Étiquette : livre

 

Mort à l’encre de chine par Gérard Néry

Fiche de Mort à l’encre de chine

Titre : Mort à l’encre de chine (Tome 3 sur 6 – 1999)
Auteur : Gérard Néry
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir

Première page de Mort à l’encre de chine

« C’était une vision stupéfiante, à mi-chemin entre le cauchemar et la dérision : les morts étaient suspendus dans l’azote. Des corps vêtus avec élégance, des visages fardés au regard vide, des chevelures de neige impeccablement mises en plis. Dans le passé, on avait pour coutume d’utiliser comme slogan dans les entreprises de pompes funèbres : « Mourez, nous ferons le reste. » La Memorial Cryonic, en 1999, avait réussi sa percée sur le marché en proclamant : « L’immortalité, c’est pour demain ! »
Ici, à Mountain View, Californie, dans la Vallée du Silicium, dans cet étrange cimetière souterrain de l’âge spatial, les morts, du temps où ils étaient encore en vie, avaient payé très cher pour être congelés après leur décès, dans l’attente de la résurrection. Maintenus dans leurs marmites d’azote, à une température de moins 196 degrés, leurs corps attendaient que demain ou dans vingt ans les scientifiques leur trouvent une âme sur mesure, capable de les faire revivre… »

Extrait de : G. Néry. « Mort à l’encre de chine – 1999. »

Pâques sanglantes aux Caraïbes par Gérard Néry

Fiche de Pâques sanglantes aux Caraïbes

Titre : Pâques sanglantes aux Caraïbes (Tome 2 sur 6 – 1999)
Auteur : Gérard Néry
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir

Première page de Pâques sanglantes aux Caraïbes

« Renée Burns se mêlait volontiers au public quand Devline donnait un concert. Les trente mille spectateurs hurlaient et reprenaient en chœur une très vague ligne mélodique délaissée pour le battement lancinant, impitoyable, le beat qui déchirait la poitrine, faisait cogner le cœur, montait à la tête comme une drogue. Trente mille fanatiques possédés par le démon de la musique, possédés par Devline, la rock star à la longue chevelure verte, d’apparence frêle, une fille au corps d’androgyne, douée d’une voix surnaturelle.
La voix de Devline entrait dans les chairs comme un bistouri, prenait le public au cerveau et au sexe, et ne les lâchait plus. Elle les entraînait ailleurs, dans le feu de l’enfer, la démence onirique, la jouissance apocalyptique. Elle leur faisait éclater la cervelle en gerbes d’étoiles, leur procurant des sensations de puissance inouïe. Râles de plaisir, pâmoison. Certains arrachaient leurs vêtements et les colifichets magiques dont ils étaient couverts. »

Extrait de : G. Néry. « Pâques sanglantes aux caraïbes – 1999. »

Panique à la banque du sperme par Gérard Néry

Fiche de Panique à la banque du sperme

Titre : Panique à la banque du sperme (Tome 1 sur 6 – 1999)
Auteur : Gérard Néry
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir

Première page de Panique à la banque du sperme

« Le petit garçon n’a pas plus de dix ans. Il arbore la chemise brune, couleur caca d’oie, des Jeunesses hitlériennes et le brassard à croix gammée. Mais il est court sur pattes, rondouillard, les yeux écarquillés derrière ses lunettes à monture de fer. Il ne correspond pas tout à fait à l’idée qu’on se fait du Viking. Il s’appelle Aloïus Kern, il croit vivre la fin du monde sous le déluge de fer et de feu qui s’abat sur la capitale du Grand Reich.
Il a très peur, mais il est armé : un petit poignard fixé à sa ceinture. Il a faim aussi, comme tous les habitants de Berlin, taupes terrées dans les caves d’où l’on perçoit le grondement de l’artillerie russe. Les blindés soviétiques encerclent la ville. Des obus explosent dans le jardin de la chancellerie, au-dessus du bunker où le Führer épouse sa maîtresse, Eva Braun. Dans leurs uniformes chamarrés, les derniers fidèles sablent le champagne avec les mariés de la dernière heure… »

Extrait de : G. Néry. « Panique à la banque du sperme. »

Le crépuscule du compagnon par François Rahier

Fiche de Le crépuscule du compagnon

Titre : Le crépuscule du compagnon
Auteur : François Rahier
Date de parution : 1988
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le crépuscule du compagnon

« Un long cri s’éleva, comme une plainte aux accents modulés selon un rite immémorial. Il retentit par trois fois. On ne distinguait plus la silhouette ramassée de Lleqün, car la brume était tombée. Mais les yeux du vieil homme ne l’avaient pas trompé. Plusieurs exclamations jaillirent simultanément :

— Les voilà !

