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Un jeu cruel par R. Silverberg

Fiche d’Un jeu cruel
Titre : Un jeu cruel
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1967
Traduction : M. Deutsch
Editeur : J’ai lu
Première page d’Un jeu cruel
« LA CHANSON QUE CHANTAIENT LES NEURONES
— La douleur est instructive, haleta Duncan Chalk.
Il gravissait les barreaux de cristal du mur est de son cabinet. Très haut au-dessus de lui trônaient son bureau miroitant et le boîtier d’appel incrusté grâce auquel il contrôlait son empire. Il aurait pu effectuer l’ascension sans la moindre peine grâce à un gravitron porteur. Pourtant, tous les matins, il se contraignait à cette escalade.
Toute une suite l’escortait : Leontes d’Amore aux babines mobiles de chimpanzé, Bart Aoudad, Tom Nikolaides, célèbre par ses épaules, d’autres encore. Pourtant, Chalk, une fois encore attentif aux leçons de la douleur, constituait le centre d’attraction du groupe.
Ses chairs tremblotantes frémissaient. La blanche armature du squelette qui les sous-tendait ployait sous l’effort. Trois cents kilos de viande : voilà à quoi se résumait Duncan Chalk. Son gros cœur racorni battait farouchement, insufflant la vie à ses muscles lourds. »
Extrait de : R. Silverberg. « Un jeu cruel. »
Trips par R. Silverberg

Fiche de Trips
Titre : Trips
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1976
Traduction : J. Chambon
Editeur : J’ai lu
Sommaire de Trips
- Traverser la ville
- Ce qu’il y avait dans le journal de ce matin
- Une mer de visages
- Schwartz et les galaxies
- Trips
- Un personnage en quête de corps
- Les jeux du Capricorne
- Partir
Première page de Traverser la ville
« Le premier jour de l’été, ma femme-du-mois, Silena Ruiz, a trouvé le moyen de barboter le programme directeur de notre district au centre informatique de Fort Ganfield et de disparaître avec. Un garde du fort a avoué qu’elle était parvenue à entrer en lui faisant du charme et qu’elle l’avait drogué. Certains affirment qu’elle est maintenant à Conning Town ; d’autres ont entendu dire qu’elle avait été vue à Morton Court ; d’autres encore prétendent qu’elle a gagné le Mill. À mon avis, peu importe où elle est partie. Ce qui importe, c’est que nous n’avons plus notre programme. Voilà onze jours que nous vivons sans, et les choses commencent à se gâter sérieusement. La chaleur est abominable, mais il faut que nous branchions chaque thermostat sur la commande manuelle avant de pouvoir nous servir de notre système de refroidissement je crois bien que nous serons cuits avant d’en avoir terminé. »
Extrait de : R. Silverberg. « TRIPS. »
Thèbes aux cent portes par R. Silverberg

Fiche de Thèbes aux cent portes
Titre : Thèbes aux cent portes
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1992
Traduction : F. Lasaygues
Editeur : J’ai lu
Première page de Thèbes aux cent portes
« L’impact sensoriel l’assaillit de toutes parts dès le premier moment de son arrivée : un bombardement furieux d’odeurs, de visions, de sons – autant de perceptions nouvelles, toutes aussi intenses les unes que les autres, et animées d’une étrange vie intérieure. Des visions lumineuses firent cercle autour de lui. Puis il erra pendant une période de temps indéterminée à travers des forêts de rêve aux feuillages chatoyants. L’air même avait une texture, contradictoire et déroutante, douce et âpre à la fois, pesante et légère jusqu’au vertige. L’Égypte courait au-dedans de lui tel un fleuve indomptable, effervescente, levant des tourbillons d’étincelles, son immensité et sa stupéfiante puissance vitale l’étourdissant follement.
Il inhalait de la magie. Il s’en étouffait. Le simple fait de respirer était une véritable lutte – il était tellement abasourdi qu’il devait se concentrer pour s’en rappeler les différentes phases. Mais le vrai problème était le manque d’orientation. »
Extrait de : R. Silverberg. « Thèbes aux cent portes. »
Starborne par R. Silverberg

