Étiquette : Sigaud
L’énigme de l’univers par G. Egan
Fiche de L’énigme de l’univers
Titre : L’énigme de l’univers (Tome 3 sur 3 – Cosmology)
Auteur : Greg Egan
Date de parution : 1995
Traduction : B. Sigaud
Editeur : Le livre de poche
Première page de L’énigme de l’univers
« — Très bien. Il est mort. Allez, parlez-lui.
Le bioéthicien était un(e) laconique jeune asexe avec des nattes rastas blondes et un T-shirt sur lequel, entre deux pubs payées, clignotait le slogan : DITES NON À LA TDT ! Ille contresigna le formulaire de décharge sur le minicom de la légiste puis se retira dans un coin de la salle. Le traumato et l’infirmier poussèrent sur le côté leur chariot de matériel résurrecteur et la légiste s’élança, seringue hypodermique au poing, pour administrer la première dose de neuropréservatif. Inutile avant la mort légale – massivement toxique pour plusieurs organes dans un intervalle de quelques heures –, ce cocktail d’antagonistes du glutamate, d’inhibiteurs calciques et d’antioxydants arrêterait presque immédiatement les changements biochimiques les plus destructeurs dans le cerveau de la victime. »
Extrait de : G. Egan. « L’Énigme de l’Univers – Cosmology. »
La cité des permutants par G. Egan
Fiche de La cité des permutants
Titre : La cité des permutants (Tome 2 sur 3 – Cosmology)
Auteur : Greg Egan
Date de parution : 1994
Traduction : B. Sigaud
Editeur : Le livre de poche
Première page de La cité des permutants
« Paul Durham ouvrit les yeux, cilla devant la clarté inattendue de la pièce puis tendit paresseusement la main pour la placer dans une flaque de soleil au coin du lit. Des poussières voltigeaient dans le rayon lumineux qui pénétrait obliquement entre les rideaux disjoints, et chaque particule semblait apparaître et disparaître comme par magie, évoquant un souvenir d’enfance de la dernière fois où il avait trouvé cette illusion si irrésistible, si hypnotique : Il se tenait sur le seuil de la cuisine, la lumière de l’après-midi sectionnait la pièce où poussières, grains de farine et volutes de vapeur tourbillonnaient dans la tranche d’air étincelante. L’esprit momentanément brouillé par le sommeil, il essayait encore de s’éveiller, de se ressaisir, de mettre de l’ordre dans sa vie, et il lui sembla tout aussi logique de juxtaposer ces deux fragments – de voir des poussières flotter dans le soleil à quarante ans de distance – que de suivre l’écoulement ordinaire du temps d’un instant au suivant. Puis il s’éveilla un peu plus, et la confusion se dissipa. »
Extrait de : G. Egan. « La Cité des permutants – Cosmology. »
La machine à différence par W. Gibson et B. Sterling
Fiche de La machine à différence
Titre : La machine à différence
Auteur : William Gibson et Bruce Sterling
Date de parution : 1991
Traduction : B. Sigaud
Editeur : Robert Laffont
Première page de La machine à différence
« Image composite, optiquement codée par l’appareil escortant le dirigeable transmanche Lord Brunel : vue aérienne de la banlieue de Cherbourg, 14 octobre 1905.
Une villa, un jardin, un balcon.
Effacer les courbes en fer forgé du balcon révèle une chaise de malade et son occupante. Les reflets du couchant étincellent sur les roues et leurs rayons nickelés.
L’occupante, propriétaire de la villa, repose ses mains arthritiques sur une étoffe tissée par un métier Jacquard.
Ces mains sont constituées de tendons, de tissu, d’os articulés. Les processus silencieux du temps et de l’information ont élaboré une femme à partir des filaments contenus dans les cellules humaines.
