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Créature des ténèbres par Maurice Limat

Fiche de Créature des ténèbres

Titre : Créature des ténèbres
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1963
Editeur : Fleuve noir

Première page de Créature des ténèbres

« Je viens de commettre mon premier crime…

Je dis bien : crime. Meurtre caractérisé. J’ai tué un homme, volontairement. Dans le but à la fois de détruire un de ces êtres biologiquement vivants que j’exècre désormais, et aussi de frapper de façon violente l’imagination de ses congénères.

Ce n’est pas mon premier forfait. J’en ai déjà d’autres sur ce qu’on ne pourrait appeler sans ironie : ma conscience.

Ceux qui sont de ma nature ne peuvent avoir de conscience. Ils laissent aux pauvres hommes ces petits scrupules mesquins.

Moi, je veux nuire. Et je tue. Je viens de prouver que j’en étais capable.

Quelle étrange satisfaction est en moi, quelle étrange volupté j’ai éprouvée, en assistant à son agonie !

Cela a été rapide et je le regrette. Comme j’aurais aimé prolonger ses souffrances, son angoisse indicible, l’horreur à la fois cérébrale et physique qui l’a pénétré avant qu’il ne sombrât dans le néant.

Mais cela m’a mise en goût de poursuivre. Je connais maintenant mes possibilités, et que ce que j’ai fait auparavant n’était que jeu d’enfant. »

Extrait de : M. Limat. « Créature des ténèbres. »

Chantespectre par Maurice Limat

Fiche de Chantespectre

Titre : Chantespectre
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1963
Editeur : Fleuve noir

Première page de Chantespectre

« — Ai-je bien fait de venir à Chantespectre ?

Cette question, je me la pose depuis mon arrivée. En fait, je m’interrogeais déjà avant de quitter Paris. Et maintenant, en dépit du temps favorable, de l’aimable vallée que je découvre devant moi, je me sens étrangement troublé.

Le domaine est bien situé. Si près de Paris, il ne faut guère plus de deux heures de chemin de fer. Et l’auto m’attendait à la gare. On m’a conduit en dix minutes et je trouvais le trajet agréable. La campagne est verdoyante et on voit fort peu de maisons. Puis j’ai aperçu ce qu’il est convenu d’appeler le manoir.

Une résidence relativement moderne, mais élevée à l’emplacement d’un très ancien château fort. La gentilhommière du comte de Velmor.

Tout de suite, mes appréhensions sont revenues en foule. L’homme qui m’avait conduit en auto devait être payé d’avance. Il a fourré dans sa poche le pourboire que je lui tendais, me disant à peine merci. Visiblement, il avait hâte de s’éloigner. »

Extrait de : M. Limat. « Chantespectre. »

Ceux de la Montagne-de-fer par Maurice Limat

Fiche de Ceux de la Montagne-de-fer

Titre : Ceux de la Montagne-de-fer
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1985
Editeur : Fleuve noir

Première page de Ceux de la Montagne-de-fer

« Les bulles crevaient la mer. Elles s’élevaient gracieusement, en bonds légers, légers, ce qui était surprenant eu égard à leurs dimensions, dimensions telles que chacune enfermait un plongeur. On les voyait monter des profondeurs, globes transparents légèrement irisés au sein desquels un homme nu se recroquevillait en attendant la délivrance.

L’élan qui animait les bulles les projetait au moment où elles débouchaient en surface, si bien qu’elles exécutaient une élégante parabole et claquaient, éclataient littéralement en myriades de gouttelettes qui retombaient dans l’océan en perles étincelantes.

Les rayons solaires semblaient se divertir à jouer du phénomène et c’était un incroyable ruissellement de joyaux fugaces, irréels, nés des caprices de l’onde, alors que la disparition spontanée de la bulle libérait le plongeur, lequel piquait une tête et regagnait le rivage en quelques brasses, riant et tout heureux de sa randonnée sous-marine, heureux surtout en vertu du butin qu’il ramenait. »

Extrait de : M. Limat. « Ceux de la Montagne-de-Fer. »

Cap sur la Terre par Maurice Limat

Fiche de Cap sur la Terre

Titre : Cap sur la Terre
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1977
Editeur : Fleuve noir

Première page de Cap sur la Terre

« Dan Kraft repoussa d’un geste brusque la bande magnétique audiovisuelle que lui tendait le second de l’Altaïr.

