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Hurlements n°2 par Gary Brandner

Fiche de Hurlements n°2

Titre : Hurlements n°2
Auteur : Gary Brandner
Date de parution : 1978
Traduction : J. Esch
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Hurlements n°2

« Karyn s’agenouilla dans l’herbe humide au pied du rosier. Toujours pas le moindre bouton  ! Elle commençait à désespérer. Bien que David ne lui en ait jamais parlé, elle était persuadée que sa première femme était experte en jardinage. Voilà le problème, lorsqu’on épouse un veuf : impossible d’échapper aux comparaisons avec la compagne regrettée.

Karyn, il est vrai, ne se passionnait guère pour le jardin, mais David et le docteur Goetz pensaient qu’un travail manuel en plein air améliorerait son équilibre moral, et elle ne voulait pas les décevoir.

Elle n’entendit pas approcher les pas feutrés, et ne prit conscience d’une présence qu’en sentant un souffle chaud sur sa nuque. Elle voulut se relever, mais perdit l’équilibre et tomba à la renverse.

C’est alors qu’elle aperçut les yeux jaunes et les babines noires relevées sur de longues canines. Comme elle tentait de reculer, l’animal posa ses lourdes pattes avant sur ses épaules et la plaqua au sol. »

Extrait de : G. Brandner. « Hurlements 2. »

Hurlements par Gary Brandner

Fiche de Hurlements

Titre : Hurlements
Auteur : Gary Brandner
Date de parution : 1978
Traduction : J. Esch
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Hurlements

« La chaleur de septembre pesait lourdement sur Los Angeles. Dans le quartier résidentiel de Hermosa Terrace, toutes les fenêtres des maisons étaient closes. Seuls le ronflement des climatiseurs et le ronronnement étouffé d’une tondeuse à gazon venaient briser le silence.

Karyn Beatty se dressa sur la pointe des pieds pour embrasser Roy, son mari. Lady, leur petite chienne colley, approuva en agitant joyeusement la queue. C’était aujourd’hui leur premier anniversaire de mariage. Roy attira fermement Karyn contre lui et glissa sa main chaude et douce sous son fin chemisier tout en l’embrassant dans la nuque. Karyn leva la tête et plongea son regard dans les yeux noisette de Roy.

— Chris va arriver d’un instant à l’autre, souffla-t-elle.

— Nous n’ouvrirons pas.

— Tu ne peux pas faire ça à ton meilleur ami  ! D’autant plus que c’est toi qui l’as invité à venir boire un verre pour notre anniversaire. »

Extrait de : G. Brandner. « Hurlements. »

Carrion par Gary Brandner

Fiche de Carrion

Titre : Carrion
Auteur : Gary Brandner
Date de parution : 1986
Traduction : M. Deutsch
Editeur : J’ai lu

Première page de Carrion

« C’était un lundi du début de février et il ne faisait pas chaud. McAllister Fain tira les épais rideaux cramoisis des fenêtres. Il habitait au premier. Il mit une cassette de musique d’orgue mollassonne, embrasa un bâtonnet d’encens au jasmin, baissa les lumières, alluma des bougies stratégiquement disposées et se plaça au centre de la pièce pour juger de l’effet produit.
Pas trop mal, estima-t-il. Il fit le tour du propriétaire, redressant les gravures métaphysiques qui recouvraient des reproductions d’Utrillo, rectifiant la position des accessoires occultes disséminés çà et là. Dehors, un chien aboyait et quelqu’un enjoignit en espagnol au maître de l’animal de le réduire au silence ou en chair à pâté. L’odeur combinée de l’encens et du jasmin luttait bravement contre les relents épicés du menudo que mijotaient les voisins du dessous. On ne pouvait jamais totalement ignorer la présence du quartier. »

Extrait de : G. Brandner. « Carrion. »

Les gaspilleurs par Mack Reynolds

Fiche de Les gaspilleurs

Titre : Les gaspilleurs
Auteur : Mack Reynolds
Date de parution : 1967
Traduction : J. de Tersac, D. Bellec
Editeur : Le passager clandestin

