l’extrême dans la fournaise. Les oculaires du casque assombrissaient le fond lumineux, assez éblouissant pour rendre aveugle quiconque s’obstinait à le fixer. L’air chauffé à blanc fulminait autour de lui. À cent pieds en contrebas, le magma bouillonnait, dans une vivante fureur. La jauge de radioactivité montait par à-coups vers la cote d’alerte. Encore trois ou quatre minutes et le seuil d’exposition serait dépassé, mais il n’en avait cure.
Un picotement lui démangeait la nuque. Pourquoi était-il là ? Un rendez-vous, qu’on lui avait fixé à l’extérieur d’Ymir, sur le Berg, pour lui faire des révélations… des révélations au sujet de l’assassinat de Masir, voilà !
Sa mémoire se transformait déjà en un gouffre palpitant, peuplé d’éclairs insaisissables.
À intervalle de deux minutes, une salve de projectiles fusait dans le ciel safran, montait en piaulant, s’épanouissait en éventails de feu puis s’abattait sur les flancs inclinés du Berg. »
Extrait de : L. Genefort. « Dans la gueule du dragon. »
Monstres sur commande par Eric Verteuil

Fiche de Monstres sur commande
Titre : Monstres sur commande
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1988
Editeur : Fleuve noir / Gore
Première page de Monstres sur commande
« Marie-Ange Jardelle se regarda longuement dans le miroir du vestibule ; elle admirait toujours avec autant de plaisir sa rivière de diamants (vrais), ses dents éblouissantes (fausses), sa cape de vison (vrai), le blond vénitien de ses cheveux (faux), ses chaussures en crocodile (vrai) et ses seins arrogants (faux).
À cinquante ans, elle en paraissait à peine quarante ; il est vrai que des soins réguliers, des régimes intensifs, des opérations esthétiques, liés à un égoïsme farouche et à des revenus considérables, jouaient un rôle primordial dans cette jeunesse rayonnante, mais un peu figée.
Elle descendit au sous-sol, prit la Mercedes et conduisit rapidement jusque chez le docteur Mérignac ; comme elle était attendue, elle put se garer dans la cour de l’hôtel particulier de la rue Vaneau. Elle fut conduite immédiatement dans le bureau du praticien.
— Cher Raoul, dit-elle en l’attirant pour l’embrasser sur les joues. »
Extrait de : E. Verteuil. « Monstres sur commande. »
Les horreurs de Sophie par Eric Verteuil

Fiche de Les horreurs de Sophie
Titre : Les horreurs de Sophie
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir / Gore
Première page de Les horreurs de Sophie
« Je m’appelle Sophie de Réan, j’ai vingt ans, je suis riche et belle. En fait, je suis très riche et très belle ! Mes yeux sont d’un gris étrange, mes lèvres bien dessinées laissent apparaître des dents éblouissantes qui me donnent envie de sourire même quand les plaisanteries de mes interlocuteurs me pousseraient plutôt à faire la moue.
Dans la vie, j’ai tout ce que je veux et les gens heureux n’ayant pas d’histoire on peut se demander la raison pour laquelle j’écris ces souvenirs. La réponse est simple, j’ai une manie… enfin une passion et j’ai besoin d’en parler.
Il ne s’agit ni de musique, ni de peinture, ni de théâtre, mais de quelque chose de plus rare, de plus précieux, de plus raffiné. Je prends du plaisir à punir mes semblables, j’aime leur faire du mal… en un mot, j’adore les torturer !
Quelle joie de plonger mes jolies mains dans des viscères dégoulinants de sang, de prélever un rein, de découper un foie, de vider un abdomen, d’entendre des cris de douleur quand je crève des yeux. »
Extrait de : E. Verteuil. « Les horreurs Sophie. »
Les charmes de l’horreur par Eric Verteuil

Fiche de Les charmes de l’horreur
Titre : Les charmes de l’horreur
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir / Gore
Première page de Les charmes de l’horreur
« Anne ouvrit les volets et se retourna vers les meubles couverts de poussière, les toiles d’araignées qui tombaient du lustre, le carrelage écaillé.
— On n’a pas fini de nettoyer… Tu parles de vacances !
— Allez ! ma petite Anne, ne râle pas ! Bientôt, ce sera impeccable… enfin presque. Entre nous, je ne pensais pas qu’en un an ça deviendrait aussi sale.
Découragées, elles montèrent au premier étage. Les chambres à coucher étaient dans le même état, mais la vue était toujours aussi magnifique ; la lande avec ses ajoncs, les rochers aux formes étranges et, dans le lointain, la mer.
Au premier abord, les deux sœurs Kerlande ne se ressemblaient pas. Florence, blonde, bouclée, maquillée avec soin, arborait des robes provenant d’une bonne boutique de dégriffés. Anne, l’aînée, les cheveux bruns tombant sur les épaules, ne portait que des jeans délavés et sur son chemisier un vieux pull qu’elle n’enfilait jamais, se contentant de nouer les manches autour du cou. »
Extrait de : E. Verteuil. « Les charmes de l’horreur. »