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Safari pour un virus par Jean-Louis Le May

Fiche de Safari pour un virus

Titre : Safari pour un virus (Tome 3 sur 12 – Chroniques des temps à venir)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1979
Editeur : Fleuve noir

Première page de Safari pour un virus

« — Un éden ! Un paradis ! Ravissant ! ne cesse de répéter Laure de la Roncières avec de gracieux mouvements de son poignet fin et lisse projetant en arc de cercle une main de fée aux longs doigts effilés terminés par des griffes d’or.

— Beuh ! Tout juste un petit bungalow, à peine confortable, comme pourrait te le répéter Juliette qui n’aime pas les moustiques d’Arbonne et préfère les gigolos de Monaco. Mais moi, j’aime !

— Et tu as raison, ce cadre est réellement divin, susurre la voix précieuse entre deux lèvres si parfaitement ourlées et tentantes que le gros homme rougeaud qui fait les honneurs d’une de ses discrètes résidences secondaires se demande quelle tête ferait cette petite pute si d’aventure il lui plaquait un vrai bécot, à pleine bouche…

— Note que je suis très heureux à l’idée que Juliette préfère Monaco, aussi longtemps qu’elle ne foutra pas les pieds au casino. »

Extrait de : J.-L. Le May. « Safari pour un virus – Chroniques des temps à venir. »

Le viaduc perdu par Jean-Louis Le May

Fiche de Le viaduc perdu

Titre : Le viaduc perdu (Tome 2 sur 12 – Chroniques des temps à venir)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1979
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le viaduc perdu

« Pépin Douménègue Antoni Troussadouilla, Pipou pour ses intimes, n’avait pas été élu maréchal à la légère. Ç’eût d’ailleurs représenté quelque difficulté, étant donné qu’il dépassait largement son poids pour taille. Mais parmi un nombre de qualités qu’il estimait important, il pouvait démontrer une réelle volonté de parvenir au but, celui-ci désigné une fois pour toutes.

Avec persévérance, entêtement, obstination, il poursuivait alors vers l’objectif, quels que soient les mouvements, parades ou évitements de celui-ci.

Que la cible se meuve, s’éloigne, évite, se faufile, se planque, se déforme ou s’évanouisse momentanément, peu importait à P.D.A. Troussadouilla. Il fonçait jusqu’au bout, entêté comme une smala de mulets cabochards.

En outre, il retenait tout, se souvenant des détails les plus infimes, en donnant l’impression à ses interlocuteurs de n’avoir rien compris, rien entendu. C’est ainsi qu’il se souvenait parfaitement de chaque mot prononcé par Isidorou Gasso, ce brave commandant qui avait remplacé le regretté Torniol après la chute malencontreuse et combien inexplicable de la mule dudit Torniol dans un torrent gonflé et rugissant ce jour-là. »

Extrait de : J.-L. Le May. « Le Viaduc Perdu – Chroniques des temps à venir. »

L’ombre dans la vallée par Jean-Louis Le May

Fiche de L’ombre dans la vallée

Titre : L’ombre dans la vallée (Tome 1 sur 12 – Chroniques des temps à venir)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1979
Editeur : Fleuve noir

Première page de L’ombre dans la vallée

« Le long de la pente joignant le sommet rouge et or de la montagne à la mer trop bleue, par-dessus la robe argentée des oliviers et les taches vertes et sombres du maquis, le ruban gris d’une matière autre que la terre s’effilait paresseusement d’un horizon à l’autre, à perte de vue, épousant les sinuosités du relief, interminable haillon abandonné par la mue d’un serpent géant.

Après les averses torrentielles de l’hiver, puis les giboulées et les ondées, les nuages trop blancs pour féconder le sol se déchiraient sous les patients efforts du soleil. La lumière nouvelle rajeunissait les couleurs des arbres, des roches, des innombrables aspects du sol et même le bleu du ciel. La brise brassait les senteurs fortes, retenues jusque-là par le froid et apportait en outre ce qu’il faut bien appeler le mouvement, aux espèces végétales.

Un jour, après d’autres jours.

Soudain, la nature écouta.

Un bruit bizarre et régulier dominait progressivement les autres sons, survenant de la direction du point le plus élevé du ruban inquiétant, qu’aucune plante n’était encore parvenue à traverser. »

Extrait de : J.-L. Le May. « L’ombre dans la vallée – Chroniques des temps à venir. »

Mauvaise main par Gilbert Gallerne

Fiche de Mauvaise main

Titre : Mauvaise main
Auteur : Gilbert Gallerne
Date de parution : 2016
Editeur : French pulp