Première page de Les gaspilleurs

« Je n’ai pas bien compris, dit Paul Kosloff.
Son chef de service était mal à l’aise. Cela se voyait à la façon dont il frotta brusquement une allumette de cuisine sur le dessous de son bureau pour allumer le brûle-gueule de bruyère qu’il tenait entre les dents. Il éteignit l’allumette et la laissa tomber dans le vide-ordures.
— Vous m’avez entendu, Paul, dit-il. Nous vous retirons des affaires en ce qui concerne l’Ensemble soviétique.
Paul Kosloff le regarda longtemps, avec attention, sans parler. Son chef, embarrassé, reprit la parole :
— Paul, à notre époque de détente entre les États-Unis d’Amérique et l’Ensemble soviétique, vous constituez un véritable fauteur de troubles. Actuellement, nous ne voulons en aucun cas d’une nouvelle affaire U-2.
— U-2 ?
— Ne faites pas attention. Cela se passait, je crois, avant votre époque. Voici comment se présentent les choses : vos méthodes d’action ne contribuent pas, si je puis dire, à la détente dans les relations internationales. Je vais vous parler brutalement, Paul. En deux mots, j’ai reçu en haut lieu des ordres à votre sujet. Notre service doit absolument éviter tout acte susceptible de provoquer des difficultés avec l’Ensemble soviétique. »

Extrait de : M. Reynolds. « Les gaspilleurs. »

La puissance d’un dieu par Mack Reynolds

Fiche de La puissance d’un dieu

Titre : La puissance d’un dieu
Auteur : Mack Reynolds
Date de parution : 1966
Traduction : J.-P. Pugi
Editeur : Le Masque

Première page de La puissance d’un dieu

« Dans la cabine de la régie, Jerry s’étirait. Ed Wonder releva le regard vers l’horloge du studio. L’émission tirait à sa fin.
— Je voudrais revenir un peu en arrière, dit-il à son invité. Vous avez utilisé deux termes dont la signification exacte échappe sans doute à la plupart d’entre nous. – Il regarda le bloc-notes sur lequel il avait griffonné quelques mots, tandis que l’émission se poursuivait. – Palin… palin… quelque chose.
— Palingénésie, compléta Reinhold Miller sur un ton ne contenant qu’une légère trace de condescendance.
— C’est ça. Et métempsychose. Ne me suis-je pas trompé ?
— C’est correct. Métempsychose. Le passage d’une âme d’un corps à l’autre. Ce nom vient d’un mot latin lui-même dérivé du grec. En toute modestie, je pense être le plus grand spécialiste actuel en palingénésie et en métempsychose.
— Vous venez de définir la métempsychose, mais qu’est-ce que la palingénésie ?
— Ce terme est synonyme de renaissance, de réincarnation. C’est la doctrine de la transmigration des âmes. »

Extrait de : M. Reynolds. « La puissance d’un dieu. »

Le manoir des tortures par Robert Lionel Fanthorpe

Fiche de Le manoir des tortures

Titre : Le manoir des tortures
Auteur : Robert Lionel Fanthorpe
Date de parution : 1966
Traduction : L. Lechaux
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Le manoir des tortures

« Marion Sanderson descendit du taxi qui l’avait amenée de Chiavenna à la station du téléphérique. Les milliers de crêtes enneigées des chaînes du Bernina mordaient à pleines dents l’azur céleste paradisiaque. Elle regarda vers le sud, de l’autre côté de la vallée de Chiavenna et elle aperçut la pointe nord du lac de Côme et, là-bas au loin, la vallée de l’Adda, se jetant par l’ouest dans les eaux dormantes du lac. À cet endroit, la frontière s’étire vers le sud et l’ouest, tel un doigt pointé vers la Suisse. Marion respira à pleins poumons l’air frais et pur de la montagne, le savourant comme un verre de champagne.

Un employé suisse de la station, vêtu d’un uniforme impeccable, à la moustache arrogante et aux yeux malicieux, lui sourit gentiment. Elle lui montra son passeport et ses billets.

— Vous venez d’Italie, mademoiselle  ?

— Oui.

— Bienvenue dans notre pays. Je pense que ce n’est pas votre première visite  ?

— Si, c’est la première. »

Extrait de : R. L. Fanthorpe. « Le manoir des tortures. »

Pleins feux par Thierry Bataille

Fiche de Pleins feux

Titre : Pleins feux
Auteur : Thierry Bataille
Date de parution : 1987
Editeur : Fleuve noir

Première page de Pleins feux

« Marc observa la fille assise en face de lui, légèrement de travers sur la banquette. Depuis Rennes, il n’avait pas croisé un seul instant son regard. Ils avaient juste essayé de ne pas se frôler les jambes. Elle portait un pantalon court qui découvrait des bas noirs à motifs et un blouson en cuir vieilli sur un tee-shirt flou. Elle lisait, les yeux obstinément fixés sur les pages qu’elle tournait régulièrement, à un rythme d’environ une page par minute avait calculé Marc pour se distraire.

Il eut envie de lui parler, de dire : « Je suis Marc Leroy ! » Comme ça, pour voir sa réaction. Mais elle n’aurait pas de réaction. Elle était trop jeune.

