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T’es une sorcière, maman ? par Gudule

Fiche de T’es une sorcière, maman ?

Titre : T’es une sorcière, maman ?
Auteur : A. « Gudule » Liger-Belair
Date de parution : 1999
Editeur : Le livre de poche

Première page de T’es une sorcière, maman ?

« Un énorme canapé dans un tout petit appartement

Il se passe quelque chose de pas normal à la maison, j’en suis sûr maintenant. Quelque chose de pas normal et de TERRIBLE !
C’est le soir de Noël que ça a commencé. Quand maman a acheté cet énorme canapé, et que je suis resté toute la soirée assis dessus, à regarder clignoter le sapin, les larmes aux yeux. Papa nous avait quittés la veille, après une grosse dispute. Et sans même me dire au revoir. D’ailleurs, je ne l’avais pas vu partir…
— Heureusement qu’on a un joli canapé pour se consoler, hein, Jérôme ! répétait sans arrêt maman.
Et moi, je répondais  : « Oui, m’man », en reniflant. Mais, en réalité, je m’en fichais pas mal. J’aurais préféré être assis par terre, et que papa soit là.
J’ai déballé mes cadeaux sans entrain. Il n’y en avait pas beaucoup, parce que mes parents ne sont pas très riches. Nous vivons tous les trois – enfin, tous les deux, maintenant, puisque papa n’est pas revenu – dans un minuscule  »

Extrait de : Gudule. « T’es une sorcière, maman ?. »

Repas éternel par Gudule

Fiche de Repas éternel

Titre : Repas éternel
Auteur : A. « Gudule » Liger-Belair
Date de parution : 2008
Editeur : Bragelonne

Première page de Repas éternel

« La salle d’attente de la gare, dont d’épais rideaux masquent les fenêtres, ressemble au fumoir d’un club britannique : divans et fauteuils de cuir matelassé, guéridons pourvus des journaux du jour, lumières tamisées, et même, en ce froid matin de novembre, un feu de cheminée. Virtuel, bien entendu, mais plus vrai que nature. Et répandant, par souci de confort autant que d’authenticité, une bonne chaleur rassurante.
Cette pièce est réservée aux voyageurs de première classe. Exclusivement. La musique douce et stéréophonique qu’y diffusent deux haut-parleurs emplit l’espace d’une myriade de notes feutrées.
— Nana na nanana na na…
Mme Blum fredonne en même temps que les instruments, histoire de se donner une contenance.
Elle est arrivée en avance, comme toujours. Vieux réflexe de commerçante. Son mari, ses enfants et ses petits-enfants l’ont accompagnée au guichet et, après les traditionnelles embrassades, sont repartis en larmes. Que ces adieux sur les quais de gare sont donc éprouvants ! L’ambiance se prête aux épanchements outranciers et exacerbe les sensi- »

Extrait de : Gudule. « Repas eternel. »

Regardez-moi par Gudule

Fiche de Regardez-moi

Titre : Regardez-moi
Auteur : A. « Gudule » Liger-Belair
Date de parution : 1999
Editeur : Flammarion

Première page de Regardez-moi

« LUNDI 17 AVRIL
Ça y est ! Ils m’ont choisie, moi ! Je n’arrive pas encore à y croire…
Sur je ne sais combien d’adolescents, plusieurs milliers, sans doute, plusieurs dizaines de milliers, même, c’est ma candidature qu’ils ont retenue. Pourquoi ? Mystère. En toute honnêteté, je n’ai rien d’exceptionnel. Nom : Gina Lorrain. Âge : quatorze ans et demi. Taille : moyenne. Corpulence : moyenne. Niveau d’études : moyen (bonne en français, mauvaise en maths, passable dans les autres matières). Signes distinctifs : boutons d’acné sur le front, cheveux châtains mi-longs, yeux noisette. Plutôt mignonne – d’après mon copain Loud, en tout cas – mais je n’ai rien d’une star. Est-ce justement mon côté « banal » qui a motivé le choix de Socio-life ? Je ne vois pas d’autre explication…
N’empêche, j’en suis toute retournée. Dans deux semaines, ma vie va changer. Je vais devenir hypercélèbre. J’ai l’impression de vivre un rêve…
En fait, je ne réalise pas encore vraiment. Et, à mon avis, mes parents non plus : ils sont complètement dépassés par les événements ! »

Extrait de : Gudule. « Regardez-moi !. »

Mémoire d’une aveugle par A. Duguël

Fiche de Mémoire d’une aveugle

Titre : Mémoire d’une aveugle
Auteur : A. « Duguël » Liger-Belair
Date de parution : 2013
Editeur : ActuSF

