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La forteresse éternelle par Bertrand Passegué

Fiche de La forteresse éternelle

Titre : La forteresse éternelle (Tome 4 sur 5 – Bêta IV Hydri)
Auteur : Bertrand Passegué
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir

Première page de La forteresse éternelle

« — Alia… Alia, reviens !

Au lieu d’obéir, la fillette accéléra encore l’allure.

— Alia ! Tu vas te faire mal !

L’enfant ne prêta pas attention à la voix inquiète de la nourrice. Elle continua d’avancer à tâtons, rencontra enfin la paroi métallique. Maintenant qu’elle pouvait se guider, elle avança plus vite.

Alia était aveugle ; elle était née ainsi huit ans plus tôt, mais elle savait qu’il existait quelque chose que tout le monde appelait la lumière.

— Alia ! Tu n’as pas le droit d’aller par-là ! Attends-moi !

La voix de la vieille femme ne lui parvenait plus qu’à peine. Esther ne pourrait pas la rattraper. Elle ralentit l’allure, guettant les premières lueurs de perception.

La lumière… La fillette ne s’en était longtemps fait qu’une idée assez floue, malgré les innombrables questions posées à la nourrice, car les réponses, loin de l’aider, l’avaient égarée davantage encore. »

Extrait de : B. Passegué. « La forteresse éternelle – Bêta IV Hydri. »

Le septième cycle par Bertrand Passegué

Fiche de Le septième cycle

Titre : Le septième cycle (Tome 3 sur 5 – Bêta IV Hydri)
Auteur : Bertrand Passegué
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le septième cycle

« Halissa gisait, inerte, dans le caisson de sommeil-profond, mais elle ne ressentait rien, ni souffrance, ni plaisir. Elle ne pensait pas ; elle ne rêvait pas non plus… Le mécanisme qui maintenait au ralenti ses fonctions vitales continuait à ronronner imperceptiblement. 
Un deuxième caisson, identique mais vide, était placé à côté du sien dans la petite pièce aux parois métalliques, juste assez grande pour les contenir tous les deux. Sur celui de la jeune Noire, des voyants luisaient faiblement dans l’obscurité. Un point lumineux presque imperceptible apparut soudain entre les deux caissons. Son éclat augmenta lentement, jusqu’à ce que les parois de métal terne baignent dans une chaude lumière dorée. Puis, comme la clarté devenait encore plus forte, les murs du réduit semblèrent perdre toute consistance pour finir par disparaître comme s’ils n’avaient jamais existé. En même temps, la lueur se mit en mouvement, tournoyant lentement en un cercle doré qui s’élargissait peu à peu. Une silhouette commença à s’y former. Des pans de lumière colorée, chatoyants, presque substantiels, qui se superposaient pour esquisser une forme vaguement humaine que les vibrations des surfaces lumineuses maintenaient à l’état d’ébauche grossière. »

Extrait de : B. Passegué. « Le septième cycle – Bêta IV Hydri. »

Argyll par Bertrand Passegué

Fiche de Argyll

Titre : Argyll (Tome 2 sur 5 – Bêta IV Hydri)
Auteur : Bertrand Passegué
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir

Première page de Argyll

« Le rêve commençait toujours de la même manière : un bourdonnement léger dans le silence profond, un petit projectile noir virevoltant devant son visage ; puis des dizaines, des centaines, tandis que le bruit devenait plus intense.

Nuit après nuit, le songe se déroulait de la même façon. Il débutait immuablement par ce ballet désordonné des petites formes noires, puis les minuscules créatures sombres se rassemblaient en essaim au centre de la pièce et amorçaient un lent mouvement giratoire qui s’accélérait rapidement. À ce stade, Simonsson sentait la peur l’envahir. Il reculait lentement, jusqu’à sentir le contact glacé du mur dans son dos. Devant lui, le tourbillon se dilatait pour former un tunnel d’où s’échappait une lueur dorée de plus en plus vive. Le grondement devenait presque inaudible, mais il en percevait encore les vibrations hypnotiques qui le secouaient tout entier.

Et dans l’éclatante lumière dorée, une silhouette indécise commençait à se matérialiser. C’était le moment où la terreur atteignait son paroxysme. Il voulait détourner le visage, abaisser les paupières sur ses yeux douloureux pour ne rien voir, mais c’était impossible. »

Extrait de : B. Passegué. « Argyll – Bêta IV Hydri. »

Le dieu du delta par Bertrand Passegué

Fiche de Le dieu du delta

Titre : Le dieu du delta (Tome 1 sur 5 – Bêta IV Hydri)
Auteur : Bertrand Passegué
Date de parution : 1988
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le dieu du delta

« Nathan Stone détourna le regard des plaques de glace en formation et scruta une dernière fois attentivement la berge en aval. Aucune trace de Wowocka. Là-bas, dans la brume légère qui recouvrait le delta, pas le moindre signe de vie.

