Étiquette : Le livre de poche

 

La brèche dans l’espace par P. K. Dick

Fiche de La brèche dans l’espace

Titre : La brèche dans l’espace
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1966
Traduction : D. Defert, C. Meistermann
Editeur : Le livre de poche

Première page de La brèche dans l’espace

« Le jeune couple, les cheveux noirs, la peau sombre, des Mexicains ou des Portoricains probablement, se tenait, nerveux, devant le comptoir de Herb Lackmore, et le mari déclara presque à voix basse :
— Monsieur, on veut être congelés. On veut devenir des cryos.
Lackmore se leva de son bureau, s’avança jusqu’au comptoir et, bien qu’il n’aimât point les Cols – chaque mois, ils semblaient être plus nombreux à venir à son bureau d’Oakland du ministère de la Sécurité Sociale Spéciale –, il répondit sur un ton aimable destiné à les rassurer :
— Vous avez mûrement réfléchi à la question, les enfants ? C’est une grave décision. Vous risquez d’être mis sur la touche pendant une centaine d’années, disons. Êtes-vous allés au moins demander conseil à un professionnel en la matière ?
Le garçon jeta un coup d’œil vers sa femme, puis déglutit avant de répondre dans un murmure : »

Extrait de : P. K. Dick. « La brèche dans l’espace. »

En attendant l’année dernière par P. K. Dick

Fiche d’En attendant l’année dernière

Titre : En attendant l’année dernière
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1966
Traduction : M. Deutsch
Editeur : Le livre de poche

Première page d’En attendant l’année dernière

« De l’édifice familier en forme d’aptéryx, s’irradia et comme à l’accoutumée une luminescence grise et vaporeuse. Éric Sweetscent replia son mobilo et réussit à le ranger dans le box minuscule qui lui était affecté. Huit heures du matin, songeait-il avec accablement. Déjà, son patron Virgil L. Ackerman avait ouvert les bureaux de la F.C.T. Penser que c’était à huit heures du matin que le cerveau de cet homme fonctionnait avec le plus de lucidité ! Voilà qui est en contradiction formelle avec les commandements clairement exprimé par Dieu, songeait le docteur Sweetscent. Le joli monde qu’ils nous fabriquent là ! La guerre excuse tous les égarements humains, y compris ceux du vieux.
Il se dirigea vers le couloir roulant et s’arrêta net en s’entendant héler : « Hé ! Mr. Sweetscent, un instant, s’il vous plaît ! » Le timbre nasillard – profondément antipathique – était celui d’un rob. Éric s’immobilisa à contrecœur et la chose arriva à sa hauteur, balançant bras et jambes.  »

Extrait de : P. K. Dick. « En attendant l’année dernière. »

Docteur Futur par P. K. Dick

Fiche de Docteur Futur

Titre : Docteur Futur
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1960
Traduction : F. Robinet, D. Defert
Editeur : Le livre de poche

Première page de Docteur Futur

« Les flèches des bâtiments lui étaient étrangères. Les couleurs lui étaient étrangères. Il eut un moment de terreur aveuglante qui le laissa pantois… et puis de calme. Il respira à pleins poumons l’air vif de la nuit et essaya de se repérer.
Apparemment, il se trouvait sur une espèce de flanc de colline mangée de ronces et de lambrusques. Il était vivant – et avait encore avec lui sa mallette grise en métal. À tout hasard, il écarta les sarments de vignes sauvages et s’avança prudemment à pas lents. Les étoiles scintillaient dans le firmament. Dieu merci. Des étoiles familières…
Familières ? Non.
Il ferma les yeux et ne les rouvrit que lorsqu’il eut retrouvé ses esprits. Puis, il continua péniblement de descendre le versant en direction des tours illuminées qui se trouvaient à peut-être un mille en avant, la mallette solidement rivée dans sa main. »

Extrait de : P. K. Dick. « Docteur Futur. »

Roma aeterna par R. Silverberg

Fiche de Roma aeterna

Titre : Roma aeterna
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 2003
Traduction : J.-M. Chambon
Editeur : Le livre de poche

