Étiquette : Jeury

 

Les hommes-processeurs par M. Jeury

Fiche de Les hommes-processeurs

Titre : Les hommes-processeurs
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1981
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les hommes-processeurs

« Gilbert Mason sortit du château et regarda le ciel. Il s’offrait ce spectacle merveilleux, éternel, gratuit, plusieurs fois par jour, en toute saison, comme récompense de ses succès et comme consolation après un échec. Mme de la Grange avait été une cliente difficile ; il était venu la voir, en voisin, une demi-douzaine de fois depuis l’hiver. Il avait réussi à la décider alors qu’il n’espérait plus. Il avait enfin le bon de commande dans son porte-documents : le ciel lui parut exceptionnellement beau en cette fin d’après-midi de juillet.

Il traversa la cour, plantée de hêtres rouges, et s’arrêta un moment près de sa 2CV, une main posée sur le capot, la tête levée, humant l’air comme s’il venait de débarquer dans une contrée inconnue et lointaine. En fait, Saint-Veillant était son pays natal et il n’avait jamais quitté la région. Son secteur de travail, qui couvrait un demi-arrondissement, lui semblait bien assez vaste pour satisfaire son esprit d’entreprise et son goût des voyages. Mais il rêvait, de temps en temps. Il se préparait à un événement fabuleux et improbable qui changerait peut-être sa vie, un jour. »

Extrait de : M. Jeury. « Les hommes-processeurs. »

Les enfants de Mord par M. Jeury

Fiche de Les enfants de Mord

Titre : Les enfants de Mord
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1979
Editeur : Pocket

Première page de Les enfants de Mord

« Les neuf lettres de PROMORTEM tournaient lentement dans le ciel pâle du matin, dessinant une auréole lumineuse à la plus haute tour du Centre Commercial Rama. Au-dessus du mur d’enceinte, d’autres lettres géantes, multicolores, se poursuivaient et se rejoignaient, s’éteignaient et se rallumaient un peu plus loin, répétant sans fin le slogan du Centre Commercial : VOUS avez rendez-vous avec Rama… VOUS avez rendez-vous avec Rama…

Il était 6 h 45. La rue appartenait encore aux peu conciliants ouvriers-techniciens de la Voirie Urbaine, la VU. Cependant, certains services étaient déjà au travail. Les syndicats organisaient le partage du temps comme de toute chose. La société Promortem devait avoir la tranche horaire 5 h-10 h. C’était la moins coûteuse et elle convenait parfaitement aux nécros et à leurs alliés naturels… Colin Advel avait travaillé plusieurs mois à la Nécropole centrale – qui se trouvait aussi dans le périmètre Rama – et il connaissait un peu les vilaines mœurs nocturnes de ces gens-là. »

Extrait de : M. Jeury. « Les enfants de Mord. »

Le territoire humain par M. Jeury

Fiche de Le territoire humain

Titre : Le territoire humain
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1979
Editeur : Robert Laffont

Première page de Le territoire humain

« La tige flexible s’inclina et le calice de communication vint se placer de lui-même devant le visage de Jonas Claude.
— TAC 2, dit la machine. Un appel pour SIVOC, codification DOO1, en provenance du méridien, hauteur 47°. Le prenez-vous ?
SIVOC signifiait : Sir Jonas Val One Claude. Le procurateur d’État Jonas Claude. Lui-même. Le méridien était le méridien 0, autrefois Greenwich, devenu sous le Grand État III méridien de Normandie et de Gao. La zone d’influence du procurateur en mission – qui n’était pas un fonctionnaire d’autorité – s’étendait de 2° longitude ouest à 2° longitude est.
— Je le prends, dit sèchement Jonas Claude.
Et il appuya sur une touche placée à l’angle gauche de sa table de travail.
— Donnez-moi toutes les informations complémentaires en non-phonie non-impression sur E2. J’écoute. »

Extrait de : M. Jeury. « Le territoire humain. »

Le seigneur de l’histoire par M. Jeury

Fiche de Le seigneur de l’histoire

Titre : Le seigneur de l’histoire
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1980
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le seigneur de l’histoire