Elle s’appelle Sybil Gerard. »
Extrait de : W. Gibson et B. Sterling. « La machine à différences. »
La face cachée du soleil par J. G. Ballard
Fiche de La face cachée du soleil
Titre : La face cachée du soleil
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1996
Traduction : B. Sigaud
Editeur : Fayard
Première page de La face cachée du soleil
« Franchir les frontières est mon métier. Ces zones de no man’s land entre les postes de contrôle me font toujours l’effet de terres exceptionnellement prometteuses, riches de nouvelles vies, de nouveaux parfums, de nouvelles affections en même temps qu’elles déclenchent un réflexe de malaise que je n’ai jamais pu réprimer. Tandis que les douaniers fouillent mes valises, je sens qu’ils essaient de déballer mon esprit et de mettre au jour une contrebande de rêves et de souvenirs prohibés. Et, même en ces instants-là, il y a ce plaisir particulier qu’on éprouve à risquer d’être démasqué – et qui a très bien pu faire de moi un touriste professionnel. Je gagne ma vie comme auteur de récits de voyages, mais je conviens que ce n’est guère plus qu’une façade. Mon véritable bagage est rarement verrouillé, ses fermoirs ne demandent qu’à être libérés.
Gibraltar ne fit pas exception, or cette fois-ci, mes sentiments de culpabilité étaient fondés. Arrivé par le vol du matin en provenance de Londres-Heathrow, j’avais atterri pour la première fois sur la piste militaire desservant cet ultime poste avancé de l’Empire britannique. »
Extrait de : J. G. Ballard. « La face cachée du soleil. »
La course au paradis par J. G. Ballard
Fiche de La course au paradis
Titre : La course au paradis
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1994
Traduction : B. Sigaud
Editeur : Fayard
Première page de La course au paradis
« Sauvez les albatros ! Arrêtez les essais nucléaires ! Immédiatement ! »
Ruisselante d’écume, dressée à la proue du canot pneumatique, le Dr Barbara Rafferty se retenait à l’épaule de Neil tandis que l’embarcation oscillait sur la mer capricieuse. Remplissant ses poumons fatigués mais encore indignés, elle pressa le mégaphone contre ses lèvres et hurla à l’adresse des plages désertes de l’atoll :
« Dites non à la guerre biologique ! Sauvez les albatros et sauvez la planète ! »
Une vague balaya la proue et faillit lui arracher le mégaphone des mains. Elle insulta l’écume espiègle et écouta l’écho de sa voix pourchasser les rouleaux. Comme accablés par leur propre vanité, les slogans amplifiés s’étaient éteints bien avant de pouvoir atteindre le rivage. »
Extrait de : J. G. Ballard. « La course au paradis. »
La grande hurle par J. Dann
Fiche de La grande hurle
Titre : La grande hurle
Auteur : J. Dann
Date de parution : 1984
Traduction : B. Sigaud
Editeur : Denoël
Première page de La grande hurle
« Raymond Mantle prit l’avion pour Naples, la cité déchue. Elle lui parut aussi lugubre que ses propres pensées. Nemesius, l’une des nombreuses sources de Mantle, lui avait dit qu’une femme correspondant au signalement de Josiane avait été localisée dans cette ville. Évidemment, il n’en avait pas la certitude, car son informatore avait mystérieusement disparu. Après tout, Naples était devenue un endroit dangereux depuis qu’elle était tombée au pouvoir des Hurleurs.
Mais Mantle devait retrouver sa femme, Josiane. Rien d’autre n’avait d’importance.
Il l’avait perdue lors de la Grande Hurle, quand les foules vociférantes avaient déchiré New York, faisant des milliers de morts et d’innombrables autres victimes qui divaguaient comme les survivants hébétés des camps de concentration. Hormis quelques souvenirs d’enfance, il ne se rappelait plus rien d’elle après la Grande Hurle. »
Extrait de : Jack Dann. « La Grande Hurle. »
Les vaisseaux du temps par S. Baxter
Fiche de Les vaisseaux du temps
Titre : Les vaisseaux du temps
Auteur : S. Baxter
Date de parution : 1995
Traduction : B. Sigaud
Editeur : Le livre de poche
Première page de Les vaisseaux du temps
« Au matin du vendredi qui suivit mon retour du futur, je m’éveillai, longtemps après l’aube, du plus profond des sommeils sans rêves.
Je sortis du lit et ouvris brusquement les rideaux. Le soleil, comme à son habitude, s’élevait paresseusement dans le ciel et je me rappelai la manière dont l’astre du jour, sous la perspective accélérée du voyage transtemporel, traversait carrément l’horizon d’un bond ! Mais à présent, semblait-il, j’étais englué une fois de plus dans un temps qui s’écoulait goutte à goutte, tel un insecte dans un suintement d’ambre.
