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Les montagnes de Majipoor par R. Silverberg

Fiche de Les montagnes de Majipoor

Titre : Les montagnes de Majipoor (Tome 4 sur 8 – Majipoor)
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1995
Traduction : P. Berthon
Editeur : Le livre de poche

Première page de Les montagnes de Majipoor

« Le ciel, d’un bleu de glace au long de toutes les semaines du voyage d’Harpirias vers le nord, dans ce pays accidenté et désolé, avait pris ce jour-là une couleur plombée. L’air était devenu si froid qu’il semblait brûler la peau. Le vent âpre, cinglant, qui avait brusquement commencé à s’engouffrer dans le passage resserré s’ouvrant dans la gigantesque paroi rocheuse de la montagne, poussait des nuages de fines particules, des myriades de parcelles acérées qui cinglaient les joues découvertes d’Harpirias comme de minuscules insectes piqueurs.
— Prince, dit Korinaam le Changeforme, qui était le guide de l’expédition, vous m’avez demandé hier ce qu’était une tempête de neige. Aujourd’hui, vous le saurez.
— Je croyais que ce devait être l’été ici, fit Harpirias. Il neige donc même en été dans les Marches de Khyntor ?
— Même en été, oh ! oui, très souvent, répondit Korinaam avec sérénité. De nombreux jours d’affilée, parfois. Nous appelons cela l’été des loups. Quand les amas de neige dépassent la tête d’un Skandar et que les steetmoys affamés arrivent par dizaines du Grand Nord pour s’attaquer aux troupeaux des fermiers des contreforts. »

Extrait de : R. Silverberg. « Majipoor – Les Montagnes de Majipoor. »

Valentin de Majipoor par R. Silverberg

Fiche de Valentin de Majipoor

Titre : Valentin de Majipoor (Tome 3 sur 8 – Majipoor)
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1983
Traduction : P. Berthon
Editeur : Le livre de poche

Première page de Valentin de Majipoor

« Valentin vacilla, s’appuya d’une main à la table et s’efforça de ne pas renverser sa coupe de vin.
Comme c’est étrange, songea-t-il. Ce vertige, ce trouble. Trop de vin, l’air confiné, ou peut-être la pesanteur qui serait plus forte à cette profondeur…
— Portez le toast, monseigneur, murmura Deliamber. Au Pontife d’abord, puis à son entourage et enfin…
— Oui. Oui, je sais.
Valentin tourna lentement la tête d’un côté et de l’autre, comme un steetmoy cerné par les lances des chasseurs.
— Mes amis… commença-t-il.
— Au Pontife Tyeveras ! souffla Deliamber d’une voix pressante.
Des amis. Oui. Ceux qui lui étaient le plus cher l’entouraient à cette table. Il ne manquait que Carabella et Elidath ; elle était en route et le rejoindrait un peu plus à l’ouest et Elidath expédiait les affaires courantes du gouvernement sur le Mont du Château en l’absence de Valentin. Mais les autres étaient là, Sleet, Deliamber, Tunigorn et Shanamir, Lisamon, Ermanar et Tisana, Zalzan Kavol le Skandar et Asenhart le Hjort, tous ses chers amis, les piliers de son règne et de son existence… »

Extrait de : R. Silverberg. « Majipoor – Valentin de Majipoor. »

Chroniques de Majipoor par R. Silverberg

Fiche de Chroniques de Majipoor

Titre : Chroniques de Majipoor (Tome 2 sur 8 – Majipoor)
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1982
Traduction : P. Berthon
Editeur : Le livre de poche

Première page de Chroniques de Majipoor

« La quatrième année du rétablissement au pouvoir du Coronal lord Valentin, une idée pleine de malice germe dans la tête du jeune Hissune, commis de bureau à la Chambre des Archives du Labyrinthe de Majipoor. Depuis six mois, la tâche de Hissune consiste à préparer un inventaire des archives des collecteurs d’impôts – une interminable liste de documents que personne n’aura jamais besoin de consulter – et il semble que cette besogne doive le tenir occupé pendant encore un an, voire deux ou trois. En pure perte, du point de vue de Hissune, car qui donc pourrait s’intéresser aux rapports de collecteurs d’impôts provinciaux ayant vécu sous le règne de lord Dekkeret, de lord Calintane ou même de lord Stiamot ? On avait laissé ces documents pêle-mêle, sans nul doute avec juste raison, mais un sort malin a choisi Hissune pour les mettre en ordre, et, autant qu’il puisse en juger, c’est un travail inutile, à cela près qu’il aura une belle leçon de géographie et une vivante expérience de l’immensité de Majipoor. »

Extrait de : R. Silverberg. « Majipoor – Chroniques de Majipoor. »

