Étiquette : Le livre de poche

 

L’ultime fléau par F. Pohl

Fiche de L’ultime fléau

Titre : L’ultime fléau
Auteur : F. Pohl
Date de parution : 1962
Traduction : J. Gil
Editeur : Le livre de poche

Première page de L’ultime fléau

«  Dis donc, Chandler, dit Larry Grantz, le geôlier. Je te parie cinquante contre un que tu seras condamné. Qu’est-ce que t’en penses ?
— Va au diable, dit Chandler.
— Allez, tu peux me mettre dans le coup ! Tu ne garderais pas en réserve une petite surprise pour le juge, par hasard ? »
Chandler ne répondit rien. Il ne regarda même pas le geôlier. Un homme en route pour l’enfer a autre chose à faire que de se soucier de l’opinion des gens.
« Bon, écoute, fit le geôlier, il se pourrait bien que tu aies besoin d’un ou deux copains plus tôt que tu ne penses. Tu ne crois pas ? Tiens, je ne parie plus que cinq contre un si tu plaides coupable. C’est bien ce que tu as l’intention de faire, hein ? »

Extrait de : F. Pohl. « L’ultime fléau. »

Homme plus par F. Pohl

Fiche de Homme plus

Titre : Homme plus
Auteur : F. Pohl
Date de parution : 1976
Traduction : P. Hupp
Editeur : Le livre de poche

Première page de Homme plus

« UN ASTRONAUTE ET SON UNIVERS

Il est nécessaire que nous vous parlions de Roger Torraway. Bien entendu, pris isolément, un être humain ne paraît pas particulièrement important lorsqu’il en vit huit milliards. Disons qu’il n’est guère plus important qu’un microchip dans la mémoire d’un ordinateur, mais un chip peut être d’une importance capitale s’il renferme un bit essentiel, et telle était précisément la position de Torraway.

Il était bel homme, dans son genre. Et célèbre. Du moins, il l’avait été.

À une époque, Roger Torraway avait passé deux mois et trois semaines suspendu dans le ciel en compagnie de cinq autres astronautes. Ils étaient sales, ils s’ennuyaient à mourir, ils rêvaient de femmes. Ce n’était pas cela qui l’avait rendu célèbre : il y avait juste de quoi placer deux phrases »

Extrait de : F. Pohl. « Homme plus. »

Les humanoïdes par J. Williamson

Fiche de Les humanoïdes

Titre : Les humanoïdes
Auteur : J. Williamson
Date de parution : 1949
Traduction : P. Sterne
Editeur : Le livre de poche

Première page de Les humanoïdes

« Le sergent du corps de garde, celui dont les traits paraissaient taillés dans du granit, la découvrit debout devant la haute grille d’acier, levant vers lui des yeux timides et implorants. Une petite épave crasseuse en robe jaune bon marché. Ses pieds nus et brunis traînassaient, mal à l’aise sur l’asphalte brûlant, et il pensa d’abord qu’elle était venue mendier quelque pitance.

« S’il vous plaît, monsieur, c’est ici l’Observatoire Starmont ? »

Elle semblait essoufflée et effrayée.

« Puis-je voir le directeur, s’il vous plaît ? Le docteur Clay Forester ? »

Ses yeux mouillés brillèrent.

« S’il vous plaît, monsieur ! C’est très, très important !  »

Extrait de : J. Williamson. « Les humanoïdes. »

Les vaisseaux du temps par S. Baxter

Fiche de Les vaisseaux du temps

Titre : Les vaisseaux du temps
Auteur : S. Baxter
Date de parution : 1995
Traduction : B. Sigaud
Editeur : Le livre de poche