— Ils arrivent…

— Les bonni-tonni arrivent !

À fleur d’eau, entre les courtes vagues qui allaient se briser sur les rocs de la passe, venaient d’apparaître des corps longs et fuselés, d’un bleu assez foncé. Deux hommes vêtus de sarraus gris, l’uniforme des pêcheries du Comté, se jetèrent à l’eau, l’un armé d’un épieu, l’autre d’un crochet long et acéré. Du promontoire parvint le quatrième appel, annonçant le gros du banc. »

Extrait de : F. Rahier. « Le crépuscule du compagnon. »

L’ouragan des enfants-dieux par François Rahier

Fiche de L’ouragan des enfants-dieux

Titre : L’ouragan des enfants-dieux
Auteur : François Rahier
Date de parution : 1991
Editeur : Fleuve noir

Première page de L’ouragan des enfants-dieux

« Neige et froid.

— Saloperie !

L’homme a glissé, les pieds pris dans les lambeaux, la charpie d’une botte de fortune. Sa main blessée s’est rouverte, le sang teint de brun sa vareuse. Il se redresse, maugréant. Son compagnon a atteint le sommet de la petite butte et ajuste ses jumelles.

Il le rejoint et souffle. Les derniers mètres l’ont épuisé, le sang bat dans ses tempes et il a la gorge sèche. L’autre se retourne et le dévisage froidement. En bas, c’est la plaine, presque à l’infini, que ne limite même pas l’horizon imprécis d’un ciel d’hiver où fait son trou par moment l’œil glauque du soleil. À l’ouest, une ferme isolée, flanquée d’une tour de guet, une guérite de rondins montée sur un échafaudage plutôt branlant. Une fumée grasse sort de la cheminée. La sente boueuse qui mène à ce qui doit être l’étable semble indiquer la présence d’animaux. Un doigt jauni par le tabac entraîne la molette. »

Extrait de : F. Rahier. « L’ouragan des enfants-dieux. »

Les maîtres des souterrains par Bertrand Passegué

Fiche de Les maîtres des souterrains

Titre : Les maîtres des souterrains (Tome 2 sur 2 – Troglo-blues)
Auteur : Bertrand Passegué
Date de parution : 1991
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les maîtres des souterrains

« C’était le même officier rondouillard, celui qui m’avait envoyé en souriant croupir à la fouille 4 ; celui aussi qui m’avait prédit que je n’y resterais pas longtemps ; un fin connaisseur.
Il a encore souri en me voyant entrer dans son bureau. Je lui aurais volontiers écrasé la gueule à coups de pieds, histoire de me rembourser des deux mois de fouille que je lui devais, mais je me suis bien gardé de le montrer ; au lieu de ça, je lui ai souri également, comme si j’étais tout content de le revoir.
— Il t’a fallu le temps, a-t-il fini par dire. Je pensais pas que tu tiendrais si longtemps, avec ton bon copain Loubeau pour s’occuper de toi !
— Vous l’avez fait exprès ! j’ai lancé, accusateur. (À vrai dire, il y avait un moment que j’avais compris ça. Par contre, j’avais une ou deux questions à lui poser.) Qu’est-ce qui leur a pris ? Pourquoi ils m’en ont fait baver comme ça ?
Malgré moi, ma voix était devenue plaintive. J’avais beau faire, ces deux mois me restaient en travers de la gorge. »

Extrait de : B. Passegué. « Les maîtres des souterrains – Troglo-blues. »

Le monde d’en bas par Bertrand Passegué

Fiche de Le monde d’en bas

Titre : Le monde d’en bas (Tome 1 sur 2 – Troglo-blues)
Auteur : Bertrand Passegué
Date de parution : 1991
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le monde d’en bas

« La fille, je ne l’ai pas vue tout de suite. Elle s’était glissée dans les derniers rangs, derrière les hommes, les vieilles femmes et les enfants, et elle ne nous quittait pas des yeux. Elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour qu’on ne la remarque pas, mais malgré la poussière dont elle s’était maculé le visage et les vêtements, elle était tellement belle qu’elle ne pouvait vraiment pas passer inaperçue. Une chouette gosse. Elle était à moitié cachée par les autres, bien que je ne pouvais pas trop voir comment elle était balancée, d’autant plus qu’elle s’était enroulé une espèce de sac autour des épaules; pourtant, j’avais dans l’idée que ça ne devait pas être vilain.