— Monsieur Zamiel, fit-il d’un ton sec, veuillez prendre note que je ne tolère pas d’être dérangé quand je suis à la barre de mon navire !

Le lieutenant Zamiel pâlit. Hooro, le pilote nippo-terrien, et Veim le Centaurien qui faisait office d’astronavigateur, demeuraient le nez sur leurs contrôles respectifs et se gardaient bien de paraître s’intéresser à l’incident.

Ils ne connaissaient que trop bien le maître du bord. Eux tout comme l’équipage au complet, état-major compris.

Cependant, Zamiel ne bougeait pas et demeurait, un peu gauche, tenant à la main le message urgent qui venait de parvenir, après le départ de Procyon VIII.

— Veuillez m’excuser, commandant, mais…

— Quoi encore ?

— Ce texte nous est parvenu avec la mention « Ultra-urgent » ! »

Extrait de : M. Limat. « Cap sur la Terre. »

Batelier de la nuit par Maurice Limat

Fiche de Batelier de la nuit

Titre : Batelier de la nuit
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1962
Editeur : Fleuve noir

Première page de Batelier de la nuit

« Pas même cet enchantement un peu morbide que le brouillard engendre quelquefois dans les journées d’automne et où passent encore les parcelles d’or d’un soleil mourant. Il n’y avait plus rien, semblait-il, dans la nature.
Rien que cet air humide, pesant, désespérément morne.
Jusqu’au moteur de l’auto qui semblait ouaté par le silence ambiant. Guy ne se souvenait pas d’avoir jamais roulé dans de telles conditions.
À un certain moment, il freina, stoppa et sauta à terre. La route, très plate, s’étendait indéfiniment, à perte de vue, implacablement droite. Les arbres qui la bordaient étaient aussi pénibles que le reste. La grisaille s’attachait à eux, noyait les couleurs, ne laissant que des formes imprécises, suant l’ennui et pis encore.
Guy fit quelques pas. Tout était silence. Il ne voyait pas les champs, ou à peine. Le ciel paraissait se confondre avec le sol, à quelques mètres autour de lui et sur l’asphalte glissant, ses pas se perdaient, sans bruit. Il croyait marcher dans un rêve.
Il alluma une cigarette, un peu nerveusement, pour faire diversion. Mais le tabac lui parut sans saveur, comme s’il eût été imprégné de l’humidité universelle. »

Extrait de : M. Limat. « Batelier de la nuit. »

Atoxa-des-Abysses par Maurice Limat

Fiche de Atoxa-des-Abysses

Titre : Atoxa-des-Abysses
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1987
Editeur : Fleuve noir

Première page de Atoxa-des-Abysses

« Rerehi n’en croyait pas ses yeux. Penché à l’avant du petit ketch, il scrutait avidement la surface magnifiquement bleue qui venait de se strier devant le bateau d’une longue frangée d’écume.

Mais ce sillon creusé dans la beauté pure des eaux aux tons de turquoise et de saphir était provoqué par un élément qui avait filé dans un mouvement d’une grâce infinie.

Une femme !

Une femme au grand large, ainsi, seule, perdue, et qui avait aussitôt replongé. À des milles du plus proche atoll… C’était dément et Rerehi, un simple mais un garçon de bon sens qui ne croyait plus guère aux légendes qu’on raconte dans les mers du Sud pour amuser et effrayer un peu les enfants, se disait qu’il n’avait pas rêvé, qu’il avait bien
vu… »

Extrait de : M. Limat. « Atoxa-des-Abysses. »

Astres enchaînés par Maurice Limat

Fiche de Astres enchaînés

Titre : Astres enchaînés
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1976
Editeur : Fleuve noir

Première page de Astres enchaînés

« Un oiseau vint heurter la vitre, lourdement. Il glissa, tomba. Il n’atteignit cependant pas le sol de la terrasse, s’étant repris d’un effort spasmodique. Il réussit à voleter encore un instant, battant maladroitement contre cette paroi transparente qu’il ne devait pas voir, en petit habitant des régions aériennes qu’il était.

Et puis, vaincu, il en vint à la chute finale.