Première page de Roma aeterna

« 1203 A. U. C. : Prologue

L’historien Lentulus Aufidius, qui s’était donné pour tâche d’écrire la biographie définitive de l’empereur Titus Gallius, en était à sa troisième année de recherches dans les archives impériales de la bibliothèque du Palatin. Tous les matins, six jours par semaine, il quittait le logement qu’il occupait près du Forum pour faire l’ascension de la colline, présentait ses papiers au gardien des archives et se lançait dans son exploration quotidienne des vastes armoires contenant les rouleaux qui avaient trait au règne de Titus Gallius.
C’était un travail énorme. Titus Gallius qui était monté sur le trône à la mort de Caracalla, l’empereur fou, avait régné sur Rome de 970 à 994, assez de temps pour réorganiser un gouvernement que son prédécesseur avait laissé dans le plus complet désordre. »

Extrait de : R. Silverberg. « Roma Aeterna. »

Les royaumes du mur par R. Silverberg

Fiche de Les royaumes du mur

Titre : Les royaumes du mur
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1992
Traduction : P. Berthon
Editeur : Le livre de poche

Première page de Les royaumes du mur

« Voici le livre de Poilar Bancroche, qui a atteint le toit du Monde, au faîte du Mur, qui a vu les dieux étranges et déconcertants qui y ont établi leur demeure, qui les a affrontés et s’en est revenu, riche du savoir des mystères de la vie et de la mort. Voici le récit de ce que j’ai vécu, voici ce que j’ai appris et que je dois vous enseigner pour le bien de votre âme. Écoutez et souvenez-vous.
Si vous êtes de mon village, vous me connaissez. Mais je souhaite que l’histoire que je m’apprête à conter soit entendue et comprise bien au-delà des limites de notre village. Sachez donc que mon père s’appelait Gabrian, fils de Drok, que ma Maison est la Maison du Mur et que, dans cette Maison, mon clan est le clan du Mur. Je suis, comme vous le voyez, de noble ascendance.
Les souvenirs que j’ai gardés de mon père sont très lointains, car il est parti pour le Pèlerinage quand je n’étais encore qu’un petit garçon et n’en est jamais revenu. Les seules images qu’il m’a laissées »

Extrait de : R. Silverberg. « Les Royaumes du Mur. »

Les profondeurs de la terre par R. Silverberg

Fiche de Les profondeurs de la terre

Titre : Les profondeurs de la terre
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1971
Traduction : J. Guiod
Editeur : Le livre de poche

Première page de Les profondeurs de la terre

« Il était finalement sur la Terre de Holman. Il ne savait d’ailleurs pas trop pourquoi. Peut-être à cause d’une attirance irrésistible ; peut-être par sentimentalité ; ou peut-être même sur un coup de tête. Gundersen n’avait jamais envisagé de revenir sur cette planète. Et pourtant, il était là, debout devant l’écran panoramique, attendant l’atterrissage, contemplant la sphère qui était assez proche pour qu’il pût la prendre et l’écraser dans sa main. Un monde légèrement plus gros que la Terre, un monde qui lui avait pris les dix plus belles années de sa vie, un monde où il avait appris sur lui-même des choses qu’il aurait préféré ne pas connaître. Les lampes rouges du promenoir s’étaient mises à clignoter. Le vaisseau allait se poser. En dépit de tout, Gundersen était de retour.
Il vit les voiles de brume qui couvraient les zones tempérées, les immenses calottes polaires et la ceinture bleu-noir des tropiques embrasés. Il se souvint d’avoir traversé la Mer de Poussière aux lueurs du crépuscule ardent ; il se souvint d’avoir descendu, en un voyage sinistre et silencieux, une rivière que recouvrait une voûte de feuilles frissonnantes, effilées comme des poignards. »

Extrait de : R. Silverberg. « Les profondeurs de la terre. »

Les monades urbaines par R. Silverberg

Fiche de Les monades urbaines

Titre : Les monades urbaines
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1971
Traduction : M. Rivelin
Editeur : Le livre de poche

Première page de Les monades urbaines

« Une radieuse journée de 2381 commence. Le soleil matinal est déjà assez haut pour illuminer les cinquante derniers étages de Monade Urbaine 116. Bientôt, toute la façade orientale étincellera comme la surface de la mer au point du jour.
Activée par les photons des premiers rayons, la fenêtre de Charles Mattern se déopacifie. Il se tourne. Dieu soit loué, pense-t-il. Son épouse bâille et s’étire. Ses quatre enfants, qui sont réveillés depuis des heures, peuvent enfin commencer officiellement leur journée.
 