Sous mes fenêtres s’accumulaient les bruits matinaux de Richmond : sabots des chevaux, fracas des roues sur les pavés, portes qu’on claque. Un tramway à vapeur, crachant fumée et étincelles, descendait pesamment Petersham Road et les cris de mouette des marchands des quatre-saisons me parvenaient sur les ailes du vent. Je surpris mes pensées à dériver loin de mes pittoresques aventures transtemporelles et à redescendre sur un plan plus terre à terre : j’examinai le contenu de la Pall Mall Gazette de la veille, pris note des fluctuations bour- »
Extrait de : S. Baxter. « Les Vaisseaux du Temps. »
Le grand silence par R. Silverberg
Fiche de Le grand silence
Titre : Le grand silence
Auteur : R. Silverberg
Date de parution : 1998
Traduction : B. Sigaud
Editeur : J’ai lu
Première page de Le grand silence
« DANS SEPT ANS D’ICI
Carmichael était peut-être la seule personne à l’ouest des Rocheuses à ne pas savoir ce qui se passait. Ce qui se passait ? La fin du monde, plus ou moins.
Mais Carmichael – Myron de son prénom, même si tout un chacun l’appelait Mike – était resté quelque temps absent : il s’était octroyé une semaine d’exquise solitude et de rééquilibrage mental dans le morne et somptueux désert qu’était la partie nord-ouest du Nouveau-Mexique et n’avait pas suivi l’actualité de près.
En ce limpide et vivifiant matin d’automne, bien avant l’aube, il avait décollé d’une piste rurale cabossée aux commandes de son petit Cessna 104-FG et mis cap à l’ouest pour rentrer chez lui. Il avait été furieusement secoué sur tout le parcours ; soufflant du centre du continent, un vent féroce chahutait l’avion dans tous les sens, lui assenant des claques redoutables pratiquement depuis le décollage. »
Extrait de : R. Silverberg. « Le grand silence. »
En direct par N. Spinrad
Fiche d’En direct
Titre : En direct
Auteur : N. Spinrad
Date de parution : 1994
Traduction : B. Sigaud
Editeur : Gallimard
Première page d’En direct
« 16 h 45
La climatisation de la Blazer encapsulait Toby Inman, l’abritant des 35 degrés de la température extérieure et du smog saturé de cette journée de juin, mais elle ne pouvait en rien le blinder contre l’ennui agressif distillé par une circulation qui avançait par à-coups. Aussi, tout en se traînant sur Sunset en direction de la station, Toby se surprit-il une fois de plus, comme des millions d’autres Angelenos, à regretter sincèrement de ne pas pouvoir aller au boulot en métro.
Même si son emploi du temps le faisait circuler à contresens du flux sortant et, théoriquement, en dehors des heures de pointe, même si sa navette journalière entre Van Nuys et East Hollywood n’était qu’un saut de puce selon les normes de Los Angeles, il lui fallait malgré tout, quels que soient les trésors d’ingéniosité qu’il déployait dans le choix de ses itinéraires, une demi-heure minimum pour se rendre à son travail dans l’embouteillage qui paralysait L.A. de façon plus ou moins permanente. »
Extrait de : N. Spinrad. « En direct. »
Le problème de Turing par H. Harrison et M. Minsky
Fiche de Le problème de Turing
Titre : Le problème de Turing
Auteur : H. Harrison et M. Minsky
Date de publication : 1992
Traduction : B. Sigaud
Editeur : Le livre de poche
Première page de Le problème de Turing
« Ocotillo Wells, Californie
8 février 2023
J.J. Beckworth, président-directeur général de Megalobe Industries, était troublé, mais des années de retenue empêchaient toute manifestation extérieure de cette préoccupation. Il n’était pas inquiet, n’avait pas peur : il était troublé, tout simplement. Il se retourna dans son fauteuil pour regarder le coucher de soleil spectaculaire au-dessus du désert. Le ciel embrasé derrière la cordillère de San Ysidro à l’ouest projetait une lumière roussâtre sur les monts Santa Rosa qui s’étiraient à l’horizon nord. Sous ses yeux, les ombres vespérales des ocotillos et des cactus traçaient de longues lignes sur les sables gris du désert. En temps normal, la beauté brute de ce spectacle l’aurait calmé et détendu. Mais pas aujourd’hui. Le léger ping ! de l’interphone coupa court à ses réflexions.
— Qu’est-ce que c’est ? »
Extrait de : H. Harrison et M. Minsky. « Le problème de Turing. »