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Je suis une légende par R. Matheson

Fiche de Je suis une légende

Titre : Je suis une légende
Auteur : Richard Matheson
Date de parution : 1954
Traduction : N. Serval
Editeur : Gallimard

Première page de Je suis une légende

« Lorsque le ciel  – comme c’était le cas ces jours-ci  – était nuageux, Robert Neville ne se rendait pas toujours compte de l’approche du soir, et parfois ils auraient pu envahir les rues avant qu’il ne fût rentré chez lui.

S’il avait eu l’esprit plus précis, il aurait pu calculer approximativement le moment de leur arrivée ; mais il avait gardé la vieille habitude de s’en remettre à la couleur du ciel. Par temps couvert, cette méthode n’était pas sûre et c’est pourquoi, ces jours-là, il préférait ne pas s’éloigner de sa demeure…

Il fit le tour de la maison, une cigarette collée au coin de la bouche, et examina chaque fenêtre pour s’assurer qu’aucune planche ne manquait : après certains assauts particulièrement violents, il arrivait que plusieurs fussent fendues ou à demi arrachées. Il lui fallait alors les remplacer, et il détestait cela. Aujourd’hui, une seule manquait. « Curieux », pensa-t-il… »

Extrait de : R. Matheson. « Je suis une légende. »

Le baiser aux abeilles par J. Carroll

Fiche de Le baiser aux abeilles

Titre : Le baiser aux abeilles
Auteur : J. Carroll
Date de parution : 1998
Traduction : N. Serval
Editeur : Flammarion

Première page de Le baiser aux abeilles

« Je déteste manger seul. C’est une des raisons qui m’ont poussé à devenir célèbre. Le spectacle d’une personne mangeant seule en public a quelque chose d’à la fois pathétique et déplaisant. Mieux vaut encore rester à la maison et dîner devant la télé d’une soupe en boîte et d’une poignée de crackers que d’attendre tout seul à table qu’on vous serve un repas solitaire et mélancolique.

Je déjeunais avec mon agent, Patricia Chase, quand j’ai fait cette réflexion. Patricia est une grande et belle femme avec des couilles en titane. Elle m’a regardé avec une expression qui m’est devenue familière depuis vingt ans que je la connais, un mélange tout à fait unique d’amusement, d’agacement et de réprobation.

« Où vas-tu chercher des idées pareilles, Sam ? Mais je ne connais rien de plus merveilleux que d’être seule à table ! »

Extrait de : J. Carroll. « Le baiser aux abeilles. »

L’aube du huitième jour par J. Carroll

Fiche de L’aube du huitième jour

Titre : L’aube du huitième jour
Auteur : J. Carroll
Date de parution : 2001
Traduction : N. Serval
Editeur : Flammarion

Première page de L’aube du huitième jour

« Ne jamais acheter de vêtements jaunes ni de cuir bon marché : tel est mon credo – un parmi d’autres. Vous savez ce qui me plaît le plus ? C’est de voir des gens se tuer. Ne vous méprenez pas ; je ne parle pas ici des pauvres cloches qui se jettent par la fenêtre ou fourrent leur tête d’abruti dans un sac plastique. Je ne parle pas non plus des tournois de « Mortal Kombat », où une bande de molosses enragés et coiffés en brosse n’arrêtent pas de se sauter à la gorge. Imaginez plutôt un type au visage plombé qui allumerait une Camel en pleine rue et vous recracherait ses poumons à la première bouffée… Bien fait pour toi, mon vieux ! Vive la nicotine, l’acharnement et l’auto-complaisance.

« Eh ! Jimmy, remets-nous ça », braille Sa Majesté Cholestérol, assis au bout du comptoir. Il a le nez rouge comme une pivoine et une tension assez élevée pour l’expédier chez Pluton avec toute sa lignée. Satisfaction, masse, texture… Une crise cardiaque le terrassera en quelques secondes. »

Extrait de : J. Carroll. « L’aube du huitième jour. »

Destination 3001 par R. Silverberg et J. Chambon

Fiche de Destination 3001

Titre : Destination 3001
Auteur : R. Silverberg et J. Chambon
Date de parution : 2000
Traduction : J. Barbéri, C. Duval, J.-D. Brèque, H. Collon, P.-P. Durastanti, N. Serval, M. Ssossé
Editeur : J’ai lu

Sommaire de Destination 3001

  • Quatre courts romans par J. Haldeman
  • Paradi par V. Evangelisti
  • Notre mère qui dansez par N. Kress
  • Le temps des olympiens par S. Lehman
  • Le semeur de cauchemars par A. Eschbach
  • Millenium express par R. Silverberg
  • Notre terre par Ayerdhal
  • L’épineux problème de la tête à grand-mère par K. Haber
  • Angles par O. Scott Card
  • Retour au foyer par C. Priest
  • L’hiver de turing par F. Ricciardiello
  • Jolie petite fille par J. Houssin
  • Van Gogh à la fin du monde par P. J. McAuley
  • Les nuits inutiles par J.-C. Dunyach
  • Marche et crève par R. C. Wagner
  • Onde de choc par G. Benford
  • La balade du singe seul par S. Denis
  • Entités par N. Spinrad
  • On est bien seul dans l’univers par P. Curval
  • « Le 9 av » par D. Simmons