Sommaire de Mémoire d’une aveugle

  • Mémoire d’une aveugle
  • Bunker café
  • Entre l’effroi et l’extase
  • Douce nuit, sainte nuit
  • La fauve
  • Cadavre exquis
  • Vision du futur
  • Parlez-moi d’amour
  • Saloperie de fée !
  • Arôme d’une nuit d’été
  • La tragédienne au purgatoire
  • De la mort et autres merveilles
  • Le cagibi
  • Age de cendre
  • Salambô
  • La chose de nulle part
  • Voix sans issue
  • Maman
  • Haleine d’outre-tombe
  • La nuit où le monde l’a échappé belle
  • Que me restera-t-il quand je m’éveillerai ?
  • Nuit de Chine
  • L’ami de Vincent
  • Nos braves soldats au front
  • Le petit monsieur triste
  • Satan
  • Little Alice
  • O temps suspends ton vol
  • Mademoiselle Irma
  • La belle et la bête
  • Les fées en vos palais répandront leur bouquet
  • La passeuse
  • Le baiser du désert
  • Agnus dei
  • Portrait d’un supplicié en costume marin
  • Une affaire de sexe
  • In memoriam
  • Les portes du péché
  • Petite fleur
  • Noce transie
  • Jeu virtuel
  • Ce que je veux, c’est tutoyer Victor Hugo
  • Jeanne était au pain sex dans le cabinet noir

Première page de Mémoire d’une aveugle

« Le nombre de fois où Aurore m’a dit :

— J’adore les fringues. C’est la seule chose au monde qui m’intéresse vraiment. 

En cinq ans de fréquentation assidue, je ne crois pas l’avoir vue deux fois habillée de la même manière. Certains accessoires revenaient régulièrement : cols, chaussures, ceintures, écharpes, mais assortis avec une telle subtilité qu’ils semblaient différents selon la tenue, le jour et l’heure. Moi qui me contentais d’un jean et de deux tee-shirts que je jetais sitôt défraîchis – le placard de mon studio n’étant pas extensible –, j’étais désarçonnée par cette boulimie vestimentaire. Nous n’avions pas les mêmes valeurs, comme on dit. Les miennes privilégiaient le savoir au paraître, tandis qu’Aurore ne vivait que pour et par l’apparence. 

— Tu me rappelles l’histoire de la tour de Nesle, me reprocha-t-elle un jour, comme je bazardais une chemise hors d’usage. »

Extrait de : A. Duguël. « Mémoire d’une aveugle. »

Le corridor par A. Duguël

Fiche de Le corridor

Titre : Le corridor
Auteur : A. « Duguël » Liger-Belair
Date de parution : 1991
Editeur : Denoël

Première page de Le corridor

« Barbara ouvre la porte du placard, la referme aussitôt, déplace une chaise, rétablit l’équilibre d’un cadre sur le mur, tout cela en un seul geste qui la fait tournoyer sur elle-même. Quand elle est furieuse, elle fonctionne au rapide. Un film des années 20, moins le rythme saccadé. Mais muet, oui.
« Arrête », dit Patrick, tu me donnes le vertige.
Barbara s’en fiche. Dehors, il fait un temps de chien, le vent miaule dans les gouttières, la pluie crépite sur les vitres. Cinq heures du soir seulement, et déjà c’est obscur. Juste au pied de l’immeuble, un néon troue la fausse nuit urbaine, et les gouttes se précipitent en masse dans son halo, têtards désorientés et nerveux. Une giclée de spermatozoïdes que l’air libre affole.
Patrick hausse les épaules. Lorsque Barbara se bute, c’est la pire des chèvres. Elle se retranche au  »

Extrait de : A. Duguël. « Le corridor. »

La petite fille aux araignées par Gudule

Fiche de La petite fille aux araignées

Titre : La petite fille aux araignées
Auteur : A. « Gudule » Liger-Belair
Date de parution : 1995
Editeur : Bragelonne

Première page de La petite fille aux araignées

« Il m’embête, à la fin, monsieur Quiquequoi ! Toujours à poser des questions, et pourquoi ceci, et comment cela, et où, et quand, et de quelle manière… À croire qu’il a appris par cœur toutes les locutions interrogatives du livre de grammaire !
« Quiquequoi », ce n’est pas son vrai nom, bien sûr. C’est juste comme ça que je l’appelle, dans ma tête. Son vrai nom, Jean Coulon, est écrit sur la carte de visite qu’il m’a donnée, un jour, en me disant :
— N’hésite pas à me téléphoner si tu as besoin de moi, à n’importe quel moment du jour ou de la nuit !
J’ai fait semblant d’être d’accord pour qu’il me fiche la paix, mais, dès qu’il a eu le dos tourné, j’ai jeté sa carte à la poubelle.
— Que dirais-tu d’une petite promenade, Miquette ? me propose-t-il à tout bout de champ, en m’entraînant dans le parc.
Et il a son espèce de sourire que je déteste : on lui voit les dents comme s’il allait mordre. »

Extrait de : Gudule. « -La petite fille aux araignées. »

La confiture de fées par Gudule

Fiche de La confiture de fées

Titre : La confiture de fées
Auteur : A. « Gudule » Liger-Belair
Date de parution : 2006
Editeur : Nathan

