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La croque buissonnière par Pierre Pelot

Fiche de La croque buissonnière
Titre : La croque buissonnière
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 2008
Editeur : Nil éditions
Première page de La croque buissonnière
« Orties
Elles accompagnaient nos jeux de pirates et d’Indiens. Elles étaient presque de toutes les expéditions, en forêt ou ailleurs, elles nous voyaient passer dans nos shorts aux couleurs d’été, harnachés, coiffés de plumes, hurlant, brandissant des arcs de noisetier à la courbure rien moins que flageolante. Elles hochaient la tête, indulgentes, sans nous tenir rigueur des percées que nous lancions parfois dans leurs rangs à grands coups de bâton… Comme des ombres de voyageuses revenues de bien loin, elles nous voyaient passer, l’âme et l’haleine chargées de sucs et d’épices indicibles, exotiques chez nous un jour ancien de retour de néants intouchables…
Certes… ça brûle. Quand on y met la patte. On s’y frotte et on s’y pique, c’est même un vieil adage. Alors qu’il suffit de les caresser dans le sens du poil… »
Extrait de : P. Pelot. « La croque buissonnière. »
L’île aux enragés par Pierre Pelot

Fiche de L’île aux enragés
Titre : L’île aux enragés
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1973
Editeur : Hatier
Sommaire de L’île aux enragés
- L’homme qui venait de l’ouest
- La tempête
- Higg la maudite
- Les enragés
- Goel de Lyre
- Sur les traces de Sihan
- La ville aux monstres
- L’homme qui venait de la mer
Première page de L’homme qui venait de l’ouest
« Tout le jour, le soleil avait brillé.
Et puis, dans l’approche du soir, d’épais nuages s’étaient levés sur l’horizon. Le vent, qui venait de la mer et poussait devant lui ces vagues célestes moutonneuses, avait brutalement fraîchi. Mauvais signe.
Ceux qui se trouvaient dans les barques avaient rapidement hissé leurs filets. Ils avaient compris, habitués depuis leur plus tendre enfance à lire menaces et conseils de prudence dans le ciel et l’eau. Certains, les tout vieux, avaient senti le changement avant même que ne se lève le premier souffle de vent ou que n’apparaisse en ligne d’horizon la tête cotonneuse du premier nuage.
À présent, c’était vraiment le soir. Le soir noir, pressé à l’étouffement sous le ciel bas, surchargé d’un bataillon de grosses volutes molles. La mer était comme un métal froid, vide, toutes les barques de pêche tirées hors de son ventre. Sur la côte déserte, le vent venait se plaindre dans les griffes des broussailles ; il courait comme un fou sur la lande : on suivait à la trace ses danses d’hystérique dans les hautes herbes brûlées. »
Extrait de : P. Pelot. « L’île aux enragés. »
L’île au trésor par Pierre Pelot

Fiche de L’île au trésor
Titre : L’île au trésor
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 2008
Editeur : Calmann-Lévy
Première page de L’île au trésor
« Mon nom c’est Jim Hawkins, mais vous pouvez m’appeler Jim.
Je vais donc raconter toute l’histoire, du début à la fin.
L’idée ne vient pas de moi mais de Trelaway, et Trelaway a toujours de sacrées bonnes idées, en général, tous ceux qui savent de qui je parle, dans les Îles, vous le diront.
Personnellement, je connais Trelaway depuis toujours, pour la bonne raison que c’est pratiquement mon oncle. Je dis « pratiquement » parce que si Trelaway était vraiment marié à ma tante Sally-Sea, je veux dire devant la loi, il serait, alors, effectivement, mon oncle véritable, étant donné que tante Sally-Sea est ma vraie tante, la sœur jumelle de ma maman, et que Trelaway est son compagnon. Sean Trelaway. La plupart des gens, ici, l’appellent « Trelaway » et il pourrait tout aussi bien se prénommer Arthur ou Joseph que ça n’y changerait rien.
« Jim », qu’il m’a dit, « toi qui as la langue bien pendue, tu devrais raconter l’histoire de cette sacrée île et de son trésor dessus, et comment tout ça s’est passé. Personne ne le ferait mieux que toi, partner , je t’assure. J’en suis absolument certain. »
Extrait de : P. Pelot. « L’île au trésor. »
L’été en pente douce par Pierre Pelot