Première page de Mauvaise main

« À 5 ans, Éric se sentait une vocation d’aventurier. Il avait déjà exploré l’exploitation de fond en comble, mais il demeurait un bâtiment interdit. Celui d’où provenait le hurlement strident de la grande scie circulaire. Il y était entré une fois, et la vision de cette lame étincelante qui tournoyait si vite que l’on ne distinguait plus ses dents acérées avait imprégné son esprit.
Profitant de ce que sa mère était occupée à étendre du linge, il se faufila entre les bâtiments. Personne ne le remarqua lorsqu’il se glissa dans le hangar. Au loin, il entendit sa mère crier son nom. Trop tard. La lame vrombissait comme un essaim de guêpes en colère. Personne pour le chasser. Il avança. Chercha du regard un morceau de bois à lui offrir.
Les appels de sa mère se rapprochaient. Si elle le trouvait ici, il serait bon pour une fessée. Il devait se dépêcher. Là ! Près de l’établi, quelques planches. Une petite ferait l’affaire. Il se penchait sur le bois abandonné quand on le saisit sous les aisselles. Il serra les dents dans l’anticipation de l’impact sur ses fesses. Il n’y eut pas de claque. On le projeta en l’air, droit sur la lame qui hurlait sa faim. »

Extrait de : G. Gallerne. « Mauvaise main. »

L’ombre de Claudia par Gilbert Gallerne

Fiche de L’ombre de Claudia

Titre : L’ombre de Claudia
Auteur : Gilbert Gallerne
Date de parution : 2011
Editeur : City

Première page de L’ombre de Claudia

« Gisèle Moinot se tordait les mains à s’en faire mal. Son petit visage de musaraigne avait pris un teint de cendre depuis que le docteur Baron lui avait annoncé son intention.

— Vous ne pouvez pas faire ça !

— C’est trop grave, Gisèle. Je ne peux pas fermer les yeux.

Elle tenta de s’immiscer entre lui et la porte qu’il refermait, comme pour le retenir à l’intérieur, mais il la repoussa et sortit sa clef. Ils se retrouvèrent sur le palier et elle baissa la voix de crainte d’alerter le seul autre occupant de l’immeuble.

— Docteur, je vous en supplie !

Gisèle jeta autour d’elle un regard affolé. L’escalier de bois sombre semblait devenu un puits obscur et elle ne voyait même plus la lueur du jour qui filtrait par les petites lucarnes à chaque étage.

Il n’y avait personne pour intervenir et entamer la résolution du médecin. De très loin, à l’extérieur, lui parvint le son de la cloche de la collégiale Notre-Dame, mais elle l’entendit à peine.

Le vieil homme bougonnait, peinait à faire entrer sa clef dans la serrure tant ses mains tremblaient. »

Extrait de : G. Gallerne. « L’Ombre De Claudia. »

Au pays des ombres par Gilbert Gallerne

Fiche de Au pays des ombres

Titre : Au pays des ombres
Auteur : Gilbert Gallerne
Date de parution : 2009
Editeur : Fayard

Première page de Au pays des ombres

« Vincent Brémont s’écarta du mur contre lequel il s’était adossé pour fumer une dernière cigarette. Il lui avait semblé entendre les échos d’une dispute lointaine. Était-ce un effet des vapeurs de whisky qui noyaient son cerveau ? Le bruit ne se répéta pas. Il avait dû se tromper, ou bien confondre avec une émission de télévision. La nuit, les sons portent loin. Et ce soir particulièrement, tandis que Cabourg dormait, se remettant de la chaleur inhabituelle de cette journée d’avril. Au moins sa fille profiterait-elle de leurs vacances !

Il tira sur sa cigarette dont le bout grésilla dans l’obscurité, et regarda sans la voir la petite maison achetée cinq ans plus tôt avec Alexandra. Ne ferait-il pas mieux de la revendre maintenant qu’elle n’était plus là ? Revenir ici était peut-être une erreur. Un an après, Julia se remettait à peine du suicide de sa mère. Elle commençait seulement à s’accoutumer à ne plus entendre le son de sa voix, à ne plus la croiser dans les couloirs de leur grande maison de Nanterre… »

Extrait de : G. Gallerne. « Au pays des ombres. »

Les griffes de la mort par Michael Wolfitt

Fiche de Les griffes de la mort

Titre : Les griffes de la mort
Auteur : Michael Wolfitt
Date de parution : 1983
Traduction : J. Lassard
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Les griffes de la mort

« La soirée avait été excellente. Il est vrai qu’ils passaient toujours de bons moments avec Steve et Sue. Tous les quatre étaient devenus d’excellents amis. Roger avait rencontré Steve lorsqu’il était entré chez Joy Publicité quatre ans auparavant. Ils avaient tout de suite sympathisé et six mois plus tard, on leur avait confié l’un des plus gros budgets de l’agence, avec le titre d’Équipe de Conception et de Direction Artistique.

La chance avait voulu que leurs femmes se lient d’amitié, elles aussi. Elles se retrouvaient souvent pour prendre une tasse de café ou faire du lèche-vitrines. Roger était heureux pour Hilary. Sa famille était des plus réduites. Il ne lui restait qu’une tante qui vivait à Brighton. Et bien que proches parentes, elles ne se voyaient pas beaucoup, car tante Joan s’était mise à voyager dans tout le pays pour le compte de la Croix-Rouge.