« Le réalisateur Thibaut Ulrich sourit vaguement, fit mine de consulter le dossier ouvert à sa gauche. Il s’efforçait de ne pas montrer la souffrance que lui causait sa gorge irritée. Il savait qu’il aurait dû arrêter de fumer. Après L’Enclave des guerriers, il suivrait une cure, un traitement, n’importe quoi… s’il était encore temps! « Raison de plus pour aller vite… » Au mieux, le tournage de L’Enclave ne commencerait pas avant un mois. Pour la cure : impossible avant deux mois et demi, trois mois. Et Thibaut Ulrich ne pouvait se passer de tabac quand il faisait un film. Donc… Il cherchait son chef des francs-tireurs depuis près d’un mois: ça suffisait. Il se résigna. Le type assis en face de lui l’inquiétait un peu et il n’arrivait pas à décider pourquoi. Tant pis. C’était le septième ou le huitième comédien qu’il voyait pour le rôle d’Enguerre, le Résistant. Il en avait assez… Il tira une bouffée de la Pall Mall qu’il venait d’allumer sans s’en apercevoir et haussa les épaules.
Bruno Gorda serait Enguerre même si. Il chassa d’un même geste la fumée de sa cigarette et ses derniers doutes. Bruno refusa le paquet tendu, secoua la tête. »

Extrait de : M. Jeury. « Le seigneur de l’histoire. »

Le sablier vert par M. Jeury

Fiche de Le sablier vert

Titre : Le sablier vert
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1977
Editeur : Robert Laffont

Première page de Le sablier vert

« Taël Ohelen sursauta quand la sonnerie du téléphone retentit. Il avait vingt-cinq ans et il n’était pas particulièrement nerveux. Mais il n’avait guère l’habitude d’entendre ce bruyant signal. À Stagamabo, seuls quelques hauts fonctionnaires impériaux et deux ou trois dizaines de riches familles possédaient un téléphone privé.
Omir Fenseng se leva en souriant.
— Je vais répondre. Tu permets ?
Taël inclina la tête… Archéologue, spécialiste de la période de haute technologie qui avait précédé la naissance de l’Empire, il savait qu’un siècle et demi plus tôt un fabuleux réseau de communication couvrait Nova Persei, reliant des dizaines ou des centaines de millions de postes. En y songeant, il éprouvait une étrange impression de fierté et de regret mêlés. Et d’espoir aussi. Un certain nombre de jeunes Perseiens, comme lui-même, s’étaient juré de reconquérir la puissance et la richesse ancestrales. Si ce n’était pas un mythe… »

Extrait de : M. Jeury. « Le Sablier Vert. »

Le monde du lignus par M. Jeury

Fiche de Le monde du lignus

Titre : Le monde du lignus
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1978
Editeur : Robert Laffont

Première page de Le monde du lignus

« Au moment précis où Lorek Nalan rentrait dans sa cabine, après sa période de travail du matin, il reçut un appel du Pont I. Le haut commandement du vaisseau… Un sourire las errait sur le beau visage noir qui emplissait l’écran central. Le nom de l’homme s’inscrivit sur l’écran gauche : Conseiller Asha N’Boro.
— Je vous connais, Monsieur le Conseiller, dit Lorek.
Asha N’Boro inclina la tête en guise de salut.
— Je n’avais pas cet honneur, technicien Nalan. Croyez que je le regrette. Le Lord colonel m’a chargé de vous poser quelques questions. Pour quelle raison faites-vous partie de l’expédition Centaurus ?
Lorek éclata de rire.
— C’est très simple. J’ai négligé de rayer la mention « accepteriez-vous de participer à un voyage d’exploration galactique ? » dans un »

Extrait de : M. Jeury. « Le Monde du Lignus. »

Le livre d’or par M. Jeury

Fiche de Le livre d’or

Titre : Le livre d’or de la science-fiction
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1982
Editeur : Pocket

Sommaire de Le livre d’or

  • Ouragan sur le secrétaire d’Etat
  • La poudre jaune du temps
  • La fête du changement
  • La mémoire de l’Eden
  • Vivre le temps
  • Les cygnes se créent dans le ciel
  • Mais quel territoire ?
  • La planète des vaches
  • Les négateurs

Première page de Ouragan sur le secrétaire d’Etat

« — Allô, François ? Ici Jean.

— Comment allez-vous, mon cher ministre ?

— Assez bien, mon cher préfet. Je n’ai pas encore trop l’impression d’être assiégé.

— Mais vous ne l’êtes pas. Et nous veillons sur vous.

— Je vous fais confiance, mais il ne faudrait pas que ça devienne trop voyant.

— D’accord, d’accord… Pour le moment, il n’y a rien à signaler sur la rive droite. Sur la rive gauche et en amont… eh bien, je n’en mettrais pas ma main au feu. Sérieusement, Jean, je crois avoir un tuyau sur les intentions des Japonais.