Première page de Millenium express

« Profitant d’un instant de quiétude, en cette paisible fin de l’an 2999, quatre hommes s’affrontent sur les détails de leur plan, lequel consiste à faire sauter le Louvre. Il y a deux jours qu’ils se querellent à propos des mérites comparés de l’implosion et de l’explosion. Ils se nomment Albert Einstein (1879-1955), Pablo Picasso (1881-1973), Ernest Hemingway (1899-1961) et Vjong Lartisan (2683-2804).
Vous vous demanderez peut-être pourquoi nos compères souhaitent détruire ce temple à la mémoire des arts du passé ? Et comment il se fait qu’un homme du XXVIIIesiècle – enfin, plus ou moins – complote au côté de ces trois personnages célèbres, issus d’une époque bien antérieure à la sienne ?
Si Strettin Vulpius (2953-), qui traque depuis des mois l’espiègle équipe aux quatre coins du monde en paix, en sait bien plus que vous, lui aussi se pose bien des questions sur cet appétit de destruction. Il s’agit dans son cas de curiosité professionnelle – si profession il y a puisque seuls travaillent ceux qui le désirent en ces temps bienheureux marquant la fin du Troisième millénaire. »

Extrait de : R. Silverberg et J. Chambon. « Destination 3001. »

Sur les ailes du cauchemar par L. Tuttle

Fiche de Sur les ailes du cauchemar

Titre : Sur les ailes du cauchemar
Auteur : L. Tuttle
Date de parution : 1992
Traduction : N. Serval
Editeur : Denoël

Sommaire de Sur les ailes du cauchemar

  • Sur les ailes du cauchemar
  • Sans regrets
  • Affaire de peau
  • Le champ de pierres
  • Le cabinet des esprits
  • Lézard du désir
  • La colonisation d’Edwin Beal
  • Des maris
  • Le coeur d’une mère : une véridique histoire d’ours
  • L’autre chambre
  • Un bout de corde
  • En pièces détachées
  • Souvenirs du corps

Première page de Sur les ailes du cauchemar

« Le crépuscule, l’heure bleue… Depuis le balcon de son sixième étage, Tess O’Neal contemplait l’étendue incertaine des banlieues de La Nouvelle-Orléans, un ensemble confus d’arbres verts et de maisons multicolores où les premiers feux du soir scintillaient comme des joyaux. Ce moment de la journée lui inspirait une douce mélancolie, un sentiment nostalgique d’ordinaire agréable. Mais pas ce jour-là. Pour une fois, elle regrettait d’être seule devant le soir.
Gordon avait reporté leur rendez-vous. Ce n’était pas une catastrophe – il avait promis qu’ils passeraient le dimanche ensemble – mais Tess s’était inquiétée de ce changement de programme, et elle l’avait pressé de questions.
« Quelque chose ne va pas ? »
Il avait hésité, peut-être surpris de la vivacité de sa réaction. « Mais non… Jude avait des projets, et  »

Extrait de : L. Tuttle. « Sur les ailes du cauchemar. »

Gabriel par L. Tuttle

Fiche de Gabriel

Titre : Gabriel
Auteur : L. Tuttle
Date de parution : 1987
Traduction : N. Serval
Editeur : Denoël

Première page de Gabriel

« Il avait hérité sa longue chevelure aile-de-corbeau d’un arrière-grand-père indien. De sa grand-mère galloise, il disait tenir son talent et ses yeux bleus. La silhouette fine et nerveuse était celle de son père. Son caractère emporté et colérique lui était strictement personnel, je pense, comme les cicatrices de sa main gauche, comme sa mort violente et prématurée.
Il s’appelait Gabriel Archer et avait été mon mari durant onze mois. Il était mort à vingt-trois ans, à quelques jours de mon dix-neuvième anniversaire. Dix ans plus tard presque jour pour jour, il était revenu me hanter.
À dire vrai, il ne m’avait jamais laissée en paix. Mais avec le temps, la douleur s’était atténuée et le souvenir de notre brève union me paraissait aussi lointain que mon enfance. »

Extrait de : L. Tuttle. « Gabriel. »

La pièce d’à côté par J. Finney

Fiche de La pièce d’à côté

Titre : La pièce d’à côté
Auteur : J. Finney
Date de parution : 1968
Traduction : N. Serval
Editeur : Denoël

Première page de La pièce d’à côté

« Sur les six heures trente d’une aube gris lavasse dopée au 220, l’alarme du réveil résonnant encore à mes oreilles, j’ai gagné la salle de bains à tâtons, les yeux fermés, histoire de grappiller quelques secondes supplémentaires de sommeil. Je me suis planté devant le miroir de l’armoire à pharmacie, espérant comme d’habitude qu’un miracle aurait eu lieu pendant la nuit. Mais rien n’avait changé, en tout cas pas en mieux.
Toujours la même vieille gueule pas rasée d’abruti presque trentenaire ; toujours la même tignasse queue de vache rebiquant en tous sens comme une poignée de clous rouillés ; toujours les mêmes yeux injectés de basset artésien. « Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est le roi des tocards ?
— Toujours pareil, a répondu la voix grave et familière. Tu es au coude à coude avec un berger australien alcoolo et un usurier de Beyrouth. Mais on dirait que c’est toi qui tiens la corde. » Une main céleste émergeant de la manche brodée d’or d’une longue robe blanche est alors descendue du plafond, armée d’un énorme tampon en caoutchouc, et a imprimé sur mon front, en noir et en capitales, les quatre lettres du mot raté. »

Extrait de : J. Finney. « La pièce d’à côté. »