Le château de Lord Valentin par R. Silverberg

Fiche de Le château de Lord Valentin

Titre : Le château de Lord Valentin (Tome 1 sur 8 – Majipoor)
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1980
Traduction : P. Berthon
Editeur : Le livre de poche

Première page de Le château de Lord Valentin

« Enfin, après toute une journée de marche à travers des vapeurs dorées de chaleur humide qui l’enserraient d’une gangue molletonneuse, Valentin atteignit une grande falaise crayeuse qui surplombait la cité de Pidruid. C’était la capitale de la province qui s’étalait dans toute sa splendeur, la plus grande ville qui s’était trouvée sur son chemin depuis – depuis quand ? – la plus grande, en tout cas, depuis le début de sa longue période d’errance.
Il décida de faire une halte et trouva un endroit où s’asseoir au bord de l’escarpement crayeux et, enfonçant ses bottes dans l’amas de roches tendres et effritées, il laissa son regard errer sur Pidruid, clignant des yeux comme quelqu’un qui vient de se réveiller. C’était une chaude journée d’été, le crépuscule ne viendrait pas avant plusieurs heures et le soleil brillait haut dans le ciel au-delà de Pidruid, au-dessus de la Grande Mer. Je vais me reposer ici un moment, se dit Valentin, puis je descendrai jusqu’à Pidruid et me mettrai en quête d’un logement pour la nuit. »

Extrait de : R. Silverberg. « Majipoor – Le château de Lord Valentin. »

Jusqu’aux portes de la vie par R. Silverberg

Fiche de Jusqu’aux portes de la vie

Titre : Jusqu’aux portes de la vie (Tome 2 sur 2 – Gilgamesh)
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1989
Traduction : N. Zimmermann
Editeur : Le livre de poche

Première page de Jusqu’aux portes de la vie

« Un éclair vert et déchiqueté dansa sur l’horizon tandis que le vent d’est fendait l’air comme une lame, arrachant à la terre plate des nuages de poussière d’un brun grisâtre. Gilgamesh eut un large sourire. Par Enlil, ça, c’était un coup de vent ! Un vent à tuer un lion, un vent qui asséchait l’air et le faisait crépiter. La chasse aux bêtes sauvages vous donnait tant de joie lorsque le vent soufflait ainsi, vif, rude et cruel.
Il plissa les yeux et fouilla le lointain, en quête de sa proie du jour. Son arc de divers bois précieux, cet arc que nul autre que lui n’était capable de bander – nul autre que lui, et Enkidou, son ami tant aimé et par trois fois perdu – pendait mollement au bout de son bras. Il tenait son corps prêt, tendu. Allons, bêtes, venez ! Venez vous faire tuer. C’est à Gilgamesh, roi d’Ourouk, que vous allez vous opposer en ce jour ! »

Extrait de : R. Silverberg. « Gilgamesh – Jusqu’aux portes de la vie. »

Les temps parallèles par R. Silverberg

Fiche de Les temps parallèles

Titre : Les temps parallèles (Tome 2 sur 2 – Fugues dans le temps)
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1969
Traduction : H.-L. Planchet
Editeur : Le livre de poche

Première page de Les temps parallèles

« Sam le gourou était Noir, et ses ancêtres avaient été des esclaves – et avant cela, des rois. Je me demandais ce qu’avaient été les miens. Des générations de paysans couverts de sueur, et qui mouraient de fatigue ? Ou des conspirateurs, des rebelles, de grands séducteurs, des hommes d’armes, des voleurs, des traîtres, des souteneurs, des ducs, des érudits, des prêtres défroqués, des traducteurs du gète et du toske, des courtisans, des marchands d’ivoireries d’occasion, d’habiles cuisiniers, des maîtres d’hôtel, des agents de change, des burineurs ? Tous ces gens que je n’avais pas connus et que je ne connaîtrais jamais, dont je porte le sang, la lymphe et les gènes… je voulais les connaître. Je ne pouvais pas supporter l’idée d’être séparé de mon propre passé. Je désirais ardemment garder mon passé avec moi, comme une coquille portée sur mon dos, et dans laquelle je pourrais m’enfoncer quand viendraient les saisons sèches.

— Alors, tu n’as qu’à chevaucher le puissant souffle du temps, dit Sam le gourou.