Roger jeta un coup d’œil sur son compteur et ralentit un peu son allure. Il avait intérêt à se montrer prudent. »

Extrait de : M. Wolfitt. « Les griffes de la mort. »

Sabat n°1 par Guy N. Smith

Fiche de Sabat n°1

Titre : Sabat n°1 (Le cimetière des vautours)
Auteur : Guy N. Smith
Date de parution : 1982
Traduction : S. Dalle
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Sabat n°1

« Depuis plus d’une heure, déjà, Mark Sabat humait le Mal : une odeur de moisi dominait l’arôme des pins, et la fraîcheur humide trompait la douceur promise par cette fin de printemps. Le silence régnait. Le murmure de la brise s’était tu ; pas un chant d’oiseau, pas un bruissement de feuille. C’était un peu comme si le monde, sur le qui-vive, retenait son souffle.
Au prix d’un effort certain, le grand homme brun en costume fripé chassa la sensation de malaise qui l’envahissait. Il s’arrêta un instant sur le chemin escarpé pour essuyer son front moite de transpiration. De sa langue asséchée, il effleura la frange d’une moustache noir de jais, tandis que ses yeux, étroits et très enfoncés, scrutaient les ombres du crépuscule. Mais rien ne bougeait. Sur sa joue gauche, une balafre vieille d’une dizaine d’années striait son teint blafard.
Souple et agile, il pouvait avoir cinquante ans comme trente-cinq. Ses mouvements étaient rapides, mais son regard reflétait la maturité, et peut-être un soupçon de peur. En effet, Mark Sabat arrivait au bout d’un long parcours, un parcours qui l’avait entraîné à travers trois continents. »

Extrait de : G. N. Smith. « Sabat n°1 (Le cimetière des vautours). »

Le spectre insatiable par Guy N. Smith

Fiche de Le spectre insatiable

Titre : Le spectre insatiable
Auteur : Guy N. Smith
Date de parution : 1983
Traduction : B. Blanc
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Le spectre insatiable

« Les voilà  !

L’homme tendit la bouche sombre de son fusil en direction des deux points minuscules qui, au loin, couraient sur le flanc de la montagne.

— Bémorra  ! Et Isabelle est avec lui  ! cria-t-il. Elle est encore en vie  ! Que le Tout-Puissant en soit remercié  ! La nuit va bientôt tomber, et il nous reste bien peu de temps  ! Lâche les chiens, Colgarth  !

Le dresseur fit «  non  » de la tête et tira avec violence sur la longue laisse que tendaient trois fauves grondants, au pedigree incertain.

— Pas question, Odell  ! Une fois qu’ils auront pris la piste, on ne pourra plus les arrêter… Et ils boufferont la gamine. Il vaut mieux continuer jusqu’à ce que le Vieux se fatigue, en priant pour que la petite soit toujours vivante quand nous coincerons ce fils de pute  !

Les mâchoires d’Odell se serrèrent  ; ses yeux légèrement globuleux semblèrent jeter des éclairs. »

Extrait de : G. N. Smith. « Le spectre insatiable. »

Zombie blues par Gilles Bergal

Fiche de Zombie blues

Titre : Zombie blues
Auteur : Gilles Bergal
Date de parution : 2007
Editeur : Objectif noir

Sommaire de Zombie blues

  • Le hachoir
  • Histoire d’eau
  • Les gens du rail
  • L’inconnu du bar
  • Le désespoir
  • Loup y es-tu ?
  • Pris sur le vif
  • La descente aux enfers de Roger Jousbin
  • Les trois voeux
  • Crépuscule
  • Black bayou
  • Véronique
  • Cendres
  • Le père prodigue
  • Le lien
  • L’oublié éternel
  • Planche contact
  • Dominique

Première page de Le hachoir

« Depuis le jour où nous l’avons acheté, le hachoir me fascine.

C’est une belle pièce. Pesant son demi-kilo avec une lame large de huit centimètres et longue de trente, on l’a bien en main. Il suffit presque de le laisser tomber pour trancher.

Quand je vois Françoise, ma femme, démembrer un lapin, quand je vois cette lame d’acier pénétrer les chairs et faire craquer les os, séparant la bête en deux parties d’un seul coup, je ressens l’envie de prendre le hachoir à mon tour et de frapper, frapper…

L’autre jour, je l’ai saisi. Françoise n’était pas là. Je suis entré dans la cuisine pour prendre un verre d’eau que je n’ai pas bu, et le hachoir était là, accroché au mur parmi les autres couteaux de cuisine. Je l’ai pris. Il était lourd dans ma main. Bien équilibré, il semblait se mettre de lui-même dans la meilleure position pour trancher.

Une fois, deux fois, je l’ai soulevé et j’ai frappé dans le vide. »

Extrait de : G. Bergal. « Zombie Blues. »