Sommaire de La confiture de fées

  • La confiture de fées
  • Qu’auriez-vous fait à ma place ?
  • Ne jetez jamais vos belles-au-bois-dormant !
  • Quelle journée !
  • Ma soeur a trop de chance !
  • Fée en solde
  • Comment mon papa a attrapé des ailes

Première page de La confiture de fées

« – Tu m’accompagnes à l’épicerie, Pauline ? demande maman.
Je fais la grimace. À la Roche-aux-elfes, le village où nous passons nos vacances, l’épicière a une tête de sorcière.
– Ben… j’aimerais mieux pas : elle me fait peur, cette bonne femme !
– Il ne faut pas juger les gens sur leur physique, me houspille maman. D’ailleurs, j’ai besoin de toi pour m’aider à porter les courses.
 
L’épisorcière nous accueille d’un sourire édenté.
– Qu’est-ce que je vous sers, aujourd’hui, mesdames ?
Pendant que maman choisit ses légumes, je fouine dans le rayon des bonbons. Jus-qu’à ce qu’une phrase me fasse sursauter :
– Vous devriez goûter notre spécialité : la confiture de fées !
Je me retourne d’un bloc. »

Extrait de : Gudule. « La confiture de fées. »

La baby-sitter par Gudule

Fiche de La baby-sitter

Titre : La baby-sitter
Auteur : A. « Gudule » Liger-Belair
Date de parution : 1995
Editeur : Bragelonne

Première page de La baby-sitter

« Quand Maman fronce les sourcils, ça lui donne un regard triste. Mais l’expression de grande tendresse, d’ineffable douceur, demeure. Elle s’accentue, même.
— Vous aimez les enfants, n’est-ce pas ? s’enquiert-elle.
Le visage de Lucie s’épanouit :
— Je les adore !
Elles se sourient. La spontanéité de l’une est allée droit au cœur de l’autre.
Maman pose la main sur l’épaule juvénile que ne couvre, en ce mois d’août torride, que le coton léger d’un tee-shirt, et entraîne la babysitter avec des mines de conspiratrice. Toutes deux se penchent à la fenêtre qui donne sur le jardin.
— Regardez si elle est mignonne, ma Violette !
Au milieu du gazon parsemé de boutons d’or, une fillette est accroupie et joue avec un chat, auquel elle fredonne une comptine. Sa voix fluette s’élève, délicieusement fraîche dans la chaleur pesante de cette fin d’après-midi.
— Une poule sur un mur
Qui picore du pain dur
Picoti, picota, »

Extrait de : Gudule. « La Baby Sitter. »

Gargouille par Gudule

Fiche de Gargouille

Titre : Gargouille
Auteur : A. « Gudule » Liger-Belair
Date de parution : 1995
Editeur : Bragelonne

Première page de Gargouille

« Minuit. Derrière les tours de Notre-Dame, un houleux ciel de novembre que crochète, hameçon diaphane, la lune en son premier croissant. Personne dans les rues. Un épais crachin empoisse l’atmosphère et ceint les réverbères d’un halo de postillons. Les rares fenêtres encore éclairées malgré l’heure tardive trouent laborieusement la morne nuit urbaine.
Sur le pont Marie, quelqu’un marche. Une femme armée d’un parapluie. Ses talons hauts résonnent sur le pavé luisant. En bas, la Seine charrie des reflets entre ses berges obscures.
Un grondement de tonnerre. La femme presse le pas. Cramponnée au manche du parapluie, elle affronte la bourrasque. Le vent, qui s’engouffre dans son imperméable, le plaque à ses jambes et le gonfle tour à tour, tourbillon de tissu mouillé autour de ses chevilles gainées de Nylon. »

Extrait de : Gudule. « Gargouille. »

Entre chien et louve par Gudule

Fiche d’Entre chien et louve

Titre : Entre chien et louve
Auteur : A. « Gudule » Liger-Belair
Date de parution : 1998
Editeur : Bragelonne

Première page d’Entre chien et louve

« D’abord, ouvrir les yeux.
Mes paupières sont lourdes, lourdes. Du plomb. Mais, tant que je n’aurai pas levé ce volet m’isolant du monde extérieur, je resterai en proie à moi-même. Englouti dans mon bourbier intérieur, dans les sables mouvants d’une semi-inconscience qui m’aspire vers le néant, et dont j’ai le plus grand mal à m’extraire.
Ouvrir les yeux… Quelle entreprise titanesque ! Si je bougeais, plutôt ?
Un monstrueux engourdissement paralyse mon corps. Je bande mes muscles sans le moindre résultat. Autant chercher à animer une statue de marbre. Épuisé par l’effort, je replonge dans mes limbes intimes.
Temps indéterminé. Des tentacules d’ombre se déploient en moi, au ralenti. Durant des heures et des heures, je lutte pour échapper à leur flasque emprise. »

Extrait de : Gudule. « Entre chien et louve. »