J’ai suivi son conseil. C’est comme ça que j’en suis venu à travailler dans le Service Temporel. »

Extrait de : R. Silverberg. « Fugues dans le temps – Les temps parallèles. »

Rock machine par N. Spinrad

Fiche de Rock machine

Titre : Rock machine
Auteur : N. Spinrad
Date de parution : 1987
Traduction : I. Delord-Philippe
Editeur : Le livre de poche

Première page de Rock machine

« LA GRAND-MÈRE TERRIBLE DU ROCK & ROLL

Glorianna O’Toole avait connu des temps de vaches grasses et des temps de vaches maigres.
Aux sommets épisodiques de sa longue carrière, elle avait ouvert la voie à des artistes tels que Pearl le Jefferson Airplane et Bruce Springsteen, et elle avait même sorti deux albums solo de son cru, même si l’un et l’autre avaient été à une année-lumière de décrocher un disque d’or.
Dans les moments creux de son karma, elle en avait été réduite à vendre de l’acide à Haight Ashbury, était restée accrochée aux amphétamines pendant deux ans, et s’était résignée à chanter en voix off dans des publicités télévisées bas de gamme. »

Extrait de : N. Spinrad. « Rock Machine. »

L’enfant de la fortune par N. Spinrad

Fiche de L’enfant de la fortune

Titre : L’enfant de la fortune
Auteur : N. Spinrad
Date de parution : 1985
Traduction : G. Abadia
Editeur : Le livre de poche

Première page de L’enfant de la fortune

« C’est ainsi qu’après moult storias racontant l’aventure éternelle dans ses multiples incarnations temporelles et extratemporelles, je me résous enfin ici à exposer l’histoire de mon propre wanderjahr telle qu’elle demeure ancrée au plus profond des souvenirs de mon cœur. Rétameurs, enfants de la route, samouraïs sans maître, troubadours, hippies, Roms, Archies, ermites zen et cow-boys, d’innombrables avatars du bohémien archétype ont suivi la Route pavée de briques jaunes qui serpente éternellement à travers l’espace et le temps depuis les villages et les forêts les plus reculés de la Terre préhistorique jusqu’aux San Francisco et Samarkand de l’histoire mythique, via les premières multiarches qui affrontèrent les océans stellaires à une vitesse désespérément infra-luminique, jusqu’aux cités célestes des mondes les plus reculés. Les chanteurs passent, et les avatars aussi, mais la chanson  »

Extrait de : N. Spinrad. « L’enfant de la fortune. »

T’es une sorcière, maman ? par Gudule

Fiche de T’es une sorcière, maman ?

Titre : T’es une sorcière, maman ?
Auteur : A. « Gudule » Liger-Belair
Date de parution : 1999
Editeur : Le livre de poche

Première page de T’es une sorcière, maman ?

« Un énorme canapé dans un tout petit appartement

Il se passe quelque chose de pas normal à la maison, j’en suis sûr maintenant. Quelque chose de pas normal et de TERRIBLE !
C’est le soir de Noël que ça a commencé. Quand maman a acheté cet énorme canapé, et que je suis resté toute la soirée assis dessus, à regarder clignoter le sapin, les larmes aux yeux. Papa nous avait quittés la veille, après une grosse dispute. Et sans même me dire au revoir. D’ailleurs, je ne l’avais pas vu partir…
— Heureusement qu’on a un joli canapé pour se consoler, hein, Jérôme ! répétait sans arrêt maman.
Et moi, je répondais  : « Oui, m’man », en reniflant. Mais, en réalité, je m’en fichais pas mal. J’aurais préféré être assis par terre, et que papa soit là.
J’ai déballé mes cadeaux sans entrain. Il n’y en avait pas beaucoup, parce que mes parents ne sont pas très riches. Nous vivons tous les trois – enfin, tous les deux, maintenant, puisque papa n’est pas revenu – dans un minuscule  »

Extrait de : Gudule. « T’es une sorcière, maman ?. »

La mort blanche par F. Herbert

Fiche de La mort blanche

Titre : La mort blanche
Auteur : F. Herbert
Date de parution : 1982
Traduction : J. Polanis
Editeur : Le livre de poche

Première page de La mort blanche

« C’ÉTAIT une Ford anglaise ordinaire, un modèle économique de couleur grise, avec conduite à droite comme il est d’usage en Irlande. John Roe O’Neill se rappellerait par la suite le bras droit du conducteur en chandail brun, accoudé à la vitre ouverte dans la lumière que filtraient les nuages sur Dublin cet après-midi-là. Un noyau de souvenir cauchemardeux qui excluait tout le reste de la scène; il n’y avait que la voiture et ce bras.

Plusieurs autres témoins survivants décrivirent une déchirure dans l’aile avant gauche de la Ford, quelque peu froissée. La déchirure avait commencé à rouiller.

Dans son lit d’hôpital, une femme précisait : «Les bords de la tôle étaient déchiquetés, et je me suis dit que quelqu’un risquait de se couper en la frôlant. »

Extrait de : F. Herbert. « La mort blanche. »