Étiquette : Pocket
Anciens rivages par J. McDevitt

Fiche de Anciens rivages
Titre : Anciens rivages
Auteur : J. McDevitt
Date de parution : 1996
Traduction : M. Charrier
Editeur : Pocket
Première page de Anciens rivages
« — Mais qu’est-ce que c’est que ça, nom de Dieu !
Tom Lasker dut élever la voix pour se faire entendre dans la bourrasque. Will s’immobilisa, la bêche maculée d’une terre noire, cherchant de quoi pouvait bien parler son père.
Une plaque triangulaire émergeait du sol tel un aileron de requin. Dure. Métallique, semblait-il, quoique dépourvue de toute corrosion.
Père et fils se trouvaient sur la colline basse située à la limite ouest de leurs terres. Malgré l’heure tardive, ils s’activaient à la lueur des ampoules nues alignées sur un simple fil, afin d’enfouir les canalisations qui permettraient de pomper l’eau du puits jusqu’au sommet de l’éminence. Tom dirigea le rayon de sa torche sur l’objet, que Will poussa du bout de sa botte. Le parfum de l’hiver tout proche imprégnait la nuit. Un vent froid, mordant, soufflait sur la pente, agitant les lampes. Tom s’agenouilla pour dégager d’une main gantée le corps étranger – rouge vif, lisse et dur. Il eut beau tirer, rien ne bougea. »
Extrait de : J. McDevitt. « Anciens rivages. »
Le sacrilège malais par P. Boulle

Fiche de Le sacrilège malais
Titre : Le sacrilège malais
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1955
Editeur : Pocket
Première page de Le sacrilège malais
« Après avoir rendu ses écus au financier, le savetier s’était remis au travail en chantant – trop fort. Le financier connut de nouveau l’insomnie matinale. Ne dormant pas, il réfléchit. Sa Pensée se fixa sur le travail de son voisin.
« Le savetier raccommode des souliers et il chante. Il doit y avoir une relation étroite entre cette activité et cette insouciance. Pourquoi ne pas m’intéresser, moi aussi, aux vieux souliers ? »
Le financier ne pouvait pas s’arrêter à l’idée de raccommoder des souliers. Il en fabriquerait des milliers, des millions, des milliards de paires. Le monde entier viendrait se chausser chez lui.
Cette anticipation raviva son angoisse fiévreuse. Un clapotement monstrueux, fait d’un piétinement ininterrompu de semelles, monta dans la rue et s’ajouta aux accents barbares du savetier. Il mesura l’horreur de l’enfer où avait failli le plonger son esprit de généralisation. Le sommeil quitterait à jamais son logis. C’était impossible. »
Extrait de : P. Boulle. « Le Sacrilège Malais. »
Le pont de la rivière Kwai par P. Boulle

Fiche de Le pont de la rivière Kwai
Titre : Le pont de la rivière Kwai
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1958
Editeur : Pocket
Première page de Le pont de la rivière Kwai
« L’abîme infranchissable que certains regards voient creusé entre l’âme occidentale et l’âme orientale n’est peut-être qu’un effet de mirage. Peut-être n’est-il que la représentation conventionnelle d’un lieu commun sans base solide, un jour perfidement travesti en aperçu piquant, dont on ne peut même pas invoquer la qualité de vérité première pour justifier l’existence ? Peut-être la nécessité de « sauver la face » était-elle, dans cette guerre, aussi impérieuse, aussi vitale, pour les Britanniques que pour les Japonais ? Peut-être réglait-elle les mouvements des uns, sans qu’ils en eussent conscience, avec autant de rigueur et de fatalité qu’elle commandait ceux des autres, et sans doute ceux de tous les peuples ? Peut-être les actes en apparence opposés des deux ennemis n’étaient-ils que des manifestations, différentes mais anodines, d’une même réalité immatérielle ? Peut-être l’esprit du colonel nippon, Saïto, était-il en son essence analogue à celui de son prisonnier, le colonel Nicholson ? »
Extrait de : P. Boulle. « Le Pont de la rivière Kwaï. »
La planète des singes par P. Boulle