Il soupira et se décida à reprendre le chemin du vaisseau. Malgré son épais manteau, il ne parvenait pas à se réchauffer. Cette fois, l’hiver était bien là, un hiver qui, à en croire les officiers scientifiques, devait être bref, mais rude. Comment Wowocka et ses compagnons auraient-ils pu réussir à survivre, sans vêtements chauds, sans couvertures, sans outils ni armes ? Quelle folie…

En arrivant en haut du versant de la vallée, il se retourna pour jeter un coup d’œil en arrière. Les eaux calmes du grand fleuve luisaient comme un miroir d’acier poli. Il reprit sa marche. Devant lui s’étendait l’immense plaine couverte de neige à perte de vue, et presque indistincte dans le lointain, la ligne un peu plus sombre qui marquait les premiers contreforts d’une puissante chaîne de montagnes couvertes de forêts. »

Extrait de : B. Passegué. « Le dieu du delta – Bêta IV Hydri. »

Rézo par Laurent Genefort

Fiche de Rézo

Titre : Rézo
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 1993
Editeur : Fleuve noir

Première page de Rézo

« Devin Destréez s’accouda à la rambarde de la fontaine, au pied du plus haut building du monde. Des projecteurs invisibles transformaient l’eau en cascades de plomb fondu, qui bouillonnaient d’énormes dés amalgamés les uns aux autres. L’adolescente pouvait voir, en contrebas, le tapis lumineux de Veracruz effiloché sur la baie, qui piquetait la nuit. L’intense pollution lumineuse l’avait toujours gênée pour regarder Jupiter ou les cratères de la Lune au télescope, les nuits d’insomnie. Des nuits comme celle-ci.

Devin soupira. Depuis combien d’années n’avait-elle pas touché à son télescope ? Si ça se trouvait, l’azote liquide du capteur avait fini par fuir et il était inutilisable.

La rumeur d’un trafic autoroutier montait d’un lacis d’échangeurs, à moins de deux cents mètres. En dépit de l’heure tardive, il y avait toujours de l’affluence autour de la Flèche Wright-Guofeng, une tour de trois mille six cents pieds de haut qui s’enfonçait dans les nuages. »

Extrait de : L. Genefort. « Rézo. »

Rempart par Laurent Genefort

Fiche de Rempart

Titre : Rempart
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 2011
Editeur : Bélial

Première page de Rempart

« 2019
C’est cette année-là que les Bouches se sont ouvertes. Deux d’abord, une au-dessus du Pacifique et une autre au milieu de la mer de Chine. Rien de grave pour la sécurité mondiale : ce qui en sortait, la plupart du temps, tombait dans un grand « plouf », se débattait quelques secondes avant de se noyer. L’avantage d’avoir beaucoup d’océans…
Le choc a été brutal pour les grandes religions : le choc de l’innocence perdue. Par contre, pour un paquet de sectes, ça a été du pain bénit, tous ces aliens qui déboulaient sur notre belle planète bleue. Mais ensuite, même elles ont été débordées. Trop de variété, trop de biochimies, trop de langages différents… trop tout court.
Car d’autres Bouches se sont ouvertes sur la terre ferme. Par dizaines. »

Extrait de : L. Genefort. « Rempart. »

Points chauds par Laurent Genefort

Fiche de Points chauds

Titre : Points chauds
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 2012
Editeur : Bélial

Première page de Points chauds

« C’est cette année-là que les Bouches se sont ouvertes. Deux d’abord, une au-dessus du Pacifique et une autre au milieu du golfe du Bengale. Rien de grave pour la sécurité mondiale : ce qui en sortait tombait dans un grand « plouf », se débattait quelques secondes avant de se noyer. L’avantage d’avoir beaucoup d’océans.

Voilà. Nous n’étions plus seuls.