La fille devait avoir remarqué qu’il la regardait car, depuis maintenant plus d’une minute, elle ne tournait plus les pages. »

Extrait de : T. Bataille. « Pleins feux. »

Immolations n°2 par Thierry Bataille, Sylviane Corgiat et Bruno Lecigne

Fiche de Immolations n°2

Titre : Immolations n°2
Auteur : Thierry Bataille, Sylviane Corgiat et Bruno Lecigne
Date de parution : 1988
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Immolations n°2

« Terré dans un coin de la grotte, Bertrand Carvajal essayait de scruter l’obscurité. Il ne distinguait rien à plus de dix mètres, devinait seulement la brèche dans la roche suintante d’humidité, d’où partait l’immense labyrinthe, dédale inextricable qui s’enfonçait sous terre et quadrillait le sous-sol de l’île. Bertrand n’osait pas faire le moindre bruit. Immobile depuis plusieurs heures, il avait l’impression que ses muscles tétanisés se calcifiaient peu à peu. Il se pétrifiait. Bientôt, métamorphosé en une statue de marbre, il serait incapable de réagir, de se défendre.

Il ferma les yeux. À l’idée de ce qu’il devrait faire, il sentit une sueur glacée sourdre à la racine de ses cheveux. Son cœur battait à se rompre. Des coups sourds résonnaient dans tout son corps et lui donnaient envie de vomir. L’atmosphère moite de la grotte lui parut s’épaissir. Il sentait la mousse gluante et nauséabonde qui en tapissait les parois, au fond de sa gorge, dans ses poumons, dans son estomac. Il déglutit, inspira lentement et, lorsqu’il expira à fond, des vapeurs fétides l’assaillirent. Depuis combien de temps avait-il quitté la chaleur de l’île, la lumière du jour  ? »

Extrait de : Bataille, Corgiat et Lecigne. « Immolations 2. »

Immolations de Thierry Bataille, Sylviane Corgiat et Bruno Lecigne

Fiche de Immolations

Titre : Immolations
Auteur : Thierry Bataille, Sylviane Corgiat et Bruno Lecigne
Date de parution : 1987
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Immolations

« Les hommes étaient arrivés sur l’île, en bateau, quelques jours plus tôt. La Chose les attendait. Elle les attendait depuis longtemps et, à présent, l’odeur humaine pénétrait enfin ses narines, excitant irrésistiblement l’agglomérat de muscles, de crocs et de griffes qui était son corps.
La Chose renifla pendant des heures les traces laissées sur la plage et autour des habitations. Elle était affamée. Sa gorge était desséchée, comme brûlée par du sel. En vérité, la Chose souffrait cruellement. Alors, elle rêvait. Elle rêvait d’un sang chaud et onctueux inondant sa bouche, de chairs élastiques et palpitantes remplissant son ventre.
MORDRE.
HAPPER.
DECHIRER.
Elle attendait depuis si longtemps ! Comme une litanie, et bien que ce ne fût pas à proprement parler des mots, ces mots seuls mobilisaient la partie la moins brumeuse de son cerveau : déchiqueter un homme, le ronger vivant jusqu’au squelette. »

Extrait de : Bataille, Corgiat et Lecigne. « Immolations. »

Rites d’infamie par George McKenna

Fiche de Rites d’infamie

Titre : Rites d’infamie
Auteur : George McKenna
Date de parution : 1981
Traduction : E. Magyar
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Rites d’infamie

« Son intuition aurait dû le mettre en garde et lui crier de s’éloigner  ; pourtant, lorsqu’il aperçut pour la première fois la côte sud d’Haïti, il ne ressentit que la fièvre de l’aventure.

L’énorme masse rocailleuse du Massif surplombant la petite ville d’Etroits formait un rempart infranchissable qui semblait couper cette région du reste du monde. Du petit navire marchand qui le conduisait à Etroits, Ben Hammond admira les harmonies colorées du port : les tuiles orangées des toits étaient caressées par l’épaisse frange verte des palmiers, et les hibiscus et les bougainvilliers formaient des taches gaies et éclatantes. Le reste paraissait délavé par le soleil  ; un léger nuage de poussière, dansant paresseusement au loin, voilait de gris les vieilles maisons de la ville et les falaises alentour.

Du bateau, les silhouettes qu’il pouvait apercevoir semblaient se mouvoir avec une lenteur léthargique. Il n’y avait pas de mobylettes, pas d’usines crachant leurs lourdes et noires fumées, pas de voitures, de camions ni de bus. Rien qui rappelât le XXe siècle. C’était exactement ce qu’il cherchait. »

Extrait de : G. McKenna. « Rites d’infamie. »