Fiche de La planète des singes
Titre : La planète des singes
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1963
Editeur : Pocket
Première page de La planète des singes
« Jinn et Phyllis passaient des vacances merveilleuses, dans l’espace, le plus loin possible des astres habités.
En ce temps-là, les voyages interplanétaires étaient communs ; les déplacements intersidéraux, non exceptionnels. Les fusées emportaient des touristes vers les sites prodigieux de Sirius, ou des financiers vers les Bourses fameuses d’Arcturus et d’Aldébaran. Mais Jinn et Phyllis, un couple de riches oisifs, se signalaient dans le cosmos par leur originalité et par quelques grains de poésie. Ils parcouraient l’univers pour leur plaisir – à la voile.
Leur navire était une sorte de sphère dont l’enveloppe – la voile – miraculeusement fine et légère, se déplaçait dans l’espace, poussée par la pression des radiations lumineuses. Un tel engin, abandonné à lui-même dans le voisinage d’une étoile (assez loin cependant pour que le champ de gravitation ne soit pas trop intense) se dirigera toujours en ligne droite dans la direction opposée à celle-ci ; mais comme le système stellaire de Jinn et Phyllis comprenait trois soleils »
Extrait de : P. Boulle. « La planète des singes. »
La baleine des Malouines par P. Boulle

Fiche de La baleine des Malouines
Titre : La baleine des Malouines
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1983
Editeur : Pocket
Première page de La baleine des Malouines
« La flotte britannique franchit le cinquantième parallèle et arriva bientôt en vue de la Géorgie du Sud. La traversée s’était effectuée jusqu’alors sans incident, les seuls ennemis à affronter encore étant le désœuvrement et le mal de mer, pour les quatre à cinq mille soldats embarqués sur les transports de troupes. Ils les combattaient de leur mieux, en rêvant à leurs exploits futurs ou en faisant quelques exercices fastidieux de culture physique dans l’espace réduit qui leur était imparti.
La prise de la Géorgie du Sud, à peine défendue par une maigre garnison, fut une simple formalité et une pauvre diversion. L’escale ne dura que deux ou trois jours, à peine le temps pour les guerriers de faire quelques pas sur la terre ferme. Ensuite, l’armada repartit à petite allure vers les îles Falkland, que les Français appellent Malouines, que les Argentins avaient annexées, et dont la reconquête était le but ultime du corps expéditionnaire. »
Extrait de : P. Boulle. « La baleine des Malouines. »
L’épreuve des hommes blancs par P. Boulle

Fiche de L’épreuve des hommes blancs
Titre : L’épreuve des hommes blancs
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1955
Editeur : Pocket
Première page de L’épreuve des hommes blancs
« Il était quatre heures, dans l’île de Sinang, sous les tropiques, lorsque le père Saat sortit de sa torpeur. Il avait pris l’habitude de prolonger sa sieste depuis un peu plus d’un an, exactement depuis que sa femme lui avait donné un cinquième garçon, marquant la famille d’une dignité définitive, qui imposait à son chef des attitudes majestueuses et des heures de méditation.Moktuy, l’aîné des fils Saat, avait maintenant quinze ans. Aidé de son frère cadet, il s’entendait à manœuvrer le bateau de pêche, et posait les filets plus adroitement que n’importe quel Malais du kampong. Le poisson et les bêtes qu’il prenait au piège assuraient la subsistance de la maisonnée. Deux autres enfants grimpaient périodiquement aux cocotiers que Saat avait plantés à une époque où il se souciait de l’avenir. Ils dépeçaient les noix et faisaient sécher le coprah, qui s’entassait dans »
Extrait de : P. Boulle. « L’épreuve des hommes blancs. »
E=mc2 par P. Boulle