Première page de Les vaisseaux du temps

« Au matin du vendredi qui suivit mon retour du futur, je m’éveillai, longtemps après l’aube, du plus profond des sommeils sans rêves.
Je sortis du lit et ouvris brusquement les rideaux. Le soleil, comme à son habitude, s’élevait paresseusement dans le ciel et je me rappelai la manière dont l’astre du jour, sous la perspective accélérée du voyage transtemporel, traversait carrément l’horizon d’un bond ! Mais à présent, semblait-il, j’étais englué une fois de plus dans un temps qui s’écoulait goutte à goutte, tel un insecte dans un suintement d’ambre.
Sous mes fenêtres s’accumulaient les bruits matinaux de Richmond : sabots des chevaux, fracas des roues sur les pavés, portes qu’on claque. Un tramway à vapeur, crachant fumée et étincelles, descendait pesamment Petersham Road et les cris de mouette des marchands des quatre-saisons me parvenaient sur les ailes du vent. Je surpris mes pensées à dériver loin de mes pittoresques aventures transtemporelles et à redescendre sur un plan plus terre à terre : j’examinai le contenu de la Pall Mall Gazette de la veille, pris note des fluctuations bour- »

Extrait de : S. Baxter. « Les Vaisseaux du Temps. »

Les pantins cosmiques par P. K. Dick

Fiche de Les pantins cosmiques

Titre : Les pantins cosmiques
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1956
Traduction : J.-L. Estèbe
Edition : Le livre de poche

Première page de Les pantins cosmiques

« Les enfants jouaient gravement devant le porche. Mary s’appliquait à modeler dans la glaise une figurine indistincte. Tant bien que mal, Noaks s’escrimait à l’imiter. Leur besogne accomplie, Dave et Walter se reposaient de leurs efforts. Peter Trilling, lui, se contentait de regarder.
Mary balança brusquement en arrière la masse noire de ses cheveux, cambra son corps élancé et planta une chèvre d’argile sur le sol.
— Tenez ! dit-elle. Faites voir les vôtres ? Noaks baissa la tête. Ses mains maladroites étaient incapables de rivaliser avec les doigts agiles de la petite fille. Elle avait déjà récupéré sa chèvre pour en faire un cheval.
— Regarde le mien, marmonna-t-il.
Il campa sur sa queue un avion mal bâti, et accompagna son geste d’une pétarade baveuse.
— Pas mal, hein ?
Dave renifla, dédaigneux.
— C’est nul. Tiens, regarde ça.
Il poussa son mouton aux côtés du chien d’argile de Walter. »

Extrait de : P. K. Dick. « Les pantins cosmiques. »

Les chaînes de l’avenir par P. K. Dick

Fiche de Les chaînes de l’avenir

Titre : Les chaînes de l’avenir
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1956
Traduction : D. Defert, J. Huet
Edition : Le livre de poche

Première page de Les chaînes de l’avenir

« La température du Refuge oscillait entre 37 et 38°C. L’air y était perpétuellement imprégné de vapeur dont les volutes s’effilochaient paresseusement. De l’eau brûlante jaillissait en geysers et le « sol » était une surface mouvante de vase chaude, composée d’eau, de minéraux dissous, et d’une pulpe fongueuse. Des restes de lichens et de protozoaires coloraient et épaississaient la mousse humide qui s’amoncelait partout, recouvrant les roches luisantes, les buissons spongieux et les diverses installations utilitaires. Tout l’arrière-plan était occupé par une toile de fond où l’on avait peint avec soin un long plateau s’élevant au-dessus d’une mer plombée.
À n’en pas douter, le Refuge avait la matrice pour modèle. On ne pouvait nier la ressemblance, et personne n’avait d’ailleurs songé à le faire. »

Extrait de : P. K. Dick. « Les chaînes de l’avenir. »

Le zappeur de mondes par P. K. Dick

Fiche de Le zappeur de mondes

Titre : Le zappeur de mondes
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1965
Traduction : R. Albeck
Edition : Le livre de poche

Première page de Le zappeur de mondes

« — M. Lars, s’il vous plaît.
— Je crains fort de n’avoir qu’un moment à accorder à vos téléspectateurs. Je regrette vraiment.
Il était piégé. L’interviewer automatique de la Télé, caméra à la main, lui barrait le passage. Le sourire métallique du robot étincelait, comme plein de confiance.
— … Vous sentiriez-vous prêt à entrer en transe, monsieur ?
Son ton exprimait vraiment l’espoir, comme si sa victime allait vraiment entrer en transe devant le dispositif dit « multiple-alterne » des lentilles de sa caméra portable.
Lars Powderdry soupira. De l’endroit où il se tenait debout sur le trottoir roulant des piétons, il entrevoyait son bureau new-yorkais. Mais quant à l’atteindre, c’était une autre histoire. Trop de gens – trop de purzouves – s’intéressaient à lui, et non à son travail. Or, c’était son travail qui comptait. »