— C’est-à-dire la bande Mauvar ?

— Votre ennemi déclaré. J’ai… Enfin, nous avons infiltré quelqu’un dans son groupe. Bref, ils semblent décidés à tenter un mauvais coup contre vous au prochain orage. Mais pas à partir de la Corrèze. Ce n’est pas pour me vanter… »

Extrait de : M. Jeury. « Le livre d’or de la science-fiction. »

Le jour des voies par M. Jeury

Fiche de Le jour des voies

Titre : Le jour des voies
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1977
Editeur : Bragelonne

Première page de Le jour des voies

« Deux policiers fédéraux avaient ceinturé l’homme brun et gras dans le couloir du jet, Les policiers étaient en uniforme gris ; l’homme vêtu d’une tunique blanche et d’un short kaki. L’officier fedpo s’avança avec une attitude théâtrale et prononça une phrase dont Bruno Aden, depuis son box, n’entendit que la fin :

— … désormais hors la loi !

Quel était donc ce parti, ce mouvement, ce groupe mis hors la loi par les Fédéraux ?

L’individu que les flics venaient d’arrêter dans le courrier d’Africa I brandissait encore d’un air de défi, et malgré les menottes magnétiques, un journal mal imprimé sur deux minces feuilles de papier gris : Le Temps des Voies. Bruno sourit. Les adventistes de Fargan Oulds lui semblaient les gens les plus inoffensifs du monde. Mais des faits nouveaux avaient pu intervenir. »

Extrait de : M. Jeury. « Le Jour des voies. »

Le jeu du monde par M. Jeury

Fiche de Le jeu du monde

Titre : Le jeu du monde
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1985
Editeur : Robert Laffont

Première page de Le jeu du monde

« On y va ? Courage, Bruno Mansa ! » Angella éclata de rire et je l’imitai, la gorge un peu serrée. La date limite pour ma mise en jeu expirait dans quatre jours. À quoi bon attendre encore ? Nous entrâmes dans la première cabine libre. Angella renifla avec dégoût. Les précédents occupants avaient abandonné derrière eux un relent sucré assez infect. Il traîne toujours dans tous les coins des arènes de Susa des senteurs un peu folles. Les cabines ne sont pas épargnées.

— Je n’aime pas trop jouer ma vie sur un coup de dés… sans même lancer les dés ! avouai-je.

— De l’air ! fit Angella en s’éventant avec son vapo F. & T.

Docile, la soufflerie commença à chuinter et la cabine s’emplit de frais embruns. Je m’approchai du tableau, un peu gêné et gauche, car je n’avais pas l’habitude de jouer avec un témoin derrière le dos. Cela me semblait un acte intime exigeant la plus complète solitude… ce qui signifiait seulement que je ne jouais pas assez souvent. »

Extrait de : M. Jeury. « Le jeu du monde. »

Le chat venu du futur par M. et D. Jeury

Fiche de Le chat venu du futur

Titre : Le chat venu du futur
Auteur : M. Jeury et D. Jeury
Date de parution : 1998
Editeur : Hachette

Première page de Le chat venu du futur

« AGENT 777.JOURNAL TÉLÉPATHIQUE,26 JUIN 1997

« Au secours ! hurle Charlie. Miss Sissi va arracher la tête à mon pauvre Rambo ! Louise, viens vite ! »

Je me soulève légèrement de mon coussin pour suivre les événements du jardin. Après tout, je suis ici, en mission, pour observer les deux chiens de la famille Carsac. Rambo et Miss Sissi tiennent chacun par un bout un os long et sec, dépourvu du moindre lambeau de chair. La demoiselle cocker – si on peut appeler demoiselle cette boule de rage – secoue l’os dans tous les sens. Le cou du teckel suit le mouvement, qui se transmet à son corps jusqu’au bout de la queue. Seigneur ! Le jeune humain a raison, cette poison lui dévisse la tête !

Charlie retient la Miss par la peau du dos pour la forcer à lâcher prise. Du même coup, il tire l’os et le teckel, que le cocker continue de secouer comme un prunier.

« Tu vas lâcher mon os, gronde Miss Sissi.

— C’est le mien, sale peste. »

Ces deux pauvres animaux inférieurs ne se rendent pas compte que je lis dans leurs pensées. Ils ne s’en rendent pas compte, mais ça leur porte sur les nerfs, ça les excite, ça les rend plus idiots et plus hargneux que nature. Ils sont insupportables depuis que je farfouille dans leur crâne. »

Extrait de : M. Jeury. « Le chat venu du futur. »