Fiche de Starborne
Titre : Starborne
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1995
Traduction : I. Tolila
Editeur : J’ai lu
Première page de Starborne
« Seize années-lumière de la Terre aujourd’hui, cinquième mois du voyage, et l’impalpable force d’accélération de l’hyperespace continue d’augmenter la vitesse du vaisseau spatial. Trois parties de Go sont en cours dans le salon du Wotan. Le capitaine élu pour l’année se tient sur le seuil de la pièce fortement éclairée, regardant distraitement les joueurs : Roy et Sylvia, Léon et Chang, Heinz et Elliot.
Voilà des semaines que le Go fait fureur à bord. Les joueurs – dix-huit à vingt membres de l’expédition ont attrapé le virus à ce jour, plus d’un tiers de l’équipage – restent assis pendant des heures, étudiant des stratégies, combinant des variantes, saisissant les pierres polies noires et blanches entre le pouce et l’index, les posant sur le plateau de bois avec le claquement sec d’usage. Le capitaine ne joue pas, bien que ce jeu l’ait à une époque captivé jusqu’à l’obsession, une époque lointaine, presque une autre vie ; ses responsabilités à bord exigent déjà de lui une bien trop grosse dépense d’énergie pour qu’il trouve le moindre plaisir à simuler une conquête territoriale. »
Extrait de : R. Silverberg. « Starborne. »
Shadrak dans la fournaise par R. Silverberg

Fiche de Shadrak dans la fournaise
Titre : Shadrak dans la fournaise
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1976
Traduction : R. Louit
Editeur : J’ai lu
Première page de Shadrak dans la fournaise
« Dans neuf minutes, le jour va se lever sur la grande cité d’Oulan-Bator, capitale du inonde reconstruit. Éveillé depuis quelque temps déjà, le Dr Shadrak Mordecai s’agite nerveusement dans son hamac. Il considère d’un œil sombre l’écran de son terminal, lumineux petit cercle vert encastré dans le mur. La date s’y inscrit en lettres rouges :
Lundi
14 mai
2012
Comme à l’ordinaire, le Dr Mordecai n’a pu dormir que quelques heures. Toute l’année, il a souffert d’insomnies. Cette incapacité à trouver le sommeil constitue sans doute un message de son cortex, mais il n’a su jusqu’ici le déchiffrer. »
Extrait de : R. Silverberg. « Shadrak dans la fournaise. »
Pavane au fil du temps par R. Silverberg

Fiche de Pavane au fil du temps
Titre : Pavane au fil du temps
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1989
Traduction : P. K. Rey
Editeur : J’ai lu
Sommaire de Pavane au fil du temps
- Le temple de gloire de la science-fiction
- Les habitués
- L’apogée de la courbe en cloche
- Idylle
- Pas notre frère
- Contre Babylone
- Dans les crocs de l’entropie
- Amanda et l’extraterrestre
- Multiples
- Une aiguille dans une meule de temps
- Pavane au fil du temps
Première page de Le temple de gloire de la science-fiction
« Lorsque je le vis surgir du Projectorium, j’aperçus dans le lointain regard de ses yeux gris le spectre de la terreur et du renoncement. Ses épaules s’affaissaient comme sous le poids d’un terrible fardeau ; je ne me souvenais pas l’avoir jamais vu auparavant trahir ainsi le moindre abandon au désespoir, mais pour l’heure le spectacle de sa totale capitulation me glaçait les sangs. D’une main tremblante, il me tendit un ruban de données de couleur jaune, sur lequel étaient tracés en rouge les mystérieux symboles de la mathématique cosmique.
— Ce n’est plus la peine, bredouilla-t-il. Ça ne sert vraiment plus à rien de nous acharner encore à nous battre !
— De quoi veux-tu… ?
— Cette nuit, dit-il d’une voix enrouée par l’émotion, l’univers va s’enfoncer irrémédiablement dans les limbes du point zéro ! »
Extrait de : R. Silverberg. « Pavane au fil du temps. »
Opération pendule par R. Silverberg

Fiche d’Opération pendule
Titre : Opération pendule
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1987
Traduction : F. Kerline
Editeur : J’ai lu
Première page d’Opération pendule
« Eric — 5 minutes
La translation le frappa comme un direct à l’estomac. Il dut lutter pour ne pas se plier en deux en toussant et en vomissant. Il avait le vertige, aussi, et ses jambes semblaient vouloir s’envoler vers le plafond. Mais cette sensation ne dura qu’une fraction de seconde. Il fut vite remis d’aplomb.
Il était encore dans le laboratoire, debout en face de lui-même. En face de Sean, aussi. Jumeau et jumeau. Sean et l’autre version de lui-même étaient assis côte à côte, sur la plate-forme expérimentale, dans leurs étranges petits fauteuils de métal à trois pattes, attendant que ça commence.
Dans cinq minutes, le couplage de singularité prendrait vie et la force de translation les emporterait. Et ils feraient la navette entre le trou noir et le trou blanc à une vitesse infinie, jusqu’à ce qu’ils soient expulsés par la porte du temps. Mais, dans l’immédiat, émerveillés et étonnés, ils contemplaient l’autre Eric, Eric 2, celui qui venait de jaillir ex nihilo du mystérieux puits du temps. »
Extrait de : R. Silverberg. « Opération Pendule. »
Lettres de l’Atlantide par R. Silverberg