Dahir s’éveillait à cet instant. C’étaient peut-être ces petits chocs répétés contre la cloison de verre qui l’avaient tirée de son sommeil. Elle eut réellement l’impression de se trouver dans une étuve. Les rideaux noirs étaient en partie entrouverts, si bien que le jour filtrait.

Le jour de Terkvoor, le jour atroce, le jour de flammes qui rongeait la planète en un embrasement qui croissait au fur et à mesure que la fatale spirale rapprochait Terkvoor de son astre tutélaire.

Dahir était nue. Comment eût-elle supporté le moindre vêtement de nuit, fût-ce le drap le plus arachnéen, sur son corps à la fois fuselé et potelé aux bons endroits ? Ce corps qui bouleversait Ramkos souffrait cruellement. »

Extrait de : M. Limat. « Astres enchaînés. »

Amazone de la mort par Maurice Limat

Fiche de Amazone de la mort

Titre : Amazone de la mort
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1968
Editeur : Fleuve noir

Première page de Amazone de la mort

« Le petit maillet chromé aux extrémités rebondies de caoutchouc heurta la rotule.

La jambe du patient n’eut qu’un très léger tressaillement.

— Voulez-vous vous mettre à genoux sur la chaise ?

Le docteur Sorbier frappa alors un peu au-dessus des talons.

— Merci… Vous pouvez vous relever…

Le praticien était perplexe.

Il regardait ce grand garçon, nu devant lui, et ne lui trouvait absolument rien d’anormal.

Un corps sportif, bien découplé. Normal. Désespérément normal. Plutôt à classer dans les beaux gars.

Pas le moindre réflexe d’hypernervosité. Aucun manque de réaction particulier dans les pupilles, passées au test de la lumière vive.

Cyrille, anxieux malgré tout, guettait lui aussi des réactions. Celles de son médecin.

— Quelques questions… indiscrètes, monsieur Denizet ?

— Je vous en prie, docteur. »

Extrait de : M. Limat. « Amazone de la Mort. »

Plus loin qu’Orion par Maurice Limat

Fiche de Plus loin qu’Orion

Titre : Plus loin qu’Orion (Tome 6 sur 9 – Robin Muscat)
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1970
Editeur : Fleuve noir

Première page de Plus loin qu’Orion

« Il se demanda, tout d’abord, s’il rêvait. Ou bien, s’il était ivre…

Stupide hypothèse… Il était sûr de lui. Il savait bien qu’il n’avait pas mis les pieds, de la
journée spatiale, au bar de l’astronef.

L’appareil s’était littéralement envolé sous ses yeux et, projeté comme par une main aussi
invisible que puissante, était allé percuter la paroi opposée, dans le poste d’astronavigation.

Ridder n’avait pu réagir. Il était resté là dix secondes avant de bondir sur ses pieds de se
précipiter…

Le sextant-Canopus, ainsi nommé en souvenir des premiers compas-robots tous axés sur cette étoile au départ de la Terre, ce miraculeux et si délicat engin qui servait à diriger les vaisseaux de l’espace, était pratiquement hors d’usage. »

Extrait de : M. Limat. « Plus loin qu’Orion – Robin Muscat. »

Fréquence « ZZ » par Maurice Limat

Fiche de Fréquence « ZZ »

Titre : Fréquence « ZZ » (Tome 4 sur 9 – Robin Muscat)
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1965
Editeur : Fleuve noir

Première page de Fréquence « ZZ »

« Robin Muscat détestait la pluie. Il avait pourtant connu les orages diluviens des planètes de Cassiopée, les mascarets de Vénus, les rafales d’Antarès, les trombes des mondes du Bélier, la grêle brûlante de Jupiter et les coulées sanglantes du ciel martien.

De retour sur la Terre, il souhaitait du beau temps. Rien que du beau temps.

Et il trouvait odieux, après tant d’enquêtes interastrales, d’être voué à une filature des plus banales, à Créteil, à un des terminus du métro monorail de la banlieue parisienne.

Être là, sous l’eau qui tombait interminablement, à guetter un quidam quelconque, vaguement soupçonné d’on ne savait quel trafic.

Robin Muscat bâilla et alluma une cigarette… une de plus. »

Extrait de : M. Limat. « Fréquence  »ZZ ». »