Fiche de L’été en pente douce
Titre : L’été en pente douce
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1980
Editeur : Gallimard
Première page de L’été en pente douce
« Il n’était pas du genre à se laisser impressionner facilement – du moins en apparence –, mais tout de même, la lecture du journal, rubrique « avis de décès », semblait lui avoir porté un coup. Il avait juré, grommelé des choses, et Lilas avait compris le principal. Pour confirmation, elle s’était reportée au journal. Depuis, Fane n’avait pas desserré les dents. Ou presque. Juste pour des banalités. Et pour enguirlander Lilas qui n’en finissait pas de se préparer. Lui, il s’était vaguement passé un coup de peigne dans les cheveux, c’est tout. Il n’avait pas mangé.
Fane transpirait. De grosses gouttes de sueur perlaient sur son front ridé, coulaient dans ses yeux, le long de son gros nez, puis se décrochaient n’importe comment et tombaient un peu partout, sur sa chemise, son pantalon, sur ses mains – la droite gantée et la gauche nue – sur le volant. »
Extrait de : P. Pelot. « L’été en pente douce. »
L’assassin de Dieu par Pierre Pelot

Fiche de L’assassin de Dieu
Titre : L’assassin de Dieu
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1998
Editeur : Bragelonne
Première page de L’assassin de Dieu
« … Et de tous ceux qui hantent ce pays, pas un ne sait ni ne se souvient qui il était avant, d’où il venait. Ni quels sont les pays d’avant ce pays-là, et pas davantage ceux d’après.
C’est un pays que certains personnages particulièrement mystérieux, et qui disent tout connaître des secrets, nomment parfois le Monde au bord du Gouffre. Ce qui finalement ne veut rien dire, car les gouffres ne sont pas plus inquiétants ni plus grands dans ce monde qu’ils ne le sont ailleurs. Le seul vrai gouffre, si l’on veut bien, est peut-être le ciel. L’immense, l’insondable trou noir du ciel.
Mais est-ce le ciel ? »
Extrait de : P. Pelot. « L’Assassin de Dieu. »
L’ange étrange et Marie McDo par Pierre Pelot

Fiche de L’ange étrange et Marie McDo
Titre : L’ange étrange et Marie McDo
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 2010
Editeur : Fayard
Première page de L’ange étrange et Marie McDo
« Abel n’aurait su dire si le gamin à croupetons à l’extrémité de la grume, au sommet du tas, se trouvait déjà là quand il s’était arrêté sur le petit espace de stationnement qui s’inclinait vers le fossé, à la sortie du dernier virage.
Probablement pas.
Il l’aurait remarqué.
Mais il ne l’avait pas davantage vu grimper sur son perchoir. Tout à coup, le gamin s’était trouvé là, piqué sur la plus haute extrémité du tas de troncs, au pied du talus. À ne rien faire d’autre, juste perché. Du fait de la position en contrebas du tas de grumes, il se trouvait à peine plus haut que le niveau de la route, comme une espèce de sauterelle verte à longues pattes repliées, regardant passer les voitures. »
Extrait de : P. Pelot. « L’ange étrange et Marie McDo. »
Kid Jésus par Pierre Pelot