Extrait de : P. K. Dick. « Le zappeur de mondes. »

Le temps désarticulé par P. K. Dick

Fiche de Le temps désarticulé

Titre : Le temps désarticulé
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1959
Traduction : P. R. Hupp
Edition : Le livre de poche

Première page de Le temps désarticulé

« VICTOR NIELSON alla chercher derrière, dans la chambre froide, un chariot de pommes de terre nouvelles et l’amena au rayon primeurs. Il commença à garnir le bac presque vide, en inspectant une pomme de terre sur dix pour s’assurer qu’elle n’était pas pourrie ni éraflée ; il en laissa tomber une grosse. En se baissant pour la ramasser, il balaya du regard les caisses, les enregistreuses et les présentoirs de cigares et de sucreries, entr’aperçut la rue par les larges portes de verre. De rares passants déambulaient sur le trottoir ; il saisit un fugitif éclat de soleil sur l’aile d’une Volkswagen qui sortait du parking réservé au magasin.
« Était-ce ma femme ? demanda-t-il à Liz, l’imposante Texane de service à la caisse.
— Pas que je sache », répondit la jeune fille. Elle tapa deux cartons de lait et un paquet de bœuf maigre haché. Le client à l’âge respectable plongea la main dans sa poche intérieure pour sortir son portefeuille. »

Extrait de : P. K. Dick. « Le Temps Désarticulé. »

Le profanateur par P. K. Dick

Fiche de Le profanateur

Titre : Le profanateur
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1956
Traduction : P. Lorrain, B. Panloup
Edition : Le livre de poche

Première page de Le profanateur

« À SEPT heures, Allen Purcell, jeune et dynamique président de la plus jeune et de la plus novatrice des Agences de Recherche, perdit une chambre à coucher, mais regagna une cuisine. L’opération se déroulait automatiquement, sous le contrôle d’une bande magnétique imprégnée d’oxyde de fer et scellée dans le mur. Allen n’avait aucun pouvoir sur le processus, mais la substitution n’était pas pour lui déplaire ; il était déjà éveillé et prêt à se lever.

Il fut bientôt sur pied, bâillant, plissant les yeux, et cherchant à tâtons le bouton qui commandait l’éjection de la cuisinière. Comme toujours, l’appareil resta coincé à mi-chemin, moitié dans la pièce, moitié dans le mur. Mais il suffisait de le manipuler d’un doigt ferme. Allen exerça une forte pression sur le bouton et la cuisinière sortit de sa gangue avec un grincement. »

Extrait de : P. K. Dick. « Le profanateur. »

La vérité avant-dernière par P. K. Dick

Fiche de La vérité avant-dernière

Titre : La vérité avant-dernière
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1964
Traduction : A. Dorémieux
Editeur : Le livre de poche

Première page de La vérité avant-dernière

« LE brouillard peut aussi venir de l’extérieur ; il peut vous envahir. À la grande fenêtre de sa bibliothèque – assemblage géant de débris de béton qui, jadis, avaient constitué une bretelle d’entrée de l’autoroute de la baie – Joseph Adams réfléchissait en contemplant le brouillard en question : celui du pacifique. Et comme c’était le soir et que les ténèbres tombaient sur le monde, ce brouillard lui faisait aussi peur que l’autre brouillard, celui de l’intérieur, qui n’a pas besoin de vous envahir mais qui se contente de tourner et de s’étirer en vous, en remplissant toutes les parties vides du corps. D’habitude, ce brouillard-là porte le nom de solitude.

« Prépare-moi un verre, dit plaintivement Colleen derrière lui.

— Tu as perdu ton bras ? demanda-t-il. Tu n’es plus capable de presser une rondelle de citron ? » Il se détourna de la fenêtre et de son paysage d’arbres morts, avec au-delà l’étendue de l’océan sous l’horizon, dans l’obscurité de la nuit montante, et se demanda un instant s’il allait lui servir à boire. »

Extrait de : P. K. Dick. « La vérité avant-dernière. »