À cette époque, je sortais du lycée pour intégrer l’école des sous-officiers d’active. Mon père était instructeur, ma mère comptable dans l’armée de terre. Ils s’attendaient à ce que je postule à Saint-Cyr, j’en avais les capacités et le goût de la théorie. Mais moi, c’est le terrain qui m’intéressait. Pas seulement pour les sensations fortes et pour voyager. Pour secourir aussi, m’impliquer. Servir, pour servir à quelque chose : ce n’était pas qu’un slogan, cela avait une signification réelle. À la seconde où j’ai vu les images des premières Bouches qui s’ouvraient sur la terre ferme et tous ces aliens en dégorger, j’ai su que plus rien, jamais, ne serait comme avant. Pour le monde comme pour moi. »

Extrait de : L. Genefort. « Points chauds. »

Opexx par Laurent Genefort

Fiche de Opexx

Titre : Opexx
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 2022
Editeur : Bélial

Première page de Opexx

« Les problèmes ne surviennent pas outre-monde. Ceux en dehors des risques du métier, je veux dire. Ils se produisent en permission, quand on a le temps de cogiter.

De mon côté, je ne risque pas d’en poser, des problèmes. On m’a diagnostiqué un syndrome de Restorff. Un profil recherché par le commandement Opexx, les opérations militaires ultramondaines, parce qu’au retour d’une mission, on ne souffre jamais de troubles post-traumatiques — ni de ce que les médias ont appelé le « spleen opexx ». En contrepartie, mon empathie s’en ressent. La norme considère le Restorff comme un handicap, et ça l’est probablement. Je ne le saurai jamais, mais Claire n’a-t-elle pas coutume de dire que j’avance dans la vie sans espoir et sans crainte ?

Pas en opération, en tout cas, au contraire. Au débriefing, dans le sas de décompression, mon psy vérifie si des tics ne sont pas apparus sur mon visage, si je m’occupe convenablement de ma femme et de ma fille durant les permissions, si je ne me renferme pas quand on m’interroge sur le boulot, si mon entourage a constaté récemment des écarts de conduite. Rien de tout cela, mon comportement est aussi lisse que d’habitude. »

Extrait de : L. Genefort. « Opexx. »

Mémoria par Laurent Genefort

Fiche de Mémoria

Titre : Mémoria
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 2012
Editeur : Bélial

Première page de Mémoria

«  J’ai le droit de savoir pourquoi tu vas me buter, non ? » demanda Norodom.
Il ne se débattait plus. Il avait compris qu’il ne parviendrait jamais à briser la chaise sur laquelle il était ligoté, car l’inhibiteur neural que je lui avais posé sur la nuque l’empêchait de remuer le petit doigt. S’il était attaché, c’était avant tout pour ne pas qu’il s’effondre. Il ne pouvait ni bouger, ni hurler. De toute façon, nous nous trouvions dans une cabane en tôle, plus exactement un container éventré reconverti en abri : crier aurait été inutile.
J’avais traîné Norodom là-dedans une heure auparavant, mais il m’avait fallu une bonne semaine pour monter l’enlèvement. De la porte entrouverte filtrait une brise aux relents de curry : les miasmes du marécage voisin, qui venait lécher un récif de citernes géantes le séparant des tarmacs de l’astroport de Koh-Tap. Un grondement extérieur enflait jusqu’à faire trembler le mobilier : un vieux socle holo, des sièges de salle d’attente fissurés et écaillés, une glacière en mousse cryostat, une banquette défoncée… et, posée sur un cageot en plastique, la mallette. »

Extrait de : L. Genefort. « Mémoria. »

Lum’en par Laurent Genefort

Fiche de Lum’en

Titre : Lum’en
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 2015
Editeur : Bélial

Première page de Lum’en

« LA VIE INTELLIGENTE sur Garance apparut cent mille ans avant que la planète ne porte ce nom. Cette vie-là n’était pas humaine, ni même organique.
Lum’en était unique en son genre parmi les Dépositaires.
Elle avait commis l’un des crimes les plus graves: détourner un passage à discontinuité spatiale dans le but de le transformer en pont temporel et tenter de modifier le passé de l’univers. La Marraine des Espèces avait laissé des milliers de passages analogues ouvrant sur autant de mondes (bien plus tard, les humains les désigneraient sous le nom de Portes de Vangk). Les Dépositaires voguaient de monde en monde, explorant des volumes d’espace vertigineusement vastes, dans le cerveau de vaisseaux dont ils formaient la conscience. Ils n’avaient aucun ennemi. Le respect des passages à discontinuité spatiale constituait un fondement non seulement de leur civilisation, mais aussi de leur morale personnelle.
Lum’en fut jugée, reconnue coupable et condamnée à une peine de réclusion de dix mille ans sur une planète déserte. Dévoyer un instrument de la Marraine des Espèces était considéré comme une déviance éthique extrême pour des êtres qui se qualifiaient eux-mêmes de Dépositaires. »

Extrait de : L. Genefort. « Lum’en. »