Fiche de Kid Jésus
Titre : Kid Jésus
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1980
Editeur : J’ai lu
Première page de Kid Jésus
« Kid se redressa, les reins douloureux. Il souffla lentement, longuement ; un gros nuage de condensation filtra entre les mailles lâches de son vieux passe-montagne. La laine de la cagoule déformée était blanchie, durcie par le gel au niveau de la bouche. Kid tira sur le passe-montagne pour en agrandir l’ouverture et découvrir son visage. La sueur qui coulait sur sa peau fraîchit immédiatement ; il l’essuya avec son gant, effaçant du même coup les cristaux de glace qui s’étaient formés dans les poils roux de sa moustache, sous les narines, et dans sa barbe. Il soupira.
Cela faisait une bonne heure, sinon plus, que Kid-le-maigrichon (ou encore Kid-le-coup-de-vent, comme certains fouilleurs de l’équipe le surnommaient parfois) se bagarrait avec ce bloc de béton gelé, au milieu du carré de ruines délimité par quatre pieux de fer entre lesquels se balançait une ficelle roidie. »
Extrait de : P. Pelot. « Kid Jésus. »
Fou dans la tête de Nazi Jones… par Pierre Pelot

Fiche de Fou dans la tête de Nazi Jones…
Titre : Fou dans la tête de Nazi Jones…
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1986
Editeur : Fleuve noir
Première page de Fou dans la tête de Nazi Jones…
« Il n’oublierait jamais les jours verts de son enfance en Guyane. Plus il avançait en âge et plus il se souvenait avec acuité d’une profusion de détails concernant cette époque de sa vie. Le phénomène obéissait sans doute à un mécanisme psychologique compensateur qui lui accordait de temps à autre une sorte de récréation, un repos. Alors, le poids du passé, que traduisait le présent, s’allégeait un peu. Sa mémoire gentille lui faisait des cadeaux.
Ses parents étaient français. Son père un ingénieur de la société de recherches aérospatiale M.O.U.C. basée à Touqué, à une cinquantaine de kilomètres en aval de l’embouchure deltaïque du Dyapok, sur la frontière du Nord-Est brésilien. »
Extrait de : P. Pelot. « Fou dans la tête de Nazi Jones. »
Fou comme l’oiseau par Pierre Pelot

Fiche de Fou comme l’oiseau
Titre : Fou comme l’oiseau
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1980
Editeur : Bragelonne
Première page de Fou comme l’oiseau
« La mère s’était déjà mise à la vaisselle, achevant de mâcher une dernière bouchée de pain. Irénée leva les yeux sur Chip, quand celui-ci repoussa sa chaise et s’en alla, claquant peut-être un peu fort la porte derrière lui. Irénée demeura immobile pendant quelques secondes ; même ses mâchoires se figèrent. Son visage n’avouait rien de ce qu’il pensait en cet instant, ses yeux gris pâle, comme à l’accoutumée, étaient vides. Il reprit sa mastication.
Sur le buffet de bois peint en blanc, parmi des bibelots, le transistor diffusait en sourdine les nouvelles du monde et de l’extérieur.
La cuisine était sombre, mais moins qu’en plein hiver à cette même heure, sur cette pente de la montagne. En hiver, il fallait allumer du lever au coucher.
La mère quitta l’évier pour venir ramasser la vaisselle sur la table. Elle prit l’assiette devant Irénée, et sa fourchette, mais lui laissa son couteau. Elle n’avait pas encore fini de mâcher sa croûte de pain. Son dentier clapait. »
Extrait de : P. Pelot. « Fou comme l’oiseau. »
Foetus party par Pierre Pelot

Fiche de Foetus party
Titre : Foetus party
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1977
Editeur : Denoël
Première page de Foetus party
« Un jour il était né. Bel et bien pris au piège. Sans le savoir.
Un jour il était né et s’était bravement mis à mourir.
Et le monde s’était mis à mourir lui aussi. La terre entière, inexorablement. Trash se disait souvent que l’événement était en rapport étroit avec sa propre naissance. Les preuves étaient là. Au fur et à mesure que Trash avait pris de l’âge, les hommes vivants disparaissaient les uns après les autres. Ne restaient que des ombres, des fantômes grouillants qui se bousculaient, se pressaient dans les rues de la ville. Ils n’avaient pas le moindre but, c’était flagrant. Ils passaient leur mort à errer.
Lorsqu’il ouvrait les yeux, chaque matin, la première chose qu’il apercevait était ce vieux poste de radio, cette boîte, posé sur le rebord intérieur de l’unique fenêtre murée. »
Extrait de : P. Pelot. « Fœtus-party. »