Fiche de E=mc2
Titre : E=mc2
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1957
Editeur : Pocket
Sommaire de E=mc2
- Les luniens
- L’amour et la pesanteur
- Le miracle
- E=mc2 ou le roman d’une idée
Première page de Les luniens
« AVONS très grande joie, et ressentons émotion inexprimable, en annonçant aujourd’hui à Président des États-Unis et à membres du C.S.I. que des êtres vivants existent dans la Lune. Proposons donner nom de Luniens à ces habitants qui, vus à distance tout au moins, semblent avoir nombreux points communs avec les hommes. Continuons observation. Rapport précis suivra dès que possible. »
Après avoir dicté cette effarante nouvelle sans reprendre son souffle, Weston, le chef de la première expédition américaine dans la Lune, prit à peine le temps de vérifier la fermeture de son costume bizarre, et se prépara à quitter le bâtiment »
Extrait de : P. Boulle. « E = mc². »
Aux sources de la rivière Kwai par P. Boulle

Fiche de Aux sources de la rivière Kwai
Titre : Aux sources de la rivière Kwai
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1966
Editeur : Pocket
Première page de Aux sources de la rivière Kwai
« La déclaration de guerre fut précédée chez nous, planteurs de Malaisie, par une période de surexcitation intense, due à l’attente d’événements graves et à l’abus du whisky. Les coolies tamils, les boys chinois et les chauffeurs malais, qui subissaient parfois le contrecoup de cette tension nerveuse (nous étions des seigneurs autoritaires, peut-être d’affreux colonialistes), en surveillaient les progrès avec une inquiétude chaque jour accrue et en commentaient chaque soir les derniers développements importuns.
Notre nervosité était exacerbée par l’exil et l’impuissance à participer, dès le lever du rideau, au drame que nous sentions venir et qui, sous le soleil de l’équateur, prenait des proportions encore plus extravagantes que la réalité. Notre imagination brodait chaque nuit sur les derniers messages transmis par les ondes. Quand la guerre éclata, nous nous sentîmes presque soulagés. Nous pensions naïvement être appelés en France dans un délai très bref. »
Extrait de : P. Boulle. « Aux sources de la rivière Kwai. »
L’invincible par Stanislas Lem

Fiche de L’invincible
Titre : L’invincible
Auteur : Stanislas Lem
Date de parution : 1964
Traduction : G. Posner
Editeur : Pocket
Première page de L’invincible
« LA PLUIE NOIRE
L’Invincible, croiseur de seconde classe, la plus grande unité dont disposait la Base installée dans la constellation de la Lyre, suivait une trajectoire photonique à l’extrême bord de la constellation. Les quatre-vingt-trois hommes de l’équipage dormaient dans l’hibernateur en tunnel du pont central. Comme la traversée était relativement courte, au lieu d’une hibernation complète, on avait eu recours à un sommeil renforcé où la température du corps ne tombait pas en dessous de dix degrés. Dans le poste de pilotage, seuls les appareils automatiques travaillaient. Dans leur champ de vision, sur le réticule du viseur, s’étalait le disque du soleil, guère plus chaud qu’une simple naine rouge. Lorsque sa circonférence occupa la moitié de la largeur de l’écran, la réaction annihilatrice de matière fut arrêtée. Pendant quelque temps, un silence de mort régna dans tout le vaisseau. »
Extrait de : S. Lem. « L’invincible. »
Un soupçon de néant par P. Curval

Fiche de Un soupçon de néant
Titre : Un soupçon de néant
Auteur : P. Curval
Date de parution : 1977
Editeur : Pocket
Première page de Un soupçon de néant
« DANS LEQUEL ON VOIT CARLOS RODRIGUEZ SURGIR DU NÉANT
Un mouvement tourbillonnaire léger s’empara de l’espace et, bientôt, les quelques éléments indispensables pour composer un semblant de chose se matérialisèrent en son centre. Un brouillard impalpable se forma autour de ce noyau de réalité ; des particules s’agrégèrent ; une silhouette opaque se dessina sur le fond transparent du vide ; peu à peu les contours de cette silhouette se précisèrent et se fixèrent dans la pâte même de l’existence. Indiscutablement, c’était un homo sapiens. Immobile, seulement agité d’un frémissement, d’une sorte de vibration musculaire, l’homme né de l’invisible se stabilisa progressivement. Sur ses traits se lisait l’effort qu’il produisait pour annihiler en lui les effets du mouvement tourbillonnaire qui l’avait fait naître. »
Extrait de : P. Curval. « Un soupçon de néant. »