Dieu soit loué, dieu soit loué, dieu soit loué !
Dieu bénisse chacun de nous !
Dieu bénisse Papo, dieu bénisse Mamo,
[ dieu bénisse toi et moi !
Dieu nous bénisse tous, grands et petits,
Et nous donne la fer-til-i-té !
 »

Extrait de : R. Silverberg. « Les monades urbaines. »

Les masques du temps par R. Silverberg

Fiche de Les masques du temps

Titre : Les masques du temps
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1969
Traduction : M. Rivelin
Editeur : Le livre de poche

Première page de Les masques du temps

« JE pense qu’un mémoire de ce genre devrait débuter par une notice autobiographique expliquant comment l’auteur s’est trouvé mêlé à l’histoire relatée dans ce récit. Quelque chose comme : « C’était moi ; je me trouvais là ; c’est moi qui ai souffert. »
La vérité est que j’ai bel et bien vécu les événements invraisemblables survenus pendant ces douze derniers mois. J’ai connu l’homme du futur. J’ai suivi avec lui son orbite de cauchemar autour de notre planète. Jusqu’à la fin, je suis resté avec lui.
Pas au début. C’est pourquoi si je veux parler vraiment de lui je dois d’abord me raconter entièrement. Quand Vornan-19 arriva dans notre monde, j’étais tellement étranger aux problèmes de l’actualité que je n’appris son existence que quelques semaines plus tard. Par la suite, je fus entraîné dans le tourbillon qu’il avait créé… comme vous tous, comme chacun de nous… partout dans le monde. »

Extrait de : R. Silverberg. « Les masques du temps. »

Les déportés du Cambrien par R. Silverberg

Fiche de Les déportés du Cambrien

Titre : Les déportés du Cambrien
Auteur : R. SIlverberg
Date de parution : 1968
Traduction : G. Abadia
Editeur : Le livre de poche

Première page de Les déportés du Cambrien

« Barrett était un roi sans couronne. Arrivé avant tous les autres, il avait plus souffert et possédait plus de ressources vitales que quiconque à Hawksbill Station. Avant son accident, il aurait pu se mesurer victorieusement à n’importe lequel de ses compagnons d’infortune ; et même à présent, quoique diminué physiquement, il conservait suffisamment de prestige pour que personne ne songeât à lui disputer le commandement. Lorsqu’un problème surgissait, il était immédiatement soumis à Barrett. C’était automatique. Il était leur roi.
Son royaume était considérable. La totalité de la terre, en fait, de pôle à pôle, de méridien en méridien. Le monde entier, pour ce qu’il valait. Et il ne valait pas grand-chose.
Voilà qu’il pleuvait encore. D’un rapide mouvement, désinvolte en apparence, mais qui lui coûtait en réalité d’innombrables souffrances, Barrett se leva et se dirigea en traînant le pied vers l’entrée de sa cabane.  »

Extrait de : R. Silverberg. « Les Déportés du Cambrien. »

Le temps des changements par R. Silverberg

Fiche de Le temps des changements

Titre : Le temps des changements
Auteur : R. SIlverberg
Date de parution : 1971
Traduction : A. Dorémieux
Editeur : Le livre de poche

Première page de Le temps des changements

« Je m’appelle Kinnal Darival, et je vais tout vous dire à mon sujet.
Cette phrase est si étrange qu’elle a l’air de me hurler à la figure. Je la regarde tracée sur la page ; je reconnais mon écriture – les hautes lettres droites inscrites en rouge sur la feuille grise et rugueuse – et je vois mon nom, et j’entends en esprit l’écho de la pulsion cérébrale qui a fait éclore ces mots. Je m’appelle Kinnal Darival et je vais tout vous dire à mon sujet. Incroyable.
Voici ce que le Terrien Schweiz appellerait une autobiographie. C’est-à-dire un compte rendu qu’on rédige soi-même de ses faits et gestes. C’est là une forme littéraire dont, sur notre monde, nous n’avons pas l’entendement ; il me faut inventer ma méthode personnelle de narration, car je n’ai aucun précédent pour me guider. Mais il doit en être ainsi. Sur cette planète qui est la mienne, je suis seul désormais. En un sens, j’ai inventé un nouveau mode de vie ; je peux sûrement inventer aussi un nouveau genre littéraire. On m’a toujours dit que j’avais le don des mots. »

Extrait de : R. Silverberg. « Le temps des changements. »