Il faisait une chaleur à crever, et la traversée de ce putain de désert m’avait plutôt ramolli, c’est sans doute pour ça que j’ai mis si longtemps à la repérer ; parce que d’habitude, j’ai plutôt l’œil vif. Mais je n’étais pas dans un bon jour. J’avais une putain de soif, je suais à grosses gouttes, et je sentais mes mains poisseuses coller à la reliure du livre de comptes. Un temps pareil, moi, ça me rend malade. »

Extrait de : B. Passegué. « Le monde d’en bas – Troglo-blues. »

Métacentre par Bertrand Passegué

Fiche de Métacentre

Titre : Métacentre (Tome 2 sur 2 – Rétis Galactica)
Auteur : Bertrand Passegué
Date de parution : 1992
Editeur : Fleuve noir

Première page de Métacentre

« Au bout de quelques heures d’exploration, Fergusson avait acquis la conviction que le vaisseau était désert. Il s’immobilisa devant une porte, hésitant à lever la main pour effleurer le pictogramme commandant l’ouverture. Cette cabine serait vide, comme les autres. Pas d’équipage, pas de marchandises dans les soutes, aucun autre passager en dehors de leur petit groupe… 
Une semaine plus tôt environ, un mystérieux objet venu de l’espace s’était échoué sur la Terre, en plein cœur du continent australien. Un gigantesque champ de force aussi opaque qu’infranchissable l’avait immédiatement entouré, attirant une nuée de journalistes et de touristes. Puis, un matin, la barrière s’était ouverte un court moment, le temps de capturer les centaines de curieux qui s’étaient avancés pour contempler l’énorme construction édifiée en moins d’une nuit sur la terre rouge et sèche. Ensuite, le cauchemar avait commencé, à mesure que le monolithe se transformait, les obligeant à monter de plus en plus haut, en multipliant les pièges sous leurs pas. »

Extrait de : B. Passegué. « Métacentre – Rétis Galactica. »

Le monolithe noir par Bertrand Passegué

Fiche de Le monolithe noir

Titre : Le monolithe noir (Tome 1 sur 2 – Rétis Galactica)
Auteur : Bertrand Passegué
Date de parution : 1992
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le monolithe noir

« Parvenue aux confins du système solaire, la petite sphère ralentit sa vitesse pour adopter une orbite d’approche. Six heures plus tard, elle survolait la Terre.
Après trois révolutions autour de la planète, elle infléchit brusquement sa course et vint se poser en douceur quelque part à l’intérieur du continent australien, non loin d’une petite ferme aux bâtiments décrépits.
Immédiatement, elle commença à émettre : Sonde XX 8594 UT 94 Quadrant 8 I MÉTACENTRE.
DEMANDE CONNEXION.
CONNEXION ÉTABLIE. TRANSFÉRER DONNÉES.
Sonde XX 8594 UT 94 Quadrant 8 I MÉTACENTRE.
INSTRUCTIONS REQUISES.
En même temps, la sphère transmettait un flot ininterrompu d’informations accumulées pendant la descente.
La réponse vint aussitôt : 7 LIAISON AUTORISÉE. EFFECTUER PROJECTION.
Aussitôt, la sphère commença à se déformer, formant un cylindre allongé qui s’étira rapidement pour devenir un mince fil dont l’extrémité filait vers les étoiles. Elle perçut néanmoins un nouveau message : Quadrant 8. »

Extrait de : B. Passegué. « Le monolithe noir – Rétis Galactica. »

Le grand hiver par Bertrand Passegué

Fiche de Le grand hiver

Titre : Le grand hiver (Tome 5 sur 5 – Bêta IV Hydri)
Auteur : Bertrand Passegué
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le grand hiver

« Cela faisait une éternité que la force inconnue s’était emparée de lui pour le projeter dans ce vide obscur où l’espace et le temps n’existaient plus. 
— Tu n’es rien ! hurlaient les rafales d’énergie en cinglant son esprit de millions de traînées fulgurantes. Tu n’as jamais existé, et jamais tu n’existeras ! 
Autour de lui, l’océan d’énergie devint lumineux ; ses couleurs changeaient selon des fréquences incompréhensibles, engendrant la souffrance. Il n’était plus qu’une fragile enveloppe mentale ballottée en tous sens dans ce maelström incompréhensible. 
Pourtant, il savait maintenant qu‘il était un homme. Des souvenirs flous se pressaient à la lisière de son esprit. Mais sa conscience écartelée à l’infini l’empêchait de se concentrer. 
— Nathan Stone ! 
Le nom fulgura dans son cerveau, et il sut, sans le moindre doute possible, que c’était le sien. 
— Où suis-je ? 
— Nulle part ! cria en réponse le tourbillon mental. Rien n’existe! Rien n’a jamais existé et n’existera jamais !  »

Extrait de : B. Passegué. « Le grand hiver – Bêta IV Hydri. »