Fiche de Lettres de l’Atlantide
Titre : Lettres de l’Atlantide
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1990
Traduction : F. Lasaygues
Editeur : J’ai lu
Première page de Lettres de l’Atlantide
« Le Prince dort maintenant. Sans doute est-il en train de rêver de l’île verte et dorée d’Athilan, de ses palais de marbre, de ses temples étincelants. C’est à son insu que j’ai emprunté son corps – son robuste bras droit – afin de pouvoir écrire cette lettre.
Voici :
D’un endroit que je suppose être la Bretagne ou la Normandie, en cette soirée que je crois être celle du Noël de l’an 18.862 avant J.-C., bien le bonjour ma chère Lora, et joyeuses Fêtes !
(Est-ce que ce mot arrivera jusqu’à toi, au cœur de cette froide terre orientale qui portera un jour le nom de Pologne ou de Russie ? Moins d’une chance sur deux, j’imagine, et cela bien que nous nous trouvions tous deux dans la même année préhistorique. Car tout un continent nous sépare. Avec les moyens de transport qu’on a ici, autant dire que nous sommes dans des mondes différents. Je ferai en sorte que le Prince glisse cette lettre dans la valise diplomatique qui part la semaine prochaine. »
Extrait de : R. Silverberg. « Lettres de l’Atlantide. »
Les chants de l’été par R. Silverberg

Fiche de Les chants de l’été
Titre : Les chants de l’été
Auteur : R. SIlverberg
Date de parution : 1979
Traduction : I. Tate
Editeur : J’ai lu
Sommaire de Les chants de l’été
- Les chants de l’été
- L’éternité et après
- Double défi
- Le dernier poète
- Comme un frère
- A la croisée des chemins
- La digue
- La nuit du feu
- L’épouse 91
- Nous savons qui nous sommes
- Sauve qui peut !
- A Pelpel, tout est bon pour passer le temps
Première page de Les chants de l’été
« KENNON
Je me rendais à la Sérénade où je comptais bien rappeler à Corilann que le temps était venu pour elle de tenir sa promesse. Je traversais le grand pré quand l’homme surgit devant moi, le dénommé Chester Dugan. Pour ce que j’en vis, il me sembla qu’il tombait du ciel.
L’espace de quelques instants, il chancela dangereusement. Interdit, je l’observais. Naturellement, je me demandais d’où il sortait et ce qu’il était venu faire. Petit, la silhouette grasse et flasque, il avait le visage sillonné de rides et le menton hérissé. Je l’ai dit, j’étais impatient d’arriver à la Sérénade, aussi poursuivis-je ma route sans plus m’occuper de lui. À ce moment, il perdit l’équilibre pour de bon et se retrouva par terre. Il me héla aussitôt. Il s’exprimait dans une langue barbare et vulgaire très éloignée de la nôtre. »
Extrait de : R. Silverberg. « Les chants de l’été. »
Les ailes de la nuit par R. Silverberg

Fiche de Les ailes de la nuit
Titre : Les ailes de la nuit
Auteur : R. SIlverberg
Date de parution : 1969
Traduction : M. Deutsch
Editeur : J’ai lu
Première page de Les ailes de la nuit
« La cité de Roum est édifiée sur sept collines. On dit qu’elle fut une capitale de l’homme dans un cycle antérieur. Cela, je l’ignorais car c’était à la confrérie des Guetteurs, pas à celle des Souvenants, que j’appartenais ; mais en arrivant au crépuscule, venant du sud, quand la ville m’était apparue pour la première fois, j’avais immédiatement vu que son importance avait dû être grande. C’était encore une puissante cité peuplée de milliers d’âmes.
Ses tours anguleuses se découpaient à l’emporte-pièce sur le ciel assombri. Le flamboiement des lumières était somptueux. A ma gauche, le soleil à son déclin embrasait splendidement le firmament. Des oriflammes d’azur, de violet, d’écarlate se déployaient, s’enchevêtraient dans leur danse nocturne, annonciatrice des ténèbres. A droite, l’obscurité s’était déjà installée. Ce fut en vain que j’essayai de distinguer les sept collines. Pourtant, je savais que c’était bien là cette Roum en majesté où mènent toutes les routes et j’éprouvais un profond et respectueux émerveillement à la vue des œuvres de nos aïeux. »
Extrait de : R. Silverberg. « Les ailes de la nuit. »